Consultez le journal des derniers avis de décès publiés dans la ville de Condé-sur-l'Escaut. Vous avez la possibilité de rechercher facilement un avis de décès plus ancien et d’affiner votre requête par nom et prénom du défunt ; ville ou code postal. Tous les avis de décès de Condé-sur-l'Escaut recense toutes les annonces nécrologiques diffusées en France. À ce titre, le site diffuse gratuitement la liste des derniers avis de décès et d’obsèques partagée par les agences de pompes funèbres et les familles en deuil pour la ville de Condé-sur-l'Escaut. Vous recherchez le faire-part de décès d’une connaissance, d’un ami ou d’un parent décédé ? Renseignez alors les informations personnelles du défunt dans la barre de recherche dédiée ou consultez la liste des personnes décédées dans la ville de Condé-sur-l'Escaut. Pour information c’est aussi une plateforme de services et de partenariats conçus par des professionnels pour l’accompagnement des particuliers. Le site vous permet ainsi d’accéder à tout un catalogue de solutions de qualité, depuis chacune des annonces de décès publiée dans la ville de Condé-sur-l'Escaut. Message de condoléances, bougie de deuil, livraison de fleurs via un fleuriste du réseau Interflora, cagnotte obsèques… vous accompagne dans l’hommage aux défunts. Les faire-part de décès et d’obsèques de la ville de Condé-sur-l'Escaut À l’instar des avis de décès diffusés au niveau national, l’annonce pour une personne décédée dans la ville de Condé-sur-l'Escaut mentionne les informations essentielles Nom et prénom de la personne décédée Date et ville du décès Un faire-part plus détaillé peut également être mis en ligne Modalités liées à la cérémonie d’obsèques type et lieu de la cérémonie funèbre – obsèques civiles ou religieuses ; type et lieu des obsèques – inhumation ou crémation ; demandes spécifiques du défunt ou de la famille – ni fleurs, ni couronnes… Informations sur l’agence de pompes funèbres en charge des obsèques nom et adresse de l’opérateur funéraire Premier registre national des avis de décès et d’obsèques, le site vous facilite toutes les démarches pour rechercher une annonce de décès et pour rendre hommage à un défunt
Avisd'enquête publique relative au déclassement et à l'aliénation d'un parking public rue Saint-Martin. Du lundi 5 septembre 2022, 8 h 30 au vendredi 30 septembre 2022, 16 h 30, une enquête publique relative au déclassement et à l'aliénation d'un parking public rue Saint-Martin se déroulera. Horaires d'ouverture des mairies - du 22 au 26 août 2022 . Condé-sur-Noireau : lundiDans le cadre des championnats régionaux de boxe amateur Elites, samedi 12 novembre, au sein du gymnase Robert Gossart de Condé-sur-Noireau Calvados, lors du gala de boxe organisé par le club pugilistique de Condé, présidé par Christian Gauquelin, Thomas Lacroix, jeune boxeur originaire de Condé-sur-Noireau, a une nouvelle fois prouvé son envie de gagner. Après plusieurs mois d'absence en raison d'une blessure grave survenue au début de l'année 2016, son retour sur le ring était très attendu par ses supporters, venus nombreux pour l'encourager. Prochaine étape Carentan Thomas Lacroix, catégorie senior -69 kg, double champion de Normandie en titre, s'est distingué en remportant son combat aux points, à la 3e reprise, sous un tonnerre de cri et d'applaudissements, devant son adversaire, Guillaume Becquin du BC Le Tréport Seine-Maritime. C'est dans une ambiance de folie que Thomas Lacroix, porté par son public, a décroché sa place en demi-finale qui se déroulera ce samedi 19 novembre à Carentan Manche. Christian Gauquelin et Alain Robbe, entraîneurs de Thomas, sont satisfaits de retrouver leur champion. "Pour son premier combat de la saison, Thomas a tenu ses promesses devant un adversaire qui boxait très bien. Thomas est bien parti pour garder son titre", ont-ils souligné. Cette soirée exceptionnelle a de nouveau été un véritable succès avec plus de 400 entrées. Papa dans la foulée Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, Amélie Foucher, la femme de Thomas, a été transportée cette nuit à la maternité de Flers pour donner naissance à leur premier enfant, un petit garçon. A LIRE AUSSI.
Flers: toute l'actualité en direct, soyez informé des événements, des sorties, de l'agenda, des loisirs et des sports tout au long de la journée - Page 2Reminder of your requestDownloading format TextView 1 to 318 on 318Number of pages 318Full noticeTitle Bulletin de la Société historique et archéologique de l'OrneAuthor Société historique et archéologique de l'Orne. Auteur du textePublisher AlençonPublisher Typographie et lithographie Alb. Manier AlençonPublisher Typographie et lithographie Lecoq & Mathorel AlençonPublisher Imprimerie alençonnaise AlençonPublication date 1925Relationship textType printed serialLanguage frenchLanguage FrenchFormat Nombre total de vues 11750Description 1925Description 1925 T44.Description Collection numérique Arts de la marionnetteDescription Collection numérique Fonds régional Basse-NormandieRights Consultable en ligneRights Public domainIdentifier ark/12148/bpt6k55073917Source Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-138547Provenance Bibliothèque nationale de FranceOnline date 17/01/2011The text displayed may contain some errors. The text of this document has been generated automatically by an optical character recognition OCR program. The estimated recognition rate for this document is 97%.SOCIETE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE L'ORNE Fondée eu 38 8 2 Reconnue comme Établissement d'utilité publique par Décret du 2 Décembre 1914 Siège de la Société MAISON D'OZÉ, Place de Lamagdelaine, ALENÇON TOME XLJV ALENÇON IMPRIMERIE ALENÇONNAISE, H, Rue des Marcheries 1925 ''•- SOCIETE HISTORIQUE ET ARCHEOLOGIQUE DE L'ORNE Fondée en X8 823 Reconnue comme Établissement d'utilité publique par Décret du 2 Décembre 1924 Siège de la Société MAISON D'OZÉ, Place de Lamagdelaine, ALENÇON TOME XL1V. — ier et 2e Bulletins publication Trirpeçtrielle ALENÇON IMPRIMERIE ALENÇONNAISE, il, Rue des Marcheries JANVIER-AVRIL 1925 • SOCIETE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE L'ORNE Fondée en X882 Reconnue comme Établissement d'utilité publique par Décret du 2 Décembre 1924 Siège de la Soc/été MAISON D'OZÉ, Place de Lamagdelaine, ALENÇON TOME XL1V ALENÇON IMPRIMERIE ALENÇONNAISE, 11, Rue des Marcheries 1925 LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE L'ORNE Membres du Bureau dejamis l'origine de la Société Présidents MM. Léon DE LA SICOTIÈRE, fondateur 1882-1889 Gustave LE VAVASSEUR 1889-1895 le Comte Gérard DE CONTADES 1895-1899 Henri TOURNOUER 1899 Vice-Présidents MM. le Comte DE VIGNERAL 1882-1885 le Comte G. DE CONTADES 1882-1889 Eugène LECOINTRE 1882-1890 le Comte DE CHARENCEY 1885-1886 le Comte DE VIGNERAL 1886-1893 le Marquis DE LA JONQUIÈRE 1888-1891 le Chanoine BLIN 1889-1895 le Comte DE CHARENCEY 1890-1896 Eugène LECOINTRE 1891-1897 le Vicomte DE BROC. 1893-1899 Jules APPERT 1895-1901 Henri TOURNOUER 1896-1899 le Chanoine DUMAINE 1897-1916 le Vicomte H. DU MOTEY 1899 Henri BEAUDOUIN 1899-1901 le Baron JULES DES ROTOURS 1899-1899 Wilfrid CHALLEMEL 1901-1916 Eugène LECOINTRE 1901-1902 Albert CHOLLET 1903-1919 Louis DUVAL 1917-1917 Paul HAREL . . .• 1917 Paul ROMET 1917 le Chanoine GUESDON 1920 Secrétaires généraux MM. Gustave LE VAVASSEUR 1882-1884 le Comte G. DE CONTADES 1889-1899 Gustave LE VAVASSEUR 1895-189g Henri BEAUDOUIN 1896-1899 le Baron Jules DES ROTOURS 1899 VI MEMBRES DU BUREAU Secrétaires MM. Louis DUVAL 1882-1885 Henri BEAUDOUIN 1885-1896 le Vicomte H. DU MOTEY 1896-1899 l'abbé HOMMEY 1899-1900 l'abbé LETACQ 1900-1910 l'abbé DESVAUX 1910-1916 l'abbé GERMAIN-BEAUPRÉ 1917 Secrétaires-Adjoints MM. GUILLEMIN 1882-1883 Reynold DESCOUTURES 1883-1885 l'abbé HOMMEY 1885-1899 LE NEUF DE NEUFVILLE 1899-1900 l'abbé RICHER 1900-1902 Reynold DESCOUTURES 1903-1905 l'abbé DESVAUX 1905-1910 Mlle ROBET 1910-1914 MM. H. TOMERET 1917-1918 Henri BESNARD 1919 Trésoriers MM. Henri BEAUDOUIN 1882-1885 Reynold DESCOUTURES 1885-1888 Eugène DE BROISE 1888-1898 GILBERT 1898-1912 Emile BROUARD 1912 Trésoriers-Adjoints MM. Léon HOMMEY 1883-1884 Ch. CHARPENTIER 1884-1885 GILBERT 1897-1898 PICHON 1911-1921 . Jean COLLIÈRE 1921 Bibliothécaires MM. LE NEUF DE NEUFVILLE 1888-1900 Emile RENAUT 1900-1903 l'abbé RICHER 1903-1909 Jean LEBOUCHER 1909 -1923 JOUSSELIN DE SAIXT-HILAIRE .' 1923 - Bibliothécaires adjoints MM. le Vicomte H. DU MOTEY 1893-1899 l'abbé LETACQ 1899-1910 Alfred VALLÉE 1910 -1917 JOUSSELIN DE SAINT-HILAIRE 1917-1923 Charles BE^UGÉ 192"- Archivisle M. René JOUANNE 1 f20 MEMBRES DU BUREAU VII Membres du Bureau 1 Président M. HemU TOURNOUER 1926 MM. S le Vicomte DU MOTEY 1927 Paul HAREL 1926 Paul ROMET 1926 le Chanoine GUESDON 1926 Secrétaire général M. Le Baron Jules DES ROTOURS 1927 Secrétaire M. l'Abbé GERMAIN-BEAUPRÉ 1926 Secrétaire-adjoint M. Henri BESNARD 1927. Trésorier M. Emile BROUARD 1927 Trésorier-adjoint M. Jean COLLIÈRE 1927. Bibliothécaire M. JOUSSELIN DE SAINT-HILAIRE 1928. Bibliothécaire-adjoint M. Charles BEAUGÉ 1926. • Archiviste M. René JOUANNE 1926 Comité de Publication Mme la baronne DE Ste-PREUVE 1926 MM. Paul ROMET 1926 J. LEBOUCHER 1926 René GOBILLOT 1928 L'abbé TABOURIER 1928 Pierre de CÈNIVAL 1928. 1 La dale qui suit chaque nom indique l'année d'expiration du mandat des Membres du Bureau et du Comité de publication. VIII MEMBRES TITULAIRES Commission du Musée MM. Paul ROMET, président 1928 Félix BESNARD 1928 Ch. GATECLOU-MAREST 1928 Henri BESNARD 1926 Auguste FONTAINE 1926 Albert MEZEN 1927 L. BARILLET 1927 Commission des Conférences MM. Paul ROMET, président 1926 LE JEMTEL Mmi 1926 Jean COLLIÈRE, trésorier 1926 Jean LEBOUCHER 1926 Henri BESNARD 1926 René JOUANNE 1926 Raymond GUILLEMAIN D'ECHON 1926 Membres Titulaires 1 MM. ABADIE Pierre, conseiller général de l'Orne, au Theil. — 1923. ABOVILLE le commandant baron Louis D',*, 10, Cloître de la Cathédrale, Orléans, et château de Saint-Hilaire-des-Noyers, par Colonard Orne. — 1909. ADIGARD DES GAUTiERsMme\ 33, ruedu Cours, Alençon. —1924. ADIGARD DES GAUTRIES Jean, licencié es lettres, lecteur de langue française à l'Université du Christiania, Villa Skovholdt, Skovholdt, par Oslo Norvège. — 1918. ADIGARD Mme Pierre, 52, rue de Messei, à Fiers, et à La Ferrière-aux-Étangs Orne. — 1913. AILLIÈRES Louis Caillard D', conseiller général de la Sarthe, château d'Aillières, par Mamers Sarthe. •— 1924. ANDLAU le Comte D', château de Voré, par Regmalard, et 41, rue de l'Université, Paris vue. — 1900. ANGÉLY-SÉRILLAC Mme la Comtesse D', château de Sérillac, par Beaumont-le-Vicomte Sarthe. — 1907. ANTERROCHES le vicomte Henri D', château des Yveteaux Orne, et 174, rue de la Pompe, Paris xvie. — 1902. 1 La date qai figure à la suite de chaque nom est celle de l'année d'admission des Membres dans la Société. MEMBRES TITULAIRES IX MM. APPERT Charles, contrôleur des Contributions directes, à Domfront. Domfront. 1923. ARROU Mme Joseph, 9, rue Bayard, Paris vine, et château de la Gatine, par Villiers-sous-Mortagne Orne. — 1902. AUDIFFRET-PASQUIER le duc D', ^, député de l'Orne, membre du Conseil général de l'Orne, château de Sassy, par Mortrée Orne, et à Paris, 27, rue Vernct vme. — 1906. AVELINE César-Prosper, , avoué à Alençon, rue du Jeudi, 33. — 1884. BAGNEUX Mme la vicomtesse Guy DE, château du Repas, par Putanges Orne et 7, rue Monsieur, Paris vne. •— 1921. BAILLEUL, docteur en médecine, 69, rue Cazault, Alençon. —'1924. BAILLIÈRE Armand, château d'O, par Mortrée Orne. — 1924. BANMLLE Gérard de, à Aube-sur-Rille Orne. — 1925. BANVILLE le vicomte Henri DE *, membre du Conseil général de l'Orne, château du Rosel, par Montsecret Orne et à Paris, 2, rue de ommailles vne. — 1921. BANVILLE Mme la vicomtesse Robert DE, château du Rosel, par Montsecret Orne et 217, 'autour^ Saint-Honoré, Paris vme — 1921. BARATTE le chanoine Auguste, curé de Saint-Léonard d'Alençon. — 1918. BARBAY Louis, £_, contrôleur principal des postes et télégraphes, Le Mans. — 1918. BARBÉ l'abbé Alfred, Le Fay, par La Ferté-Macé Orne. — 1914. BARBEDIENNE l'abbé, curé-doyen de Bellême. — 1920. BARILLET Louis, artiste-peintre, 62, rue de l'Union, à Clamart Seine. — 1903 BARON Auguste, ancien instituteur, à La Ferrière-au-Doyen, — 1904. BARTH René, ingénieur à la compagnie des chemins de fer de l'Est ; château de Pouvray, par Igé Orne et 6. rue ConstantCoquelin, Paris vne. — 1909. BAUDOUIN l'abbé, curé de Vaunoise, par Le Gué-de-la-Chaîne Orne. — 1912. BAZEILLE, instituteur, à Bures, par Sainte-Scolasse-sur-Sarthe Orne. — 1921. . BEAU Ferdinand, >%, ancien officier de cavalerie, château de Tuboeuf, par Chandai Orne, et à Paris, 10, avenue Georres V vnr8. — 1900. BEAUCHESNE le marquis ADELSTAN DE, vice-président de la Société Historique et Archéologique du Maine, château de la Roche-Talbot, par Sablé Sarthe, château de Lassay Mayenne, et à Paris, 8, avenue Marceau vme. — 1883. X MEMBRES TITULAIRES MM. BEAUDOUIN le docteur Frédéric, $;, 35, rue du Château, à Alençon. — 1905. BEAUFILS l'abbé, curé de Lignerolles Orne. — 1917. BEAUFRET DU, , I. p, C. g, £,,,£, Med. d'hon. Ingénieur des Arts et Manufactures, directeur-adjoint de la Compagnie des Chemins de Fer de Bône-Guelma et prolongements, 12, rue de Hollande, à Tunis Tunisie. — 1910. BEAUGÉ l'abbé, curé de Saint-Laurent-de-Séez, Scez Orne. — 1901. BEAUGÉ Charles, ^. O. £§. C. ^. C. >J. — 1924. BOULARD Félix, Villa de l'Ermitage, à Bourg-le-Roi Sarthe. — 1912. BOURDON Maurice, château de Brocottes, par Beuvron-en-Auge Calvados et 52, rue de Bretagne, Alençon. —- 1920. BOURDON Mme Maurice, mêmes adresses. — 1920. BouRNisiENJean,C.^, LaGrandmaison, BellêmeOrne.—1900. BOUTEILLIER le Docteur, vice-président du conseil général de l'Orne, à La Ferté-Fresnel Orne. — 1912. BOUTON André, notaire, 9, rue Saint-Hérem, Clermont-Ferrand Puy-de-Dôme. — 1923. BOUVET, l'abbé, curé-doyen de La Ferté-Fresnel Orne. — 1913. BOYER Meile Rachel, ft, de la Comédie Française, présidentefondatrice de L'Union des Arts, 27, boulevard d'Inkermann, Neuilly-sur-Seine. — 1922. Bozo Georges, 32, rue du Cours, Alençon. — 1921. BRARD, F., avocat, à Alençon, 15, rue d'Avesgo. — 1893. BRÉBISSON Mlle DE, château des Forges, par Longny. — 1919. BRICON le chanoine P., Vicaire général honoraire. Supérieur de l'Etablissement supérieur d'Enseignement libre de Séez. — 1900. BRIDREY Emile, docteur en droit, professeur à la Faculté de Droit, 4, rue des Carmélites, Caen. BROC Mme la marquise DE, château des Feugerets, par Belléme Orne, et à Paris, 15, rue Las-Cases vne. — 1882. XII MEMBRES TITULAIRES MM. BROGLIE le prince Georges DE, château de Cui, par Argentan, et 159, boulevard de la Reine, Versailles. —1906. •BROSSARD le comte DE, château des lls-Bardels, par Pontd'Ouilly Calvados et 15, rue Saint-Didier, Paris xvie. — 1918. BROSSARD Mme la comtesse DE, mêmes adresses. •— 1923. BROUARD Emile, comptable, 12, rue de la Sénatorerie, à Alençon. — 1912. BRUNET, 18, rue de l'Adoration, Alençon. — 1921. BUFFET Mme Paul, 32, rue de Bretagne, Alençon. — 1921. BUNEL l'abbé, curé de Ticheville Orne. —1921. BUNOUST le chanoine curé-doyen de Fiers Orne. — 1918. CAIX DE CHAULIEU Mme la baronne Gérard DE, château du Hameau-Fieury, par Bazoches-en-HouIme Orne, et à Paris, 1, rue Beaujon vme. —1903. CAIIOUET le capitaine DE, 29, avenue du Mail-d'Onges, Rennes Ille-et-Vilaine et château de Monceaux, par Coutances Manche. —1924. CALENDINI l'abbé Paul, directeur des Annales Fléchoises, curé-doyen de Ballon Sarthe. — 1908. CÉNIVAL Pierre HELLOUIN DE, archiviste-paléographe, ancien membre de l'Ecole Française de Rome, conservateur de la Bibliothèque et des Archives du protectorat français du Maroc, à Rabat, école arabo-cerbtre Maroc, château de Lamarre, par Ecouché. — 1908. CÉNIVAL Adrien HELLOUIN DE, château de Lamarre, par Ecouché Orne et à Paris, 10, r*e Laborde viue. —1919. CHABERT Mme A., 49, rue des Belles-Feuilles, Paris xvie. — 1922. CHABERT Mme C, 4, square de Lamartine, Paris xvie. — 1923. CHALLEMEL Mme Wilfrid, rue Hautevie, à La Ferté-Macé Orne. — 1916. CHAMPION Edouard, — British Muséum — 5, quai Malaquais. Malaquais. vie. — 1922. CHAPIREAU Mme, 18, rue Marguerite-de-Navarre, Alençon, — 1923. CHAPPÉE Julien, au Cogner, route de Rouillon, Le Mans—1918. CHARPENTIER Paul, château des Requêtes, Valframbert, par Alençon. —1921. CHARTIER Henry, ^, avocat, à Mortagne. — 1885. CHAUVEAU Mme, 4, rue Jullien, Alençon. — 1923. CHENNEVIÈRES-POINTEL le marquis DE, conservateur-adjoint au Musée du Louvre, professeur à l'Ecole du Louvre, à Paris, 8, rue Anatole-Delaforge, Paris xvne. — 1882. CHESNEL Louis, avocat, 55, rue de Bretagne, à Alençon. — 1912. MEMBRES TITULAIRES XIII MM. CHESNES Mme Henri DES, château du Mesnil, par Nonant-le-Pin. — 1893. CHEVALIER Mme, château de Villiers, Saint-Denis-sur-Sarthon, Orne et à Paris, 42, Avenue Mozart xvie. — 1917. CHEVREUIL Maurice, clerc de notaire, rue Sadi-Carnot, Vimoutiers Vimoutiers 1922. CHOISNARD Maurice, g, à la Roussetière, Verrières Orne. —1910. CHOISNE G., à Neuville-sur-Touques, par le Sap Orne.—1910. COCHINHenri,industriel, boulevard Jules-Janin, aEvreux.—1908. COLLIÈRE Jean, 2fc, directeur de la Société Normande de banque et dépôts 69, rue de Bretagne, Alençon. — 1920. COLLIÈRE Mme Jean. 69, rue de Bretagne, Alençon. — 1921. COMMEAUCHE l'abbé Paul, licencié es lettres, professeur à l'Ecole des Roches, Verneuil Eure. — 1903. CONTADES le marquis DE, château de Montgeofîroy, par Mazé Maine-et-Loire. — 1900. COORNAÈRT }, professeur agrégé au Lycée d'Alençon, rue du Jeudi. — 1923. COQUERET André, *, $, directeur général de la Caennaise, château du Bois-de-la-Pierre, par Crulai Orne et à Caen, 29, rue Jean-Romain. — 1922. CORBIÈRE Henri, O. §?, maire de Nonant, vice-président de la Société départementale d'agriculture de l'Orne, château de Nonant-le-Pin Orne. — 1901. CORCELLE Mme DE, château de Beaufossé, Essai Orne et 118, faubourg Saint-Honoré, Paris vin8. — 1922. CORDIER Louis, à Domfront. — 1923. CORDOUE Guy DE, château du Mesnil, par Nonant-le-Pin Orne. —1913. CORNEVILLE Mme, 16, rue des Marcheries, Alençon. — 1922. COTREUIL Paul, à Mortagne, et château de Bellavilliers Orne. — 1913. COUESPEL DE BOISGENCY Mme DE, château de La FerrièreBochard, par Saint-Denis-sur-Sarthon. — 1920. COURONNE l'abbé, curé-doyen de Noce Orne. —1921. COURTILLOLES Mme DE, château deCourtiIloles,par Champfleur Sarthe. — 1920. COURTIVRON le vicomte Paul DE *, château des Lettiers, par Gacé Orne et 11, rue de Lubeck, Paris xvi". — 1919. COUSIN A., à Domfront, Grande-Rue. — 1903. CRESTE Georges, docteur en droit, trésorier de la Société Percheronne d'Histoire et d'Archéologie, à Paris, 35, rue de Bellechasse vne, et à Mortagne. — 1902. CROYER Mme DE, 25, boulevard Lenoir-Dufresne, Alençon. — 1924. XIV MEMBRES TITULAIRES MM. CURIAL Mme la comtesse, château de Chauvigny, à St-Germain-duCorbéis, St-Germain-duCorbéis, Alençon et 20, rue La Boétie, Paris vnre. —1913. CURIAL le vicomte, TJJC, château de Chauvigny, à St-Germaindu-Corbéis, St-Germaindu-Corbéis, Alençon. — 1913. DALIBERT Maurice, juge de paix, Le Mesle-sur-Sarthe Orne. — 1924. DANLOUX Mme, château des Tourelles, par Radon Orne, et 19, rue Albert-Joly, à Versailles. — 1916. DAREL le chanoine, professeur à l'Ecole Saint-François de Sales 34, rue La Billardière, à Alençon. — 1900. DARPENTIGNY René, greffier de la Justice de Paix, à Putanges, à Pont-Ecrepin Orne. — 1911. DAUGER le vicomte Guy, secrétaire de la Commission diocésaine d'Architecture et d'Archéologie, château du Jardin, par Putanges Orne. — 1903. DAUPELEY Paul, éditeur, 33, rue Gouverneur, Nogent-le-Ro trou E. et L.. — 1906. DAVID Mme Paul, Crévecoeur-en-Auge Calvados. — 1923. DAVID Henri, agent voyer subdivisionnaire à Vimoutiers. — 1924. DAVY l'abbé Georges, professeur à l'École Saint-François de Sales d'Alençon. — 1920. PAUL, avoué, 47, rue du Jeudi, Alençon. — 1924. DELAHAYE Mme PAUL, même adresse. — 1924. DELOBEL Jean, élève de l'Ecole des Sciences politiques, à ChêneGalon, près Bellême Orne et 82, boulevard dé Grenelle, Paris xve. — 1924. DENTU le docteur *, conseiller général de l'Orne, Vimoutiers Orne. — 1922 DESBOUDARD notaire honoraire, 10, rue Octave-Feuillet, Paris xvie. — 1925. DESCHAMPS Albert, 37, rue Saint-Biaise, Alençon. — 1922. DESCHAMPS Mme Albert, même adresse. — 1924. DESCHAMPS Henri, IJ 1, adjoint au maire d Alençon, conseiller d'arrondissement, 22, rue du Cours, Alençon. — 1920. DESCHAMPS René, 201, route de Dieppe, Deville-les-Rouen Seine-Inférieure. — 1920. DESCOUTURES Mme Reynold, à Alençon, 29 bis, rue de l'Ecusson. l'Ecusson. 1913. DESHAYES Louis, notaire honoraire, 5, place des Vieilles-Halles, à Argentan Orne. — 1908. DESHAYES Bernard, manoir de Bray, par Glos-sur-Lisieux Calvados. —1920. MEMBRES TITULAIRES XV MM. DOIN Paul, château de Luctières, par Longny Orne et 8, cité Vaneau, Paris vne.— 1911. DUBOURG, agent voyer à Moulins-la-Marche Orne. — 1922. Du BUISSON Emile, Longny. — 1904. DUÈME G., trésorier payeur général à Besançon. — 1920. DUHAZÉ l'abbé, pro-secrétaire de l'Evêché, Sées. — 1920, DULONG DE ROSNAY Joseph, château de Frazé Eure-et-Loir et 29, rue Daru, Paris. — 1921. DULOUT, hôtel de la Poste, Domfront. — 1923. DUPONT l'abbé Joseph, chanoine honoraire, 34, rue La Billardière, Billardière, Alençon. — 1886. DUPONT l'abbé Alexandre, curé de Montsecret Orne. •—1899. DUPRAY DE LA MAHÉRIE Lucien, membre du Conseil général de l'Orne, vice-président de la Société Percheronne d'Histoire. et d'Archéologie, à la Courtinjère, par Le Pin-la-Garenne Orne — 1899. DURAND Auguste, maire de Magny-le-Désert, par la Ferté-Macé Orne. — 1896. DURAND Georges, agent général du Soleil, 16, avenue du Président-Wilson, Alençon. — 1924. DURAND DE SAINT-FRONT, château de Clairefontaine, par Fougerolles-du-Plessis Fougerolles-du-Plessis et 18, rue Guynemer, Paris vie. — 1924. DUVAL l'abbé Eugène, aumônier des Petiies-Soeurs des Pauvres, Alençon. •— 1907. DUVAL l'abbé Adrien,curé de Crouttes, par Vimoutiers Orne. — 1912. ECUYER DE VILLERS L' Abel, La Maison, Saint-Cénery-le-Gérei Orne. — 1924. ECUYER DE VILLERS L', docteur, Manoir d'Escole-Corbin, Sougéle-Ganelon Sougéle-Ganelon — 1924. ELTRICH Docteur", à Alençon. 59, rue de Bretagne, 1923. EON Francis, J, fjl A., vice-président du Ccnseil de Préfecture de l'Orne, 11 bis, rue du Général-Fromentin, Alençon. — 1921. EON Mme Francis, 11 bis, rue du Général-Fromentin, Alençon. — 1921. ERNULT Charles, $£, p, notaire, maire de Bayeux, 12, rue Général-de-Dais, Bayeux Calvados. — 1912. ESNAULT Arthur, O. I. &$, conseiller général, maire d'Alençon, 19, rue Saint-Biaise. — 1920. FALANDRE le comte Jacques DE, château de Glatigny, par Damigny Orne. — 1912. FAUVEL l'abbé, vicaire à Notre-Dame d'Alençon, 17, rue du Bercail, Alençon. — 1919. XVI MEMBRES TITULAIRES MM. FAVIER Mme Henry, château de Montigny, par La Fresnayesous-Chédouet Sarthe et 99, boulev. Hausmann, Parisvme. — 1924. FELDTRAUER Emile, ingénieur des Ponts et Chaussées, 7, rue de l'Ecusson, Alençon. — 1922. FÉREY François, ingénieur, 9, route du Quesnoy, Marly-lesValenciennes Marly-lesValenciennes — 1923. FÉRON Jacques, place Saint-Jean, Fiers Orne. — 1921. FLEURYGabriel, I. , lauréat de l'Institut, correspondant du ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, 28, place de la République, à Mamers Sarthe. — 1891. FOCCART Guillaume,château du Tertre, par Ambrières Mayenne. — 1923. FOCCART Mme, château du Tertre, par Ambiières Mayenne. — 1923. FOCET R., avoué, président' du Syndicat d'initiative, 13, rue du Jeudi, Alençon. — 1920. FONTAINE Auguste, industriel, 28, r. du Cours, à Alençon. — 1911. FONTAINE l'abbé, aumônier de l'Asile départemental, 11, rue Jullien, Alençon. — 1920, FOXTAINE DE 40, rue de Bretagne, Alençon. — 1921. FOUCAULT Albert, avocat à la Cour d'Appel, château du Tertre, par Bellême Orne,'et à Paris, 21, rue de Madrid vine, — 1905. FOULD Mme Achille, château de Vervaine, Condé-sur-Sarthe, par Alençon et 96, avenue d'iéna, Paris. — 1921. FOULON Eugène, architecte, à Laigle Orne. — 1892. FRANCE DE TERSANT André DE, à Paris, 4, rue Saint-Philippedu-Roule Saint-Philippedu-Roule et à Sannois Seine-et-Oise. — 1898. FRESSONNET Henri, chef de service au*j usines de la Fonte, rédacteur au Nouvelliste de l'Orne, à Saint-Sulpice-sur-Rille, pai- Laigle Orne. — 1921. FRILEUSE DE, 11, rue des Promenades, Alençon. — 1922. FROMONT DE BOUAILLE Mlle DE, 5, boulevard Lenoir-Dufresne, Alençon. — 1920, FRONDEVILLE le marquis DE, 25, faubourg Saint-Honoré, Paris vme. FROT Ernest, entrepreneur de travaux publics, 4, rue Déniées, Alençon. — 1921. FROTTÉ le marquis DE, château de Couterne Orne, et à Paris, 52, avenue de Tokio xvie. — 1901. GALLOT, avocat, maire de Domfront Orne. — 1923. GARIN Paul, château d'Avoise, Radon, par Alençon. — 1903. GASTÉ Maurice DE, château de la Genevraye, par Le Merlerault Orne et 24, boulevard de La Tour-Maubourg, Paris vne. — 1900. MEMBRES TITULAIRES XVII MM. GATECLOU-MAREST Charles, 15, rue de Mamers, à Alençon.—1910. GAUQUELIN l'abbé Louis, Le Lys Blanc, à Jeufosse, par Bonnières Seine-et-Oise. — 1924. GAUTIER l'abbé, vicaire à Laigle.— 1920. GAVIN, pharmacien, à Vimoutiers. — 1923. GERMAIN-BEAUPRÉ l'abbé P., curé-doyen de TrUn Orne. —1912. GERMINY le comte Maxime DE, archiviste paléographe, château de Saint-Maurice-du-Désert Orne. — 1921. GIBORY le docteur", fâ, $, à Villers-en-Ouche Orne. — 1913. GICQUEL DES TOUCHES Mme la comtesse, château de la Pouprière, Semallé, par Alençon, et 8, rue du Boccador, Paris vnie. — 1922. GICQUEL DES TOUCHES le comte, ^, château de la Pouprière, Semallé, par Alençon, et 8, rue du Boccador, Paris vme, — 1920. GILBERT Mme Suzanne, Le Mesle-sur-Sarthe Orne. — 1923, GILLET Charles, membre du Conseil général de l'Orne, à Perrou, par Juvigny-sous-Andaine, Orne. — 1903. GIRARDIN Justin, château de Chenay, par Alençon, et 65, avenue Henri-Martin, Paris xviG. — 1920. GOBILLON Mme, La Perrière Orne. — 1923. GOBILLOT René, &, 3, rue Le Verrier, Paris vie. — 1904. GOBLET l'abbé F., curé de Saint-Jean-de-la-Forêt, par Noce Orne. — 1900. GODDE Mme, 27, rue de Lancrel, Alençon. — 1923. GODET l'abbé, curé du Pas-Saint-Lhômer, par Moutiers-auPerche Moutiers-auPerche — 1882. GODOT Jules, à Bocquencé, par La Ferté-Fresnel Orne. — 1912. GOUGEON l'abbé Daniel, chanoine honoraire, curé des Tourailles, par la Carneille Orne. — 1903. GRENTE S. G. Monseigneur, C. ►{, évêque du Mans. — 1903. GRIMAL Mme, concierge, Maison d'Ozé, Alençon. GRIMBERT, membre du Conseil d'arrondissement, notaire à La Ferté-Fresnel Orne. — 1910. GUERCHAIS l'abbé Léon, pro-curé d'Echaufîour Orne. — 1903. GUÉRIN l'abbé R., chanoine prébende, aumônier du Monastère de Sainte-Claire, à Alençon, 5, rue de la Demi-Lune. — 1886. GUÉTUN-SÉGUIER Albert, >&, j, membre du conseil de la Société Archéologique de France, Le Clos de Bretosse, à Aubigny, par Falaise ; 28, rue des Sablons, Paris xvie. — 1920. GUESDON l'abbé, chanoine titulaire, supérieur des Soeurs gardesmalades gardesmalades Sainte-Marie de Gacé, à Séez. — 1891. GUESNERIE Henri, 107, rue Cazault, Alençon. — 1921. XVIII MEMBRES TITULAIRES MM. GUILLAUME Joseph, archiviste-paléographe, ancien archiviste aux Archives Nationales, conservateur de la Bibliothèque et des Archives de la ville de Gaen, 54, avenue de Breteuil, Paris viie. — 1908. GUILLEMAIN D'ECHON Mme, 44, rue du Cours, Alençon. — 1923. GUILLEMAIN D'ECHON Raymond fâ, ï, directeur de la BanqueRégionale de l'Ouest, 44, rue du Cours Alençon. — 1920. GUILLET le chanoine A., à La Chapelle-Montligeon. — 1904. GUILLEMARD l'abbé, doyen honoraire, 1, rue Croix-de-Son, Mortagne. — 1917. GUILLOCHIM Victor *, t±à A., maire d'Argentan, membre du Conseil général de l'Orne, avoué près le Tribunal civil, 5, rue de l'Orne, à Argentan. — 1901. GUYOT le chanoine, secrétaire général de l'évêchë de Sées. — 1919 HAMARD Eugène, membre du Conseil général de l'Orne, maire de Rânes Orne. — 1921. HARCOURT Mme la comtesse Amédée D', château de Beaufossé, par Essai Orne; et 118, faubourg Saint-Honoié, Paris vme. — 1924. HARCOURT comte Amédée D', ^ 5, château de Beaufossé, par Essai Orne et 118 faubourg Saint-Honoré, Paris viue. — 1924. HAREL Paul, à Echauffour Orne. — 1883. HAREL Mme Paul, à Echauffour Orne. — 1904. HAYOT l'abbé, curé de Condé-sur-Sarthe, par Alençon. — 1919. HÉBERT l'abbé Jean, au Séminaire de Saint-Sulpice, à Issy Seine. — 1924. HÉBERT Melle, 24, rue du Jeudi, Alençon. — 1922. HERBRON Maurice, savonnerie d'Alençon, 74-76, rue des Tisons, Alençon. — 1921. HERMIGNY DE BRUCE D', sous-inspecteur, de l'Assistance publique de l'Orne, à Alençon. — 1924. HEURTAUMONT le vicomte DE, membre du Conseil général de l'Orne, château de la Gohyère, par Saint-Mard-de-Réno Orne. — 1907. HOMMEY le docteur Joseph*, A. _, membre du Conseil général de l'Orne, médecin de l'hôpital de Séez. — 1897. HUBERT Gabriel, pharmacien de lre classe, 59, Grande-Rue, à Mayenne. — 1908. HUBERT J., interne en pharmacie à l'hôpital Tenon, à Paiis, rue d'Alençon, à Domfront Orne. — 1921. HUBERT DES VILETTES Guy, à Lonlay-FAbbaye. — 1924. HÛE François, tfr, , 19, rue Théophile-Gautier, Paris-xvie. —1921. HUET-DESAUNAY Henri, ^, avocat à la Cour d'appel de Paris, 28, rue Stephenson, à Paris xviue, et 12, boulevard Carnot, à Argentan. — 1921. MEMBRES TITULAIRES XIX MM. HULOT Paul, architecte, diplômé par le Gouvernement, 27, rue Singer, Paris xvie et au Buissonnet, Mortagne Orne.—1905. HUREL, Le Hameau, à Ecorches, par Trun. — 1923. IMPRIMERIE Marcheries, Alençon.—1912. JAMET, instituteur honoraire, O., 33, rue du Champ-de-Foire, Fiers Orne. — 1921. JAMET l'abbé A., curé de Sainte-Honorine-la-Chardonne, par Athis. — 1899. JAULME André, archiviste-paléographe, ancien élève de l'Ecole pratique des Hautes-Etudes, 161, rue Saint-Jacques. Paris Ve et 2, rue du Buat, à Laigle. —1925. JOIN-LAMBERT Octave, archiviste-paléographe, château de Monceaux, par Couterne Orne et 1, avenue Alphonse-XIII, Paris xvie. — 1923. JOLY docteur, villa Les Lotus », à Bagnoles de-1'Orne Orne et à Paris, 39, boulevard Raspail. — 1922. JOUANNE René, I, archiviste départemental de l'Orne, Correspondant du Ministère de l'Instruction publique pour les travaux historiques, Conservateur des antiquités et objets d'art du département, 10, rue Jullien. Alençon. — 1914. JOUBERT Ferdinand-Paul, négociant, 19, rue du Puits-auVerrier, Alençon. — 1921. JOUSSELIN DE SAINT-HILAIRE Henri, 10, rue de Bretagne, Alençon et 1 rue Delambre, Paris xive. — 1917. JOUSSELIN DE SAINT-HILAIRE Mme, 10, rue d» Bretagne, Alençon. — 1921. JOUVIN Henri, notaire à Villiers-le-Bel Seine-et-Oise. — 1902 KERCHNER Edouard, 7, rue Clauzel, Paris ixe, et château de Beauvais, à Hêloup, par Alençon Orne. — 1909. LA BRETÈCHE Mme DE, à Argentan, 17, rue des Vieilles-Halles. ' — 1883. LA BROUSSE Léon DE, magistrat à Neufchâtel Seine-Inférieure. — 1915. LABUTTE Paul, 15, rue Porte-Rabel, à Laigle. — 1921. LACROIX Fernand, ingénieur des Arts et Manufactures, 47, rue du Ranelagh, à Paris xvie. — 1904. LAFFILLEY Mms E., à Crûlai. — 1918. LAGARENNE Mme la Générale DE, château des Tourelles, par Radon Orne. — 1916. LAIGNEAU, directeur de la Société générale, 8, boulevard Levasseur, Le Mans Sarthe. — 1924. LANDE l'abbé, aumônier de l'Hospice d'Alençon, 22, rue de Fresnay. — 1896. LANDE Félicien, à Autheuil, par Tourouvre Orne. —1924. XX MEMBRES TITULAIRES MM. LANGLOIS Emile, imprimeur, 6, rue du Collège, Argentan Orne. — 1910. LAPORTE T., ancien sous-préfet, à Alençon, rue de Bretagne, 20, et château de La Touche, à Saint-Denis-sur-Sarthon Orne. — 1883. LA SERRE l'abbé BARBIER DE, préfet des études à l'Ecole Sainte-Croix de Neuilly-sur-Seine, 30, avenue du Roule, et château du Houssay, par Moulins-la-Marche Orne. — 1904. LA SERRE Etienne BARBIER DE ^t, 11, cité Vaneau, Paris vne, et château du Houssay, par Moulins-la-Marche Orne. — 1919. LASSEUR Georges, *, ï, agent-voyer, principal chef du bureau des Ponts-et-Chaussées, 13, place du Cours, Alençon.— 1918. LAURENT-BARRAULT, &, 120, rue de Lj'on, Paris xne. — 1913. LAUTOUR l'abbé, aumônier de l'hospice de Sées. — 1918. LAUSANNE lieutenant DE, 18, rue Candie, Alençon. — 1921. LWERERIE Mme DE, 61 ter, rue de Bretagne, A'.ençon. — 1923. LAVERNE Jacques, avoué près le Tribunal de la Seine, 66, Faubourg Saint-Honoré, Paris vine. — 1922. LEBOUCHER Jean, g, ancien pharmacien, vice-président de la Société d'Horticulture de l'Orne, 118, rue du Mans, à Alençon. — 1901. LEBOULANGER le chanoine, aumônier des Dames Bénédictines, 51, rue de l'Orne, Argentan. — 1920. LEBOURDAIS Frantz, notaire, au Pin-la-Garenue Orne. — 1908. LEBOURDAIS Mme Frantz, au Pin-la-Garenne Orne. — 1911. LEBRETON, employé de banque, Courteille, Alençon. —1924. LE CARBONNIER DE LA MORSANGLIÈRE Fernand, 31, rue des Carmélites. Caen. — 1925. LECHEVREL Joseph, licencié es lettres, maire de Saint-Paul, professeur au collège Sainte-Marie, 24, rue de l'Oratoire, Caen Calvados. — 1904, LE CHEVREL Mlle Madeleine, 129, rue du Ranelagh, Paris xvie — 1018. LECLERC Mm?, 1, rue de l'Orne, Argentan. — 1922. LECOINTRE Georges, château del'Isle, par Alençon. — 1890. LECORNEY P. Edouard, 71, via Boncompagni, Rome, 25, Italie. — 1889. LEFÈVRE Robert, avocat, 4, rue du Collège, Alençon. — 1921. LE FOYER, 1, rue Manissier, Caen. — 1923. LEFRANÇOIS Guillaume, avocat, agent de la Société Normande de Banque et Dépôts, à Vimoutiers, Le Sap Orne. — 1921. LÉGER Louis, 44, avenue de la Bourdonnais, Paris vne. —1899. MEMBRES TITULAIRES XXI MM. LEGROS l'abbé, curé d'Arçonnay Sarthe, par Champfieur. — 1909. LE GUAY le baron Robert, château de Montgoubert, par Le Mesle-sur-Sarthe Orne et 11, rue de Courcelles, Paris vme. — 1921. LE JEMTEL le docteur, 8, rue des Marcheries, à Alençon. — 1910. LE JEMTEL Mme, 8, rue des Marcheries, Alençon. — 1922. LEMAITRE l'abbé Paul, chanoine titulaire, 17, rue d'Argentré, à Sées. — 1886. LEMATRE Arsène, maître de verrerie à Saint-Evroult-NotreDame-du-Bois. Saint-Evroult-NotreDame-du-Bois. 1919. LE MAROIS le Comte Château de Lonray, par Alençon. — 1924. LE MAROIS Mme \i comtesse, château de Lonray, par Alençon, et à Paris, 51, rue de l'Université vne. — 1893. LEMARQUANT Henri, O. ^, O. I. £, O. &, M. O. de la Mutualité, directeur honoraire au Ministère de l'Intérieur, à Paris, 11, rue des Feuillantines ve, et à Ecouché Orne. — 1883. LEMÉE Mgr, protonotaire apostolique directeur général de l'OEuvre expiatoire, à La Chapelle-Montligeon Orne. —1909. LE MONNIER Romain, publiciste, Le Plain, Mantilly Orne. — 1903. LENOIR, I. 1, professeur honoraire du Lycée, 11, rue du GénéralFromentin, Alençon. — 1924. LEHMIER Georges, avocat à la Cour d'Appel 5, rue EdmondValentin, Paris vnc, et château de Saint-Gervais, par VingtHanaps Orne — 1920. LE ROUILLÉ Jules, 41, rue du Château, Alençon. — 1907. LEROUX Maurice, à Longny Orne. — 1924. LEROY Henry, notaire à Laigle — 1908. LEROY Paul, château du Hamel-Saint-Etienne, à La Carneille Orne. — 1904. LEROY le docteur, 136 bis, avenue de Neuilly, Neuilly-sur-Seine Seine et à la Carneille. — 1921. LE ROY-WHITE Mme, château de Rabodanges, par Futanges Orne et 1, Quai Voltaire, Paris vne. — 1923. LESAGE Maurice, villa des Houx, par Villerville Calvados. — 1924, LE SASSIER-BOISAUNÉ Etienne, au Buat, par Rabodanges Orne. — 1921. LESELLIER l'abbé Joseph, procureur de l'OEuvre expiatoire, St-Louis-des-Français, 197, via Babuino, à Rome. — 1914. LESSART Henry, maire de Saint-Siméon Orne, à Alençon, 9, rue de Fresnay. — 1892. XXII MEMBRES TITULAIRES MM. LEVASSORT le docteur, €$, A. ^, maire de Mortagne, vice-président de la Société Percheronne d'Histoire et d'Archéologie, rue de la Sous-Préfecture, à Mortagne Orne. — 1907. LE VAVASSEUR Mme Gustave, château de la Lande-de-Lougé, par les Yveteaux Orne. — 1896. LEVEILLÉ Mme, 3, rue de Bretagne, à Alençon. — 1914. LE VENEUR DE TILLIÈRES le comte, 20, rue des Promenades, Alençon. — 1922 LÊVÊQUE l'abbé, ^t, curé de Touquette, pa. Saiht-EvroultNotre-Dame-du-Bois Orne. —1920. LÉVESQUE le docteur, conseiller général, de l'Orne, Domfront. —1923. LÉVIS-MIREPOIX le comte DE, château de Chèreperrine Orne, par Mamers Sarthe, et à Paris, 121, rue de Lille VII. — - 1889. LOISEAU l'abbé, aumônier de l'HôtelDieu, à Mortagne Orne. — 1921. LONGIN le colonel *, 95, rue Cazault, Alençon. LONGUEMARE Paul DE *, membre du Conseil général du Calvados, directeur de V Association Normande, château de Vendes, par Noyers-Bocage Calvados, et à Caen, 23, place de la République. — 1920. LORILLEUX Pierre, château de L'Aunay, par Saint-George s-duVièvre Eure et 53, rue de Verneuil, Paris vne. — 1919. LOUVARD S. G. Mgr, évêque de Coutances et Avranches Manche. — 1904. LOUVEL Marcel, >&, O. I. pi, ancien chef d'Institution, maire de Regmalard Orne. — 1894. LOUVEL Dr Georges, La Ferté-Macé Orne. — 1924, LOYSEL DE LA BILLARDIÈRE, juge, à Pontoise Seine-et-OIse, et avenue Daniel-Lesueur, 9, Paris vne, et château de la Monnerie, à Saint-Germain-du-Corbéis, par Alençon. — 1908. LOYSEL DE LA BILLARDIÈRE Mme, mêmes adresses. — 1920. LUCAS, directeur de l'Usine d'Ozé, président de la Chambre des Métiers, 55 bis, rue de Mamers, Alençon. — 192 château de Blanchelande, par Mortrée Orne et 23, rue Galilée, Paris xvie. — 1918. PESNEL le docteur, Bagnoles-de-1'Orne Orne. — 1921. PÉTRON l'abbé, à Fresnes, par Montsecret Orne. — 1923. PEYERIMHOFF DE FONTENEILE H. de, château de Médavy par Almenèches Orne et 16, rue Séguier, Paris vie. — 1922. PICARD, libraire-éditeur, 82, rue Bonaparte, Paris vie. — 1909. PICHON Louis, rue Haute, à Trôo Loir-et-Cher. — 1908. PICOT Mme Emile, château du Mesnil, par Laigle Orne, et à Paris, avenue de Wagram, 135 XVII6. — 1909. PIERREY Mme M., château de la Guyardière, en La HauteChapelle Orne, et 30, rue Copernic, Paris xvie. — 1903. PIERREY Jacques, Le Petit-Fief, Surimeau, par Sainte-Pezenne Deux-Sèvres et 16 bis, rue Dufrénoy, Paris xvie. — 1913. POLLET, ffe, château de la Pommeraye, par Pont-d'Ouilly Calvados. — 1921. PONTHAULT André, 1, rue de l'Hôtel-de-Ville, Mayenne. — 1923. PONTHAULT Pierre, place de Hercé, Mayenne Mayenne. •—1923. PORCHER Jacques, 1, rue du Regard, Paris vie. — 1901. PORCHER Jean , archiviste-paléographe, attaché à la Bibliothèque Nationale, 6, rue Commailles, Paris vue. — 1913. PORCHET Georges, professeur au Lycée de Caen, 50, rue Ecuyère, et à La Carneille Orne. — 1925. PORÉE le chanoine, correspondant de l'Institut, curé de Bournainville, par Thiberville Eure. — 1912. XXVI v MEMBRES TITULAIRES MM. POTTIER l'abbé, curé de Bocquencé, par La Ferté-Fresnel. — 1923. POUPET capitaine Benoît, -^f, docteur en Droit, 18, rue AlexandreDelemare, AlexandreDelemare, Mons-en-Bareul, par Lille Nord. — 1912. PRIMOIS Georges, industriel, au Pont-OEuvre, par Saint-EvroulNotre-Dame-du-Bois Saint-EvroulNotre-Dame-du-Bois — 1911. PRIMOIS fllsGeorges, industrielauPont-OEuvre,par Saint-EvroulNotre-Dame-du-Bois Saint-EvroulNotre-Dame-du-Bois — 1924. PRODHOMME le docteur, maire de Putanges. — 1903. PRUNELÉ le comte Henri DE, à Sées Orne, et 35, rue du Sud, à Versailles Seine-et-Oise. — 1914. RABINEL l'abbé, missionnaire diocésain, 14, rue du Cours, "Alençon. — 1921. RATTIER le chanoine, archiprêtre d'Argentan Orne. —1924. RÉMON-BEAUVAIS Mme, rue d'Alençon, Domfront. — 1923. RENAULT Paul, notaire, 49, place du Cours. Alençon. — 1923. REVERT Eugène, agrégé de l'Université, chargé de Cours à l'Université de Helsmgfors Finlande, Professeur au lycée . de Roanne, 1919. RHEINART Mme, à la Hamardière, près Domfront Orne. — 1922. RIBLIER. notaire à Regmalard Orne. — 1924, RIBOUX l'abbé A., curé de Bonsmoulins Orne. — 1904. RIGOULAY Alphonse ££, A. O. I. ^, chef de division à la Préfecture de l'Orne, 26, rue du Château, Alençon. — 1921. RIPAULT l'abbé, professeur à l'Ecole de l'Immaculée-Conception, à Flers-de-POrne. — 1919. RIVIÈRE Albert, ïfe, ancien magistrat, château de la Gatine, par ViUiers-sous-Mortagne Orne, et à Paris, 52, rue d'Amsterdam ixe. — 1900. ROCHEFORT Mme la comtesse DE, château de Bois-Roussel, par Essai Orne, et 39, rue Saint-Dominique, Paris. — 1920. ROEDERER le comte, ifc, membre du Conseil général de l'Orne, château de Bois-Roussel, par Essai, et 5, rue Freycinet, Paris xvie. — 1903. ROGER, ancien notaire, rue Cazault, Alençon. —• 1923. ROMANET le vicomte Olivier DE, vj&, château de Frebourg, par Mamers Sarthe, et 16 bis, avenue Bosquet, Paris vne. — 1905, SEMALLÉ M"e DE, château de Semallé Orne. — 1919. SERCEY Mme la comtesse Lauient DE, château de Vaugeois, par Neuilly-le-Vendin Mayenne. — 1923. SEVRAY le chanoine, à Séez Orne. — 1882. SORNIN l'abbé, curé de Saint-Kvroull-Notre-Dame-du-Bois. — 1919. SOUANCÉ le comte DE, château de Montdoucet, par Souancé Eure-et-Loir. - 1887. SURVILLE Auguste, ^, bibliothécaire de la ville de Fiers, à la Chapelle-Biche Orne. — 1886. TABOURIER l'abbé L., curé de St-Léger-sur-Sarthe, par Le Meslesur-Sarthe Orne. - 1902. TAPFOREAU Mlles, rue des Promenades, 14, Alençon. TAUNAY Victor-Auguste, président de l'Association de la Presse judiciaire de Paris, ancien rédacteur à la Gazette de France, à Paris, 93, rue du Bac, et " La Solitude ", à Plessis-Robinson Seine. — 1912. TESSIER le chanoine, >ïe, 29, rue du Cours, Alençon. — 1920. TRÉBUciENMm,àMagny-le-Freule, par Mézidon Calvados et 185, rue de la Pompe, Paris xvp.—1913. TRIGER Robert, A. Ç, C. ^, §,docteur en droit,ancien conseiller d'arrondissement, correspondant du Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, président de la Société Historique et Archéologique du Maine, aux Talvasières près Le Mans, et au Mans, 5, rue l'Ancien-Evêché. — 1882. TRIPIED l'abbé F., curé de La Lande-Patry, près Fiers Orne. — 1900. l'abbé, curé de Fresnes Orne. — 1920. TURGEON Charles, ^, O. Spf, C. %*, membre correspondant de l'Institut, professeur d'Histoire des doctrines économiques et doyen de la Faculté de Droit de l'Université de Rennes, 25, boulevard Sévigné, à Rennes. — 1883. UBALD D'ALENÇON le R. P., 46, rue de la République, Brysur-Marne, Seine. — 1903. VADÉ Paul-Emile, conseiller municipal, 11, rue Cazault, Alençon — 1920. VANNIER l'abbé, 11, rue Grande-Sarthe, Alençon. — 1924. VAUCELLES le comte Jules DE g, membre du Conseil général de l'Orne, château de Lignou, par Briouze Orne, et à Paris, 18, rue de Marignan vin. — 1892 VAUGEOIS l'abbé, vicaire à Saint-Jean de Laigle. — 1909. VAUDRON l'abbé, vicaire à Condé-sur-Huisne Orne. — 1921. VENDEL Henri, bibliothécaire de la ville de Châlons-sur-Marne et à Almenèches Orne. 1909. VÉREL M»' Charles, à Nonant-le-Pin Orne. — 1888. VERGER Marcel, inspecteur à la Caennaise, 98, boulevard des Alliés, Caen. — 1923. VEZARD René, avocat, arbitre expert près le Tribunal de Commerce de la Seine, 179, boulevard Péieire, Paris xvne. — 1921. VIALLET Paul, sous-directeur de la Banque régionale, Alençon, 40, rue Jullien. —1924. VIGAN Victor DE, capitaine honoraire, à Bellême Orne. — 1900. VIGNERAL le comte DE, château de Ri, par Habloville Orne. — 190J. VIMARD Achille, château des Tourailles, par la Carneille Orne et 12, place Rougemare, Rouen Seine-Inférieure. — 1904. VINCENT, château de La Ferté-Frênel Orne et 68, boulevard de Courcelle, Paris xvne. — 1921. VOISIN Etienne, château de la Gâtine, par Villiers-sous-Mortagne et à Paris, 67, rue d'Amsterdam viuc. — 1900. XXX MEMBRES TITULAIRES MM. YVETOT, château du Hamel, à Planches Orne. — 1924. WICKERSHEIMEP. E111., président au tribunal de première instance,. à Argentan Orne. — 1911. ZAPPA Mme E., boulevard des Alliés, Caen. — 1922. BIBLIOTHÈQUE DE FLERS. — 1911. BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE DOMFRONT. — 1922. BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE NOGENT-LE-ROTROU Eure-etLoir. — 1911. ÉCHANGES XXXI Sociétés Savantes et Établissements Publics Auxquels la Société Historique et Archéologique de l'Orne adresse ses Publications et ses Correspondances. Abbeville. — Société d'Emulation d'Abbeville. Aix. — Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles-Lettres d'Aix. Aix. — Bibliothèque de l'Université d'Aix.— Facultés des Lettres et de Droit. Alençon. — Archives départementales de l'Orne. Alençon. — Bibliothèque publique de la ville. Angers. — Revue de l'Anjou ; M. le Directeur, 40, rue du Cornet. Angers. — Société Nationale d'Agriculture, Sciences et Arts ancienne Académie d'Angers. Angoulême. — Société Archéologique et Historique de la Charente. Argentan. — Bibliothèque publique; M. PORCHER, 105, rue de Paris. Arles. — Société des Amis du Vieil Arles. — Poste. Auxerre. — Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 43, rue Joubert. Avranches. — Société d'Archéologie littéraire, Sciences et Arts, des arrondissements d'Avranches et Mortain. Bayeux. — Société d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres de Bayeux. Blois. — Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher. — M. Le ueur, président, rue du Palais, à Blois. Bourges. — Société des Antiquaires du Centre. Caen. — Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen. Caen. — Société des Beaux-Arts. Caen. — Société des Antiquaires de Normandie. Caen. — Comité des Assises de Caumont, 28, rue de Geôle. — Poste. Caen. — Bibliothèque municipale. — M. Huard, conservateur. Chartres. — Société Archéologique d'Eure-et-Loir. Château dun Eure-et-Loir. — Société Dunoise Archéologie, Histoire, Sciences et Arts. Chinon. — La Société des Amis du Vieux-Chinon Indre-et-Loire. Cholet. — Société des Sciences et Beaux-Arts. Evreux. — Société libre d'Agriculture, Sciences, Arts et BellesLettres de l'Eure, 12, rue de la Banque. Fiers. — Le Pays Bas-Normand. Granville. — Société d'Etudes historiques et économiques Le Pays de Granville. » XXXII ECHANGES Grenoble. — Bulletin de l'académie Delphinale. Guéret. — Société des Sciences Naturelles et Archéologiques de la Creuse. La Flèche. — Les Annales Fléchoises. — Poste. Laval. — Commission Historique et Archéologique de la Mayenne. Le Havre. — Les Amis du Vieux Havre. Le Havre. •— Société havraise d'études diverses. Le Mans. — Société Historique et Archéologique du Maine. Le Mans. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe; M. GENTIL, 86, rue de Flore. Ligugé Vienne. — M. le Directeur de la Revue Mabillon abbaye Saint-Martin, Ligugé Vienne. — 1921. Lille. — Commission historique du département du Nord, place de l'Université.— M. de Saint-Léger, président. Limoges. — Bulletin de la Société Archéologique et Historique du Limousin. Lisieux. — Société Historique. Lyon. — Société Gerson d'histoire et d'archéologie du diocèse de Lyon. Marseille. — Société Archéologique de Provence, 63, boulevard Longchamp. — M. Magnan, président. Montpellier. — Société d'Archéologie. Mortagne. — Société percheronne d'Histoire et d'Archéologie.— M. l'abbé Moulin, aumônier de l'hospice. Mouilleron-en-Pareds Vendée. — Revue du Bas-Poitou. — M. René Vallette, Logis de Beauregard. Moulins. •—• Société d'Emulation du Bourbonnais Lettres, Sciences et Arts. Nantes. — Société Archéologique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure. Orléans. — Société Archéologique et Historique de l'Orléanais, M. le Président, 37, boulevard Alexandre-Martin. Paris. — Ministère de l'Instruction publique Direction de l'Enseignement supérieur, 5e Bureau. — 6 exemplaires. Paris.— L'Ame Normande; M. Jacques HEBERTOT, Directeur, 5, Quai Voltaire vne. Paris. — Bibliothèque Nationale, 58, rue de Richelieu ne. Paris. — Bibliothèque de la Sorbonne, rue Saint-Jacques ve. Paris. — Bibliothèque de l'Institut.— M. le secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, 23, quai de Conti, Paris vie. Paris. — Bibliothèque d'Art et d'Archéologie, 11, rue Berreyer, Paris vine. Paris. — Bibliothèque de l'Institut catholique, 74, rue de Vaugirard, Vaugirard, M. l'abbé Langlois \ie. ÉCHANGES XXXIII Paris. — Le Polybiblion, 5, rue Saint-Simon.— M. Chapuis vne. Paris. — Comité des travaux historiques et des Sociétés savantes, rue Richelieu. Bibliothèque Nationale. Paris. —Touring-Club de France, 65, avenue de la Grande-Armée, Paris xvie. — M. le Secrétaire-administratif du Comité des fêtes et monuments. Paris. — Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, 19, rue de la Sorbonne Sorbonne Paris. — Les Guides Bleus, librairie Hachette, 79, boulevard Saint-Germain, Paris vne. Paris. — Revue des Questions Historiques, 5, rue Saint-Simon. — Poste vne. Paris. — .Association amicale de l'Orne, 14, rue Fontaine, Paris ixe. Paris. — La Pomme; M. LATOUCHE, secrétaire général, 65, rue Caulaincourt, Paris xvme. Paris. — Société Française d'Archéologie; M. LEFÈVRE-PONTALIS, 13, rue Phalsbourg xvne. Paris. — Bulletin héraldique de France; M. DELAPORTE, 5, rue Mornay ive. — Société de Saint-Jean pour l'encouragement de l'Art " Chrétien, 13, rue de l'Abbaye vie. Poitiers. — Société'des Antiquaires de l'Ouest. Quimper. — Diocèse de Quimper et de Léon Finistère. — Bulletin diocésain d'Histoire et d'Archéologie. — Poste. Rennes. — Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine. Rochechouart. — Société les Amis des Sciences et Arts de Rochechouart Rochechouart Rouen. — Société de l'Histoire de Normandie. Rouen. — Bibliothèque de la Ville de Rouen. Rouen. — Société Normande de Géographie. Rouen. — Commission des Antiquités de la Seine-Inférieure. Rouen. — Revue Normande, place Haute-Vieille-Tour. Rouen. — Société Normande de gravure, hôtel des Sociétés Savantes. Saint-Dié. — Société Philomatique Vosgienrie. Saint-Lô. — Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle de la Manche, 23, rue des Images. Saint-Malo. — Société Historique et Archéologique de l'arrondissement de Saint-Malo. Saumur. — Société des Lettres, Sciences et Arts du Saumurois. Toulouse. — Société Archéologique du Midi de la France. Tours. — Société Archéologique de Touraine. Trévières. — Société historique de Trévières Calvados, M. le chanoine Guérin, doyen.. XXXIV ECHANGES Valence. — Société d'Histoire Ecclésiastique et d'Archéologie religieuse des diocèses de Valence, Gap, Grenoble et Viviers. Valognes. — Société Archéologique, Artistique, Littéraire et Scientifique de l'arrondissement de Valognes. Vannes. — Société Polymathique du Morbihan. Vendôme. — Société Archéologique, Littéraire et Scientifique du Vendômois. ECHANGES XXXV Sociétés Étrangères Aarhus Stifs Aarbager. — Société historique. M. Hangsted, président, St-Paulskirkiplads-Aarlius Danmark. Albany. - Université de l'Etat de New-York. Barcelona. — Analecta Montserratensia. Bibliotheca deMontserrat. Bergen Norvège — Bibliothèque de la ville M. Sxdth, Libliothécaire. Bruxelles. •— Analecta Bollandiana, 24, boulevard Sain -Michel. Cambridge Etats-Unis. — Harward University of Cambridge Correspondant M. PICARD, libraire, 82, rue Bonaparte, Paris vi°. Christiana. — Bibliothèque de l'Université. M. W. Munthe, bibliothécaire. Copenhague. — Bibliothèque royale M. Lange, bibliothécaire en chef. Costa-Rica Amérique Centrale.— Museo Nacional; M. A. ALFARO. Director, San-José. Davenport. — Académy of Sciences. Genève Suisse. — Bibliothèque publique et universitaire. Helsingfors Finlande, — Bibliothèque de l'Université. — 1923. Jersey. — M. Nicolle, secrétaire honoraire. —Société Jersiaise. 9, Pier Road, Saint-Hélier. —1924. Londres. — Anglo-French society, scala house, Charlotte Street, w. i. Mexico. — Museo Nacional. Monaco. — Annales du Palais de Monaco. Montevideo Uruguay. — Museo de Historia Natural. Neufchâtel Suisse. — Société Neutchàteloise de Géographie. Rio-de-Janeiro Brésil. — Museo Nacional. Stockholm Suède. — Académie Royale des Belles-Lettres, de l'Histoire et des Antiquités. Turin. — Societa piemontese di archeologia et Belle Arti, via Napione, n° 2 Correspondant M. le docteur Gino Borghezio. Washington. — Smithsonian Institution. PftOCÈS-VERBAUX Séance du 29 Janvier 1925 Présidence de M. TOURNOUER, président. Le jeudi 29 janvier 1925, à la Maison d'Ozé, la première assemblée générale de la Société historique et archéologique de l'Orne, s'est tenue sous la présidence de M. Tournouer, président. Présents Mmes DE COUESPEL, DE COURTILLOLES, DE CROYER, DESCIIAMPS, DESCOUTURES, LEVEILLÉ, DE SAINTEPREUVE, Paul ROMET et Charles ROMET et MUe BELLESSORT. MM. le docteur BEAUDOUIN, BEAUGÉ, Henri et Félix BESNARD, le chanoine DAREL, Albert DESCHAMPS, EON, les abbés GERMAIN-BEAUPRÉ et GUERCHAIS, le chanoine GUESDON, LENOIR, Paul ROMET, ROUSSEAU, l'abbé TABOURIER, TOURNOUER et VADÉ. Excusés Mme 8 la comtesse D'ANGÉLY, CHAUVEAU, EON, FAVIER, RUFFRAY et TIERCELIN ; MUes DE BRÉBISSON, DE LAVERERIE et DE SEMALLÉ. MM. Joseph BESNARD, le chanoine BIDARD, André BOUTON, CHEVREUIL, DESLOGES, DOIN, DUBOURG, le chanoine DUPONT, DURAND DE SAINT-FRONT, l'abbé GOBLET, JOUANNE, JOUSSELIN DE SAINT-HILAIRE, le docteur LECUYER DE VILLERS, l'abbé LEGROS, LEMARQUANT, le comte LE VENEUR, LOUVEL, le docteur ONFRAY, le chanoine ROBERT, le vicomte Pierre DE ROMANET, le marquis DE SAINT-PIERRE, le baron DE SAINTE-PREUVE, Etienne DE LA SERRE, le chanoine SEVRAY, TAUNAY, le R. P. UBALD et Etienne VOISIN. £ PROCES-VERBAUX M. LE PRÉSIDENT nous dit sa joie de constater la cordialité et l'esprit vraiment familial qui régnent de plus en plus dans la Société dont il est le Président depuis 25 ans et, à ce titre, il veut offrir, à tous, ses voeux pour la nouvelle année. Puis, très délicatement, il exprime nos vifs sentiments de condoléance à la famille de Semallé pour la mort toute récente de M. Joseph de Semallé, dont le père est membre de la Société et aussi à notre confrère, M. le docteur Levassort, maire de Mortagne, qui vient de perdre sa femme. Passant aux bonnes nouvelles, M. LE PRÉSIDENT nous fait part du mariage de M. de Cénival avec Mlle de Peyerimhoff et de celui de M. Geivais Chappée avec Mlle Compaignon de Marcheville. Il nous annonce également la promotion de M. Etienne de la Serre nommé officier de la Légion d'honneur. Par extraordinaire, nous n'avons pas aujourd'hui de nouvelles présentations ; mais, nous sommes fiers d'enregistrer les magnifiques résultats de notre recrutement 50 nouveaux membres en 1920 ; 62 en 1921 ; 37 en 1922 47 en 1923 et 55 en 1924. Nous atteignons actuellement le chiffre de 521 membres. Cela ne nous fait pas oublier nos deuils, entre autres, celui très sensible de M. René de Beauregard. Nous avons dû faire un gros effort pécuniaire pour insérer au Bulletin des articles en retard. Aussi, nous verrons-nous probablement obligés à ne donner que deux fascicules en 1925. Nos réunions ont été régulières et animées et agrémentées de communications et de causeries très intéressantes. Nos conférences ont eu un vrai succès. L'excursion fut particulièrement réussie et laissera un souvenir parmi les plus belles. Voilà le bilan de l'année qui vient de s'achever. M. LE PRÉSIDENT donne maintenant la parole à M. LE VICOMTE DU MOTEY pour une communication, qu'au nom de la Société d'Eure-et-Loir, le docteur Demantké, de Dreux, est venu lui-même le prier de nous faire. PROCES-VERBAUX 3 La Société d'Eure-et-Loir tient à ce que nous ayions connaissance d'une protestation inutile, hélas ! qu'elle a faite contre le remplacement d'une croix historique, à Anet, par le monument aux morts de la guerre. M. du Motey, avec la limpide précision de sa mémoire très sûre, nous montre l'intérêt de ce calvaire. On sait qu'au moment de l'invasion normande, les reliques de saint Latuin, premier évêque de Séez, furent mises à l'abri dans l'église d'Anet. Au xie siècle, Yves de Bellême, pour en recouvrer au moins une parcelle, se rendit à Anet et il eut beaucoup de peine à obtenir de l'évêque de Chartres et des habitants le quatrième doigt de la main droite de son saint prédécesseur. Pour le transfert de la relique, on édifia trois magnifiques reposoirs sur l'emplacement desquels furent ensuite érigés trois calvaires qui étaient encore debout au xvme siècle. De nos jours, il n'en subsistait plus qu'un. Et c'est contre la suppression de ce souvenir historique par le Conseil municipal d'Anet que la Société d'Eureet-Loir a voulu protester et elle a tenu à nous en envoyer le sjTnpathique témoignage. M. LE PRÉSIDENT remercie M. du Motey et assure la Société d'Eure-et-Loir de notre parfaite conformité de vues avec elle. M. LE PRÉSIDENT nous parle de l'organisation du Congrès des Sociétés savantes de Normandie pour lequel il y eut hier une réunion fort importante. Tout semble en bonne voie et des commissions sont nommées pour organiser en détail séances d'études, expositions, concerts et excursions. Quant à notre Assemblée générale, c'est en juillet qu'elle se tiendra et, désormais, elle ne se fera plus au cours de l'excursion. M. LE PRÉSIDENT organisera, suivant l'usage, une réunioli spéciale, en mars, pour les membres parisiens de la Société. M. LE PRÉSIDENT nous dit le succès remporté à Paris par la Schola cantorum de l'Orne et il adresse, en notre nom, des félicitations à son directeur, notre confrère, M. l'abbé Marais. Le journal,' La Vie catholique, a publié deux articles 4 PROCES-VERBAUX très élogieux pour VOratorio' de Paul Harel comme pour la musique de Bellenot. L'Oratorio de la bienheureuse Thérèse de l'Enfant-Jésus Paul HAREL La Schola Caniofum de l'Orne, sous la direction de l'abbé Marais, est venue donner dans diverses églises de Paris, notamment à Sainte-Clotilde et à Notre-Dame-des-Champs, sur la bienheureuse Thérèse de l'Enfant-Jésus, la petite sainte du Carmel de Lisieux, le très bel Oratorio composé par M. Bellenot, organiste de Saint-Sulpice, sur un ravissant poème de Paul Harel. Ce nous est une occasion de saluer une fois de plus l'infatigable jeunesse toujours renouvelée du grand poète géorgique et chrétien, que double un personnage quasi mystique, tant il semble émané du paysage même de France et de la race, dont il résume les plus délicats et les plus pittoresques aspects. Est-ce un cep bourguignon devenu homme, un Clos Vougeot ou un seigneurial Chambertin ? Est-ce un des génies de la forêt d'Ecouché, une émanation mélancolique et rieuse de sa ducale Normandie, la voix de ses échos moqueurs et tristes ? Harel est tellement vrai, tellement charmant, il exprime tellement le plaisir des heures savoureuses, qu'il nous semble avoir été extériorisé de nous-mêmes et nous représenter notre joie vivante, qui marche à nos côtés. N'est-il pas la propre bouteille qu'il nous a fait boire et qui se commente encore ? N'est-ce pas le visage du si doux et si réconfortant accueil que nous reçûmes en tel château Louis XIII ou en tel évêché xvme siècle et qui nous accompagne ? Harel est gaîté, douceur du regret, chaleur du corps et de l'âme, attente du jour savoureux, fraîcheur du matin, tristesse somptueuse du crépuscule, rêve, souvenir, vision, vie intense. Harel est le poème de la vie de France et sa poésie, où revivent Villon, Clément Marot, Virgile et La Fontaine, en est un délicieux abrégé. Harel, l'honneur des bois El des mois. Harel, la douce espérance Des fleurs... ALFRED POIZAT PROCES-VERBAUX 5 Philippe BELLENOT L'auteur de l'Oratorio de la bienheureuse Thérèse est M. Philippe Bellenot, le maître de chapelle de Saint-Sulpice. C'est un de ces modestes qui n'aiment pas qu'on les tire de l'ombre. Cependant M. Bellenot a bien voulu se souvenir qu'il me donna jadis des leçons d'harmonie, et me parler pendant quelques instants de sa nouvelle oeuvre. Elle me fut demandée, voici quelques années, me dit-il, par M. l'abbé Marais, l'infatigable fondateur de la Schola cantorum de l'Orne, dont les belles auditions religieuses ne se comptent plus. J'ai suivi fidèlement le texte de Paul Harel. Cependant j'ai cru devoir le faire précéder d'un Prélude, qui évoque la merveilleuse destinée de l'enfant et expose les principaux leitmotiv de l'oeuvre. Je me suis permis aussi d'interrompre parfois le poème pour faire entendre tout au moins un rappel de certaines hymnes, qui baignent ma musique profane dans une atmosphère liturgique. J'ai voulu aussi que ma petite sainte entrevît, dès avant sa profession, les étapes de son calvaire d'amour, et, par un procédé analogue à celui du cinéma, j'ai fait défiler sur l'écran musical les pressentiments et les rêves de l'enfant, le Mystère de l'Enfance, celui de la Passion, la souffrance, la mort précoce, le Ciel, la pluie de roses épandue sur la terre. Ce sont de grandes libertés, que certains m'ont reprochées ; j'ai conscience cependant qu'elles aideront à faire comprendre et à faire aimer la figure de la bienheureuse. Ce qu'est, musicalement, mon Oratorio ? Vous savez que, sans mépriser les novateurs, je suis un classique en écriture musicale. Vous savez combien j'admire Saint-Saëns et Gounod. Ils ont été mes maîtres. Ils demeurent mes modèles. » L'oeuvre de M. Bellenot a déjà connu un grand succès à Alençon, l'année dernière. Nul doute qu'à Paris elle ne reçoive, cette semaine, à Sainte-Clotilde et à Notre-Dame-des-Champs, le meilleur accueil du public qui aime la belle et saine musique religieuse. PAUL RENAUD IN A l'exposition du Touring-Club que nous avions annoncée, figuraient un certain nombre de vues ornaises Boulan, Portail de Notre-Dame d'Alençon peinture. Choquet, J. Vieille maison à Sées gravure. Desbois, P. Château de Couterne aquarelle. Dubout Mlle M. L'étang dans l'Orne aquarelle. Dupont, G. Saint-Céneri aquarelle. D PROCES-VERBAUX Fouques, Temps de pluie, Le vieux pont à Saint-Céneri peinture. Main-Bécret, Alice Pâturage à Bellême aquarelle. Marcis La Vée, Bagnoles-de-1'Orne peinture ; Rue de Village près Tessé-la-Madeleine. Millard, -M. Saint-Martin-du-Vieux-Bellême peinture. Montader, A. L'Orne à Argentan ; Le château d'O peinture. M. XAVIER ROUSSEAU, d'Argentan, envoie une communication qu'on lira avec intérêt à la suite du procès-verbal. M. D'HERMIGNY DE BRUCE adresse à M. le Président un travail manuscrit dont il sera rendu compte dans la Chronique du Bulletin. M. LE PRÉSIDENT recommande le concert qui sera donné au profit de la Crèche alençonnaise » dont Mme Descoutures est présidente. M. LE PRÉSIDENT remercie tout particulièrement M. Besnard qui offre à la Bibliothèque un tirage à part de son article sur ses 25 ans de présidence. M. EON nous dit que Mme Dusanne, de la ComédieFrançaise, a fait à Rennes une conférence sur Mme de Ségur. M. BROUARD nous fait maintenant le compte rendu financier et M. LE PRÉSIDENT le remercie de sa gestion si dévouée et si bien ordonnée puis il proclame le résultat des élections. Les membres sortants sont réélus. La parole est maintenant à M. le docteur BEAUDOUIN qui, pendant une demi-heure, nous tient sous le charme d'une causerie pétillante, comme toujours, de malice et d'esprit. Le programme épuisé, la séance est levée à 16 h. y2. Le Secrétaire, P. GERMAIN-BEAUPRÉ. PROCÈS-VERBAUX Communication à la Séance du 29 Janvier 1925 IPatois Ornais Je lis dans un grand quotidien sous le titre Une innovation originale M. Bruneau, professeur à la Faculté de lettres de l'Université de Nancy, vient de faire une curieuse démonstration à son cours public sur la littérature populaire en Lorraine. Dans un village du nord de la Meuse, il eut l'occasion d'entendre une brave vieille femme narrer un conte simple et naïf, mais fort dramatique, qui remontait au temps des cosaques de l'invasion de 1815 et qu'elle tenait de ses parents. Cette paysanne, qui n'avait jamais quitté son village et ne savait ni lire ni écrire, interpréta le récit d'une manière tellement émouvante, en l'entremêlant de mots patois, que le professeur Bruneau le saisit sur le vif de son pur accent de terroir, à l'aide d'un phonographe enregistreur. Et c'est ainsi qu'au grand amphithéâtre de la Faculté des lettres de l'Université de Nancy, devant un nombreux auditoire de choix, ce rustique conte lorrain fut récité par une brave femme absolument fruste, avec une audition parfaite. Le Matin, 18 janvier 1925. Le mot innovation est tout à fait inexact, l'idée est très vieille et sa réalisation remonte à près de trois lustres. Le 3 juin 1911, effectivement, on inaugurait les archives de la parole », et dans l'un des discours d'inauguration, je relève ce passage Nous avons tout autour de nous de grands vieillards qui se meurent, ce sont nos patois. Un à un, les villages, sous l'influence de l'école, de la presse, des relations commerciales, centuplées par les moyens nouveaux de communication, abandonnent leur vieux parler séculaire. Dans quelques années, il sera déformé ou aura vécu. Le français, qui n'a même pas sur ses frères le droit d'aînesse, aura pris pour lui toute la France du nord et une partie de celle du midi. Immense bienfait, sans doute, pour qui ne regarde que le côté politique et social, perte irréparable pour le curieux et l'artiste qui aime la variété pittoresque de la 8 PROCÈS-VERBAUX vie, pour le savant qui en étudie les lois... Un cylindre devant lequel un paysan, soigneusement choisi, aura parlé cinq minutes, sauvera de l'oubli et du néant les patois jusqu'ici négligés. L'initiative du distingué professeur nancéen si intéressante qu'elle soit, ne saurait donc constituer, comme le veut mon chroniqueur, une innovation. Mais on est en droit de se demander ce qu'il est advenu des Archives de la parole. Après de beaux discours, il est à craindre qu'elles n'aient fini, comme tant de choses en France, par des chansons... qui n'étaient plus en patois... Qu'importe après tout, puisque l'idée a été émise et qu'on la sait réalisable. N'appartient-il pas plutôt, d'ailleurs, aux sociétés de province de noter sur le cylindre ou le disque les parlers les plus tj'piques de leur département ou de leur région ? Sans doute, on ne saurait rien entreprendre sans argent et je sais notre groupe riche surtout de bonnes volontés et de sciences..., mais mon projet entraînerait-il de grosses dépenses ? Je ne crois pas. On pourrait tout d'abord ouvrir une souscription et limiter rigoureusement notre champ d'expériences à nos disponibilités..., puis l'étendre au fur et à mesure du développement de celles-ci. Il me semble que notre Société n'a pas dépensé beaucoup d'activité dans le domaine des parlers locaux ceci n'est pas un reproche, et on ne connaît guère que les travaux de Delestang, Le Vavasseur, Vérel. Il y a davantage à faire... Il y a même énormément à faire. J'ai observé d'un canton à l'autre, et même d'une commune à l'autre, des différences importantes... et ceci aux portes mêmes d'Alençon. Ainsi, je prends comme termes de comparaison les pronoms personnels. Moi, toi, et je note leur prononciation dans trois localités situées en pied de marmite et à moins de deux lieues l'une de l'autre. J'obtiens A Carrouges mon pays natal Mé, té, à la mode normande. A Cirai Meu, teu. A Lignières-la-Doucelle Mayenne Ma, ta. PROCÈS-VERBAUX 9 Une telle variété d'interprétation est certainement l'indice de l'existence de trois races, de trois peuplades qui sont demeurées longtemps voisines, sans se connaître, sans se fréquenter, sans s'allier. L'observation que j'ai faite relativement à ces deux mots on pourrait la tenter sur d'autres vocables. Et peutêtre arriverait-on à des conclusions intéressantes, voire inattendues. Je me hâte de dire que ces différences très accusées, il y a 25 ans seulement, se fondent dans mie uniformité désolante...' comme ont fait nos traditions, nos costumes, nos coutumes Il est temps, il est tout juste temps qu'on prenne en pitié dans l'Orne ces grands vieillards qui se meurert... Nous savons, grâce à M. Tournouer, que les Cosaques sont venus aussi dans notre département. XAVIER ROUSSEAU, Argentan. Séance du 12 Mars 1925 Présidence de M. TOURNOUER, président. Le jeudi 12 mars 1925, à lé heures, s'est tenue une réunion de la Société historique et archéologique de l'Orne à la Maison d'Ozé, sous la présidence de M. TOURNOUER, président. Etaient présents Mmes BONY, DE COUESPEL, DE COURTILLOLES, DESCOUTURES, DE FRILEUZE, A. LEVEILLÉ, Ch. ROMET, MUe BELLESSORT. MM. le docteur BEAUDOUIN, Félix et Henri BESNARD, COLLIÈRE, le chanoine DAREL, A. et H. DESCHAMPS, Fr. EON, l'abbé FONTAINE, l'abbé GUERCHAIS, R. JOUANNE, LENOIR, le comte LE VENEUR DE TILLIÈRES, l'abbé TABOURIER, TOURNOUER. Excusés Mmes la comtesse D'ANGÉLY-SÉRILLAC, BEAUGÉ, EON, TIERCELIN, TOURNOUER, Mlles BEAUGÉ et DE SEMALLÉ. 10 PROCÈS-VERBAUX MM. Jos. BESNARD, DALIBERT, Fr. FEREY, FONTAINE, l'abbé GERMAIN-BEAUPRÉ, P. HAREL, HUBERT, l'abbé LEGROS, LEMARQUANT, le vicomte DE ROMANET, Paul et Charles ROMET, le baron DES ROTOURS, SEGUIER, Et. DE LA SERRE, V. TAUNAY. Après la lecture du procès-verbal, M. LE PRÉSIDENT communique les présentations suivantes comme nouveaux membres de la Société M. Léon Boschet, à Argentan, présenté par MM. X. Rousseau et Guillochim. M. F. Le Carbonnier de La Morsanglière, étudiant, 31, rue des Carmélites, Caen, présenté par MM. l'abbé Tabourier et Coqueret. M. Desboudard, notaire honoraire, 10, rue Octave-Feuillet, Paris-16e, présenté par MM. Lemarquant et Tournouer. M. le marquis de Frondeville, 25, faubourg SaintHonoré, Paris-8e, présenté par MM. le marquis de SaintPierre et Tournouer. Par contre, M. LE PRÉSIDENT fait part du décès de M. le chanoine David de M. le bâtonnier Guillouard, l'émiiient juriste continuateur de Demolombe de M. Frémont, avocat à Domfront. Il signale également le deuil qui vient d'atteindre M. Turgeon, doyen de la Faculté de droit de Rennes, qui a perdu sa femme ; il exprime à t notre vénéré compatriote et à son fils, membre de notre société, la douloureuse sympathie de nos confrères. M. TOURNOUER donne lecture de la communication suivante de M. X. ROUSSEAU, d'Argentan A la séance du 15 janvier 1924, notre confrère, M. GuérinSéguier, demandait si en Argentan, à l'angle de la rue principale et de la dernière rue qui la croise avant d'arriver à l'église SaintGermain, il n'a pas été supprimé récemment un motif d'angle en bois sculpté représentant Adam et Eve, la boutique d'un charcutier venant d'être remise à neuf. » L'information est exacte à l'angle des rues de l'Horloge et Saint-Germain on voyait effectivement un motif d'angle, représentant ces personnages, qui a été dissimulé consciencieusement sous du lattage et du ciment, fin juin 1923 J'ai protesté dans un journal local contre cette stupide déprédation. PROCÈS- 11 L'Orne archéologique et pittoresque donne quelques renseignements sur cette curieuse sculpture Une ancienne sculpture en bois sur une maison d'Argentan nous montre encore le serpent tentateur avec la tête d'une femme. Un habitant de cette ville, M. Malfilâtre, nous fait remarquer que l'Encyclopédie, au mot Guido Reni, raconte que ce grand artiste, dans un accès de mauvaise humeur, peignit également le serpent avec une tête de femme, parce que le tentateur avait beaucoup parlé nous ne croyons pas que cette intention épigrammatique ait dirigé les artistes du moyen-âge. » P. 208. Je suppose que M. de La Sicotière parle de la sculpture qui intéresse notre confrère. Vimont ne signale pas que le démon tentateur avait figure de femme, le bois était bien rongé par le temps... et il est trop tard pour vérifier. M. TOURNOUER signale de notre confrère, M. G. HUBERT, une étude dont le Bulletin de la Société préhistorique française, séance du 23 octobre 1924 Contribution à l'étude de l'âge du cuivre. Analyse d'une hache plate du département de l'Orne ». Du même La Bague mystérieuse », séance du 27 décembre 1924. Dans Le Journal de l'Orne, notre confrère, le comte BECCI, et dans Le Courrier d'Argentan, Sées, Courtomer, M. Xavier ROUSSEAU commentent l'un et l'autre les diverses interprétations concernant les armoiries de la ville d'Argentan et leur origine. M. le vicomte DU MOTEY s'est joint, dans Le Journal de l'Orne, à ces chercheurs pour donner son appréciation autorisée sur les armes d'Argentan, Alençon, Domfront. Il avait été dit que l'original de l'acte de baptême de Charlotte Corday avait été perdu. M. le vicomte DU MOTEY signale qu'il se trouve dans les archives de la commune de Champeaux et dans notre bulletin de 1884 p. 54, l'abbé Rombeaux en a publié un fac-similé. — Notre archiviste s'est occupé de cette disparition et on assure que cette pièce historique est rentrée au bercail à Ecorches. M. l'abbé TABOURIER, continuant ses travaux sur le diocèse, étudie Le culte de saint Claude au diocèse de Sées ». Il note cette dévotion à Saint-Germain-de-Loisé, 12 PROCÈS-VERBAUX à Merry, à Saint-Pierre-de-Sommaire et au manoir de Marmouillé. M. LE PRÉSIDENT donne lecture d'un article bibliographique paru dans Le Polybiblion de janvier dernier sous la signature du baron J. A. DES ROTOURS, OÙ notre secrétaire général rend compte de l'Histoire de l'Orne » de René Poisson La Ferté-Macé, Romagné, éd. 1924, qu'il loue pour cet effort d'histoire régionale tout en faisant des réserves sur la valeur donnée aux différents époques les unes par rapport aux autres. M. TOURNOUER signale l'heureuse décision du Conseil municipal d'Argentan qui vient, pour la conserver, d'acquérir la chapelle Saint-Nicolas, désaffectée depuis 1707. M. LE PRÉSIDENT rappelle à ce propos qu'un stock important de fiches sont à la disposition des personnes qui auraient un monument, un détail d'architecture, un objet intéressant à signaler au point de vue art ou archéologie. Ces fiches qui, une fois remplies, peuvent être remises à la Société ou adressées directement au ministère des BeauxArts, donnent droit à une perception de 8 francs. M. le Président ne doute pas que l'amour du gain ne gît point dans le coeur des archéologues, mais il espère que, par ce temps de vie chère, cette prime de l'Etat aux particuliers est une heureuse compensation des impôts qui nous grèvent et servira d'appâts aux chercheurs intéressés ou même désintéressés. Le but de ces fiches n'est pas de solliciter un classement de monument, mais de faciliter une surveillance et un droit de regard des services des monuments historiques. M. TOURNOUER signale une ordonnance de Mgr l'Evêque de Sées prescrivant la recherche des écrits du R. P. MarieJoseph Coudrin et de la R. M. Henriette Aymer de la Chevalerie, pour servir aux causes de leur béatification et canonisation. Pierre Coudrin, fondateur des Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie et de l'Adoration perpétuelle du Sacrement de l'autel dite de Picpus, né à Coussay-les-Bois diocèse de Poitiers PROCÈS-VERBAUX 13 le 1er mars 1768, ancien vicaire général de Sées où il organisa le séminaire diocésain et séjourna de 1806 à 1809. Louise-Victoire-Catherine-Henriette-Monique Aymer de la Chevalerie, née à Saint-Georges-de-Noisné diocèse de Poitiers le 11 août 1767, fondatrice de la Maison de l'Adoration de Séez où elle établit ses religieuses en 1807. M. LE PRÉSIDENT signale encore que M. le marquis de Frondeville, membre des Antiquaires de Normandie et de la Société d'histoire de Normandie vient de publier la vie d'Un prélat normand, évangélisateur et précurseur de V'influence française en Extrême-Orient, Pierre Lambert de la Motte, évêque de Béryte 1624-1679. Editions Spes, Paris. 94 p. grand in-8° avec portrait, qui était de sa famille. Il naquit à Lisieux le 16 janvier 1624, de Pierre Lambert, sieur de la Motte, vi-bailli d'Evreux et de Catherine de Heudey de Pommainville. Il fit toutes ses études à Caen et fit montre dès son plus jeune âge d une piété très vive. Ayant fait son droit il s'inscrivit parmi les avocats au Parlement de Paris et acquérait bientôt une charge de conseiller en la Cour des Aides de Normandie, se fixant à Rouen. Il exerça ces fonctions pendant neuf ans et avec grand succès, mais détaché des préoccupations matérielles, il songea bientôt à se consacrer à Dieu et aux oeuvres. Il songea même à l'évangélisation des âmes en pays lointains et, après avoir pris conseil, il entreprit, en 1655, pour s'y préparer, un voyage d'abjection » où il eut à subir toutes les humiliations possibles. A son retour, il fut admis à la prêtrise et commença son apostolat par la direction qui lui fut confiée de l'Hosp'ce général de Rouen. Il contribua en même temps à la fondation d'un Séminaire d'eudistes dans cette ville et à la création d'ur refuge pour les filles repenties. Entre temps il se liait avec les organisateurs des missions d'Extrême-Orient et partait bientôt pour Rome afin de négocier l'envoi de vicaires apostoliques en Chine. Il fut nommé lui-même l'un de ces vicaires en 1658. L'oeuvre des missions françaises était fondée. Pierre Lambert, devenu évêque de Béryte, quitta la France en 1660 pour n'y jamais revenir. On le suit au Siam, au Tonkin, en Cochinchine où son activité débordante fit des merveilles. Il mourut le 15 juin 1679 à Siam, avec la réputation d'un véritable saint. De la famille Lambert sortirent les branches de Formentin, d'Argence, de Sanville et de Frondeville ; cette dernière seule subsiste aujourd'hui. Un de nos membres distingués, M. Emile PICOT, vient d'être l'objet d'une notice lue à la séance du 11 juillet 1924 14 PROCÈS-VERBAUX de l'Académie des Inscriptions dont l'auteur est M. JeanAuguste Brutails, membre libre de l'Académie des Inscriptions. Voici le résumé de cette notice Emile Picot était né à Paris, le 23 septembre 1844. Il mourut en 1918. M. Brutails le fait, par erreur, d'origine normande. Ses grandsparents habitaient Chartres. Après son droit, il fut admis en 1866 au barreau de Paris. En 1867, il devint le secrétaire français de Charles de Hohenzollern, prince de Roumanie. En 1868, il fut nommé agent vice-consul à Hermannstadt et peu après à Témesvar. Rentré en France en 1873, il s'y maria et fut chargé de travaux particuliers. En 1875, il professa un cours libre de langue roumaine à l'Ecole des langues orientales vivantes. En 1891, le duc d'Aumale l'emmène à Francfort pour négocier l'acquisition des miniatures de Fouquet que le prince paya francs. En 1897, il remplaçait M. de Mas-Latrie à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettrse. Ses oeuvres sont nombreuses. On lui doit, entre autres, le Catalogue de la Bibliothèque fameuse du baron James de Rothschild. S'il n'était pas Normand de famille, il le devint en achetant le château du Mesnil, près Laigle, où il reçut avec tant d'amabilité notre Société en 1913 après les fêtes de Saint-Evroul. Il laissa environ 300 000 fiches, sources merveilleuses pour les travailleurs, remises par Mme Picot à la Bibliothèque Nationale. M Omont s'occupe de les rassembler en 85 volumes qui seront mis à la disposition du public. Il commença un dictionnaire normand resté manuscrit, cme Mme Picot a l'intention de nous offrir. M. LEBOUCHER, agent voyer à Argentan écrit que les surélévations du niveau d'eau de la vallée de l'Orne condamnent les menhirs qui sont situés à cet endroit. Il propose qu'ils soient déplacés. La difficulté matérielle de cette opération semble réelle et M. H. BESNARD estime qu'il faudrait er tous cas fouiller le sol à cet endroit au cas où il pourrait se trouver des objets ou des armes sous ces énormes pierres de la préhistoire. On apprend que rien n'a été conclu. M. DUMOULIN adresse une communication au sujet de pierres de silex situées dans le sol à Bocquencé et dont la disposition régulière veut à son avis signifier une intention. PROCÈS-VERBAUX 15 M. LENOIR fait appeler l'attention de la Société, par l'organe de M. Fr. EON sur les balcons anciens de fer forgé qui sont disséminés sur les vieilles demeures d'Alençon. Il désirerait les voir reproduits et édités en cartes postales. M. H. BESNARD répond que son frèce Félix Besnard, architecte, a fait avant la guerre une série de dessins au trait de ces balcons et que la reproduction en serait ainsi facilitée. M. le docteur BEAUDOUIN dit quelques mots sur JacquesRené Duval, qui fut un des premiers à tirer la profession de dentiste du discrédit qui confondait à la fois chirurgien et arracheur de dents. — Duval 1758-1854 était originaire d'Argentan. M. LE PRÉSIDENT rappelle le bal qui sera donné le samedi 5 avril à la Salle des Fêtes, sur l'initiative de la Société et dont le but est de procurer des fonds pour l'organisation du Congrès des Sociétés normandes à Alençon au mois de juin. Il espère que le succès répondra aux efforts faits. Notre érudit confrère, M. Joseph BESNARD, n'ayant pu venir à Alençon faire la causerie annoncée sur Marguerite de Lorraine à la cour du roi René », c'est M. le Président qui donne lecture de cette étude, lecture grandement facilitée par un graphisme que bien des secrétaires pourraient envier. L'étude de M. J. Besnard est extrêmement vivante et documentée en même temps et elle paraîtra dans un bulletin de notre Société complétant heureusement les travaux si appréciés sur le même saint personnage de M. le chanoine Guérin. Cette étude fut extrêmement goûtée et à ce propos M. Fr. EON parle du livre d'heures de Jeanne de Laval à la bibliothèque de Poitiers, dont les miniatures sont attribuées au roi René. Il se demande si dans les gracieux personnages d'enfant ou de jeunes filles, le bon roi n'a pas pourtraicturé » sa bien aimée petite-fille. C'est un point curieux, mais difficile à préciser de la rare iconographie de Marguerite de Lorraine. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 16 h. *4. Le Secrétaire-adjoint, HeNRi BESNARD. 16 PROCÈS-VERBAUX Communication à la Séance du 12 Mars 1925 Jacques-René Duval, d'Argentan 1758-1854 Le docteur BEAUDOUIN fait savoir à l'assemblée que le 21 janvier dernier, à la séance solennelle de la Société de chirurgie de Paris, le docteur Lenormant a fait l'éloge de Jacques-René Duval, né à Argentan en 1758 et mort à Paris en 1854, donc a plus de quatre-vingt-quinze ans. Reçu en 1786 membre de l'Académie de chirurgie —fondée par Louis XV en 1731, sous la présidence de 1er chirurgien du roi, pour faire concurrence à la vieille faculté de médecine dont l'esprit frondeur déplaisait à la cour — Duval se livra surtout à l'art dentaire, que nous appellerions aujourd'hui stomatologie, et qu'il contribua beaucoup à faire sortir de l'ornière et du charlatanisme. Le 8 août 1793, alors que Duval allait être promu à la deuxième classe des académiciens il en existait trois classes, l'Académie de chirurgie fut supprimée par la Convention, comme toutes les Sociétés. Le 27 décembre 1820, Louis XVIII créa l'Académie de médecine qui comprenait médecins et chirurgiens. Le roi s'était réservé le choix des premiers titulaires, mais dès le mois de février 1821, l'Académie était autorisée à s'adjoindre onze nouveaux membres. Duval fut du inrabre, élu ainsi par ses collègues. Entre temps, il avait marié sa fille à un autre académicien, Nicolas Marjolin, chirurgien, dont le succès avait balancé celui de Dupuytren. Mais vers 1840, la jeune chirurgie se trouvait à l'étroit dans l'Académie de médecine. Elle fonda donc la Société de chirurgie. René Marjolin, petit-fils et filleul de Duval, fut un des dix-sept fondateurs, et le plus jeune. Cependant les vieux chirurgiens de l'Académie faisaient grise mine à cette société nouvelle. Un seul daigna en faire partie. René Marjolin amena son père, dit le Bon Marjolin. PROCÈS-VERBAUX 17 Celui-ci étant mort en 1850, René Marjolin amena deux ans aprèf son grand-père Duval, alors âgé de quatre-vingtquatorze ans ! Duval fut ainsi le seul membre successivement de l'Académie ro3rale de chirurgie, de l'Académie de médecine, de la Société de chirurgie. Larrey lui souhaita la bienvenue J'ai fait, dit le docteur Beaudouin, dans une autre occasion, le parallèle entre Desgenettes et Larrey. Ce dernier était un grand caractère, un beau caractère, mais n'était pas un bon caractère. Il avait un orgueil insupportable, et manquait de l'éducation et de la finesse d'esprit qui caractérisaient Desgenettes. » Il trouve que dans l'occasion, il manqua un peu de délicatesse. Il félicita Duval de vouloir rajeunir son passé en venant prendre place parmi les membres de la jeune société ». Mais il oublia du moins le docteur Lenormant n'en fait pas mention de féliciter la jeune société de s'enrichir de l'expérience de l'ancêtre. Cet âge je'parle de la jeunesse, cet âge est sans pitié ! ni vénération !!! Du reste, la Société de chirurgie ne jouit pas longtemps de l'expérience de Duval ; il mourut seize mois après. Larrey prononça son éloge. Jacques-René Duval, outre ses oeuvres de chirurgie et de stomatologie, avait composé un ouvrage qui doit le rendre cher à notre société, une notice historique sur les médecins normands depuis Gilbert Maminot, évêque de Lisieux et médecin de Guillaume le Conquérant, jusqu'à son contemporain, Vicq d'Azyr, médecin de Marie-Antoinette. Il avait fondé à la Société de chirurgie un prix de deux cents francs doublé par son petit-fils. C'est à l'occasion de ce prix que le docteur Lenormant vient de prononcer son éloge. 18 PROCÈS-VERBAUX Séance du 26 Mars 1925 A Paris, 5, boulevard Raspail. Présidence de M. TOURNOUER, président. Présents Mmes la comtesse D'ANDLAU, la comtesse BECCI, la marquise DE BROC, la comtesse DE BROSSARD, la baronne DE CAIX, CHEVALIER, DE CORCELLE, la marquise DE FRONDEVILLE, GOBILLOT, DE LAGARENNE, Etienne DE LA SERRE, DE LAVIGERIE, la comtesse LE MAROIS, MARGARITIS, Jacques MARGARITIS, PIERREY, RIVIÈRE, la baronne DES ROTOURS, THOUREAU, TOURNOUER, TRÉBUCIEN. la marquise DE VERDUN DE LA CRENNE ; MUe MOUCHEL. MM. BARILLET, BEAU, le comte BECCI, le comte DE BROSSARD, CRESTE, DELOBEL, DESBOUDARD, DOUIN, DULONG DE ROSNAY, DURAND DE SAINT-FRONT, FOUCAULT, DE FRANCE DE TERSANT, GOBILLOT, GUÉRIN-SÉGUIER, JAULME, le docteur JOLY, JOUSSELIN DE SAINT-HILAIRE, Etienne DE LA SERRE, LÉGER, le comte LE MAROIS, LEMARQUANT, LEROUX, le docteur LEROY, LOYSEL DE LA BILLARDIÈRE, DU MESNIL DU BUISSON, le comte DE NAZELLE, Jean PORCHER, RIVIÈRE, le baron DES ROTOURS, TAUNAY, THOUREAU, TOMERET, TOURNOUER, VÉZARD. Excusés Mmes ARROU, DANLOUX, la comtesse Amédée D'HARCOURT, LOYSEL DE LA BILLARDIÈRE, DE MALLEVOUE, Emile PICOT. MM. le comte D'ANDLAU, René BARTH, Joseph BESNARD, Adrien DE CÉNIVAL, le marquis DE FRONDEVILLE, l'abbé GERMAIN-BEAUPRÉ, le comte Amédée D'HARCOURT, l'abbé HÉBERT, KERCHNER, l'abbé DE LA SERRE, le baron LE GUAY. DE MARCÈRE MOUCHEL, PIERREY, Jacques PORCHER, le comte ROEDERER, Paul Etienne VOISIN. M. LE PRÉSIDENT remercie ses confrères d'être venus si nombreux à cette seconde réunion parisienne. Cette innovation faite l'an dernier, a été heureusement appréciée, et doit être continuée. Elle permet aux membres de la PROCÈS-VERBAUX 19 Société, éloignés d'Alençon, de se connaître et de se maintenir en liaison avec elle et entre eux. Aussi importe-t-il de les mettre au courant de la marche de la Société depuis l'année dernière. Le procès-verbal de la précédente réunion a déjà paru dans le bulletin. Rappelons brièvement que divers voeux y avaient été émis, parmi lesquels figuraient Le maintien des réunions parisiennes ; La réédition à Paris de certaines conférences faites à Alençon ; La participation des membres de la Société aux excursions de la Société Française d'archéologie ; Le recrutement de nouveaux membres. Nous nous sommes efforcés de les réaliser. C'est aujourd'hui notre seconde réunion à Paris. Une conférence va être faite par le Président, qui croit devoir ouvrir le feu. Il espère être suivi de nombreux autres conférenciers, qui seront écoutés avec grand plaisir. La proposition ayant trait aux promenades de la Société Française d'Archéologie n'a pu aboutir. Le Conseil de cette Société s'y est opposé, la considérant comme difficile à accepter en bloc, pour des membres d'une Société autre que la Société Française. Mais individuellement, le président, M. Marcel Aubert, mettra de la meilleure grâce du monde des cartes à la disposition de ceux de nos collègues qui voudront suivre les promenades. Enfin l'effectif de la Société ne cesse de s'accroître. Il atteint aujourd'hui 520, ce qui est un chiffre respectable pour une Société provinciale. Nous espérons cependant faire mieux encore. M. LE PRÉSIDENT expose ensuite en quelques mots quelles ont été en 1924 les manifestations de l'activité de la Société historique et archéologique de l'Orne et indique ce qu'il compte faire pour cette année 1925. Il rend compte tout d'abord des conférences ou causeries faites à Alençon. 20 PROCÈS-VERBAUX En janvier conférence de M. Beaugé sur La mosquée d'Omar ». En février Conférence du vicomte du Motey sur Jacques de Silly, évêque de Sées », et du baron des Rotours sur la députation de l'Orne en 1824 ». Enfin, nous avons fait l'an dernier une de nos plus belles excursions dans un pays ravissant, et nous avons visité des monuments et des églises du plus haut intérêt, en allant à Pont-Audemer, Bemay et Honneur. Le compte rendu en paraîtra dans un prochain bulletin sous la signature autorisée de M. le comte Becci. Qu'allons-nous faire cette année ? Nous préparons mie grosse manifestation. En 1923, a été créée à Honneur la Fédération des Sociétés régionalistes de Normandie. M. Léon Le Clerc, qui nous a fait visiter Honneur et nous l'a décrit avec tant de charmes, était un des promoteurs du mouvement. Il existe en effet en Normandie une centaine de Sociétés savantes, ou scientifiques, qui s'ignorent, tout en poursuivant le même but ou des buts analogues. Il semblait tout indiqué de les grouper. Arcisse de Caumont avait senti l'intérêt de cette réunion en instituant les assises de Caumont. Elles se tiennent tous les cinq ans dans un des cinq départements de la Normandie mais leur créateur est mort depuis longtemps, et les assises de Caumont sont peu suivies. C'est une idée à reprendre. Une réunion a eu lieu il y a deux ans à Honneur, nous l'avons dit, mie autre s'est tenue l'an dernier à Fécamp ; elle a eu un caractère trop local. Nous essayons de faire mieux cette année à Alençon. Des convocations ont été lancées ; nous avons déjà une cinquantaine d'adhésions venant du Calvados, de l'Eure et d'une partie de la Seine-Inférieure. Les Sociétés rouennaises observent mie certaine réserve ; celles du Havre au contraire sont très favorables. Le programme du congrès a été rendu aussi intéressant que possible. Il aura lieu, avec la participation de la Pomme » du 24 au 28 juin prochain et doit comprendre des séances d'études, des conférences, mie représentation PROCÈS-VERBAUX 21 théâtrale, mie exposition de la dentelle, des Beaux-Arts, mie exposition d'artisanat avec partie rétrospective, et exposition des oeuvres des apprentis. Le programme en a d'ailleurs été donné par la presse régionale. M. LE PRÉSIDENT fait appel aux collections particulières pour rendre ces diverses expositions aussi attirantes que possible ; les objets prêtés seront soigneusement traités et garantis par mie assurance. M. Léon Le Clerc domiera le jeudi une conférence sur la Chanson normande » avec audition de Mlle Migevant. Un opéra comique inédit, Le Royal Dindon, de Luigi Bordèse, qui se rapporte au passage de Henri IV à la Maison d'Ozé, à Alençon, y sera représenté pour la première fois, par des artistes de Paris. Le vendredi, concert par la Société philharmonique. Le samedi, excursion à Carrouges, Saint-Cénery, les Alpes Mancelles ; le soir, conférence de Gaston Rageot, Président de la Pomme, sur l'esprit normand ». Le dimanche et le lundi seront occupés par les manifestations de la Pomme ». LE PRÉSIDENT invite tous les assistants à venir à Alençon à cette occasion. Il signale en outre que le 25 avril doit avoir lieu un bal, à Alençon, organisé par la Société au profit du congrès. En ce qui a trait à l'excursion de 1925, elle aura pour but Saint-Lô et sa région, avec au nord, l'abbaye de Lessay et Coutances, au sud, Villedieu-les-Poêles. L'excursion à Jersey serait très tentante ; elle est difficile à effectuer tant que le cours de la livre restera aussi élevé ; peut-être pourrait-on la remplacer par la visite des îles Chausey, qui ne demande qu'une courte traversée. Le projet est à l'étude et les membres de la Société seront avertis en temps opportun de ce qui pourra être réalisé. Des applaudissements saluent les explications de notre président. M. TAUNAY demande la parole et rappelle la cérémonie qui a eu lieu à Alençon le 23 septembre pour fêter les vingt-cinq années de présidence de M. Tournouer. Il se fait 22 PBOCÈS-VERBAUX l'interprète de tous pour marquer à celui-ci que les sociétaires parisiens de la Société tiennent à s'associer à cette manifestation et à adresser leurs remerciements à M. Tournouer pour les services qu'il a rendus à la Société au cours de ses vingt-cinq ans de présidence. M. Tournouer remercie en quelques mots émus. Il donne alors communication de sa conférence sur Elisabeth d'Orléans, duchesse de Guise et d'Alençon », dont les Alençonnais ont eu, il y a deux ans, la primeur. A 6 h. %, la séance est levée. Le Secrétaire, Comte BECCI. Séance du 24 Avril 1925 Présidence de M. TOURNOUER, président. La séance, tenue à la Maison d'Ozé, est ouverte à 14 heures sous la présidence de M. TOURNOUER, président Etaient présents Mmes la comtesse D'ANGÉLY-SÉRILLAC, CHAUVEAU, DE CORCELLES, DE COUESPEL, DE CROYER, A DESCHAMPS, DESCOUTURES, EON, RUFFRAY, TOURNOUER. Mlles BELLESSORT, DES MAZIS, DE SEMALLÉ. Excusés Mmes Ach. FOULD, P. DAVID. MM Ch. BEAUGÉ, A. FONTAINE, LEMARQUANT, P. ROMET, le baron J. A. DES ROTOURS, Et. DE LA SERRE. M. LE PRÉSIDENT fait les présentations suivantes MUe des Mazis, Les Douves, Savigné-1'Evêque Sarthe, par M. et Mme Lebourdais. M. Gérard de Banville, à Aube Orne, par Mme la vicomtesse de Banville et le comte de Nazelle. M. le docteur Loupie, à Fresnay-sur-Sarthe, par MM. l'abbé Tabourier et l'abbé Duhazé. PROCÈS-VERBAUX 23 M. le docteur Demantké, à Dreux, par MM. l'abbé Guerchais et le docteur Miquet. M. André Jaulme, archiviste-paléographe, ancien élève de l'Ecole pratique des Hautes-Etudes, 161, rue SaintJacques, Paris, et 2, rue du Buat, à Laigle, par MM. GuérinSégnier et Henry Leroy. M. Georges Porchet, agrégé d'histoire, professeur au Lycée de Caen, 50, rue Ecuyère, à Caen, et à La Carneille Orne, par Mme Tiercelin et M. Louvel. M. TOURNOUER fait part de la perte inattendue et très douloureuse de l'un nos membres les plus fidèles, le comte Le Veneur de Tillières, dont le est attaché à la plus vieille histoire de Normandie. Il adresse à sa famille la profonde sympathie de la Société. Une étude biographique sera réservée au bulletin à notre regretté confrère. Nous déplorons également la perte de M. le chanoine Robert, décédé le 14 mars 1925. M. TOURNOUER fait part de la nomination de M. Francis Eon à Angers ; il félicite notre confrère de cet avancement tout en regrettant vivement ce départ qui nous privera d'un membre au langage savoureux, à l'érudition aimable, alençonnais depuis dix-sept ans. M. Francis EON remercie le président de ses paroles sympathiques et l'assure qu'il viendra volontiers faire des conférences à Alençon il en pr met une l'hiver prochain pour ne point perdre tout contact avec l'Orne, dont il garde un vif souvenir. M. LE PRÉSIDENT signale qu'au congrès de des Sociétés savantes des communications sur notre histoire locale ont été faites, dont l'une par notre archiviste M. Jouanne. Il annonce que le Congrès de la Société française d'archéologie aura lieu dans la région de Blois du 18 au 23 mai prochain ; un congrès forestier international aura lieu à Grenoble du 22 au 30 juillet. M. LE PRÉSIDENT fait part à ce propos de l'itinéraire du congrès de notre Société vers le 23 août prochain. La 24 PROCÈS-VERBAUX Société se rendra à Saint-Lô, Coutances, Granville, les îles Chausey. L'Association normande tiendra son Congrès provincial à Valognes pour rayonner du 29 juillet au 2 août 1925. M. PATRIE nous adresse un petit guide de Château-Gonthier, dû à M. Gaucher, et dont beaucoup de croquis et illustrations sont de notre confrère, M. Patrie. Le Père UBALD D'ALENÇON envoie une note où il rectifie une erreur qui a passé inaperçue dans un de nos bulletins Bulletin 1914, où il est dit que c'est à Robert de Semallé qu'est dû le Précis sur la Paroisse, les fiefs et la famille de Semallé », Alençon, 1888, in-8°, 26 pages, extrait du Bulletin de la Société. Or c'est Roger de Semallé qu'il faut lire. A propos de la famille de Semallé, le P. UBALD communique l'extrait d'un manuscrit de la bibliothèque franciscaine de Bry-sur-Marne, à laquelle travaille notre confrère. Ce manuscrit parle de la rare piété de Mère Marie-AnneFrançois, capucine à Tours au xvir 3 siècle », et dont le P. Ubald donne brièvement les indications biographiques suivantes Françoise-Judith de Semallé était fille d'Abraham II de Semallé, sieur de la Giroudière et de Marie de la Fontaine mariés le 8 juin 1632, fille de Mathurin, sieur de Sévillé et de Marie de Pinel. Il y eut sept enfants de ce mariage dont deux filles, Anne-Gabrielle et notre Françoise-Judith Ces enfants sont mentionnés par d'Hozier, sans que l'on puisse connaître absolument l'ordre des naissances. Anne-Gabrielle de Semallé fut baptisée le 31 décembre 1637 à Notre-Dame d'Alençon Souancé Au xvie siècle, Georges de Semallé, mort en 1507, laissa deux fils Louis, qui continua la branche normande, aujourd'hui éteinte, — et Guy, qui constitua la branche du Maine C'est à cette famille du Maine qu'appartenait notre religieuse, FrançoiseJudith de Semallé, dite Mère Marie-Anne-François, capucine à Tours. Elle naquit sans doute vers 1633-1634 pour mourir vers 1691. M LEMARQUANT signale que la chapelle Saint-Nicolas d'Argentan, acquise récemment par la ville, a été désaffectée en 1767 et dépendait du château actuellement Palais de PROCÈS-VERBAUX 25 Justice. C'est dans cette chapelle que Marguerite de Lorraine prononça des voeux monastiques en 1519 II paraîtrait que la municipalité d'Argentan se propose de la faire restaurer pour en faire un marché couvert ou mie salle des fêtes ; eL l'absence de renseignements sur ces transformations, il apparaît que sa nouvelle destination semble un peu sentir le fagot M LEMARQUANT donne le résumé suivant de l'éloge prononcé le 21 janvier 1925 à la Société de Chirurgie par M. Ch. Lenormant, professeur à la Faculté de Médecine, et chirurgien de l'hôpital Saint-Louis, sur le docteur JacquesRené Duval, dont le docteur Beaudouin nous a dit quelques mots à la précédente réunion Le Docteur DUVAL Membre de l'Académie de Médecine Le 21 janvier 1925, M. Charles Lenormant, professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris, chirurgien à l'hôpital SaintLouis, a prononcé, à ïa Société de chirurgie, l'éloge du docteur Jacques-René Duval, né à Argentan le 12 novembre 1758, et décédé à Paris le 16 mai 1854. En voici le résumé Après avoir reçu les leçons d'un prêtre, ami de sa famille, Jacques Duval fut envoyé au collège du Mont, à Caen. Il y fit de solides études classiques, dont il garda l'empreinte toute sa vie. Il eut toujours le goût de l'érudition et de l'histoire, et ses ouvrages, tous ornés de citations grecques, latines et françaises, sont la preuve de sa connaissance approfondie des littératures ancienne et moderne. Etant à peine adolescent, il pénétra un jour, par curiosité, dans une salle où des médecins pratiquaient une autopsie ; il prit à ce spectacle un tel intérêt qu'il résolut de devenir chirurgien. Il commença ses études médicales à l'hospice d'Argentan, puis il alla à Caen et vint à Paris en 1777. Il travailla d'abord à Bicê*îe, sous la direction de Chopart, professeur royal, et ancien commissaire de l'Académie de chirurgie, l'un des meilleurs chirurgiens de l'époque, à qui il inspira assez de confiance pour que celui-ci le plaçât auprès de l'un de ses plus illustres clients d'Alembert, atteint de calculose vésicale, dont il mourut le 29 octobre 1783. 26 POOCÈS-VERBAUX Le 12 juin 1786, Duval soutint une thèse remarquable sur l'Anévrysme artério-veineux, qui lui valut le grade de maître en chirurgie, et lui ouvrit les portes de l'Académie Royale en qualité de membre libre. Duval fut assidu aux séances de l'Académie et prit une part assez active à ses travaux sous forme de communications et de rapports relatifs à des opérations chirurgicales. Le 5 mai 1791, à la séance publique annuelle, il lut un mémoire historique sur l'art du dentiste chez les anciens, pour lequel il avait mis à contribution les petits poètes et les faiseurs d'épigrammes de Rome. A partir de cette époque, il se spécialisa comme dentiste ; il aborda la dentisterie, dit Larrey, non pas comme un mécanicien ou un industriel, mais en chirurgien et en savant, parce qu'il la considérait comme partie intégrante de la médecine. » Il était devenu le gendre de Le Roy de la Faudiguière, le plus célèbre dentiste de l'époque, installé place Royale. Duval fit partie dès sa fondation, de la Société de médecine de Paris qui, créée en l'an VIII, hérita des archives de la Société de chirurgie, supprimée en 1793, comme tous les autres corps savants Duval y fit de nombreuses communications il y lut, en 1812, une notice historico-médicale sur les Normands, dans laquelle il énumère tous les médecins célèbres de la province depuis Gilbert-Maminot, qui fut le médecin de Guillaume, jusqu'à Vicq d'Azyr, membre de l'Académie des sciences, secrétaire perpétuel de la Société royale de médecine, décédé en 1794. La situation scientifique et professionnelle de Duval le désignait tout naturellement pour entrer à l'Académie de Médecine, fondée le 29 décembre 1820 il fut élu en février 1829 dans la section de chirurgie, où il se montra l'un des membres les plus assidus. Il a légué à la Société de Chirurgie une somme dont les revenus sont destinés à décerner un prix de 300 francs à la meilleure thèse de chirurgie publiée dans l'année. M. TOURNOUER signale dans Le Journal des Débats du 25 mars 1925 un article de G. Allix sur Malbrouk et Villoteau », ce dernier musicographe de l'armée d'Egypte dont notre confrère, M. Beaugé, nous avait entretenu de façon fort intéressante. De même une note bibliographique de La Vie catholique du 21 mars 1925 sur La demi-heure d'Ecriture Sainte ; Evangile selon saint Matthieu, Séez, 1925 », par M. le chanoine Geslin. Une courte note émanant de notre confrère Francis EON, parue dans L'Echo d'Alençon du 24 février 1925, rappelait la mémoire de Charles Pitou, poète percheron. M. Francis PROCÈS-VERBAUX 27 Eon signale l'évocation intéressante des jardins de la Maison d'Ozé parue dans le même journal le 28 février 1925, sous la signature de M. Titard, jardinier de la Préfecture. Il y a là une intéressante suggestion pour la réfection du jardin de la Maison d'Ozé Dans le numéro de mars 1925, Le Divan publie avec un ccmmentaire approprié de M. Francis Eon trois lettres de George Sand à Mme Louise Valoiy, mère de notre membre disparu, M. Reynold Descoutures. Avec M. Eon, nous souhaitons qu'une notice fasse revivre la curieuse figure de cette femme de lettres romantique, bien alençonnaise de famille et de naissance, mais qui a renié assez brutalement la province. Elle laissa à Alençon une bourse en faveur d'un jeune artiste ou étudiant de sciences, et plusieurs de nos membres lui restent reconnaissants d'avoir aidé des débuts de carrière. M. Francis EON nous dit une pièce de vers dédiée à Fagus poète catholique venu d'assez loin, des frontières de l'aiiarchisme, en l'honneur de la bienheureuse Thérèse de l'Enfant-Jésus. De mauvaises langues prétendent que la veine païenne de Francis Jammes est supérieure à sa veine de poète converti, on n'en dira pas de même de l'autre Francis, nos confrères en'jugeront par la pièce qui se trouve dans le bulletin. M. TOURNOUER raconte que la réunion des membres parisiens a eu lieu le 26 mars dernier et se trouvait très fournie de sociétaires zélés. M. TOURNOUER parle du Congrès qui va avoir lieu à Alençon du 25 au 28 juin prochain ; déjà cinquante-cinq Sociétés normandes ont envoyé leur adhésion. M. le vicomte DU MOTEY prend la parole et fait part de la visite très curieuse qu'il a reçue du comte d'Eglington, de la famille des Montgommery ; son spirituel récit nous démontre que si son visiteur était bien anglais, l'humour est quelquefois français. 28 PROCÈS-VERBAUX Mme la comtesse d'ANGÉLY offre à nos archives une pièce d'inventaire et une affiche de 1795. M. l'abbé TABOURIER prend alors la parole pour sa communication annoncée sur Claude de Moraine, poète profane et mystique, prédicateur du Roy, évêque de Séez, 1550-1610 » ; sa très spirituelle causerie débitée avec d'expressives mimiques, fut des plus appréciée et un texte résumé sera donné au bulletin. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 16 h. l/2. Le Secrétaire-adjoint, HENRI BESNARD. Compte rendu moral et financier de la Société pour 1924 Au cours de l'année 1924, la Société historique et archéologique de l'Orne a tenu à son siège social de la Maison d'Ozé, à Alençon, six séances ordinaires ; une autre eut lieu à Paris pour les membres qui y résident. A la première réunion générale, les membres du Bureau de la Société dont les pouvoirs expiraient furent réélus à l'unanimité MM. le vicomte DU MOTEY, vice-président ; le baron Jules DES ROTOURS, secrétaire général ; Henri BESNARD, secrétaire-adjoint ; Emile BROUARD, trésorier-comptable ; Jean COLLIÈRE, trésorier-adjoint ; Albert ME ZEN, membre de la Commission du Musée ; Louis BARILLET, — — — Le recrutement de la Société a été des plus satisfaisants puisqu'elle atteint le chiffre de 521 membres avec 55 nouveaux pour l'année 1924. Malgré les dépenses considérables occasionnées par sa publication, le Bulletin de la Société a paru régulièrement. Outre les procès-verbaux des séances, on y trouve Excursion de la Société dans le Passais Normand et le Mcrtainais, par M. HUBERT. Compte rendu de la séance solennelle et publication des rapports et des discours. Notice sur M. l'abbé Letacq, par J. LEBOUCHER. Domfront et les premiers barons de Lucé, par A. SURVILLE. Guillaume-André Villoteau, par Ch. BEAUGÉ. Un médecin de Molière père d'un évêque de Sées, par le docteur BEAUDOUIN. 30 COMPTE RENDU MORAL ET FINANCIER POUR 1924 Souvenirs inédits sur Nicolas Conté, par Ch. BEAUGÉ. Services des correspondances de Regmalard à Pontl'Evêque et la ligne au temps des Celtes et des Gaulois, par MOUCHEL. La maladie et la mort de la bienheureuse Marguerite de Lorraine, par le docteur BEAUDOUIN. Le costume ecclésiastique à travers les âges, par l'abbé TABOURIER. Etude sur les noms de lieux d'origine Scandinave de l'arrondissement d'Argentan, par J. Adigard des Gautries. Le pseudo dolmen de Ceaucé, par G. HUBERT. Remise d'une médaille à M. Henri Tournouer, par René JOUANNE. La comtesse de Ségur, sa vie, son oeuvre, par René GOBILLOT. Un inventeur Alençonnais Jacques-Antoine Maurey, par René JOUANNE. Notes concernant le château de Lanchal à Semallé, par le P. UBALD. Les voies romaines, leur relation avec l'industrie gauloise et gallo-romaine, par G. DUBOURG. A propos de trois noms de communes Coulmer, Omméel, Ommoi, par J. ADIGARD DES GAUTRIES. Les réunions de la Société furent très suivies on y fit de nombreuses communications intéressant l'histoire du pays. De plus, à la salle Loutreuil, ont eu lieu, comme les années précédentes, de grandes conférences historiques et artistiques devant un public de plus en plus nombreux. On a même eu le plaisir d'entendre deux maîtres comme Claude Farrère et Henri Bordeaux, délégués par la Société des grandes conférences de Paris. Enfin, dans une réunion spéciale, le 25 septembre 1924, la Société fêta le vingt-cinquième anniversaire de présidence de M. Henri Tournouer et lui offrit une médaille grand module frappée à son effigie et due au talent de Louis Barillet, membre de la Société. Les discours qui, à cette occasion, furent prononcés par M. Paul Romet. M. le vicomte du Motev. le baron Jules COMPTE RENDU MORAL ET FINANCIER POUR 1924 31 des Rotours, M. Triger, président de la Société du Maine, M. d'Ocagne, de l'Académie des sciences professeur à l'Ecole polytechnique et M. Tournouer, ont été réunis dans une jolie plaquette par les soins du Comité d'organisation. Le Secrétaire de la Société historique et Archéologique de l'Orne, P. GERMAIN-BEAUPRÉ. Membres du Bureau Président Henri TOURNOUER. Vice-Président Vicomte du MO'TEY, — Paul HAREL, — Paul ROMET, — Chanoine GUESDON. Secrétaire Abbé GERMAIN-BEAUPRÉ. Secré taire-adjoint Henri BESNARD. Trésorier Emile BROUARD. Trésorier-adjoint Jean COLLIÈRE. Bibliothécaire JOUSSELIN DE SAINT-HILAIRE. Bibliothécaire-adjoint Charles BEAUGÉ. Archiviste René JOUANNE. 32 COMPTE RENDU MORAL ET FINANCIER POUR 1924 RECETTES Solde créditeur 31 décembre 1923. 99 65 Intérêts et arrérages 297 55 Cotisations » Vente de bulletins 991 85 Subvention du Conseil général. .. 450 » Frais de recouvrement remboursés. 314 » 05 DÉPENSES Impression de bulletins, brochures hors texte 25 Clichés .. 64S 80 Lettres pour convocations et frais envoi 502 10 Envoi bulletins 153 65 Frais de recouvrement, timbres, etc., etc 299 70 Achat de bulletins 120 » Souscription tombeau abbé Letacq. 100 » Assurance et impôts 54 05 Location des salles et indemnité au concierge 351 15 Divers 183 65 Dixième des cotisations pour fonds de réserve 721 50 85 Solde créditeur 370 20 Fonds de réserve 31 décembre 1924 Solde créditeur 31 décembre 1923 70 Rachat de cotisation 300 » Dixième des cotisations de 1924 721 50 Solde créditeur au 31 décembre 1924 20 Le Trésorier, E. BROUARD. PONT-AUDEMER Eglise Saint-Ouen. D'après uni» eau-forte de M. Brunet-Dcbaines. Collection de M. Tournouer. EXCURSION de la Société Historique et Archéologique DANS Le Lieuvin, le Rouraois, la plaine du Neubourg et le pays de Caux. PREMIÈRE JOURNEE Lundi 25 Août PONT-AUDEMER Si les étangs du Perche se crevaient, Pont-Audemer et Bernay périraient. Il a tant plu depuis un mois qu'on peut se demander si le dicton ne se réalisera pas, au cours de notre excursion. En fait nous n'avons été gênés à aucun moment par la pluie, et si le soleil n'a pas permis la prise de belles photographies pour illustrer ce compte rendu, nous avons pu, du moins, exécuter entièrement notre programme. L'hôtel du Lion-d'Or a été choisi comme centre ; mais les excursionnistes sont venus en si grand nombre que force a été d'en loger quelques-uns chez l'habitant. Vers deux heures et demie, tout le monde se trouve groupé, et la visite de Pont-Audemer commence, sous la conduite de M. Grégoire, avocat, président de Section à la Société libre de l'Eure, en 36 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS l'absence de M. Robert Duquesne, conservateur de la bibliothèque, qui devait primitivement nous servir de guide. Pont-Audemer 1, Pons Aldemari, qualifié parfois un peu pompeusement de Venise normande, est une vieille cité, composée surtout de trois rues presque parallèles, et qui a conservé des vestiges de son ancienneté. Nommée d'abord Breviodurum, elle fut agrandie par un seigneur normand qui s'appelait Aldemar, et dont elle prit le nom. La ville occupe une position pittoresque entre deux collines boisées, qui la dominent. Celle du sud porte le nom de mont du Gibet ; on y accède en gravissant le chemin de la Justice ; on y jouit d'une vue magnifique. Traversée par la Risle, sur le passage de la voie romaine de Lillebomie à Lisieux, Pont-Audemer paraît s'être formée dès le Xe siècle. Elle faisait partie du domaine d'un des principaux barons du duc Richard Ier, Turoff, qui le transmit à ses descendants, Onfroy, Roger à la Barbe, Robert et Waleran de Meulan, auxquels appartenait en même temps la seigneurie de Beaumont. Lorsque Rollon, maître de la Normandie, la partagea, en 914, entre ses compagnons d'armes, il donna, suivant une tradition locale, Pont-Audemer à Bernard le Danois, tige de la maison d'Harcourt. Au xie siècle un château fut construit sur la hauteur au nord-est de la ville. En 1122, Henri Ier, roi d'Angleterre, après avoir pris Montfort, vint mettre le siège devant Pont-Audemer. Il brûla d'abord la ville, qui était grande et riche, puis il fit l'attaque du château. Au bout de sept semaines, il s'en empara et le livra aux flammes. Les remparts de la ville furent reconstruits dès le xne siècle, et vers ce temps, une charte de commune fut accordée aux bourgeois. Elle fut renouvelée par Philippe-Auguste. La fondation de l'hospice remonte au xne siècle. Dix conciles provinciaux se tinrent à Pont-Audemer de 1 La ville de Pont-Audemer de gueules à un pont de trois arches d'argent crénelé de trois pièces et de deux et demi du même et maçonné de sable, chaque arche garnie d'une couliee d'or, le pont sur les eaux d'azur et un chef aussi d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or. Armoriai général, 1696. LA PLAINE DU NEUB0URG ET LE PAYS DE CAUX 37 1257 à 1321. Vers cette époque, saint Louis y vint plusieurs fois. Les Etats de Normandie s'y réunirent en 1350, à l'occasion de la guerre contre les Anglais. En 1353, le roi Jean céda à Charles le Mauvais, le château, le domaine et la ville de Pont-Audemer ; puis, trois ans après, il en vint faire le siège. Elle était, au bout de deux mois, sur le point de se rendre., lorsque le duc de Lancastre vint à son secours; et força les assiégeants à se retirer. Le roi de France racheta la place, mais, dans l'espace de deux ans, elle fut tour à tour prise deux fois par les Anglais, et deux fois par les Français, qui, en dernier lieu, en 1360, la rendirent, par traité, à Charles le Mauvais. Du Guesclin l'assiégea par terre et par eau en 1378, et il fit détruire le château avec les murailles et les tours de la ville. Les Anglais occupèrent Pont-Audemer en 1418. En 1449, les comtes de Dunois et de Saint-Pol, à la tête de quatre mille hommes, les en expulsèrent. La ville avait été brûlée en partie. Les fortifications furent relevées dans la seconde moitié du xve siècle. Quant au château, il ne fut jamais rebâti depuis 1378, et il en reste peu de vestiges. En 1512 et en 1522, les Etats de Normandie se réunirent à Pont-Audemer. Le parti protestant s'en rendit maître en 1562. Les églises furent pillées peu de temps après, le duc d'Aumale reprit la ville au nom du roi ; il y eut un pillage général et un massacre des protestants. Les ligueurs s'en emparèrent en 1589. Dans un intervalle de moins de dix-huit mois, cinq autres sièges se succédèrent et les habitants furent rançonnés tour à tour par les deux adversaires. En 1592, d'Hacqueville de Vieuxpont, gouverneur de la ville, la livra au duc de Mayenne et à l'amiral de Villars. Enfin, en 1593, elle fut définitivement soumise par Henri IV. Pendant la Fronde, les bourgeois de Pont-Audemer prirent momentanément parti pour le duc de Longueville ; mais en 1649, ils durent ouvrir leurs portes au comte d'Harcourt. Pont-Audemer était sous l'ancien régime, le siège d'une vicomte, d'un bailliage, d'une élection, d'une maîtrise particulière des eaux et forêts et d'un grenier à sel. Un certain nombre d'établissements religieux se trouvaient sur son territoire, notamment 38 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS 1. La chapelle de l'Ermitage, vers le bas de la côte de la Pierre, dépendant de l'abbaye de Corneville. 2. La chapelle de l'ancienne forteresse, qui fut, en 1421, donnée par le roi d'Angleterre à Guillaume du Désert. 3. Le prieuré de la Madeleine, dont la fondation remonte au xie siècle. 4. Le prieuré de Saint-Gilles, dont l'emplacement est aujourd'hui compris dans le territoire de Saint-GermainVillage. C'est à son bénéfice que fut créée au xvne siècle, la foire Saint-Gilles, qui existe encore aujourd'hui. Il 3r avait en outre des couvents de Carmes, de Cordeliers, d'Ursulines et de Carmélites. Les tribunaux et la prison occupent aujourd'hui les bâtiments conventuels de ces dernières, on y mit pendant une trentaine d'années les bureaux de la Sous-Préfecture. Les églises de Pont-Audemer, au nombre de quatre, avaient été données à l'abbaye Saint-Pierre de Préaux. L'église Saint-Aignan a été détruite. Celle de Notre-Dame du Pré ne possède plus que sa nef, aujourd'hui propriété particulière ; celle de Saint-Germain est devenue la paroisse de Saint-Germain-Village. Enfin l'église Saint-Ouen subsiste ; c'est par elle que nous commençons la visite de la ville. Situé rue de la République, ce beau monument, mélange de style gothique et de style Renaissance, se compose d'une tour et d'un choeur romans, et d'une nef restée inachevée, construite entre 1485 et 1518 après la reprise de la ville sur les Anglais, sur une ancienne église du xie siècle. Extérieurement, elle porte encore des traces de boulets, souvenirs de sièges anciens. Des deux côtés du choeur, on voit le départ de plusieurs arcs, et on se rend compte que les pierres étaient mises en place toutes sculptées. Nous pénétrons à l'intérieur, où un tableau immense frappe nos regards le sacrifice d'Abraham, surmontant l'arcade du choeur. Il fut commandé et mis en place par un ancien curé de la paroisse, l'abbé Brochu. Le choeur est bas et étroit ; il se compose, sur chaque côté de deux arcades inégales formant avec celles de l'entrée et de l'autel un carré long. La voûte en pierre s'appuie sur LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 39 de très forts piliers, flanqués de colonnes barbarement mutilées pour placer des bancs, et ornés de chapiteaux Renaissance. Le dernier seul, du côté de l'Evangile, est assez grossièrement sculpté. Il représente le combat de deux chevaliers. Le choeur paraît avoir appartenu à la chapelle qui existait avant l'église. Après l'érection de la nouvelle paroisse, on aurait bâti, en avant de la muraille postérieure de l'ancien monument, la nef moderne. Cette muraille est, extérieurement, ornée de lancettes aveugles, de forme ogivale, ce qui semble bien indiquer une modification de la chapelle primitive, à la fin du xie ou au commencement du xne siècle. La nef actuelle fut construite après l'expulsion des Anglais, de 1485 à 1518. Ce furent les paroissiens de Saint-Ouen qui, poussés par un zèle supérieur à leurs ressources, s'imposèrent cette lourde entreprise. Le premier maître de l'oeuvre fut Michel Gohier, dont on trouve le nom en 1488, puis ce furent,' en 1505, Guillaume Morin et Thomas Théroulde, maistres et ouvriers de la machonnerie de l'église et ville de Caudebec ». Enfin, vers 1518, les travaux s'arrêtèrent, faute d'argent, et l'église est restée inachevée. Elle avait été conçue sur un plan très vaste. Les murs d'équerre du haut de la nef indiquent qu'elle devait être en forme de croix. La hauteur de l'édifice eût peut-être été hors de proportion avec sa largeur, si les fenêtres supérieures du chancel avaient été faites, comme c'est l'usage, sur le modèle des arcades intermédiaires. Mais l'insuffisance des ressources a forcé d'y distribuer, ainsi qu'à la voûte qui aurait été en pierre, de petites fenêtres sans caractère et un maigre cintre en bois, sans harmonie avec le reste du monument. Telle qu'elle est, la nef, large de vingt-huit mètres, est formée de sept arcades. Elle est richement décorée de sculptures gothiques et Renaissance. Les bas côtés et les douze chapelles qui les accompagnent sont voûtés en pierre, sauf quelques parties inachevées, qui ont été récemment voûtées en bois etpeintes; ils sont enrichis de nervures, de culs-de-lampe et de rosaces, délicatement sculptés. 40 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS Les peintres qui ont exécuté les vitraux ne méritent pas moins d'éloges que les architectes qui ont conçu le monument. Ils se sont inspirés des trois écoles française, italienne et allemande. Nous allons examiner rapidement ces vitraux en parcourant les chapelles. A la base de la tour du côté de l'épître, dans une chapelle inachevée, se trouve l'ancien maître-autel, avec deux statues en marbre du xve siècle représentant sainte Barbe et saint Ouen. Sur la muraille a été placée la liste des victimes de la grande guerre. Elle comprend deux cent quatre-vingts noms, parmi lesquels nous lisons celui du fils de notre guide, Raymond Grégoire, tombé glorieusement aux Dardanelles. Un beau christ en bcis de l'époque Renaissance, est placé contre le mur. 11 doit être mi en valeur, paraît-il, lors de la prochaine restauration d'un banc d'oeuvre. La voûte, en bois, est encore due à l'abbé Brochu. Au passage, nous admirons les beaux vitraux des chapelles. La fête du Saint-Sacrement, dans la première du côté du sud l'Annonciation et l'Ensevelissement du Christ, dans la suivante, vitrail de l'école française de 1516. Un tableau de Jouvenet représentant l'Assomption se trouve dans la troisième. Son vitrail a été brûlé par suite de l'incendie d'une maison voisine. La quatrième contient un vitrail de l'école allemande, de 1519, saint Eustache et saint Nicolas, d'un effet médiocre. Le cinquième vitrail, de l'école italienne, représentant la Dormition de la Vierge, est d'une grande beauté ; il est merveilleux comme coloris. Le sixième retrace la vie de saint Jean-Baptiste ; la chapelle renferme une statue de sainte Geneviève, mutilée à la Révolution." Un curieux tableau de 1784, représente la confrérie du SaintSacrement et porte le nom des frères à cette date. Le long du choeur, courent des frises sculptées. La partie de l'ancienne église, du xie siècle, est contemporaine de Honfroy de Vieilles et de Roger d'Epaignes. Le premier chapiteau du côté de l'Evangile rappelle leurs combats. La verrière qui se trouve derrière le maître-autel est composée de débris de vitraux anciens assemblés. L'autel est moderne. LA PLAINE DU NEUB0URG ET LE PAYS DE CAUX 41 Dans la première chapelle au nord, on nous montre un candélabre en cuivre ciselé, provenant de l'abbaye de Préaux ; il porte l'inscription suivante Les six chandeliers à pans ont été, procurés par le F. EloyLerminié à la maison des Cordeliers du Pont-Audemer. 1745. » Cette chapelle est éclairée par un beau vitrail de l'école italienne, le plus beau de l'église, daté de 1556, dont les inscriptions devant la loy, sous la loy, soubz la grâce, » indiquent le sujet. Elle renferme de merveilleuses piscines. Le vitrail de la seconde chapelle, en partie brisé, représente saint Nicolas, patron des avocats. Les murs sont ornés de peintures qui ont été retrouvées par M. Honoré, directeur des magasins du Louvre, alors qu'il était ingénieur aux papeteries de Pont-Audemer. La troisième chapelle était dédiée à saint André, apôtre le vitrail est en partie brisé. Le v itrail de la quatrième dépeint la vie de saint Honoré, et fut donné en 1536 par la corporation des boulangers. Le cinquième vitrail représente l'apparition de Jésus à ses apôtres. La sixième chapelle renferme une verrière de Pierre Le Bienvenu, datant de 1551 elle est dédiée à saint Fiacre, autrefois à saint Sébastien, l'un des patrons de la ville. On l'invoquait en cas de peste, et on faisait brûler devant sa statue une corde enduite de suif, d'une longueur égale à celle des remparts de la cité. La septième est celle des fonts baptismaux, avec un baptistère sculpté. On y a placé deux très belles statues d'albâtre • qui se trouvaient autrefois de chaque côté du maître-autel. Un tableau peu connu, faisant partie du mobilier de l'église, vient d'être identifié, grâce aux recherches de M. Assire, de Pont-Audemer. C'est un Décalogue peint sur bois, entouré d'un cadre Renaissance. Le sujet du tableau est indiqué par l'inscription suivante qui y figure Les dix commandements de la Loi de Dieu. Exode XX. On y voit les tables de la loi portant les commandements, avec de nombreux versets qui ne laissent aucun doute sur l'origine protestante du tableau. 42 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS Comment se trouve-t-il à Sairt-Ouen ? L'érudit M. Robert Duquesne rappelle qu'un temple protestant qui existait à Pont-Audemer fut supprimé lors de la Révocation de l'édit de Nantes. Il est possible qu'à cette époque ou ultérieurement, pour le sauver de la destruction, on l'ait apporté à l'église catholique 1. Nous notons au passage les armes figurant sur un des vitraux, sans doute celles du donateur Coupé, au 1, d'azur à deux roses d'argent, au 2, d'argent au fer de lances de gueules. . Ce sort les armes de la famille de Fréville de Lorme, qui longtemps a joué un rôle important dans la région de PontAudemer 2. Elle est représentée aujourd'hui même au milieu de nous, par Mme la comtesse de Nazelles, née de Fréville de Lorme, qui fait partie de l'excursion, et à laquelle ce souvenir familial n'a point échappé. La principale cloche de la sonnerie de Saint-Ouen, datant de 1514-1515, est très ornée. Elle porte un buste, peut-être celui de François Ier ; une salamandre une tête de femme ; un saint Ouen, et une Egyptienne, avec l'inscription suivante Je suis qui dis la bonne avenlurc. En 1736, le clergé de Saint-Ouen se composait d'un curé, d'un vicaire et de six prêtres habitués ou chapelains. Ils officiaient comme s'ils avaient eu le titre de chanoines. L'aumusse leur avait été conférée par Philippe Cospéan, évêque de Lisieux mais Léonor de Matignon n'ayant voulu confirmer cette donation que sous certaines conditions, onéreuses pour eux, ils préférèrent abandonner leur titre plutôt que de s'exécuter. Nous sortons de l'église, et nous prenons la rue de la République. Nous passons devant la bibliothèque municipale, composée en majeure partie d'ouvrages sur la Normandie, laissés par M. Canel, le savant écrivain normand, à sa ville 1 SPALIKOWSKI Petit Journal. Edition de Normandie, 8 septembre 1924. 2 En 1789, Michel-Pierre de Fréville, sieur dé l'Orme, était procureur du roi en l'amirauté de Quillebeuf. LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 43 natale. La façade toute moderne est ornée du buste de Canel. En face se trouve l'Hôtel de Ville, moderne lui aussi Toujours sous la conduite, de M. Grégoire, nous nous dirigeons, au travers d'un dédale de rues curieuses, qui ont conservé leur aspect vieillot, vers Notre-Dame du Pré. En passant, le marquis de Saint-Pierre nous signale l'ancien hôtel de sa famille, vendu vers 1840. Un peu plus loin, nous voyons la poste, malencontreusement logée dans un hôtel du xvme siècle, l'ancien hôtel de la famille Hébert, où fut élevé le ministre Emile Hébert. De l'autre côté du pont, on nous montre un garage, qui fut l'hôtel du Louvre, où logea Mme de Sévigné ; enfin notre guide nous fait v isiter une intéressante maison ancienne dont il est propriétaire, avec une tourelle intérieure, dont il active la restauration. Nous suivons l'antique rue des Pâtissiers, qui longe la rivière, et dont la succession de petits ponts évoque, avec un peu de bonne volonté, le pont des Soupirs et la lagune vénitienne.. A mi-côte, nous apercevons le château de Fréville, puis l'ancien manoir du vicomte. Nous allons voir encore l'emplacement de l'élection et du bailliage, à l'angle de la GrandeRue et de la rue des Carmes. Un souvenir personnel s'attache pour moi à cette visite. Au mois de décembre 1741, un édit du roi réunissait à perpétuité la juridiction du bailliage de Pont-Authou au bailliage de Pont-Audemer. Mon aïeul maternel, Gaspard Legrix de la Poterie 1, seigneur de Pont-Authou, était alors lieutenant général civil, lieutenant général de police, et lieutenant particulier civil du bailli de Rouen au bailliage de Pont-Audemer. Ces charges étaient dans sa famille depuis l'an 1623. La réunion de ces deux juridictions accumulait sur sa tête toutes ces fonctions en double. De gros inconvénients devaient en résulter pour les plaideurs, M. Legrix de la Poterie ne pouvant, malgré toute son activité, suffire à remplir utilement toutes ces charges. Il les assuma cependant jusqu'à sa mort, survenue en 1772. A cette date, 1 Legrix de la Poterie, de la Fontelaye, de Préville d'azur au chevron d'or, accompagné de trois serres d'aigles d'argent onglées d'or, deux en chef, une en pointe. Armoriai général, 1696. 44 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS l'accord n'ayant pu se faire entre mon bisaïeul, gendre de M. Legrix de la Poterie et l'intendant, sur la cession de ces offices, ceux-ci restèrent pendant cinq années sans titulaire et ce ne fut qu'en 1777, après avis du délégué de l'intendant, que la division en fut réalisée. M. Gibert, secrétaire du roi, et conseiller du bailliage devint lieutenant général civil ; M. de Morceng 1, avocat, lieutenant général criminel, et lieutenant particulier civil, et M. Hell lot de Bellemare, lieutenant générade police. Nous arrivons enfin à l'église du Sépulchre, ou Notre - Dame du Pré, devenue la propriété de M. Robert Duquesne, après avoir été longtemps à usage de tannerie. Nous contemplons ce qui en reste ; une des arches a été transportée à l'église Saint-Germain, il y a une quinzaine d'années. Ce qui lui a fait, dans la suite, donner le nom de Sépulchre , lisons-nous, dans les notes de Langlois, c'est une chapelle assez grande, construite à côte du choeur, aux frais d'un des vicomtes de Pont-Audemer, sur le modèle du Saint-Sépulchre de Notre-Seigneur. PONT-AUDEMER Ruines de l'église Notre-Dame du Pré. Cliché de M. Robert Duquesne. -'il Le Sens de Morceng de gueules au -chevron d'or accompagné de trois encensoirs d'argent Saint-Allais. LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 45 Avant la Révolution, l'église s'étendait jusqu'à la rue du Sépulchre ; la nef était traversée par un petit canal, qui pouvait jadis avoir servi de lit à la rivière de Tourville. Une partie de la nef subsiste seule, mais ce débris est précieux, en ce qu'on y reconnaît les premières ogives qui marquèrent le passage du roman au gothique. Le roman pur y occupe encore une large place. Le portail est ce qu'il y a de plus remarquable. Entre la porte et la fenêtre qui la surmonte, la muraille forme une saillie, au-dessus de laquelle se développe une rangée de corbeaux presque continue, placés sur des plans différents, et dont certains présentent encore des traces de sculpture. Autrefois, l'église du Sépulchre renfermait un grand nombre de statues de saints. Elles ont été utilisées comme pierres de fondations, pour le bâtiment qu'on appelle la manufacture, rue de Bernay. Avant de quitter ces ruines, M. Tournouer nous donne lecture de la note suivante, parue dans la bibliothèque de l'Ecole des chartes. T. LIV, 1893, p. 790. L'église Notre-Dame du Pré, à Pont-Audemer, était un joli monument du xne siècle, d'un style simple et excellent, assez bien conservé. Elle servait, depuis le commencement du xixe siècle, de magasin à écorces. Elle a été vendue l'an dernier à de nouveaux propriétaires. Ceux-ci, sans doute égarés par une fausse esthétique,'lui ont fait subir les mutilations suivantes le toit a été enlevé ; les murs, les colonnes et les chapiteaux ont été grattés. Quelques chapiteaux et la plupart des corbeaux sculptés que M. Canel signalait en 1838 avec raison comme remaïquables, ont été descellés et on s'en est servi pour édifier dans le jardin voisin du propriétaire un jardin d'usine une construction très bizarre qui ressemble assez aux murailles d'un château de dominos. Faire de fausses ruines avec des vraies, cette opération qui aurait comblé de joie Bouvard et Pécuchet, s'il leur eût été donné de s'y livrer, a été accomplie à Pont-Audemer en 1893, sans soulever d'objection. Heureusement pour les ruines de Notre-Dame du Pré, M. Robert Duquesne s'en est rendu acquéreur, et nous n'avons plus à craindre pour l'avenir, les pratiques désastreuses que signale Langlois. 46 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS M. André Turgis prend alors la tête de notre troupe, pour nous faire visiter l'auberge du Vieux-Puits, ancienne tannerie récemment aménagée avec beaucoup de goût en hostellerie normande par "M. Harlay. La salle à manger est d'une vraie couleur locale, avec son immense cheminée son plafond à poutrelles, ses petites tables rustiques, ses étains et ses cuivres. La cour intérieure contient de nombreuses tonnelles garnies de vignes vierges et de glycines sous lesquelles il doit être fort agréable de prendre ses repas, quand la chaleur de l'été le permet. Dans un coin, un vieux puits rapporté de Rouen, et contre lequel, dit la chronique, Mme Bovary venait rêver. C'est à lui que l'hostellerie emprunte son nom. Nous passons devant l'église des Cordeliers, devenue tannerie depuis la Révolution, et nous pénétrons dans la très importante tannerie de MM. Turgis et Cariiez, que M. Turgis veut bien nous faire visiter en détail. La tannerie était dès le xme siècle, la principale industrie de PontAudemer Nous allons suivre la série des opérations qui, en quinze mois environ, permettent de transformer les peaux, reçues principalement de l'Amérique du Sud, en ce cuir qui est universellement connu et apprécié sous le nom de cuir de Pont-Audemer. Nous assistons d'abord au travail de rivière, dessalage, rinçage, et lavages, à la suite desquels la peau est grattée pour en faire tomber les poils. Mille peaux environ sont traitées par mois. Puis nous pénétrons dans la salle des cuves, où des bains successifs vont gonfler les peaux, de manière à leur donner l'épaisseur voulue et à permettre au tannin de les pénétrer, Nous visitons la salle des machines, dont la chaudière a le grand avantage de ne brûler que de la tannée préalablement séchée. Le tan est, comme on le sait, produit par les écorces de bois divers. Celles-ci sont hachées mécaniquement, quatre mille kilogrammes à l'heure environ. Au moment de la saison, l'usine reçoit de tous les pays du monde, les écorces LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 47 très variées qui lui sont nécessaires, pour son alimentation, soit sept à huit cent mille kilogrammes . Lorsque les peaux ont été ainsi préparées, on les met les unes sur les autres dans des cuves av ec le tan et le jus, dont la composition reste le secret de chaque fabricant, et on les y laisse séjourner trois ou quatre mois. Au bout de ce temps elles sont portées dans des séchoirs, soit à l'air libre, soit à l'air chaud, et enfin battues mécaniquement avant d'être livrées au commerce. Un homme peut en battre vingt-cinq par jour. Nous sortons de la tannerie et nous passons devant la plaque où sont inscrits les noms des victimes de la grande guerre ; sur la première ligne figure le nom de M. Gabriel Turgis, le frère de notre cicérone. Celui-ci veut nous montrer avant de quitter le quartier des tanneries, ce qu'était autrefois un établissement de ce genre, en nous conduisant à l'ancienne tannerie de son grand-père, toute voisine. Tout le travail s'y faisait à la main ; elle ne comprenait qu'une quinzaine de cuves le battage était fait sur une table de marbre avec un maillet de cuivre, et un ouvrier ne battait qu'une peau par jour. La plupart des tanneries étant groupées dans le même quartier, le bruit des marteaux résonnait tout le jour, avec un rythme particulier. En terminant, M. Turgis nous fait visiter chez lui une fort intéressante collection de bénitiers en faïence polychrome, au nombre d'une centaine environ, et qui fut constituée par le grand-père de Mme Turgis. Nous nous dirigeons alors vers l'église de Saint-GermainVillage. L'aspect général de l'église de Saint-Germain-Village présente une très grande analogie avec l'église Notre-Damesur-1'Eau de Domfront. Des cartes postales apportées par notre président permettent la comparaison. Les parties les plus anciennes de l'église actuelle appartiennent au Xe siècle. Cette date semble déterminée par l'orientation de l'édifice sud-ouest, nord-est. Ce n'est pas en effet au levant d'hiver qu'elle est tournée, mais au levant d'été, comme l'était l'ancienne église Saint-Paul de Rouen, qui datait du xe siècle. 48 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS Une tradition locale rapporte que, comme on plaçait les fondations de cette église, un marchand, qui conduisait des boeufs à Paris, promit d'en offrir un, au profit de l'oeuvre, si, à son prochain voyage, les travaux s'élevaient à la hauteur de l'autel. Comme il les trouva très avancés, il accomplit son voeu, et en souvenir de ce don, la tête de ranimai fut représentée en relief en plusieurs endroits de la muraille extérieure. Ainsi explique-t-on les vestiges d'animaux qu'on y voit encore. L'église Saint-Germain était très grande, elle mesurait environ quarante-cinq mètres de longueur. Disposée en forme de croix, elle était terminée au nord-est par trois absides semi-circulaires, correspondant à la nef et aux bas côtés. Mais à différentes époques elle a subi de nombreux changements. Le xme siècle l'a gratifiée de plusieurs fenêtres et d'une tour carrée. Au xive siècle, l'abside du choeur et celle des bas côtés furent remplacées par une muraille droite, percée de deux grandes fenêtres. Cette partie de l'édifice a été reconstruite en 1868. La partie du xve siècle se remarque dans les deux fenêtres originales, ouvertes à l'extrémité des bras de la croix. L'antiquité de l'église Saint-Germain se reconnaît aussi à la coupe et à la nature des pierres employées dans sa construction, aux arcades intérieures, à la forme cintrée des petites fenêtres à colonnes, aux modillons ou corbeaux placés sous la corniche qui supporte le toit, à l'abside semicirculaire qui à survécu aux deux autres. Vers 1817, des travaux assez importants furent exécutés, de nouvelles fenêtres sans caractères furent percées, et on raccourcit la nef de huit mètres, détruisant un portail curieux qui eût pu être conservé. Celle-ci s'étendait jusqu'au bel if mesurant plus de trois mètres de tour, que nous admirons dans le cimetière. Elle ne comprend plus que trois arcades romanes ; un portail a_ été rapporté de l'église du Sépulchre. L'intérieur de l'église n'offre rien de remarquable on peut y voir un chandelier pascal en bois sculpté, une Vierge ancienne, et des vitraux restaurés. Dans la sacristie, se LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS, DE CAUX 49 trouve un tombeau de la famille de Malhortie de Caiideaul. Le chemin de croix, moderne, a été offert par M. Turgis père, maire de Pont-Audemer en 1870, qui a aussi largement contribué à la restauration, de l'édifice. Rappelons brièvement en quittant Saint-Germain-Village, l'histoire de l'hospice de Pont-Audemer. Avant sa fondation, il avait existé à Pont-Audemer, comme dans la plupart des villes e bourgs de Normandie, une léproserie dite de Saint-Gilles, fondée en 1135 par Galeran de Meulan qui la dota de biens importants elle était administrée par les religieux du prieuré du même nom. L'hôpital, sous le patronage de saint Jean remontait au xive siècle ; on ne possède d'ailleurs que fort peu de renseignements sur son origine, tous les anciens titres ayant disparu à la suite des guerres. Il était régi dans les premiers temps par des dames de charité pour l'intérieur, et par les officiers municipaux pour l'extérieur. En 1700, l'hôpital des malades et invalides de Pont-Audemer était tenu de recevoir les pauvres des quatre paroisses de la ville. Un arrêt du conseil lui remit le tiers des biens des léproseries de Saint-Gilles, et de la maladrerie de Saint-Jacques. A cette époque, l'hospice comptait livres de revenu dont 926 livres de fieffés d'héritages, 140 livres de rentes en grains, livres de fermages et livres environ, produit du travail des pauvres. Le seigneur d'Iclon y avait droit à trois lits, le seigneur de Tourville à une place, à cause, le premier, de la maladrerie de Saint-Christophe, fondée par ses ancêtres, le second à cause de la léproserie de Sainte-Catherine-des-Hestrées, fondée par ses prédécesseurs. La construction d'un nouveau bâtiment à l'Hôtel-Dieu de Pont-Audemer, en 1750, donna lieu à une contestation assez vive entre l'Hôtel de Ville de Pont-Audemer et Messire Sebin, prêtre prieur de l'Hôtel-Dieu. Les officiers municipaux voulurent prendre pour médiateur, dans ce différend, l'évêque de Lisieux, mais le curé de l'Hôtel-Dieu 1 De Malhortie d'azur à un chevron d'or accompagné de trois fers de pique renversés de même. Armoriai général, 1696. 50 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS s'y refusa. L'affaire fut portée devant le conseil, mais M. de Folleville, procureur général au parlement de Rouen parvint à concilier les parties. ' En 1787, l'hospice était desservi par quatre religieuses et pouvait recevoir six malades 1. La visite des monuments terminée, les uns regagnent leur home temporaire, d'autres séduits par un site aperçu trop rapidement à leur gré, veulent y jeter un coup d'oeil moins hâtif, et attendent en flânant que l'heure du dîner sonne. Tout le monde est exact, cependant, lorsque le président donne le signal de passer à la salle à manger. Pour être archéologue, on n'en est pas moins homme. Il faut songer à réparer ses forces mises à l'épreuve par les fatigues d'aujourd'hui et en conquérir de nouvelles pour affronter celles qui nous attendent demain. Le menu du dîner permet aux plus difficiles de se déclarer satisfaits et chacun peut constater que la réputation de l'hôtel du Lion-d'Or n'est point surfaite. 1 Archives de la Seine-Inférieure, ",. 1000. DEUXIÈME JOURNÉE Mardi, 26 Août Personne ne manque au rendez-vous ; nous sommes au début de l'excursion le zèle des congressistes, qui ne se dément jamais, n'est pas encore modéré par les fatigues accumulées à la suite de plusieurs étapes, et c'est pleins d'entrain que nous prenons la route d'Evreux. Nous traversons sans nous arrêter la bourgade de Corneville-sur-Risle, que l'opérette de Robert Planquette a rendue plus célèbre par ses cloches que les événements de son histoire, et nous arrivons à Appeville-Annebaut. Appeville est une petite ville fort ancienne, située sur la voie romaine de Juliobona à Noviomagus. Dès le moyen-âge, elle possédait une église, des chapelles et une léproserie. L'église fut donnée à l'abbaye du Bec par Robert de Montfort, en même temps que celles de Montfort et de Flancourt, vers la fin du XIe siècle. Elle était dédiée à saint André. Elle fut reconstruite en 1550 par l'amiral d'Annebaut. Les parties remarquables remarquables la nef, la tour carrée, et le portail qui présente d'intéressantes sculptures. La chapelle de la léproserie était sous l'invocation de sainte Marguerite. Elle était située près de la Fontaine aux Malades, entre l'église de la paroisse et celle de Corneville. APPEVILLE dit ANNEBAULT Portrait de l'église. Cliché de M. R. Duquesne. 52 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS La chapelle de Saint-Milford s'élevait dans un endroit appelé le vieux Montfort, peut-être près de l'ancienne demeure de Robert de Montfort, seigneur d'Appeville, au xie siècle. Enfin il y avait encore la chapelle de SainteCatherine, relevant de l'abbaye de Corneville. En 1387, Robert d'Annebaut 1 est indiqué pour la première fois comme seigneur d'Appeville ; mais depuis plus d'un siècle, les seigneurs d'Annebaut-en-Auge, près Lisieux, avaient dfs intérêts dans la vallée de la Risle. Le plus illustre représentant de cette famille fut Claude d'Annebaut, anr'ral et maréchal de France, qui fit bâtir le château de son nom à Appeville, de 1522 à 1546. Les proportions en étaient si énormes, que ni lui, ni ses successeurs ne purent l'achever. Le pavillon nord fut seul terminé ; de toutes ces constructions, il ne reste que des ruines. L'amiral obtint, en 1549, l'érection de la terre d'Appeville, en baronnie sous le nom d'Annebaut. La terre passa ensuite par héritage, en 1605, à Charlotte de Vieuxpont, mariée à Bernard Potier, sieur de Blerencourt, lieutenant général de la cavalerie légère de France. En 1640, la baronnie fut élevée pour ce dernier en marquisat. Il la légua à sa mort à René Po,ticr, duc de Tresme et de Gesvres 2, son frère aîné. Au décès, sans enfants, de ce dernier, en 1723, Jean-Baptiste Danican d'Annebaut 3 racheta au nom de sa femme, descendante de Madeleine d'Annebaut, le marquisat, pour la somme de quatre cent cinquante mille livres. Il rentra aussi en possession de la vicomte de Pont-Audemer, au sujet de laquelle il eut, avec le bureau des finances, royales un procès qui se prolongea pendant plus d'un siècle. La terre ' d'Appeville-Amiebaut fut achetée en 1777 par Clément de Barville, qui se rendit acquéreur aussi de la vicomte de PontAudemer. Celle-ci lui fut enlevée en 1784; et la Révolution acheva la destruction du marquisat d'Annebaut. 1 Annebaut de gueules à la croix de vair. 2 Potier de Gesvres d'azur à deux mains d'or au franc quartier échiqueté d'argent et d'azur. 3 Danican d'Annebaut d'azur à la sphère d'argent cerclée d'un zodiaque de sable, en fasce, accompagnée en chef d'une étoile d'or et d'un grand vol de même en pointe qui s'élève et enclave la sphère. LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 53 Après une courte visite à l'église, nous nous engageons • dans la forêt de Montfort, dont le marquis d'Annebaut prétendit jadis être propriétaire. En lisière de la forêt se trouve le bourg de Montfort, adossé à une colline escarpée, d'où l'on aperçoit Pont-Audemer et Brionne. Le château de Montfort qui fut aux xie et xne siècles une des principales places fortes de la Normandie, n'offre plus que des ruines insignifiantes. Il existait, à Montfort une léproserie ; l'église était sous la dépendance de l'abbaye du Bec. Il y avait jadis une vicomte, supprimée lors de la réunion de ce domaine à la couronne. Par des chemins sinueux et ombragés, on gagne le BecHellouin où nous allons faire notre premier arrêt important. LE BEC-HELLOUIIM De quelque part que le vent vente, L'abbaye du Bec a rente. Le temps est assez beau lorsque nous arrivons. Nous faisons une rapide visite à l'église paroissiale, dont le choeur est du xive siècle. Elle renferme quelques épaves intéressantes de l'abbaye une porte de tabernacle en émail, du xvne siècle, des boiseries, un nombre assez important de statues de bois, quelques pierres tombales, et surtout depuis 1792, la sépulture du bienheureux Hellouin. Lorsque nous sommes tous réunis, nous nous dirigeons vers l'abbaye. Un charmant petit chemin, que longe le ruisseau du Bec, ou de Saint-Martin, y conduit. L'aspect des lieux a gardé son empreinte monastique et lorsqu'on aperçoit la grande tour du XVe siècle, les immenses constructions conventuelles du xvnr 8, on croit que les moines sont partis d'hier et reviendront demain. Nous sommes reçus par M. le vétérinaire en . premier, Anne, commandant le dépôt de remonte, qui veut bien nous autoriser à visiter l'abbaye en détail. Nous regrettons l'absence du chanoine Porée, le savant historien du Bec, mais nous aurons le plaisir de le retrouver ce soir à Bernay. M. le chanoine Porée a écrit, à notre intention, quelques notes 54 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS ' dont le président nous donne lecture, et dont je me suis inspiré, ainsi que des autres ouvrages du même auteur, pour rédiger la courte notice qu'on va lire. L'abbaye du Bec 1 n'offre pas aux regards des visiteurs les ruines grandioses et pittoresques de Jumièges, de SaintWandrille ou de Mortemer. Elle ne garde que les souvenirs de son passé, mais quels souvenirs et quels noms pourraient être comparés à ceux de Lanfranc ou de saint Anselme ? Si ses commencements furent humbles, ses écoles, devenues rapidement célèbres, firent du Bec une des abbayes les plus illustres de la chrétienté. Cantorbéry lui demanda trois archevêques, et l'un des élèves de son école, Anselme de Baggio, alla s'asseoir sur le trône pontifical, sous le nom d'Alexandre IL La fondation de l'abba5re est due à Herluin, parent des comtes de Flandre, l'un des chevaliers les plus accomplis de son temps. Il naquit à Bonneville vers 994. Ayant fait voeu, dans un combat, de se consacrer au service de Dieu, il fonda en 1035, sur son fief de Bonneville, une église en l'honneur de la Sainte Vierge. Ordonné prêtre par l'évêque de Lisieux, il groupa autour de lui plusieurs de ses compagnons d'armes, leur fit adopter la règle de saint Benoît, et devint leur abbé. Le monastère de Bonneville ne dura que cinq ans. Faute d'eau potable, les religieux durent l'abandonner pour se transporter dans la vallée voisine, à l'endroit où le ruisseau dû Bec vient se perdre dans la Risle. Bientôt, Herluin vit arriver Lanfranc qui devait jeter une si grande illustration sur l'abbaye. Italien d'origine, Lanfranc venait en France pour visiter les écoles. Il s'arrêta au Bec, et ne tarda pas à y prononcer ses voeux. Devenu prieur, il ouvrit cette fameuse école du Bec, qui pendant cinquante ans, fut la plus célèbre de l'Europe, et le centre du mouvement philosophique et intellectuel en Occident. C'est autour de sa chaire que se forma l'élite des penseurs et des savants de cette époque. 1 Le couvent des religieux bénédictins de l'abbaye du tîec de gueules semé de fleurs de lis d'argent. Armoriai général, 1G96. LA PLAINE DU NEUB0URG ET LE PAYS DE CAUX 55 Vers 1051, les moines du Bec engagèrent avec Béranger de Tours, au sujet de la présence réelle dans l'Eucharistie, une lutte dont ils devaient sortir victorieux. Peu de temps après, Anselme, Italien lui aussi, attiré par le renom de l'abbaye, vint au Bec, pour y suivre l'enseignement de Lanfranc. Le nombre des religieux s'accrut tellement que l'édification d'un établissement plus vaste s'imposa. Les nouvelles constructions furent commencées en 1060. Sur ces entrefaites, Lanfranc ayant été nommé abbé de Saint-Pierre de Caen, puis archevêque de Cantorbéry, Anselme le remplaça comme prieur. Ce fut lui qui termina les bâtiments claustraux et la basilique abbatiale, placée sous l'invocation de Notre-Dame. Lanfranc vint en faire la dédicace le 23 octobre 1077. L'année suivante Herluin mourut, et selon son désir, fut inhumé au milieu du chapitre. Son successeur fut Anselme. Celui-ci fit plusieurs voyages en Angleterre et après Lanfranc, fut nommé archevêque de Cantorbéry. L'abbaye déjà puissante s'enrichit des dons des seigneurs qui avaient suivi Guillaume à la conquête de l'Angleterre, et auxquels les terres avaient été distribuées. Ces avantages, d'ailleurs, n'allèrent pas sans inconvénients l'élite intellectuelle des moines fut appelée de l'autre côté du détroit, pour administrer les possessions nouvelles, et un troisième archevêque de Cantorbéry fut choisi dans ses rangs, en la personne de Thibaut, cinquième abbé du Bec. Sans énumérer la longue suite des abbés du Bec, nous retiendrons seulement les noms de ceux qui, par leuis travaux, ont contribué à l'illustration ou à l'embellissement de l'abbaye. Letard, sixième abbé, construisit avec les libéralités de Robert du Neubourg, un nouveau cloître en 1140. L'an 1141, la congrégation s'accrut de la célèbre collégiale de Beaumont-le-Roger, qui lui fut donnée par le comte Galleran de Meulan. Le cloître fut terminé en 1146. Roger Ier, septième abbé, agrandit considérablement l'église abbatiale dont la première pierre fut posée par l'évêque Rotrou, le 14 août 1161. Les travaux durèrent dix-sept ans ; la dédicace eut lieu en 1178 C'est à cet abbé qu'on doit la construction de l'infirmerie et de la maison des hôtes. Les possessions de l'abbaye s'accroissaient sans 56 ' EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS cesse ; son influence était considérable douze abbayes avaient pour abbés des moines du Bec l'impératrice Mathilde voulut être inhumée dans l'église de l'abbaye. Là étaient aussi les sépultures des seigneurs du Neubourg. En 1273, l'église s'effondra la chronique du Bec, relate ainsi l'événement L'an de grâce mille deux cents Sexante et treize, virent gens la maistre Tom du Bec descendre lendemain du jour de la Cendre. En tour prime tut la ruyne l'oeuvre desoubz n'était pas fine pour ce la tour se descendi Tout le cueur cassa et fendi De la nef une grande partie quassa la tour de l'abbaye niez Dieu merci, le roi chieri oncques homme n'y ont péri Ce fut au temps de l'abbé Pierres à qui eschetz maintes pierres Pour ce qu'en pierre habonda Sur ferme pierre la fonda 1. Elle s'était déjà écroulée cent ans avant Richard de Saint-Léger l'avait fait reconstruire en partie en 1215. Pierre de la Cambe, dix-septième abbé, fit reconstruire en 1276 le choeur et les transepts. En 1282, sous l'abbé Ymer de Saint-Ymer, on retrouva dans les ruines de l'église les restes de l'impératrice Mathilde, veuve de Henri Ier, roi d'Angleterre, décédée en septembre 1168 à Rouen. Les travaux de reconstruction continuèrent sous la direction du maître Robert de Fontaine. Guilbert de Saint-Etienne, dix-neuvième abbé, acheva l'abbatiale. Sous Robert des Courroyes, vingt-deuxième abbé, eut lieu l'invasion anglaise. Louis d'Harcourt, gouverneur de lai Normandie, voulut pour arrêter l'ennemi, faire démolir l'église à peine achevée, et la remplacer par deux tours fortifiées ; on se contenta d'entourer la basilique et le chapitre d'ouvrages de défense précédés d'un fossé. Trois côtés du l Chronique du Bec. n. 44. LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAY'S DE CAUX 57 cloître furent abattus ainsi qu'une partie du dortoir et du cellier. Ce fut un moment de grande indigence pour le Bec. Etout d'Etoutteville, vingt-quatrième abbé, aggrava encore la situation. Fière de l'évêque de Beauvais et de l'évêque de Lisieux, il réussit à se faire nommer abbé, et contribua à la ruine de l'abbaye, par des dépenses excessives. Nommé abbé de Fécamp, il emporta du Bec tout ce qu'il put en livres et en objets précieux, et s'en servit pour fonder, avec son frère, le collège de Lisieux à Paris. Guillaume IV d'Auvillars, vingt-sixième abbé, acheva les fortifications'de l'abbaye ; Robert III du Bec, vingt-septième abbé, fut élu en 1418. Peu après, le duc de Clarence vint mettre le siège devant l'abbaye, s'en empara et la mit au pillage. Henri V d'Angleterre séjourna au Bec, après la soumission de la Normandie ; il restitua à l'abbé Robert les biens qu'il avait confisqués. Les Français ayant repris la tour du Bec en 1421, l'abbé Robeit fut considéré comme traître, et emprisonné à Rouen pendant cinq mois. Après qu'il se fut justifié, il fut remis en liberté, et le temporel de son abbaye lui fut rendu, mais les fortifications furent rasées. Thomas Frique, vingt-huitième abbé, dut, à cause de l'état de guerre continuel, résider presque constamment à Rouen. L'abbaye fut mise plusieurs .fois au pillage, et les terres restèrent incultes. Selon la Gallia Christiana, cet abbé assista à la prétendue abjuration de Jeanne d'Arc. Il fit faire par Jean Sandrin les seize statues de pierre qui sont aujourd'hui à Bernay. Geoffroy d'Epaignes, trentième abbé, 1452, marque son administration par une augmentation des possessions et des revenus de l'abbaye, la restauration de l'église et des bâtiments claustraux. Ce fut lui qui commença la grande tour Saint-Nicolas, mais tous les travaux furent interrompus par les guerres de religion. En 1562, l'abbaye fut pillée par les Huguenots. Jean IV Bochard, trente-et-unième abbé commendataire, fit achever le beffroy et dresser par Dom Pierre de Chrétienville, moine du Bec, un catalogue de la bibliothèque. Dès le milieu du xne siècle, la bibliothèque de l'école du Bec se composait de cent soixante volumes manuscrits, dont 58 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS les auteurs étaient surtout des pères et des docteurs de l'Eglise. En 1164, ce nombre fut doublé par l'adjonction de cent treize autres volumes, donnés par Philippe d'Harcourt, évêque de Bayeux 1. Adrien Gouffier, cardinal de Boissy, évêque de Coutances, trente-cinquième abbé, fit remanier la porte d'entrée. Jacques d'Annebaut, trente-huitième abbé, 1543, plus tard cardinal, fut une véritable cause de ruine pour le monastère par sa déplorable administration. Dominique de Vie, quarante-deuxième abbé,introduisit au Bec le 10 juillet 1626, les pères de la réforme de la congrégation de Saint-Maur 2. Ceux-ci purent faire faire de très importants travaux le portail de l'église abbatiale, un nouveau cloître, la réparation des bâtiments, la refonte des cloches, sont leur oeuvre. Les revenus de l'abbaye s'élevaient alors à livres. En 1550, les bénéfices, pour la France seulement comprenaient 165 cures, 18 prieurés et 22 chapelles. En 1591, la nef de l'église s'était écroulée faute d'entretien. Les travaux de restauration effectués à ce moment permirent de sauver le choeur de la ruine. Jacques-Nicolas Colbert, deuxième fils du célèbre contrôleur des finances, fut nommé abbé du Bec en 1665 il fit terminer tous les travaux commencés sous ses prédécesseurs. Il fit exhumer et recueillir les reliques du bienheureux Hellouin. A partir de 1742, on reconstruisit sur un plan simple, mais grandiose, les bâtiments conventuels qu'on admire aujourd'hui. Yves de Marbeuf fut le quarante-sixième et dernier abbé du Bec. Nommé en 1777 évêque d'Autun, puis archevêque de Lyon, il se retira en Allemagne à la Révolution et y mourut la même année. En 1791, la communauté ne comptait plus qu'une trentaine de religieux ; la plupart quittèrent de leur plein gré 1 L'abbaye possédait un magnifique chartricr, dont il reste un inventaire à la bibliothèque nationale. Il a été détruit en 1810, et on fit de la cire à brûl -r avec les sceaux des différentes pièces. 2 C'est à ce moment-là que les moines quittèrent la robe blanche pour la robe noire. LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 59 L'ENTRÉE ET LA TOUR DU BEC Collection de M. le Comte Becci. l'abbaye et prêtèrent le serment constitutionnel. L'abbaye abandonnée fut mise au pillage, le mobilier fut vendu à vil prix et les cloches envoyées à Rouen pour être fondues. On peut se figurer l'influence de l'abbaye du Bec en Normandie, par l'importance de ses possessions. Celles-ci s'étendaient dans le diocèse de Rouen, dans celui de Lisieux, 60 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS dans celui d'Evreux et dans celui de Chartres. Elles comprenaient trente prieurés et cent vingt églises. Au moment de la Révolution ses revenus dépassaient cent quatre-vingt mille livres. Mais si ses revenus étaient immenses, sa charité était sans limite. Tous les jeudis, depuis la Purification jusqu'au jeudi précédant la Saint-Jean-Baptiste, inclusivement, la mense abbatiale de l'abbaye faisait une distribution d'une livre de pain à chaque pauvre des paroisses d'Aptot, Bonneville, Boscrobert, Calleville, Ecaquelon, Glos, La Haye-de-Calleville, Le Bec, Grostheil, Livet, Authou, Malleville, Pont-Authou, Saint-Eloy, Saint-Paulde-Fourques, Saint-Léger-du-Genetay, Saint-Martin-du-Parc, Saint-Taurin-des-Ifs, Thiéville et Voiscreville. Cette distribution s'élevait de douze à quatorze cents livris la semaine. Cette aumône était volontaire. Les aumônes faites par la mense conventuelle, également volontaires, étaient de toutes espèces. Elles étaient évaluées à environ six cents livres par an. Les pauvres des paroisses des environs de l'abbaye ainsi que ceux des paroisses ci-dessus désignées y trouvaient de grands secours, tant en médicaments que pour les besoins de la vie 1. Parcourons rapidement les rares témoins qui subsistent de si grands souvenirs. L'ancienne porte d'entrée de l'abbatiale fut construite par Robert d'Evreux, abbé de 14S4à 1491. Elle se compose de deux tourelles carrées à corniche feuillagée portant un comble très aigu en ardoises. La-tour de droLe servait de gêole, c lie de gauche de logement au frère portier. Audessous de l'arcade surbaissée de la porte, était une niche élégamment sculptée, abritant une statue de Notre-Dame. Le cardinal de Boissy, qui tint la commende de 1516 à 1519, y avait fait placer ses armes d'or à trois jumelles de sable. Elles se voient encore aujourd'hui très mutilées. A droite, dans un mur en damier, bâti en retour d'équerre, s'ouvrait une porte charretière au-dessus de laquelle se voit un B traversé en pal par mie crosse. Ces constructions variées forment un ensemble très pittoresque. 1 Archives de la Seine-Inférieure, abbaye du Bec, cote 995. LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 61 Une plaque commémorative a été apposée en 1889, lors du Congrès archéologique pour rappeler les dates mémorables de l'abbaye elle porte ces mots ABBAYE DU BEC DE L'ORDRE DE SAINT BENOIT FONDÉE PAR HERLUIN EN 1034 DES ECOLES DANS TOUT L'OCCIDENT Y FURENT FONDÉES PAR LANFRANC ET SAINT ANSELME , L'HOSPITALITÉ DES RELIGIEUX FUT LARGE LEUR CHARITÉ INÉPUISABLE LEUR SCIENCE ÉGALA LEUR PIÉTÉ L'IMPÉRATRICE MATHILDE Y FUT INHUMÉE DANS L'ÉGLISE EN 1167 SAINT LOUIS Y SÉJOURNA EN 1256 L'ABBAYE EN 1356 PILLÉE PAR LES ANGLAIS EN 1421 FUT RESTAURÉE PAR L'ABBÉ GEOFFROY' D'ÉPAIGNES . EN 1453 ELLE ADOPTA LA RÉFORME DE SAINT MAUR EN 1626 ET JETA UN DERNIER ÉCLAT DANS LES LETTRES ELLE FUT SUPPRIMÉE EN 1790 JUILLET 1889 Au fond de la cour, les bâtiments de l'abbatiale terminés en 1705 se relient aux constructions plus anciennes du prétoire de la justice. En pénétrant dans l'enceinte, on se trouve devant la tour Saint-Nicolas,vrai colosse de pierre, aujourd'hui classée, agrémentée sur ses contreforts des statues de saint André, saint Louis, saint Benoît, saint Jacques, saint Nicolas, saint Jean l'Evangéliste, saint Michel et Notre-Dame. Des inscriptions gothiques en silex noir incrusté dans la pierre, se lisent sur les flancs de la tour ; sur le côté méridional Christws est filius Dei » ; sur la face occidentale, Maria, Jésus ehristus est filius Dei », Salvator mundi miserere nostri ». Ce beffroi renfermait autrefois une .puissante sonnerie de cloches. La plus grosse ne pesait pas moins de dix mille livres. 62 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS L'église abbatiale fut abattue et rasée vers 1810. Le chemin traverse son emplacement. Il n'en res^. plus qu'une grande arcature gothique. Celle-ci ornait le mur terminal qui appartenait à la reconstruction de Pierre de la Cambe et de Ymer de Saint-Ymer. Deux bases des piliers de l'abside furent mis à jour vers 1880. Elles ont été recouvertes de nouveau par des terrassements récents. En remontant vers l'est, on remarque de nombreuses pierres encore en place, qui permettent de reconstituer par la pensée, une partie du plan des chapelles absidiales. A une trentaine de mètres de l'abside, se trouvent les restes d'une grosse tour ronde, avec d'épais murs de silex, noyés dans le mortier. Des arbres aux racines énormes, plus que centenaires, ont librement poussé dans ces ruines. Cette tour faisait partie du système de fortification élevé du xive au xve siècle par les abbés Geoffroy Harenc et Guillaume d'Auvillars, pour protéger le monastère et l'église contre les incursions des Anglais. C'était peut-être même le donjon ou citadelle, car voici ce qu'écrivait Dom Bourget au siècle dernier Tout ce qui reste de cette forteresse sont les ruines d'une tour encore visible s'élevant à huit ou dix pieds au-dessus du sol, et les fondations de quelques autres, avec des souterrains de communication. Ces souterrains ont sans doute été comblés, le souvenir en est perdu. Les caves creusées sous la colline sont une construction voûtée en berceau aigu avec doubleaux, qui peut remonter au début du xiv° siècle. Elles comprennent un très long couloir avec des retraits de chaque côté pour loger les tonneaux. En revenant vers les bâtiments conventuels, on voit une colonnette romane qui a conservé sa base, et son chapiteau à feuillages plats, avec un commencement de nervure et d'arc diagonal. C'est à peu près tout ce qui reste de l'ancien chapitre démoli en 1817, en même temps que la sacristie; mais ce fragment est précieux il fixe la date de la construction. La salle capitulaire du Bec avait été construite aux frais de Robert du Neufbourg, sénéchal de Normandie, de LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 63 1141 à 1146. Cette belle salle, divisée en trois travées presque carrées et recouverte de trois croisées d'ogives, était un modèle de hardiesse et d'élégance. Sa longueur atteignait douze mètres. Les vestiges que nous en voyons sont un des rares spécimens de l'architecture de cette époque dans la région normande. Près de là, se développe l'immense escalier, achevé en 1751, qui conduisait de l'église à l'étage des cellules. La belle rampe de fer forgé a été enlevée au moment de la Révolution. La première pierre du cloître fut posée le 6 mai 1644. Les travaux marchèrent avec une lenteur extrême, puisqu'ils ne furent achevés qu'en 1666 par Frère Guillaume de la Tremblaye qu'on peut considérer comme le véritable architecte du cloître. C'est une construction spacieuse, un peu lourde, ornée de pilastres dans le style de la Renaissance. Les voûtes en plein cintre portent à la section des nervures, de larges clefs enlacées. Au-dessous de la porte d'entrée sont sculptées les armes du jeune Colbert, abbé du Bec d'or à une couleuvre d'azur posée en pal. Autour du cloître, sur une superficie considérable, s'étendaient les bâtiments conventuels, tout en pierre de taille, d'une simplicité et d'une ampleur qui rappellent ceux de Saint-Etienne de Caen. Le 24 juin 1742, le prieur, muni de la procuration de l'abbé, comte de Clermont, posa solennellement la première pierre du réfectoire et du dortoir, placés parallèlement à l'église. On mit six ans à parfaire cet immense corps de bâtiments, qui comprend un rez-de-chaussée et un premier étage très élevé. Le pavillon qui le termine du côté du jardin, fut bâti sur pilotis, à cause de la proximité de la rivière. Dès la veille de la Pentecôte 1747, les religieux avaient inauguré le réfectoire ; cette splendide salle voûtée mesure soixantequinze mètres de long sur neuf mètres de large. En 1750, on acheva sur les mêmes plans, le retour d'équerre du bâtiment neuf de soixante-six mètres de long prolongeant le dortoir. Il y avait dans ces ailes trente-six cellules s'ouvrant sur un vaste corridor dallé, et donnant sur le parterre. 64 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS Leur disposition rappelle celle des cellules de Mondaye, que nous avons visitées il y a deux ans. Aujourd'hui, le cloître sert d'écurie, comme le réfectoire et l'orangerie. Transformé en dépôt de chevaux de l'armée dès 1792, la situation du Bec-Hellouin fut régularisée par deux décrets de 1804 et de 1810. Il devint dépôt d'étalons, et l'église servit de magasin à fourrage, jusqu'à ce que sa démolition fut décidée comme devenue inutile. Depuis 1833, rétablissement a été transformé en annexe du dépôt de remonte de Caen et qualifié de dépôt de transition ». L'effectif des jeunes chevaux varie de cent cinquante à quatre cents suivant le moment de l'année. Les chevaux ne font au Bec aucun travail, ils prennent de l'exercice en liberté dans des paddocks, et nous aurons le plaisir dans un moment d'assister à leur sortie des écuries. Les arcades du cloître ont été fermées par des murs de briques. Des planches auxquelles sont fixés les râteliers et les auges dissimulent à peine d'admirables sculptures. L'église romane avait été dédiée le 29 octobre 1077 par Lanfranc, devenu archevêque de Cantorbéry. Cette première église, puis trois autres, furent successivement détruites par des incendies. Une cinquième fut construite c'est celle qui subsista durant tout le moyen-âge, jusqu'à la Révolution. Commencée en 1275, terminée en 1320, elle ne fut cependant consacrée que le 14 septembre 1342. Déjà ébranlée par un ouragan en 1551, et faute de réparations faites à temps, la nef s'écroula presque entièrement en 1591. On ne put conserver que les deux travées les plus rapprochées du transept. Lorsqu'elle était dans son intégrité, l'église abbatiale rappelait par ses proportions et son style, l'église de Saint-Ouen de Rouen. Elle avait cent trente mètres de longueur le choeur seul en mesurait quarante. Voici ce qu'Expilly en disait en 1752 Le choeur est un des plus grands et des plus riches qu'on puisse voir ; l'or y brille de toutes parts, et l'éclat en est relevé par l'azur dont il est accompagné. LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 65 La décoration intérieure comprenait quatre grandes statues des apôtres, un autel très orné, un jubé et un dallage en marbre, qui, heureusement, ont été sauvés de la démolition en 1808, par arrêté du ministre de l'intérieur, Cambacérès, et donnés à l'église Sainte-Croix de Bernay, où nous pourrons les admirer. La chaire est à la cathédrale d'Evreux. L'église était vouée à la destruction, avons-nous vu, par le gouvernement impérial. On commença par enlever le plomb des couvertures. On en tira cent douze mille kilogrammes. Une voix cependant s'éleva, en 1807, pour la conservation du monument, celle du préfet de l'Eure, le baron Chambaudouin L'église forme avec les autres bâtiments un ensemble si beau, donne à ces lieux un tel caractère de majesté, que je n'ai pu réfléchir sans peine au dessein que l'on a conçu de la faire disparaître je crains qu'on ne détruise ainsi un des plus beaux monuments qui existent 1. L'église n'en fut pas moins abattue, et nous avons vu les rares vestiges qui en subsistent. Constatons en terminant que si les modifications effectuées pour transformer les bâtiments du monastère en dépôt de chevaux, sont regrettables, il convient cependant de se réjouir de cette mesure, car c'est évidemment à elle seule qu'est due la conservation de ce qui reste de l'abbaj^e. A un autre point de vue, cette affectation offre des inconvénients, car une faible partie des bâtiments est seule utilisée. A une époque où la crise du logement sévit avec tant d'intensité dans les villes, peut-être des services agricoles, ou une école d'agriculture, pourraient-ils être installés dans les bâtiments inemployés, soit par le département, soit par l'Etat, pour le plus grand bien de ceux qui bénéficieraient de cette création. Le Bec pourrait redevenir ainsi partiellement le foyer intellectuel qu'il fut jadis, et la vie renaîtrait dans ces murs qui furent témoins de tant d'activité. Nous sortons de l'abbaye en jetant encore un coup d'oeil admiratif sur la belle tour Saint-Nicolas, le seul monument 1 Archives de l'Eure. Bec-Hellouin. 66 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS classé de tout l'ensemble, et derrière, sur l'ancien logis abbatial, aujourd'hui propriété particulière du commandant Teissier. Puis nous remontons en auto, et par une série de chemins étroits et assez compliqués, nous arrivons au village d'Harcourt. Tout le monde met pied à terre, et se dirige sur le château, qu'on nous dit être très voisin et qui est, en réalité, distant encore de près d'un kilomètre. Nous pénétrons à l'intérieur, et, descendant le vieil escalier de pierre, du côté où le château a conservé presque intact son antique, aspect, je donne lecture des notes suivantes sur Harcourt et son histoire. HARCOURT Château du VrEiL-HAitcouRT. Coligction de M. Tournouer. Le Chev. Challan dei. Le village d'Harcourt, situé près de la voie romaine qui va d'Evreux à Briomie est le berceau de la maison de ce nom, illustre depuis tant d'années, en France et en Angleterre. Trois monuments seulement méritent d'être étudiés l'église, l'hospice et surtout le château. L'église a été construite d un seul jet dans le premier LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 67 quart du xnr 3 siècle. Le choeur peut passer pour un petit chef-d'oeuvre à l'extérieur, on remarque la disposition extrêmement originale et peut-être unique des contreforts, dont les parois fuyantes dégagent complètement les étroites lancettes du rond point. La sonnerie, une des plus belles de France, était dans une tour isolée de laquelle un souterrain remontait jusjusqu'au château. A l'intérieur, on admire la manière harmonieuse dont s'arrondit la muraille du sanctuaire, l'habileté avec'laquelle neuf travées ont été ménagées dans un espace relativement restreint, la légèreté des huit branches d'ogives qui,rayonnant autour d'une clef centrale, viennent, en soutenant d'étroits voûtains, reposer soit sur des colonnettes posées en encorbellement, soit sur des consoles en forme de chapiteaux. On peut y voir un grand crucifix en bois de la fin du xve siècle, des fonts baptismaux en pierre de la fin du xive et un lutrin à cariatides du xvne siècle. Le 9 avril 1695, Mme Françoise de Brancas, princesse d'Harcourt 1, dame du palais de la reine Marie-Thérèse, fonda à Harcourt, du consentement de son fils, seigneur et propriétaire du comté d'Harcourt, un hôpital pour les pauvres malades du comté, et pour les enfants des deux sexes. \ cet effet, elle fit élever des bâtiments dans lesquels elle établit des chambres séparées pour les petites filles pauvres, auxquelles on devait apprendre non seulement la piété chrétienne, mais encore l'art de la dentelle, pour qu'elles parviennent à gagner leur vie. La princesse d'Harcourt fit à ses frais toute l'installation, acheta un grand enclos avec des bâtiments et des arbres fruitiers, des pâturages qu'elle garnit de bestiaux, et légua à l'hôpital trois cents livres de rente, à prendre sur tous ses biens. En même temps, par arrêté du conseil du 13 janvier 1696, elle faisait unir au nouvel hôpital les biens et revenus de la maladrerie de Saint-Thomas d'Harcourt, de 1 Brancas d'azur au pal d'argent chargé de trois tours de gueules et accosté de quatre griffes de lion d'or affrontées et mouvantes du flanc de l'écu. La Chesnaye des Bois. 68 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUM0IS Ancien plan du château d'Harcourt. "Collection de M. le Comte Becci. LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 69 l'Hôtel-Dieu, ou hôpital Saint-Antoine de Beaumont-leRoger, et de la maladrerie de Saint-Laurent de Beaumontel. Enfin par un autre arrêt du 2 mars suivant, les biens et revenus de l'ancien hôpital, de la maladrerie de Saint-Michel de Briomie, de Saint-Thomas de Cantorbéry, d'Harcourt, de Sainte-Marguerite-l'Hortier, d'Annebault et d'Orival lui étaient attribués. La princesse d'Harcourt confia la direction du nouvel établissement aux religieuses de Gentilly. Les registres de comptabilité contiennent d'intéressants détails sur l'industrie de la dentelle, jusque-là inconnue dans le pays. L'aune de petite dentelle se vendait environ une livre. Cette manufacture ne survécut guère à la mort de Mme d'Harcourt, survenue le 12 avril 1715. En 1788, l'hôpital accusait trois mille cinq cent vingtdeux livres de revenus et trois mille cinq cent quarante livres de dépenses 1. Le château d'Harcourt 2 remonte au commencement du xne siècle. Il a été remanié à plusieurs reprises, au xve et au xvne siècles, mais on distingue parfaitement le plan primitif. Huit tours flanquent les murailles de la première enceinte ; ces tours de forme demi-circula ire sont de petite dimension. Elles mesurent à peine cinq mètres de diamètre extérieur. Deux d'entre elles encadraient et défendaient chacune des deux portes ménagées aux extrémités de l'enceinte. De la porte du nord, il ne reste que des ruines. La porte du sud sert encore d'entrée. Elle a été reconstruite à la fin du xvie siècle. C'est à ce moment-là qu'on introduisit dans les pieds-droits, à l'extérieur et à l'intérieur, des croix de Lorraine en briques, à la suite de l'extinction de la branche aînée de la famille d'Harcourt dans la maison de Lorraine. Le tout forme un magnifique ensemble de tours et de tourelles qu'enlacent de toutes parts des lierres séculaires, montant jusqu'aux toitures. Au premier plan, l'entrée profonde et sombre, entre deux tours qui semblent deux senti1 senti1 de l'Orne, C. 274. 2 Toutes les notes sur le château d'Harcourt sont extraites des travaux de l'Académie d'agriculture, mis très obligeamment à ma disposition par le bibliothécaire, M. Daviet, que je tiens à remercier ici. 70 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS nelles avancées une enceinte semi-circulaire se prolonge le long des fossés encombrés de lierre, de plantes sauvages et d'arbres poussés au hasard 1. Maintenant reportez-vous par l'imagination, au temps de la splendeur de ce château grandiose ; remplacez l'agreste beauté des ruines par l'image du monument dans sa jeunesse et dans sa force ; arrachez ces voiles de verdure, creusez ces fossés, déblayez ces glacis, faites arriver une eau vive et profonde qui baigne les murailles, relevez les douze tours de l'enceinte et du donjon, rendez-leur la ceinture de mâchicoulis et la couronne de créneaux qui en faisaient la parure, ouvrez toutes ces fenêtres à croix de pierre malencontreusement murées, meu blez à l'antique ces vastes appartements aujourd'hui nus et délabrés, et faites retentir sur les dalles sonores le pas des destriers, briller les armures, sonner les cors et vous aurez Harcourt, digne demeure des barons et comtes de ce nom, issus du célèbre Bernard le Danois, de ces fidèles compagnons d'armes des ducs de Normandie, Normandie, l'histoire est celle de la France. Nous avons un témoin oculaire de ce qu'était Harcourt au xvii" siècle Thomas Corneille, dans son Dictionnaire de Géographie, écrit, ce qui suit en 1704 Château d'HARCOURT. Cliché de M. G. de Banville. 1 {Normandie illustrée, vol. I, V° Harcourt. LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 71 Le château, bâti à l'antique, avec des fossés profonds, accompagné d'un donjon et d'une chapelle, est très logeable et a bel air. Les appartements ont été rétablis à la moderne avec un jardin bien ordonné et fort propre. Au pied de ce château, et d'un parc fermé de murailles, est un prieuré claustral de chanoines réguliers de Saint-Augustin, sous le titre de Notre-Dame-du-Parc. On y conseive des reliques tiès précieuses et anciennes. Le comté d'Harcourt comprend vingt paroisses. La première mention dans l'histoire du château d'Harcourt date de 917, époque à laquelle Bernard le Danois, premier baron d'Harcourt 1, conduit de son château d'Harcourt trois cents hommes d'armes au secours de Guillaume LongueEpée. En 1078, Enguerrand d'Harcourt, revenant en Normandie après avoir pris part avec Guillaume, à la conquête de l'Angleterre reconstruit son château d'Harcourt. En 1328, la baronnie d'Harcourt est érigée en comté par lettres de Philippe de Valois données à Vincennes le 9 mars. En 1124, sous Louis VI, la guerre s'allume les châteaux de Brionne, Valville, Beauficel, Harcourt sont pris et repris. En 1179, Robert d'Harcourt fonde à l'extrémité de son parc un prieuré sous l'invocation de saint Thomas de Cantorbéry et y établit la sépulture de sa famille. Pendant la captivité du comte d'Harcourt fait prisonnier à la bataille d'Azincourt en 1315, le duc de Clarence, frère de Henri V d'Angleterre, ravagea le pays d'Evreux et s'empara, en 1418, du château d'Harcourt et des richesses du comte Jean, un des plus riches seigneurs de France. Suivant Le Ferron et Boulenc, il avait plus de trois cent mille écus d'or dans son trésor, un riche cabinet d'armes, des images d'or des douze apôtres, une poule d'or, avec douze poussins d'or. Il se faisait servir par douze chevaliers, chacun faisant un mois par an il avait une chapelle de chantres et de musiciens. En 1415, il donna à l'abbaye du Mont-SaintMichel une statue d'argent du poids de soixante-seize marcs. Dépossédé de ses biens, le comte d'Harcourt assista au 1 Harcourt de gueules à deux fasces d'or. 72 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS sacre et au couronnement de Charles VII, en 1429, assis sur le banc des grands officiers de la couronne. En 1449, le sire de Talbot, poursuivi par Dunois, se réfugie dans le château d'Harcourt, qu'il laisse peu après sous la garde du chevalier de Froquenval. Après quinze jours de siège, le château doit se rendre. Repris aux Anglais la même année, le château est rendu par le roi de France au comte Jean d'Harcourt. En 1484, le comté d'Harcourt passe dans la maison de Lorraine par suite du mariage, en 1417, de Lydie d'Harcourt avec Antoine, duc de Lorraine, comte de Vaudemont, qui en rendit hommage au roi, à Tours, le 21 décembre 1464. Dans le courant du xvne siècle, le prince d'Harcourt abandonna à sa femme, Françoise de Brancas, dont il vivait séparé, le vieux château en ruines. Il avait été rebâti sous François Ier au milieu de l'enceinte de l'ancien château primitif, et comprenait un grand corps de logis, avec des tours aux angles et sur les ailes, surmonté d'un donjon très élevé, d'où on apercevait les autres châteaux du comté. La princesse d'Harcourt y fit de nombreux travaux, et le corps de logis inhabitable reçut une façade sur le parc ; le donjon fut démoli, les fossés comblés ; sur leur emplaceChâteau emplaceChâteau Cliché de M. G. de Banville. LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 73 ment on fit une cour d'honneur, une terrasse et un parterre ; depuis cette date, aucune restauration n'a été tentée. En 1784, le château passa aux héritiers de la princesse de Poix, sur licitation entre Mme la princesse de NoaillesPoix et M. le duc de Richelieu-Fronsac, descendant comme elle, des anciens princes de Guise. Ceux-ci vendirent en 1786 une grande partie des terres. En 1802, M. Delamare, ancien procureur au Châtelet, se rendit acquéreur devant le tribunal de Bernay, du château du Vieil-Harcourt, sans l'avoir vu, et d'environ quatre cents hectares de terres qui l'accompagnaient. Il voulait s'y livrer à l'agriculture, et surtout à la sylviculture, pour laquelle il professait des théories particulières, qu'il voulait mettre en pratique. Il trouva le château dans un tel état de délabrement qu'il dut renoncer à toute idée de restauration. Il se contenta de faire réparer les toitures et murer toutes les fenêtres. Il replanta en arbres rares et surtout en pins, les bois abandonnés, et les landes incultes qui entouraient le château. Il mourut en 1828, laissant Harcourt à la Société royale d'Agriculture, aujourd'hui Académie d'Agriculture. Dans l'esprit du donateur, le domaine d'Harcourt devait servir'sinon d'exemple, du moins de preuve et de démonstration des immenses revenus qu'on peut tirer de la culture et de l'administration des bois méthodiquement dirigés. Il voulait créer ainsi une école théorique et pratique de la culture des bois et de leur exploitation. Les idées de M. Delamarre sont exposées dans un ouvrage dont je possède un exemplaire, et qu'il laissa, avec son château d'Harcourt, à la Société royale d'Agriculture il est intitulé Cent cinquante hectares de Pins. Histoire d'une richesse millionnaire en pins. Paris, 1827, Mme Huzard. On y lit notamment des phrases comme celle-ci Je suis parvenu à créer une richesse millionnaire en pins sur le sol le plus siliceux et le plus aride. Au chapitre XIV, il promet un produit de un million cinq cent mille francs au bout de quarante à cinquante ans, pour une plantation en pins d'une surface de trente-quatre hectares. 74 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS Ces quelques indications suffisent à montrer dans quelles erreurs énormes, M. Delamarre a pu tomber, pour ses évaluations. Quand la Société royale d'Agriculture prit possession du domaine, il comprenait deux cent quatre-vingt-neuf hectares environ en bois et vingt-et-un en terre. Aujourd'hui il comprend environ quatre cent cinquante hectares. Les exploitations faites normalement à douze ans jusqu'en 1874, ont cessé d'être suivies. Le revenu a varié de fr. environ en 1870 à francs en 1888; il n'a jamais atteint les chiffres élevés que M. Delamarre escomptait. La culture des arbres y est intéressante au point de vue scientifique et offre des spécimens magnifiques de la flore de tous les pays. Le jardin, d'une contenance de quatrevingt-cinq ares environ, est occupé par une pépinière d'arbres exotiques sapins weymouth, mélèzes, épicéas, chênes d'Amérique. L'arboretum, une des curiosités du domaine, a été établi dans l'ancien verger ; on y cultive des Abies Douglasii, Nordmaniana, Pinsapo, Pin Laricio, Séquoia gigantea, etc. L'ensemble de. ces arbres splendides et rares forme un parc d'un aspect extraordinaire par ses variétés et ses coloris. En 1255, Jean, sire d'Harcourt et d'Elbeuf, fonda près de son château sous le nom de Prieuré du Parcl, un prieuré conventuel, pour servir de sépulture à sa famille, dans lequel il installa des chanoines réguliers, tirés de l'ordre du Val-des-Ecoliers. D'après l'aveu de 1684. le seigneur d'Harcourt avait le droit de présenter au prieuré ...situé près d'Harcourt, joignant notre parc, auquel piieuré il doit y avoir quinze religieux chanoines de l'ordre de SaintAugustin, qui sont maintenant entretenus de notre aumône, à iaquelle prieuré nies prédécesseurs ont fait bâtir l'église et monastère, et dans laquelle église est la sépulture de nos prédécesseurs. Au xvme siècle, le revenu du prieuré était d'environ cinq mille livres. Le clocher renfermait une sonnerie magni1 magni1 Prieuré du Parc d'Harcourt de gueules à deux fasces d'or semées de croix de Lorraine de sinople ot accompagnées de trois coquilles d'argent rangées en chef. LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 75 fique de sept cloches ; dix hommes étaient nécessaires pour les mettre en branle. Les registres de catholicité donnent des indications intéressantes à l'occasion de leur baptême ; nous y lisons entre autres celles-ci Ce jourd'hui 21 décembre 1716, nous soussigné, prieur curé d'Harcourt, en vertu de la permission à nous accordée par Msgr l'évêque d'Evreux, avons fait la bénédiction de la grosse cloche de la paroisse dudit Harcourt, laquelle a été nommée Marie-Louise-Henriette, par S. A. Mgr le duc d'Elbeuf et S. A. Mme la comtesse d'Harcourt, représentez, sçavoirmondit seigneur le duc par Monsieur le Chevallier de Bethune, et madite dame par damoiselle Françoise Louise Henriette de Lorraine princesse d'Harcourt, en présence de Monseigneur le Comte d'Harcourt, de Mre Charles de Sainct Jean bailly dud. Harcouit et de Mre Claude Amtlot procureur fiscal et autres soussignez. L'an 1730, et le 14 Décembre a été faite la bénédiction de la grosse cloche, avec les cérémonies accoustumées. Le parrain est Son Altesse Monseigneur de Lorraine, prince de Guize, et la marraine haute et puissante dame Marie de Castillon Princesse de Guize son épouse. La de cérémonie faite en leur absence par Mr Homo de Bray et nous présent prieur d'Harcourt soussigné. Ladite cloche pesé deux mille cinq cents Cette belle cloche, nommée Marie-Christine, existe toujours ; elle est la tonique des trois cloches que îenferme l'antique tour de l'église. Deux autres cloches de dix mille et de sept mille livres furent transportées en 1791 à la cathédrale d'Evreux, où elles sont encore. Les autres furent fondues au moment de la Révolution. M. le chanoine Guérin, président de la Société historique de Trévières, qui fait partie de l'excursion, nous signale que la marraine de la seconde cloche fut très haute, très puissante et très excellente princesse, Madame Marie-SophieCharlotte de la Tour d'Auvergne, épouse de très haut et très puissant prince, Monseigneur Charles-Juste de Beauvau Craon, chevalier des Ordres du roy, maréchal des camps et armées du roy », en 1759. C'était une des aïeules de la comtesse d'Harcourt, la gracieuse châtelaine du Champ-de- 76 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS Bataille, qui tout à l'heure va si aimablement nous faire les honneurs de sa belle demeure. Nous regagnons les voitures et après quelques kilomètres rapidement parcourus, nous arrivons au château du Champde-Bataille. Nous sommes accueillis par le comte d'Harcourt, ancien député du Calvados, et la comtesse, née de Beauvau. Réunis dans la cour d'honneur, je donne lecture des quelques notes suivantes, pour lesquelles le comte d'Harcourt a bien voulu me documenter. LE CHAMP-DE-BATAILLE Château du CHAMP-DE-BATAILLE. Cliché de M. Mouchel. Le château du Champ-de-Bataille que nous allons visiter date de la fin du xvne siècle. Il fut commencé vers 1680 et terminé vers 1701. Il s'élevait alors au milieu d'un vaste domaine de quatre mille hectares, qui avaient fait partie de la vieille terre féodale du Neubourg, détachée elle-même de la seigneurie de Beaumont-le-Roger, à la mort de Roger de Beaumont. La terre du Neubourg, baronnie, puis marquisat en 1619, après avoir appartenu aux puissantes familles de Neu- LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 77 bourg 1, de Meulan 2 et de Vieux-Pont 3, fut divisée en 1644 en trois lots entre les enfants d'Alexandre de VieuxPont. , Le nom du Champ-de-Bataille viendrait, d'après certains historiens, d'une bataille livrée en cet endroit en 935, entre l'armée de Riouf, comte de Cotentin, venu avec quarante mille hommes demander la souveraineté de la Normandie à Guillaume Longue-Epée, et l'armée de ce prince, commandée par Bernard le Danois. Le château, construit par Alexandre, comte de Créquy 4, fils de Jean-Baptiste de Créquy, baron de Combon et de Renée de Vieux-Pont, reçut tout naturellement le nom du lieu sur lequel il fut édifié. Le comte de Créquy était fort âgé, et veuf sans enfants de Marie Maignard de Bernières 5, lorsqu'il commença les travaux ; il en vit à peine l'achèvement, puisqu'il mourut en 1702. Il laissait comme héritier un autre vieillard, son neveu, Gabriel-René, marquis de Mailloc 6, en Normandie, baron de Combon, qui avait épousé en 1720 Claude-Lydie d'Harcourt, soeur de François, duc d'Harcourt, maréchal de France, et du duc Anne-Pierre d'Harcourt, gouverneur de la province de Normandie. Ce dernier reprit le domaine à la mort de sa soeur en 1750, par droit de retrait lignager, et le donna à son second fils, Anne-François d'Harcourt, duc de Beuvron. dont le frère aîné, François-Henri, fut aussi gouverneur de la Normandie jusqu'à la Révolution. Le duc de Beuvron quitta son château au moment des troubles révolutionnaires avec sa femme. Il échappa à grand peine aux massacres successifs, se réfugia à Amiens où il mourut et fut inhumé, avec la duchesse. Le château du Champ-de-Bataille ne fut ni saisi ni pillé, malgré quelques visites des bandes révolutionnaires venues 1 De- Neubourg bandé d'or et de gueules. 2 De Meulan écartelé aux 1 et 4, échiqueté d'or et de gueules ; aux 2 et 3 de sable au lion d'argent la queue fourchue. 3 De Vieuxpont d'argent à dix annelets de gueules. 3, 3, 3 et 1. 4 De Créquy d'or à un crequier de gueules. 5 Maignard de Bernières d'azur à une bande d'argent chargée de trois roses de gueules. 6 Mailloc de gueules à trois maillets d'argent. 78 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS du Neubourg. Vers 1810, les enfants du duc de Beuvron furent contraints de le vendre. Il fut acheté par le comte de Vieux 1. Celui-ci, à la suite des méfaits d'un intendant, qui hypothéqua le domaine à l'insu de son propriétaire, dût le revendre vers 1850. M. et Mme Prieur, négociants à Elbeuf, s'en rendirent acquéreurs. M. Prieur voulait le démolir, mais Mme Prieur s'y plut et l'habita très simplement. Peu de temps après la guerre, M. Michon, ancien préfet du Loiret, dont le fils et le petitfils sont des nôtres, en devint propriétaire. Vers 1876, une famille d'Anglais catholiques, les Consett, l'acheta et y habita jusqu'en 1896. En 1903, le château fut racheté par le comte Charles d'Harcourt 2, descendant du gouverneur de Normandie, et la comtesse, née de Beauvau, qui l'ont fait restaurer avec un goût parfait, joint à un grand souci du confortable. On ignore le nom de l'architecte, maître de l'oeuvre du Champ-de-Bataille, mais c'était à coup sûr un artiste de talent. L'ensemble des bâtiments est constitué par deux vastes constructions qui s'allongent en bordure d'un quadrilatère de quatre-vingts mètres de côté par deux constructions parallèles, presque identiques, au point de vue architectonique. Le tout est relié d'un côté par un portique à galerie de l'autre par une grille à hauts piliers formant colonnade et portique monumental. Il forme un ensemble imposant, malgré la simplicité voulue des lignes de constructions. L'heureuse combinaison des briques et des pierres égayé les façades fort belles par elles-mêmes. Les quatre angles du quadrilatère tracé par les bâtiments, indiquent les quatre points cardinaux. La façade qui regarde le parc est au sud-est. Au centre, un pavillon tout en pierre, portant trois fenêtres et un étage avec attique et fronton triangulaire. Ce pavillon est coiffé d'un toit cintré surmonté d'un lanterneau. Deux grandes ailes à cinq fenêtres le flanquent 1 De Vieux Franche-Comté de gueules à la fasce d'or accompagnée de trois croisettes du même. 2 D'Harcourt de gueules à deux fasces d'or LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 79 à droite et à gauche, terminées elles-mêmes par deux pavillons moins élevés. La façade vers la cour d'honneur est d'une disposition un peu différente. Les pavillons des ailes et celui du 'centre forment des saillies moins accusées. Le portique à galerie et la grille colonnade les accompagnent heureusement. L'unité de l'ensemble est obtenue par l'aspect des communs avec pavillon central, ailes et pavillon aux extrémités, rappelant la structure du bâtiment principal. A l'intérieur, se trouve la cour de l'ancienne vénerie. Au delà de la façade du château regardant le parc, s'étend la vaste avant-cour entourée de murs que couronnent, en guise de vases et de pots à feu, d'énormes et belles pommes de pin. A son extrémité, les deux pilastres de pierre encadrant la grille, sont surmontés de trophées, moulages récents de ceux de Gabriel, au musée de la marine. De grosses boules de buis mettent çà et là leurs notes de verdure sur la blancheur de la pierre. A l'intérieur, le grand vestibule occupe au rez-de-chaussée le pavillon central. De chaque côté, un long couloir de communication dessert à gauche les salons du rez-de-chaussée du pavillon nord-est ; à droite, il conduit à la chapelle Château du CHAMP-DE-BATAH,LE. Cliché de M. Mouchel. SU EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS occupant le pavillon sud-ouest, ainsi que différentes pièces de service. Dans l'aile nord-est, après le grand vestibule, la bibliothèque, le cabinet de travail et les appartements particuliers du comte d'Harcourt ; à gauche du grand vestibule, le très bel escalier avec ses grands panneaux de stuc dans leur encadrement de pierre, et sa rampe en fer forgé de style Louis-XVI. Deux autres escaliers existent dans les ailes. Sur le palier du premier étage, s'ouvre d'un côté le couloir desservant les chambres des invités, qui regardent le parc et le salon de musique de l'autre, les appartements de réception qui s'éclairent sur les deux façades. Le salon suivant, meublé dans le style Louis XVI, tout blanc, renferme le portrait du duc François d'Harcourt, celui qu'on a appelé l'académicien, et qui est un des précurseurs des jardins à l'anglaise. Il est l'auteur de La décoration des dehors et des parcs. La salle à manger est en chêne clair, avec des tapisseries de damas vert. A la suite se trouvent les petits appartements appartements la comtesse d'Harcourt, rappelant ceux de Trianon avec de ravissants petits meubles et de très belles gravures. Une salle de théâtre est aménagée dans le bâtiment des communs. Château du CHAMP-DE-BATAILLE. Cliché de M. G. de Banville. LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 81 On voit combien cette belle demeure se prête par ses dispositions heureuses, aux exigences de la grande réception, comme au charme de la vie intime. Mme la comtesse d'Harcourt veut bien, en quelques mots aimables, me dire qu'elle a été sensible à mes brèves explications. M. le Président remercie M. et Mme d'Harcourt de leur accueil si bienveillant, puis la longue file des autos s'engage dans l'avenue de quatre kilomètres, plantée d'arbres magnifiques, qui mène directement au Neubourg. Le comte d'Harcourt nous ayant fait le plaisir d'accepter l'invitation de notre président, nous aurons l'agrément de passer en sa compagnie quelques moments de plus, autour de la table de l'Hostellerie du Soleil-d'Or, où M. Harlay nous a préparé un excellent déjeuner. LE NEUBOURG Le Neubourg a obtenu le nom de ville sous la Restauration. Il doit son origine à une forteresse que le comte de Beaumont-le-Roger fit bâtir dans la plaine ou campagne du Neubourg pour affirmer sa puissance. La terre du Neubourg, dit Le Prévost, était une extension de l'immense domaine de Beaumcnt-le-Roger, enlevé à l'abbaye de Bernay par le? seigneurs de Pont-Audemer, mais elle n'en faisait pas partie à l'origine. Ce qu'il y a de certain, c'est que Roger de Beaumont la possédait et qu'elle fut démembrée pour former le lot de son second fils, le pieux et loyal comte de Warwick, pèie de Robert de Neubourg l. En 1118, Henri Ier, roi d'Angleterre, assiégea le châteaufort, l'emporta de vive force, et brûla tout le bourg. Après la mort de ce roi, en 1135, les barons normands ayant à prendre parti entre les prétendants au trône d'Angleterre, tinrent une réunion dans ce château, et s'y décidèrent en faveur d'Etienne. Ce fut là aussi qu'en 1160 fut célébré le 1 Le Neubourg bandé d'or et de gueules. Armoriai général, 1696. 82 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS mariage de Marguerite de France, fille de Louis VII, avec Henri Courmantel, fils aîné de Henri II, roi d'Angleterre. Philippe-Auguste prit le Neubourg en 1193. Jean sans Terre le brûla en 1198. Les Anglais l'occupèrent longtemps, pendant les guerres de Charles le Mauvais. En 1590, les ligueurs d'Evreux, après la prise d'Harcourt, vinrent devant le,château et le forcèrent à se rendre. Le Neubourg, bâti dans une plaine privée d'eau, est à la naissance d'un ravin qui descend à la vallée de la Risle. C'est sur le bord de ce pli de terrain que fut construit le 'château. Du côté de la campagne, subsistent une poterne et de hautes murailles, flanquées de tours et en partie couronnées de mâchicoulis ; du côté de la ville, il a été transformé en habitation. Comme la plupart des constructions militaires de cette époque, le château du Neubourg devait être une sorte de quadrilatère plus ou moins régulier formé de tours, reliées par des courtines. Du côté nord, une tour existe encore, presque intacte, dans son manteau de lierre ; le donjon, démoli en 1786, se trouvait sur l'emplacement de la rue du Champ-de-Bataille. C'était la résidence des barons du Neubourg, jusqu'au moment où ils allèrent habiter le château de ce nom. Dans le corps de bâtiment en façade sur la place eut lieu, en janvier 1661, la première représentation de La Toison d'Or, musique- de Lully, livret de Pierre Corneille. Les machines étaient d'Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac 1, baron du Neubourg, qui fit venir de Paris, à ses frais, la troupe royale du Marais. Amateur passionné de comédie, et grand inventeur de machines, le marquis de Rieux convia à ce spectacle toute la noblesse de la contrée 2. Il y a quelques années, la' salle d'opéra laissait encore voir une partie de son machinisme et de ses décorations. Le château du Neubourg est l'édifice le plus ancien de 1 De Sourdéac de Rieux d'azur à dix besans d'or 3, 3, 3 et 1. 2 La pièce fut ensuite jouée à Paris, à l'hôtel de Sourdéac, S, rue Garancière, toujours aux frais du marquis de Rieux, qui donna une série de représentations gratuites à l'occasion du mariage du roi et de la paix avec l'Espagne. C'est actuellement le siège social de La Revue Hebdomadaire. LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 83 la ville. L'église date du xve siècle et est sous le vocable de saint Paul. Elle a été incendiée sous la Fronde. On y voit encore quelques restes d'une abbaye de femmes 1 fondée en 1637 et une chapelle gothique appelée le Prieuré. Le Neubourg avait eu, tout d'abord, une léproserie fondée en 1150 par Robert du Neubourg et les bourgeois de la ville, sous l'invocation de sainte Madeleine. Elle fut érigée en prieuré en 1258 ; en 1693, ses biens furent réunis à l'hospice. Celui-ci avait été fondé en 1250. En 1638, la veuve d'Alexandre de Vieux-Pont, gouverneur du Neubourg, convertit l'Hôtel-Dieu en monastère des lettres patentes d'érection furent délivrées en 1697. Il existe encore. Sur la place, devant l'église, s'élève la statue de Dupont de l'Eure 1767-1855, né au Neubourg, et qui est l'oncle de notre archiviste de l'Orne, M. René Jouanne. Réunis à l'Hostellerie du Soleil-d'Or, après avoir apprécié comme il convient, un déjeuner parfaitement servi, nous saluons de nos applaudissements le toast de notre président, exprimant au comte d'Harcourt combien nous avons été touchés de l'accueil si sympathique trouvé au Champ-deBataille. En quelques mots, M. d'Harcourt remercie le préside ît, et lui dit le plaisir qu'il a eu, ainsi que Mme d'Harcourt, à recevoir la visite de la Société historique et archéologique de l'Orne. Mais l'heure s'avance, nous avons encore beaucoup de chemin à faire et beaucoup de choses intéressantes à voir. Les voitures s'ébranlent, et sous une pluie fine qui recommence à tomber, et nous empêche de jouir complètement du paysage, nous prenons la direction de Bernay, où nous arrivons par la belle route plantée d'arbres qui relie Rouen à Alençon. Nous nous dirigeons de suite vers l'Hôtel de Ville. Nous y trouvons réunis et nous attendant. M. Vieillot, président du Tribunal civil ; M. le chanoine Moussillon, archiprêtre de Sainte-Croix ; M. Pottier, secrétaire général de la Société libre de l'Eure, section de Berna y ; M. Deshayes, trésorier M. le Président du Syndicat d'initiative, et M. le chanoine Porée, correspondant de l'Institut et 1 L'abbaye du Neubourg d'or à un créquier de gueules. 84 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUMOIS membre de notre Société, qui n'a pas craint; malgré son grand âge, d'abandonner son presbytère de Bournainville, pour venir nous faire visiter en détail l'abbatiale de Bernay dont il est le savant historien. M. Pottier nous souhaite la bienvenue, et présente les excuses du duo de Broglie, président de la Section bernayenne de la Société libre de l'Eure. Puis, guidés par M. le chanoine Porée, nous commençons la visite de la ville, rendue plus intéressante encore par les savantes explications qui l'agrémentent. BERNAY Bernay est une chenille au milieu des fleurs. M™ 1 DE STAËL. Bernay 1, Bernacum, remonte à une haute antiquité. Des inscriptions romaines ont été trouvées sur les murs de l'église actuelle. Le nom de Bernay est mentionné pour la première fois dans la charte par laquelle Richard II, duc de Normandie, établit un douaire pour sa femme, la duchesse Judith de Bretagne, en l'an 1008. Celle-ci en 1013, y jeta les fondements d'une abbaye de religieux de l'ordre de Saint-Benoît. La charte de fondation fut signée en 1026, et dès cette époque, Bernay avait un marché et plusieurs foires annuelles. Le premier prieur fut Guillaume de Dijon, remplacé bientôt par Raoul de Beaumont, fils de Honfroy de Vieilles, auquel succéda Théodoric, ou Thieriy. Celui-ci céda au père de Roger de Montgomery, son parent, la moitié du bourg de Bernay pour y loger quand il y viendrait. C'est à cette cession qu'il faut attribuer l'origine de la comté de Bernay, comprenant une partie de la ville relevant du bailliage d'Alençon. Roger de Montgomery fit élever aussitôt une forteresse dans la portion qui lui fut concédée. Les Mont1 Mont1 d'azur à un lion d'or lampassé et armé de gueules. Armoriai général. LA PLAINE DU NEUBOURG ET LE PAYS DE CAUX 85 gomery étant devenus comtes d'Alençon, la ville prit leurs armes d'azur au lion rampant d'or armé et lampassé de gueules. Le fils de Roger de Montgomery, mort en 1094. fut Robert de Bellême, surnommé le Diable ; il eut pour sa part Séez et Bernay. Ses fils, comtes d'Alençon, continuèrent à jouir de 1' honneur de Bernay », puis les domaines passèrent par mariage aux Malet de Graville 1. L'autre partie de la ville, appelée la Baronnie, était possédée par l'abbaye et relevait du bailliage d'Evreux. Elle fit retour au domaine royal et fut incorporée au xive siècle au comté d'Evreux. Au xne siècle, la ville était fortifiée. En 1231, saint Louis y vint tenir ses assises de justice. Au xme siècle, Bernay était le siège d'une vicomte ; elle était réputée pour ses étoffes. On fixe à l'an 1357 la destruction de l'église primitive de Sainte-Croix, par Charles le Mauvais, héritier d'une partie de Bernay au droit d. son père, Philippe, comte d'Evreux et roi de Navarre. Il s'empara de la ville, et la livra aux flamjnes. En 1378, Charles V, roi de France, ayant décidé d'enlever la Normandie au roi de Navarre, vint mettre le siège devant Bernay. Du Guesclin commandait les troupes d'attaque, la ville était défendue par Pierre du Celui-ci dut la rendre après un siège de quinze jours. A la mort de Pierre, comte d Alençon, sa fille, Marguerite, eut Bernay dans son lot. De là, la ville passa à Jean Ier. duc d'Alençon, et à Jean IL En 1413, une partie de la seigneurie de Bernay sortit de la maison d'Alençon et fut achetée par Jean, comte d'Harcourt et d'Aumale, moyennant huit mille livres tournois. En 1418, Bernay tomba au pouvoir des Anglais et ne fut recouvré qu'en 1449 par Charles VII, bien qu'en 1421 les Français eussent réussi momentanément à y pénétrer. Le dernier duc d'Alençon de la maison de Valois mourut en 1524. François Ier réunit, vers 1550, le duché et Bernay à la couronne. Ils ne'devaient plus en être séparés que pen1 pen1 de Graville de gueules à trois îermeaux d'or. Armoriai général. 86 EXCURSION DANS LE LIEUVIN, LE ROUM0IS dant quelques années durant lesquelles ils constituèrent le domaine de Marie de Médicis. . JACQUES DAVIEL ' 183 Le retentissement de cette communication dépassa le milieux chirurgicaux. Louis XV s'y intéressa et assista à des expériences faites sur une biche, dans le parc de la Muette. A la suite de ce mémoire, Daviel fut nommé chirurgien ordinaire, puis chirurgien-oculiste du Roi. Il est, alors, à l'apogée de sa carrière ; il a fait 206 extractions de cataractes et en a réussi 182, ce qui est une statistique excellente ; aussi, c'est maintenant l'Europe entière qui le consulte. La princesse Palatine le mande à sa cour et il y guérit quatre malades. Le roi d'Espagne, Ferdinand VI, le fait venir et veut l'attacher à sa personne. A son retour, Daviel passe par Bordeaux et y opère un paysan de 105 ans, auquel il rend la vue, pour les quatre années qui lui restent encore à vivre 1. A Liège, il opère six personnes ; à Cologne, il guérit un religieux, qui est capable de dire sa messe, quinze jours après l'intervention. Enfin, il se rend à Munich, sur l'invitation du prince Clément de Bavière. Mais il aime trop la France pour accepter de se fixer à l'étranger. Le voyage à Munich fut son dernier voyage et c'est à Paris qu'il continue ses travaux. Une de ses plus fameuses cures, fut celle du peintre François Devosge. En 1750, à l'âge de 18 ans, cet artiste, qui avait étudié la sculpture à Lyon, dans les ateliers de Perrache et de Guillaume Coustou, fut victime d'un accident, qui lui fit perdre la vue. Une première opération sur l'oeil gauche ne réussit pas ; tous les oculistes consultés refusèrent d'en tenter une sur le second oeil. Daviel, au contraire, exécuta et réussit l'extraction de la cataracte traumatique. Après six ans de cécité et d'inaction, l'artiste se remit à la peinture. Il fonda les premières écoles publiques de dessin, et fut l'un des maîtres de Prudhon et de Rude. Daviel dont la réputation croissait toujours, fut élu membre des Académies de Londres, de Stockholm, de Dijon, de Bordeaux. Mais il savait que le génie est une longue patience », toujours, il perfectionnait son opération. 1 MORAND Eloge de Daviel à l'Académie de chirurgie. 184 JACQUES DAVIEL En 1762, il prépare un second mémoire illustré, où il indique le manuel opératoire qu'il a définitivement choisi. Mais sa santé est altérée par tant de labeurs et il est frappé de paralysie du larynx. Il ne va pas pouvoir lire lui-même son mémoire à l'Académie de chirurgie ; il le fera lire. Et l'on eut, en séance publique, ce spectacle du savant, qui avait rendu la vue à tant d'aveugles, devenu lui-même muet par maladie, mais qui, d'une main vaillante, faisait suivre aux auditeurs sur une carte figurative, la description des instruments et la succession des temps opératoires Api'ès cet effort suprême, Daviel s'en fut aux eaux de Bourbon, qui ne lui procurèrent aucun soulagement ; puis il partit pour Genève, afin d'y consulter Tronchin. Depuis 1750, et après avoir étudié et professé en Angleterre et en Hollande, Tronchin 1 était revenu à Genève, sa patrie ; il y était professeur honoraire, ce qui ne l'empêchait pas de faire des cours surtout, il était le consultant de l'Europe entière ; il avait pour clients et pour amis, Voltaire, Rousseau, Diderot, Thomas. Sa renommée, sa bienveillance, quelques traVaux sur les ophtalmies devaient amener Daviel à prendre ses avis. Hélas, le mal était trop sérieux, la paralysie s'aggrava et le 30 septembre 1762, le grand oculiste mourut à Genève, entre les bras du résident de France, M. de Monpéroux. 11 avait demandé à être transporté en France, le Grand Sacconen était alors territoire français ; c'est là qu'il fut inhumé. De nos jours, on a fait élever sur l'endroit présumé de sa tombe une statue, mais elle est aujourd'hui en territoire suisse qu'importe si la gloire de Daviel appartient à la France ! En quoi consistait donc cette opération, qui a fait la gloire de Daviel ? 1 DE et WEISS in Biographie universelle de MICHAUD T. XLII, p. 200. JACQUES DAVIEL 185 Pour bien le comprendre, il faut se rappeler le siège et la forme du cristallin, puis la nature de la cataracte. Ce n'est pas ici le lieu de faire une leçon d'anatomie normale et pathologique, mais de brèves explications sont pourtant nécessaires. Le globe oculaire est un organe kystique ; c'est une boule remplie de liquides et qui contient à son intérieur le cristallin, si l'on peut employer une comparaison grossière, comme une cerise très mûre contient un noyau. Le cristallin est une lentille transparente, arrondie chez certains animaux, aplatie chez l'homme, et qui-siège en arrière du diaphragme irien et de la pupille, en avant de l'humeur vitrée. Il est maintenu dans cette situation, par une série de petits ligaments insérés à sa périphérie qui rayonnent autour de lui, en arrière de l'iris et en avant du vitré et vont s'attacher à la paroi de l'oeil, dans cette zone que les anatomistes appellent la région ciliaire. Au point de vue de sa constitution, le cristallin est formé d'une mince membrane d'enveloppe, transparente que l'on nomme cristalloïde et d'un contenu absolument transparent, dans la jeunesse et à l'état normal. Le rôle de la lentille cristallinienne est, comme l'astronome Kepler l'a montré en 1604, de réfracter les rayons lumineux, qui ont traversé la pupille et de les concentrer sur la rétine. C'est une partie de l'objectif de cette chambre noire qu'est l'oeil. Or, la cataracte est précisément la perte de transparence du cristallin et la transformation de cette lentille claire en une masse opaque. Quand Daviel commença à étudier la chirurgie en 1709, il était grand bruit du travail récent de Brisseau de Tournai 1, qui avait définitivement démontré le siège de la cataracte, sur lequel on discutait depuis longtemps. C'est un curieux chapitre de l'histoire des sciences que celui des idées successives qui eurent cours au sujet de la cataracte. Hippocrate savait que la cataracte siégeait dans 1 BRISSEAU de Tournai Traité de la Cataracte et du Glaucoma, Paris, in-12°, 1709. 186 JACQUES DAVIEL le cristallin, mais cette opinion vraie avait été faussée par Celse et pendant l'antiquité latine, le Moyen-Age et toute la Renaissance, au lieu de procéder à une vérification anatomique, des plus simples en somme, on édifia des théories obscures. On admettait que l'humeur aqueuse de l'oeil se coagulait en arrière de la pupille. Le nom même de cataracte chute d'eau, prouve que l'on ne se faisait aucune idée nette, à ce sujet ; c'était l'époque où, pour rappeler un mot fameux Les maladies des yeux étaient des maladies dans lesquelles ni le patient, ni le médecin ne vojraient rien. » Il faut en arriver au milieu du xvne siècle pour que Rémi Lasnier, chirurgien de Paris, explique la cataracte par l'opacifi cation cristallinienne. D'autres attribuent cette découverte à François Quarré 1. Quoi qu'il en soit, elle est l'explication admise par Maître-Jean, par Heister, jusqu'au jour où Brisseau, en 1705, l'établit définitivement. Quand la cataracte apparaît dans un oeil, la pupille, de noire qu'elle était, devient grise ou gris-jaunâtre et le patient, tout en percevant la lumière, cesse de voir les objets l'idée première et qui datait de l'antiquité, avait donc été d'écarter l'obstacle, créé au niveau de la pupille. C'était l'opération de l'abaissement de la cataracte ; on la pratiquait, alors même qu'on ignorait le véritable siège de la maladie. Muni d'une aiguille tranchante, le chirurgien détachait le cristallin opaque, le refoulait, le faisait basculer en arrière de l'iris, dans l'humeur vitrée. C'était c'est le cas de le dire, un procédé aveugle. Si, parfois le patient recouvrait momentanément la vision, le plus souvent, des complications tardives éclataient, ce cristallin luxé, qui se déplaçait dans la région ciliaire, était en somme un corps étranger. L'oeil devenait souvent dur, glaucomateux, comme disent les oculistes, et la perte de la vision était définitive ; parfois même, à une cécité indolore, l'opération n'avait fait que substituer une cécité, si douloureuse qu'elle nécessitait l'extirpation totale de l'oeil. 1 J. CLOQUET 1824 art. Cataracte, in Dict. de Médecine, IV, p. 364 JACQUES DAVIEL 187 On comprend que notre chirurgien normand, impressionné par les mauvais résultats de l'abaissement du cristallin, ait voulu tirer les conséquences pratiques de la découverte de Brisseau. L'idée devait, naturellement, se présenter d'extraire le cristallin opaque, comme on extrait le noyau d'une cerise. Saint-Yves, en 1707, avait ainsi enlevé un cristallin tombé sous la cornée, en avant de l'iris. Méry, dans un mémoire de l'Académie royale des sciences 1, montrait que l'opération était possible, même pour un cristallin non déplacé. Il est probable que Pourtour du Petit exécuta l'opération, mais ce n'est pas une raison pour refuser à Daviel le mérite d'en être le véritable créateur ; un inventeur a toujours eu des précurseurs et c'est la réalisation méthodique, qui importe surtout en chirurgie. Nul ne conteste donc à notre compatriote la gloire d'avoir réalisé l'extraction de la cataracte. Dès 1754, Louis écrivait dans Y Encyclopédie 2 On ne peut lui à M. Daviel refuser la gloire d'être l'inventeur de l'extraction du cristallin et, dans la supposition même, où il aurait été guidé par la lumière de M. Méry, il ne mériterait pas un moindre éloge, pour avoir pratiqué une méthode aussi utile, à la perfection de laquelle il aurait toujours essentiellement contribué, par l'invention des divers instruments, qui servent à son opération. » Les difficultés, que Daviel eut à vaincre, étaient grandes ce n'était pas un corps dur, mobile, qu'il s'agissait d'énucléer ; c'était un organe, souvent semi-fluide, enfermé dans une membrane et solidement rattaché à la paroi oculaire. Ce n'est pas la place d'indiquer comment, par des recherches patientes, il sut vaincre les obstacles, en taillant dans la cornée un lambeau, qui se cicatrise vite, en déchirant le sac cristallinien, en expulsant prudemment le noyau cataracte, en nett©3rant finalement la pupille des masses molles qui l'encombrent tout cela, sans perdre l'humeur vitrée. Daviel, patiemment, méthodiquement, se fit un outil1 outil1 R. de l'Académie royale des sciences, cit. par Louis, loc. cil. 2 Loc. cit., art. Crystallin. 188 JACQUES DAVIEL lage, une technique, dont nous admirons, aujourd'hui encore, les détails. Sans doute de nombreuses modifications ont été apportées, dans la suite, à son opération ; mais, telle qu'il la pratiquait, elle pourrait encore être exécutée aujourd'hui, sans inconvénients ; c'est tout dire. L'on ne peut qu'admirer ce grand homme qui, plus de cent ans, avant l'ère pastorienne et avant la découverte de l'anesthésie, sut, par la simplicité et la précision de sa technique, jéviter les accidents immédiats et les complications d'une opération si délicate. On comprend, maintenant, la célébrité que Daviel acquit, même de son vivant. Diderot dit, dans sa lettre sur les aveugles La bienfaisance de Daviel conduisait, de toutes les provinces du royaume, dans son laboratoire l, des malades indigents, qui venaient implorer son secours, et sa réputation y appelait une assemblée curieuse, instruite et nombreuse 2. » Il est possible, d'après les témoins du temps, de se représenter une de ces fameuses opérations 3. Dans le laboratoire, dont les larges fenêtres s'ouvrent au nord, pour qu'un rayon de soleil n'y puisse brusquement éblouir les malades, une foule se presse. Il y a là M. Diderot, qui prépare une lettre sur les aveugles ; avec lui un homme jeune, d'allure militaire, c'est son collaborateur de VEncyclopédie, le chirurgien Louis, celui qui a rédigé l'article CATARACTE » et qui prépare l'article CRYSTALLIN », où il doit parler précisément de l'opération de Daviel ; avec eux, encore, le secrétaire des Bâtiments du Roi, M. Marmontel, un autre collaborateur de Y Encyclopédie. M. Daviel a préparé ses instruments, qui sont là, sur un plateau ; une sorte de large lancette recourbée, à pointe aiguë, à bords 1 DIDEROT Lettre sur les aveugles. 2 Louis Encyclopédie, art. Cataracte, t. II, et art. Crystailin, t. IV, 1754. 3 DAVIEL Mémoires de VAcadémie royale de chirurgie, 1762. JACQUES DAVIEL 189 tranchants ; une lancette, plus petite, à pointe mousse ; de délicats ciseaux courbes ; une petite curette en or et des pinces fines. On fait entrer le malade ; c'est un homme d'âge mûr, conduit par une très vieille femme ; elle le guide, parmi la foule des assistants, et il arrive devant la fenêtre, baissant la tête, comme ébloui. On le fait asseoir sur un fauteuil, placé de biais, de façon que la lumière ne frappe pas à plomb sur sonvisage » ; un aide se place, debout, derrière le fauteuil, et maintient la tête du patient, solidement appuyée contre sa poitrine. Après quelques mots d'encouragement et d'espoir, Daviel s'installe devant le malade, sur une chaise un peu haute ; il appuie sa main gauche sur le front du patient et, du pouce et de l'index, il lui écarte, les paupières et les maintient ouvertes, en lui recommandant de regarder fortement en haut. On voit alors nettement que la pupille a un reflet grisâtre. De sa main droite, l'opérateur saisit la lance et prend un point d'appui sur la pommette ; puis, posément, il enfonce l'instrument dans le bas de l'oeil, à l'union de la cornée transparente et de la sclérotique blanche. Un liquide clair s'écoule. L'homme a fait un léger mouvement de recul et l'émotion étreint les assistants. Daviel a changé d'instrument ; vivement, au moyen de la lancette mousse, il agrandit la plaie, sur les côtés ; puis, saisissant les ciseaux courbes, il découpe la cornée transparente, demi-circulairement, à droite et à gauche. L'homme gémit, essaie de se dégager et de serrer les paupières ; alors le noyau cristallinien est tombé sur sa joue. Se tournant vers Louis, Daviel lui dit Je n'ai pas eu besoin de déchirer la cristalloïde avec l'aiguille 1. » Vivement, d'un coup de curette, il enlève quelques masses grises, qui encombraient la pupille, puis il dit Fermez doucement les paupières » ; et, très calme, il place ses mains devant les deux yeux de l'opéré. La femme âgée a suivi anxieusement les mouvements de l'opérateur ; elle 1 Louis loc. cit. PI. 1. — Reproduction d'une Planche du Premier Mémoire de Daviel 'Mém. de l'Acad. Roy. de Mr., t. II, p. 354, pi. XIX. Cliché communiqué par le Prof. Aubaret, de Marseille. Pi. 2. — Reproduction d'une Planche du Premier Mémoire de Daviel Mém. de l'Acad. Roy. de chir., t, II, p. 354, pi. XX;. Cliché communiqué par le Prof. Aubaret. 192 JACQUES DAVIEL est là, debout, qui tremble de tous ses membres. Daviel lui fait signe de s'approcher ; il la fait mettre à genoux, en face du malade, puis il éloigne ses mains. L'opéré ouvre les yeux ; il voit, il s'écrie Ah ! c'est ma mère ! » A ce cri pathétique, la vieille femme s'évanouit ; les larmes coulent des yeux des assistants et les aumônes tombent de leur bourse. » C'est Diderot, qui nous a conservé ce souvenir, mais la sensibilité du xvme siècle n'était pas nécessaire pour que l'on fût ému au spectacle d'une telle opération. Lorsqu'il eut recouvré la vue, le peintre Devosge, reconnaissant, fit graver par Le Mire une estampe représentant Daviel conduit par la Gloire, au temple de Mémoire ». Son nom y demeurera, aussi longtemps du moins que la science, ignorante des causes qui entraînent l'opacification du cristallin, ne saura pas éviter la production aies cataractes et sera réduite à les extraire. Près de la statue de Bernay, j'ai songé qu'au xvne siècle, ce fut, en somme, la même contrée, qui vit naître Corneille, grandir et penser Pascal et qui fut le berceau de Daviel. Etait-il donc permis de rapprocher ces noms ? Du grand tragique ou du génial pltysicien. La grande ombre, à coup sûr, ne s'en offensa pas, car l'habile et ingénieux chirurgien eut, en partage, comme le poète, l'imagination créatrice et le haut sentiment du devoir, comme le savant, le goût de la recherche et de la méthode. Quelle était donc la vertu de leur terre nourricière, de notre Normandie, terre de culture patiente et de chicane juridique, terre, tantôt bruineuse, tantôt ensoleillée, toujours féconde !! RENÉ ONFRAY, Secrétaire général de la Société française d'Ophtalmologie PROCES-VERBAUX Séance du 17 Juin 1925 Présidence de M. TOURNOÛER, président. Mercredi 17 juin 1925, en la Maison d'Ozé, à 14 h. %> séance ordinaire de la Société historique et archéologique de l'Orne. Présents Mmes DE COUESPEL, DE CROYER, DESCOUTURES, la baronne DE SAINTE-PREUVE, Paul ROMET, Charles ROMET et MUe BELLESSORT. MM. le docteur BEAUDOUIN, H. BESNARD, H. DESCHAMPS, les abbés GERMAIN-BEAUPRÉ, GOBLET et GUERCHAIS, JOUANNE, LENOIR, Paul ROMET, l'abbé TABOURIER et TOURNOÛER. Excusés Mmes4a comtesse D'ANGÉLY, DAVID, LEVEILLÉ et Mlle DE SEMALLÉ ; MM. BEAUGÉ, DALIBERT, GOBILLOT et le baron DES ROTOURS. Le procès-verbal de la dernière séance, lu par M. H. Besnard et approuvé, M. LE PRÉSIDENT fait les présentations suivantes M. Victor Hénault-Morel, par MM. Henri Deschamps et Tournoûer. M. Ernuh>Descoutures, notaire à Bellême, par Messieurs Lebourdais et Tournoûer. Mme Ernult-Descoutures, à Bellême, par les mêmes. La Bibliothèque Canel, à Pont-Audemer, par Messieurs Duquesne et Tournoûer. M. le commandant de Maleissye-Melun, au château de la Beuvrière, par Berd'huis Orne, par MM. le comte d'Andlau et Tournoûer. ' \ î 1 94 PROCÈS-VERBAUX M. Guillais, président de l'Union Industrielle et Commerciale, à Àlençon, par MM. Grisard et Collière. M. Maurice Renoux, avenue de la Gare, à Bagnoles, par MM. Jouanne et Tournoûer. M. LE PRÉSIDENT adresse à notre confrère, M. le vicomte Pierre de Romanet, nos vives condoléances à l'occasion de la mort soudaine de sa mère, Mme Olivier de Romanet, décédée à la clinique Saint-Joseph, à Alençon. Il nous annonce pour le mardi 23 juin, l'excursion dans les Alpes Mancelles de la Société du Maine. Les membres de notre Bureau sont invités spécialement à sa réception par M. et Mme Lecointre, au château de l'Isle, à 17 heures. La Société Dunoise excursionnera également le 30 juin à Cléry et Beaugency, avec son président, M. Dulong de Rosnay. Notre confrère, M. l'abbé GAUQUELIN, envoie une note qui voudrait rectifier l'interprétation d'origine du nom de La Goulafrière » Eui'e. Selon lui, ce vocable vient tout simplement des Goulafre, seigneurs du lieu, dont le château existait sur l'emplacement de celui actuel du Tremblay » à M. Charles Abaye. M. LE PRÉSIDENT nous dit que le barreau de Caen ouvre une souscription pour éleyer un monument à M. Guillouard, ancien bâtonnier. Mme DE COUESPEL communique' un curieux imprimé envoyé aux officiers de l'Hôtel de Ville d'Alençon. C'est un faire-part du mariage de Mgr Camus de Pontavie, intendant de Bretagne, avec Mlle de la Guibourgère. Il est signé par le frère de l'intendant, M. de la Cour, avocat au Parlement de Paris et syndic de la ville d'Alençon, 19 mars 1736. M. LE PRÉSIDENT donne maintenant quelques précisions sur les grandes lignes du programme de notre prochaine excursion dans la Manche, avec Saint-Lô Hôtel de l'Univers, comme point de ralliement, puis il nous lit l'intéressante communication de M. Joseph BESNARD sur Marguerite de Lorraine, qui sera publiée ou, tout au moins, résumée dans le Bulletin. PROCÈS-VERBAUX 195 En terminant, M. TOURNOÛER dit un mot de l'état de nos finances. Nous n'avons pas de dettes actuellement, mais il faut néanmoins restreindre nos frais. Aussi n'y aurat-il, cette année, que deux Bulletins, dont le premier paraîtra en juillet prochain. Le programme épuisé, la séance est levée vers 16 h. %• Le Secrétaire, P. GERMAIN-BEAUPRÉ. Séance du 15 Octobre 1925 Présidence de M. TOURNOÛER, président. Dans la salle de la Maison d'Ozé, s'est ouverte, à 14 h. Y2, la réunion de la Société archéologique de l'Orne, sous la présidence de M. H. Tournoûer, président. Etaient présents Mmes CHAUVEAU, DE COUESPEL, DE COURTILLOLES, A. DESCHAMPS, DESCOUTURES, la comtesse LE MAROIS-D'HAUSSONVILLE, A. ROMET, RUFFRAY, la baronne DE SAINTE-PREUVE, H. TOURNOÛER, MUe DE SEMALLÉ.H ' MM. G. DE BANVILLE, BEAUGÉ, H. BESNARD, J. COLLIÈRE, le chanoine DAREL, A. et H. DESCHAMPS, le docteur GALLIOT, GUILLEMAIN D'ECHON, R. JOUANNE, JOUSSELIN DE SAINTHILAIRE, LEBOUCHER, le comte LE MAROI§, LENOIR, P. ROMET, le baron J. A. DES ROTOURS, X. ROUSSEAU, le baron F. DE SAINTE-PREUVE, H. TOURNOÛER. Excusés MmeB la comtesse D'ANGÉLY - SÉRILLAC, A. LEVEILLÉ, LEBOURDAIS, P. ROMET; MM. F. BESNARD, CRESTE, Fr. EON, l'abbé GERMAIN-BEAUPRÉ, l'abbé GUERCHAIS, LEBOURDAIS, Phil. ROMET, l'abbé TABOURIER. Après la lecture du procès-verbal par le secrétaire. 196 PROCÈS-VERBAUX M. TOURNOÛER donne lecture d'une liste de présentations, d'une longueur inusitée et de bon augure. M. le docteur Galliot, 45, rue Saint-Biaise, Alençon, par MM. Eon et le docteur Le Jemtel. Mme Pesche, 4, place de la Halle-au-Blé, Alençon, par MM. le docteur Beaudouin et Grisard. M. Jean Tesnière, juge d'instruction, 14, rue Cazault, Alençon, par MM. Jouanne et Tournoûer. M. Joseph Le Turc, 4, rue de la Demi-Lune, Alençon, par MM. Henri Deschamps et Grisard. Mme Guillet, 3, rue Charles-Aveline, Alençon, par Mme la baronne de Sainte-Preuve et M. Collière. M. Henri Vannier, 20, avenue du Président-Wilson, Alençon, par MM. Henri Deschamps et Grisard. Mme Pierre Bozo, 1, rue Valazé, Alençon, par Mmes Godde et André Romet. Mrae Marcel Poteau, 60, rue Cazault, Alençon, par MM. de Heurtaumont et Grisard. M. Henri Verdun, substitut du procureur de la République, rue des Grandes-Poteries, Alençon, par MM. Jouanne ,et Tournoûer. M. Hamon, château de Belle-Fontaine, par Passais, par MM. G. Hubert et Tournoûer. M. le marquis Robert de Fiers, de l'Académie Française, 70, boulevard de Courcelles, Paris, par MM. Guillemain d'Echon et Tournoûer. M. Tremblai, maire de Carrouges, par MM. Focet et Tournoûer. MUe Leleu, 22, rue du Pont-Neuf, Paris, par Mme Bony et M. Taunay. Mme Zadgrodska, 40, rue de Flandres, Paris, et à MaisonMaugis Orne, par MM. Crestc et Tournoûer. M. Foucault, 15, rue Michel-Ange, Paris et à Agon Manche, par MM. Lebourdais Mme Foucault, mêmes adresses, par les mêmes. M. Robert Cousin, 27, rue Marbeuf, Paris et au Gué-auxBiches, par Tessé-la-Madeleine, par MM. Pierrey et Tournoûer. PROCÈS-VERBAUX 197 Mme la vicomtesse Dauger, château du Jardin, par Putanges, par Mmes Tournoûer et la baronne de Sainte-Preuve. Mme de Lavigerie, 10, rue de Copenhague, Paris, et 5, rue des Vieilles-Halles, à Argentan, par Mme Tournoûer et M. Deshayes. M. Jacques de Monicault, château de Croisy, par Menilles Eure, par Mme Tournoûer et M. l'abbé de la Serre. M. Pierre des Mazis, les Douves, par Savigné-l'Evêque Sarthe, par MM. Lebourdais et Tournoûer. M. l'abbé Motel, curé de Beuvron-en-Auge Calvados, par MM. Maurice Bourdon et Tournoûer. M. l'abbé Maugars, aumônier de l'Immaculée-Conception» à Nogent-le-Rotrou, par MM. le comte de Souancé et Tournoûer. M. Legendre, chirurgien-dentiste, 25, rue La Condamine, Paris, par MM. Leboucher et Tournoûer. M. Victor Hunger, secrétaire général de la Société d'encousagement pour l'amélioration du cheval, français de demirang, 53, rue des Saussaies, Paris, par MM. Guillochim et Tournoûer. Mme de Vauguion, 52, avenue Léon-Bollée, Le Mans, par Mme la comtesse d'Angély et M. Tournoûer. M. de Moloré de Saint-Paul, 3, rue du Parc, Alençon, par MM. Guillemain d'Echon et Collière. M. Emile Bouillon, les Marceaux, par Vimoutiers, par Mme Descoutures et M. Tournoûer. Mme Faure-Lacaussade, 39, rue du Cours, Alençon, par Mme Descoutures et M. Focet. MUe Lottin, 12, rue du Puits-au-Verrier, Alençon, par Mme Descoutures et M. Vadé. M. Louis Richard, directeur d'école honoraire, 36, rue de la Fuie, Le Mans, par MM. Jouanne et Tournoûer. M. Maurice Levier, au Grand-Broles, en Condeau, par Condé-sur-Huisne, par MM. d'Hermigny de Bruce et l'abbé Goblet. Parmi les nouvelles de nos membres, la nomination de notre très fidèle confrère, M. V. Taunay, au grade d'officier de la Légion d'honneur, est accueillie avec un grand plaisir. 198 PROCÈS-VERBAUX M. René Jouanne s'est vu nommer officier d'académie, distinction méritée par ses travaux. M. LE PRÉSIDENT le félicite au nom de la Société Parmi les deuils, M. LE PRÉSIDENT fait allusion à la mort récente de son beau-frère M. Margaritis, qui faisait partie depuis fort longtemps de notre groupement et s'intéressait vivement à notre effort, et dit la part que nous prenons à la disparition du père d'un de nos sociétaires, M. Henri de Fromont de Bouaille et à celle de M. Mary-Renard, artiste peintre, auquel il sera consacré une notice biographique. M. le baron J. A. DES ROTOURS, secrétaire général, donne des nouvelles de Paul Harel, qui va sensiblement mieux ; il signale l'article de Maurice Brillant dans La Vie Catholique du 4 octobre, qui relate ce petit miracle » de façon fort spirituelle. Une adresse est aussitôt envoyée à Paul Harel pour lui transmettre les voeux de la Société. M. TOURNOÛER remet à ce propos sur le bureau l'épreuve, donnée par Paul Harel qui l'a signée de son large paraphe, d'un portrait à la pointe sèclie de Henri Besnard, représentant la dernière image du poète. Cette gravure est un échange du poète et de l'artiste, un déjeuner chez le Maître » contre son portrait. C'est fait, et le débiteur reste sans doute l'artiste. M. MOULINET envoie une lettre explicative au sujet de l'Eglise de Rai, qui est fort intéressante et réclame d'importants travaux très urgents. A ce propos, M. LE PRÉSIDENT signale que le Conseil général a un tout petit crédit pour les monuments et que ce crédit trop ignoré reste intact chaque année. M. Joseph BESNARD fait part, dans une lettre, de son voyage récent à Nancy, où il s'est rendu pour suivre la trace de la bienheureuse Marguerite de Lorraine. Il a trouvé d'intéressants documents sur une période très peu connue de la vie de la bienheureuse. M. TOURNOÛER signale que René Gobillot travaille sur Marguerite de Navarre, sur laquelle il est difficile de trouver PROCÈS-VERBAUX 199 du nouveau. Notre érudit confrère prépare une conférence pour Paris, nous espérons en avoir une réédition à Alençon., Une lettre du comte DU MESNIL DU BUISSON demande ce que deviennent les débris de la tombe de l'abbesse Rouxel de Médavy, et remet une étude sur le manoir des Landes, qui sera publiée au Bulletin. M. LE PRÉSIDENT fait part du résultat financier de l'Exposition et du Congrès de juin 1925. Il déclare que le fait d'avoir bouclé un budget si difficile à balancer, est un tour de force dont il attribue tout le mérite à M. Félix Besnard, architecte, qui a été le haut économe de cette organisation, aidé en cela par MM. Jouanne, Leurson et les membres très zélés des diverses commissions. Le boni s'élève environ à francs, c'est tout à fait inattendu. M. LE PRÉSIDENT fait part de la réunion de la Fédération normande, qui s'est tenue en août dernier à Honfleur. Le projet de bulletin, organe de liaison, a été adopté. Pour son excursion annuelle, la Société percheronne s'est rendue le 27 septembre de cette année à Ceton, faisant en même temps dans le Perche une promenade, archéologique, pittoresque et même industrielle. A signaler les intéressants manoirs de La Motte et de Mongateau. M. LE PRÉSIDENT lit l'appel financier transmis par la préfecture et émanant du Sous-Secrétariat des Beaux-Arts. Cet appel est fait en faveur de l'église du prieuré de Sainte-Gauburge, près Saint-Cyr-la-Rosière. Les monuments historiques ne pouvant suffire à la réparation urgente des monuments, demandent aux groupements de les aider. En raison de l'intérêt exceptionnel présenté par cette église, il est décidé d'envoyer sur notre boni d'exposition une somme de 300 francs, c'est beaucoup pour notre caisse, et cependant environ la centième partie de ce qu'il faudrait. M. DALIBERT écrit qu'il y aurait lieu de rechercher s'il n'existe pas une note manuscrite d'un sieur Deville, vers 1850, note relative à l'inscription de la fontaine de la Herse, forêt de Bellême. Il demande que cette inscription soit relevée et qu'un moulage soit fait s'il y a lieu. 200 PROCÈS-VERBAUX A signaler dans la Revue du Touring Club de France d'octobre 1925, p. 439, Un Voyage en Normandie, par Marcel, Vandermeer et Delorme, en vélo. — Bagnoles, La FertéMacé, Carrouges, Mortain, Caen, Lisieux, Pont-1'Evêque Elbeuf, Vernon.' Le comte dans le Journal de VOrne ses études et remarques sur les armoiries des villes normandes. M. LE PRÉSIDENT dépose sur le bureau, un don de Mme Tiercelin, fidèle à la Société, qui remet un petit rouet ancien, une petite balance, des casse-noisettes en fer forgé, dont l'un sans doute de l'époque Louis XIII, est d'une jolie forme. Voilà de la belle ferronnerie. Un tirage à part, d'un article paru tronqué dans la Revue Française, de M. Henri Besnard, sur l'atelier de tapisserie de Champfleur, est remis pour la Société. Un atelier d'Art dans un Monastère, Langres, 1925, impr. Saint-Pierre et Revue Française d'août 1925. M. LE PRÉSIDENT fait admirer la médaille commémorative donnée par la Société La Pomme », à l'occasion de ses journées » de juin à Alençon. L'excursion de 1926 est projetée vers la Mayenne. Une grave question, proposition d'acquisition d'un immeuble pour la Société, est remis à une réunion spéciale et prochaine, M. Tournoûer ne voulant pas engager la Société dans une combinaison financière délicate et estimant que seule une assemblée générale est qualifiée pour trancher la question par Oui ou par Non. Après lecture de la liste des conférences de 1925-26, la séance est levée à 16 h. %. HENRI BESNARD. PROCÈS-VERBAUX 201 Séance du 10 Novembre 1925 Présidence de M. TOURNOÛER, président. Le mardi 10 novembre 1925, à 14 h. %> en la Maison d'Ozé, séance ordinaire de la Société historique et archéologique de l'Orne, sous la présidence de M. Tournoûer, président. Présents Mmes la baronne D'ABOVILLE, la comtesse D'ANGÉLY, BESNARD, CHAUVEAU, DE COUESPEL, DE COURTILLOLES, DE CROYER, DESCOUTURES, FONTAINES, GUILLET, DE LAGARENNE, Paul RuFFRAY, la baronne DE SAINTEPREUVE, Mlles DE SEMALLÉ et MOUCHELMM. MOUCHELMM. H. BESNARD, le chanoine DAREL, A. DESCHAMPS, les abbés GERMAIN-BEAUPRÉ et GUERCHAIS, les chanoines GUÉRIN et GUESDON, JOUANNE, LEBOUCHER, LENOIR, LETURC, Hubert MORAND, le vicomte DU MOTEY, Paul ROMET, l'abbé TABOURIER, TOURNOÛER. Excusés Mmes BOURDON, A. DESCHAMPS, DE LAVERERIE, DE MALLEVOUE et MUe LELEU ; MM. GÉRARD DE BANVILLE, BOURDON" Paul CHARPENTIER, CRESTE, DALIBERT, Henri DESCHAMPS, DESNOS, FONTAINE, HUBERT, LAIGNEAU, Félicien LANDE, LEGENDRE, MEZEN, DE MOLORÉ, DE PEYERIMHOFF, POUPET, DES ROTOURS, Etienne DE LA SERRE. M. LE PRÉSIDENT, le procès-verbal lu et adopté, fait les présentations suivantes Mme la comtesse d'Audiffret-Pasquier, château de Sarceaux, par Alençon, et 65, avenue d'Iéna, Paris, et M. le comte d'Audiffret-Pasquier même adresse, par MmeS la duchesse d'Audiffret-Pasquier et la comtesse Le Marois. Mme Eugène Poupet, 37 bis, rue de Bretagne, par Mrae paui David et M. Henri Besnard. M. le comte de la Font de Savines, château de Bcauvais, Hesloup Orne, par MM. Et. Kerchner et Albert Deschamps. M. de Gibert, Echauffour, par MM; Paul Harel -et Collière. 202 PROCÈS VERBAUX Nous voilà, dit M. LE PRÉSIDENT, en marche rapide vers la sixième centaine. Hâtons-nous de l'atteindre en recrutant de nouvelles adhésions. Mme SALLES, fille de notre regretté confrère M. Guillouard, écrit qu'elle ne peut prendre sa place parmi nous. M. Paul HAREL, heureusement rétabli, nous remercie de l'adresse qui lui fut envoyée lors de notre dernière séance ; il s'en déclare très touché. M. LE PRÉSIDENT nous dit que M. Turgeon, notre très distingué confrère, doyen, de la Faculté de Droit de Rennes, où il professait depuis 1881, vient d'atteindre la limite d'âge. A cette occasion, le Nouvelliste de Bretagne du 5 novembre 1925, fait de lui et, en particulier, de son, rôle durant la guerre, un éloge délicat et mérité, auquel notre Société s'associe pleinement et très cordialement. M. LE PRÉSIDENT souhaite la bienvenue à M. Hubert Morand, rédacteur au Journal des Débats, qui nous fait l'honneur d'assister à la séance. M. Morand publie chaque semaine un article, toujours intéressant, sur la Province et ses Institutions savantes, et il a parlé de notre Société en termes flatteurs. Nous sommes heureux d'avoir cette occasion de lui en dire notre reconnaissance. M. MORAND remercie, et dans une causerie d'une simplicité charmante, nous résume l'histoire de la fondation et du développement du Journal des Débats, et il nous montre par des faits éloquents celui du Musée de Dijon en particulier, l'heureux résultat de sa persévérante campagne pour la protection et la conservation des richesses artistiques de notre beau paj^s. M. LE PRÉSIDENT nous annonce que le prochain Congrès des Sociétés savantes de Normandie, se tiendra à Saint-Lô et que, probablement, notre excursion de l'année prochaine aura pour but la Mayenne du côté d'Evron. Le R. P. UBALD demande la permission de dédier la notice qu'il prépare sur Mme Martin, mère de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus à M. Tournoûer et à la Société historique. PROCÈS-VERBAUX 203 La Semaine religieuse de Blois, ajoute-t-il, va publier quelques pages sur les origines blésoises de sainte Thérèse de l'EnfantJésus. M. HUBERT écrit à M. le Président pour lui annoncer la mort de M. Ponthaut, de Mayenne, qui faisait partie de la Société depuis deux ans. M. LE PRÉSIDENT signale à notre attention Le Panégyrique de saint Jean Eudes, par Mgr Greivte, le 29 octobre, en la cathédrale de Rouen. Dans L'Illustration du 3 octobre 1925, un article sur Honfleur et Léon Le Clerc, par Emile Albert-Sorel, avec aquarelles de Léon Le Clerc. 'L'Histoire de la peinture française, par M. Louis Dimier. Dans la Revue historique et archéologique du Maine, 1925, 4e livre, Compte rendu de l'excursion du 23 juin 1925, qui se termina au château de l'Isle. Dans la Revue catholique de Normandie novembre 1925, article intitulé Au diocèse de Sées. Ce sont des notes envoyées à l'abbé Barruel, réfugié en Angleterre par application du décret de déportation contre les prêtres insermentés 26 avril 1794, par l'abbé Clément, curé de Saint-Malo, dans le diocèse de Sées. L'abbé Barruel demandait à ses confrères exilés comme lui, des matériaux pour composer son Histoire du clergé pendant la révolution française ». Ces notes ont été communiquées à la Revue catholique, par M. le chanoine Uzureau, directeur de L'Anjou historique. Il y est question de M. Gigon de la Berterie, curé de Putanges, de M. Léveillé, curé des Yveteaux, qui prêtèrent le serment. L'abbé Clément refusa. Il raconte les menaces dont il fut l'objet et les risques qu'il courut à Paris où il s'était réfugié. Saint-Malo-au-Houlme, paroisse supprimée, était au canton de Putanges. Vient de paraître Les capitaines de Vire aux xive et xve siècles, par M. V. Hunger. Paris Pailhé,. 1925. 204 PROCÈS-VERBAUX M. LE PRÉSIDENT nous dit que la prochaine causerie sera faite sur Lancelot Lisle, maréchal d'Angleterre, baron de Nouant, au temps de Jeanne d'Arc, par M. le vicomte du Motey. Il ajoute que M. Joseph Besnard continue activement et heureusement ses recherches à Nancy, sur Marguerite de Lorraine. L'Association française pour l'avancement des sciences, 28, rue Serpente, Paris-6e, voudrait que les Sociétés savantes de province, chacune dans son ressort, établissent une carte archéologique et préhistorique, avec fiches bibliographiques, qui serait déposée au siège de la Société préhistorique française, pour y être à la disposition des chercheurs. M. LE PRÉSIDENT nous dit que les dépenses pour le Congrès ont atteint francs et que, chose extraordinaire en pareil cas, mais qui n'étonne point quand on sait que le gestionnaire est M. Collière, nous nous en tirons, comme nous l'avons déjà remarqué, avec un boni de fr. M. LE PRÉSIDENT, revenant sur la question de l'enseignement de l'histoire locale, signale l'introduction par le cardinal Charost, d'un manuel classique de l'Histoire de Bretagne, dans les écoles libres de son diocèse. Il donne maintenant la parole à M. Jouanne, pour une causerie aussi intéressante que documentée, sur la Presse alençonnaise de la Révolution au second Empire », mais que, faute de temps, notre savant confrère a dû, malheureusement pour les auditeurs, abréger. La séance est levée à 16 h. %. Le Secrétaire, P. GERMAIN-BEAUPRÉ. PROCÈS-VERBAUX 205 Séance du 27 Novembre 1925 Présidence de M. TOURNOÛER, président. Le vendredi 27 novembre 1925, réunion ordinaire de la Société historique et archéologique de l'Orne, en la Maison d'Ozé, à Alençon, sous la présidence de M. Tournoûer, président. S'y trouvaient Mmes la comtesse D'ANGÉLY, BOURDON, CHAUVEAU, DE COUESPEL, DE CROYER, DESCOUTURES, Albert DESCHAMPS, la comtesse LE MAROIS, LE TURC* POUPET, Paul ROMET, RUFFRAY, la baronen DE SAINTEPREUVE, TOURNOÛER et MUe BELLESSORT. MM. le docteur BEAUDOUIN, DE BEAUREGARD, Henri et Félix BESNARD, Albert DESCHAMPS, DE FRILEUSE, les abbés GERMAIN-BEAUPRÉ et GUERCHAIS, JOUANNE, HUBERT, LEBOUCHER, LENOIR, le vicomte DU MOTEY, Paul ROMET, TOURNOÛER. » Assistait à la séance, M. Fernand LAUDET, de l'Institut, Excusés MmeB la comtesse DE COURTILLOLES, GUILLEMIN D'ECHON, LEVEILLÉ, la marquise DE TORCY, DE VAUGUION ; MM. Henri DESCHAMPS, GUILLEMIN D'ECHON, l'abbé LEGROS, le comte LE MAROIS, TAUNAY et le docteur TREMBLIN. La lettre d'excuse de M. le baron DES ROTOURS donne occasion à M. LE PRÉSIDENT de nous recommander YAlmanach de l'Orne pour 1926, qui vient de paraître à Argentan ; intéressant, comme d'habitude et dont notre distingué secrétaire général est le principal rédacteur. Il débute par une Hymne au Dieu du Calvaire », de Paul Harel. Articles du baron des Rotours, sur le Père Eudes. Du Journal de VOrne, sur le Congrès de la Fédération des sociétés normandes à Alençon », de M. Gérard de Banville, sur F excursion de la Société dans le Cotentin ». Nouvelles Le grand oncle », par Paul Harel ; Le mariage de Marie-Rose », broderie sur un thème historique, par le vicomte du Motey. Poésie Source limpide », par le baron des Rotours. 206 PROCÈS-VERBAUX Nous n'avons aujourd'hui qu'une présentation celle du capitaine de Villardi de Montlaur, rue Albert-Ier à Alençon, par Mme Sallantin et le docteur Beaudouin. M. LE PRÉSIDENT souhaite la bienvenue à M. Fernand Laudet, de l'Académie des sciences morales et politiques, notre conférencier de ce soir, qui veut bien nous faire l'honneur d'assister à la séance. Il est, comme beaucoup du reste, parmi l'élite de la capitale, un Parisien de province -et qui reste fidèlement attaché à sa Gascogne. Il en a écrit avec amour dans un livre intitulé Souvenirs d'hier. Rome et Gascogne, et le chapitre Fin de l'automne » que nous lit M. Tournoûer, contient des notations si justes, si familières à nous tous et si harmonieusement nuancées qu'il serait à peine besoin de les transposer un peu pour les croire inspirées par notre Normandie. I M. LAUDET, avec une simplicité charmante et en quelques phrases délicates, remercie M. le Président et veut bien se dire heureux d'être au milieu de nous et d'apporter à la Société historique et archéologique de l'Orne, avec celui de l'Institut, le salut cordial de la Gascogne à la Normandie. M. LE PRÉSIDENT a reçu une lettre de M. Joseph Besnard, qui, avec la collaboration précieuse du chanoine Martin, un érudit de Nancy, continue activement ses recherches sur Marguerite de Lorraine. M. LE PRÉSIDENT nous signale un article très suggestif de . Louis Madelin, dans L'Echo de Paris, intitulé Le margouillis national, et M. Rivière, nous dit-il à ce propos, lui écrit pour lui exprimer le désir de voir quelqu'un de nos membres entreprendre une étude économique sur notre région à l'époque de la Révolution. M. LE PRÉSIDENT nous dit que M. le duc de Trévise se rend en Amérique pour y poursuivre sa campagne de conservation de nos richesses artistiques. Espérons, sans trop nous illusionner, qu'il obtiendra au moins le résultat de tempérer un peu la cupidité de nos anciens alliés. M. LE PRÉSIDENT nous parle de l'Association bourgui- PROCÈS-VERBAUX 207 gnonne des Sociétés savantes qui s'est constituée légalement à Dijon, en 1925, sous la présidence de M. Edouard Estaunié. Elle avait déjà eu des réunions à Dijon en 1914, à Mâcon en 1923 et elle a tenu un Congrès comme le nôtre à Auxerre en 1925. Elle a décidé l'entreprise d'un vaste travail La Champagne monumentale et artistique. Elle organise des sections d'études économiques et sociales pour la propagation des logements ouvriers et ruraux, le maintien des hommes à la terre, etc. Son prochain Congrès se tiendra à Dijon en 1927 et aura pour thème général Saint Bernard et son temps. M. LE PRÉSIDENT ajoute que les Sociétés de la HauteLoire viennent de se fondre en une seule. On songe à faire la même chose en Auvergne. M. Paul ROMET communique une lettre de M. HuetDesaunay, exposant l'intérêt qu'il a pris à la découverte de la chapelle de Notre-Dame de Lorette, et demandant de la signaler à l'attention. C'est bien le cas de remettre en mémoire la notice trop oubliée de l'abbé Antoine sur ce petit sanctuaire. M. LE PRÉSIDENT nous engage à lire dans Les Lettres, les articles de Henri Besnard et Paul Harel 1 et dans le Journal de Rouen, une courte étude de M. Et. Deville sur un curieux missel du xvir 3 siècle, à la Bibliothèque de Lisieux et qui, par ses notes marginales, constitue un original livre de ,raison » ayant appartenu à Gabriel de Pierres, religieux profès et sous-diacre de Saint-Pierre-de-Préaux, durant les années 1649 et 1650. Au même Journal de RouenM. Georges Dubosc a publié, le 15 novembre 1925, un, feuilleton très documenté et intéressant pour notre histoire locale sur la Mort inconnue d'un fils de Pierre Corneille, Thomas, abbé d'Aiguë-Vives. M. LE PRÉSIDENT profite de la présence de M. Hubert pour le remercier du concours très actif et très précieux 1 Les Lettres de Novembre 1925 Un baptême en 1886 », nouvelle de P. Harel. — L'Illustration du Livre à l'Exposition des Arts Décoratifs. 208 PROCÈS-VERBAUX qu'il veut bien donner à l'organisation de l'excursion de 1926 aux entours d'Evron. M. LE PRÉSIDENT cède la parole à M. le vicomte DU MOTEY, qui, une fois de plus, nous captive par la merveilleuse précision de sa mémoire et nous charme par l'intérêt d'une communication dont nous ne pouvons mieux faire que de publier le résumé écrit par lui pour le Journal de l'Orne. UN MARÉCHAL D'ANGLETERRE, BARON DE NONANT J'ai à entretenir la Société historique de l'Orne, d'un personnage, oublié depuis des siècles, qui fit beaucoup et trop parler de lui, dans notre contrée, à l'époque de Jeanne d'Arc. C'est un Anglais, sir Lancelot Lisle. On sait qu'après s'être emparé du duché d'Alençon, en octobre 1417, le roi Henri V d'Angleterre en distribua les seigneuries à ses compagnons d'armes qui firent, comme leur souverain, tout le mal possible aux habitants des campagnes et des villes. Le roi fut un parfait tyran, et ses soldats se comportèrent trop souvent en pillards et en brigands. Les documents abondent pour le démontrer. Nos contrées herbagères, où on élevait depuis longtemps, des chevaux magnifiques, furent recherchées et les officiers de marque reçurent les plus belles terres que leurs hommes ruinèrent et dépeuplèrent consciencieusement par leurs violences et leurs exactions. C'est ainsi que le légendaire Glasdal reçut Gacé, John Greene Echauffour, John Gray La Genevraj^, Thomas Rempston Le Merlerault, et enfin Lancelot Lisle Nonant. Nonant était une baronnie magnifique s'étendant sur Nouant, Saint-Germain-de-Clairefeuille, la Roche-de-Nonaht, la Cochère, Montmarcey. Ces paroisses, étaient riches et très peuplées avant l'invasion, anglaise. Les hommes d'armes d'Henri V se chargèrent à'y rendre la vie impossible. Lancelot Lisle eut un représentant à Nonant, mais ne put guère y résider, car, de 1418 à 1429, il est sans cesse en campagne contre la France, dont il est un ennemi acharné. On le trouve partout où on se bat, parvenant à la clieva- PROCÈS-VERBAUX 209 lerie, et s'élevant de grade en grade, jusqu'à celui de maréchal d'Angleterre. On ne peut lui contester ni l'activité, ni l'intelligence, ni la bravoure. Il est au siège de Honfleur en 1419, à la bataille de Cravant en 1423, à celle de Vemeuil le 17 août 1424, au siège de Vitry-en-Champagne, en octobre 1424, au siège du Mans en 1425, au siège de Montargis en 1427. Il est, en 1428, gouverneur de Montigny-le-Roi, en Bassigny, l'un des postes de commandement du général Salisbuiy, dont il est le lieutenant. Il prépare le siège de Vaucouleurs, mais en juillet 1428, il est appelé à l'armée qui se forme entre Paris, Mantes et Chartres, pour assiéger Orléans. En août et septembre 1428, Lancelot fait campagne sur la Loire et arrive devant Orléans, le 12 octobre, comme maréchal du camp. Il prend part à'I'assaut des Tourelles, et, en janvier 1429, comme maréchal d'Angleterre, il commande plusieurs bastilles. Le 29 janvier, sa carrière se termine. Il a la tête emportée par un, boulet. S'il est mort, les Anglais triomphent. Un mois après, Jeanne d'Arc, va venir et la France sera sauvée. » VICOMTE DU MOTEY. M. Henri BESNARD a reçu de M. A. TOUTAIN, la note suivante qui intéressera ceux qui s'occupent du folklore normand. Supplément au "procès-verbal du 27 novembre 1925. NOTES SUR DIFFÉRENTS USAGES DE LA RÉGION DE BRIOUZE PIQUER LA COUVERTURE. » Huit jours avant le mariage campagnard, on pique la couverture », c'est-à-dire le couvre-pieds que la mariée doit fournir pour entrer en ménage. Ce travail se fait dans une grande pièce, le plus souvent clans une grange. L'étoffe est tendue sur un métier en bois, qui mesure trois mètres sur chaque côté. La future mariée invite toutes ses amies et la couturière souvent il y a de 20 à 2 210 PROCÈS-VERBAUX 25 personnes. Le futur doit selon l'usage venir le soir faire le dernier point et il apporte une galette et du vin. Finalement, faisant le tour de toute la société, il doit embrasser toutes les personnes présentes. LE TROUSSIAU. » La veille du mariage, une voiture fourragère attelée de trois à quatre chevaux, vient chercher les meubles chez le menuisier et tous les objets de literie pour les conduire au futur domicile. Jadis sans exception c'était toujours le menuisier du pays qui faisait l'armoire, et nous recherchons maintenant ces vieilles armoires normandes, orgueil de nos grands'mères, armoires dans lesquelles le linge du ménage montrait par son plus ou moins d'abondance la situation de fortune des épouseux. Sur la voiture fourragère où tous les meubles sont emballés avec soin, on hisse un balai en paille de riz, garni de rubans. Prennent place dans la voiture, le menuisier et la couturière avec un panier rempli de bouts de rubans. Le conducteur, qui doit être bon charretier, doit savoir faire claquer son fouet à quatre reprises, il appelle cela le faire sonner quatre fois ». Il est décoré d'un grand mouchoir rouge qui pend à son épaule. Pendant le trajet, les fermiers qui se trouvent sur le parcours, attendent le passage et arrêtent le Troussiau », c'est-à-dire qu'ils viennent avec vin et liqueurs pour en offrir au conducteur, au menuisier et à la couturière, qui leur remet un bout de ruban. Je n'ai pas besoin de répéter que le conducteur doit être habile, car s'il est arrêté » bien souvent, il lui faut une fameuse capacité. Arrivés au domicile des futurs époux, on prépare la maison pour les recevoir. LE BROUETTEUX » C'est en l'occurrence celui qui a été l'heureux intermédiaire du mariage, sans doute parce qu'il a brouetté » l'un vers l'autre le gars et la fille. Le brouetteux » connaît-il deux jeunes gens susceptibles de se convenir ? Il va trouver l'un des deux, le jeune homme par exemple. Eh bien, mon gars, t'es en âge de te marier ? — Euh, oui ! — Faut te décider I — P'tètre ben ! — Je connais une jeune fille qui ferait bien ton affaire, point laide, bonne mine et sérieuse, tout ce qui faut pour ben tenir un ménage et puis avec ça, elle a de d'qué au soleu, et y en a pour y reveni ! » Mais un Normand a du mal à se décider et souvent il n'ose pas faire les premières démarches, il a peur d'être trop gauche et le brouetteux » va bien avancer les affaires. T'en fais pas, viens donc dimanche faire un tour par ià, on se fera ofïri un verre de bère. » Dans PROCES-VERBAUX 211 l'intervalle le brouetteux a été trouver la jeune fille, lui a tenu un langage analogue et tout est ainsi préparé à souhait, alors que l'un et l'autre pensent se rencontrer un peu inopinément. On passe donc le dimanche devant la porte, les parents de la jeune fille arrêtent le gars et le brouetteux au passage. Entrez donc prendre quelque chose ! » Et puis on parle de la récolte, du cidre et des bêtes, de toutes choses pour ne pas avoir l'air trop bégaud ». On s'en va en promettant de revenir prendre une bouchée la prochaine fois que Ton passera par là. Si le jeune homme est invité à souper » avec le brouetteux, c'est qu'il est agréé. Les jeunes gens se plaisent, les parents trouvent que l'un et l'autre ne sont point fainiants », que le ménage pourra marcher et le mariage réussit. Alors le brouetteux » est à l'honneur, il est invité à la noce et la coutume est qu'on lui paie un chapeau, insigne de son heureuse égide. ... Le jour du mariage, à l'aller et au retour de l'église, les fermiers viennent offrir à boire au mariage qui passe. Il faut s'arrêter sous peine d'être considéré comme un malotru et on se brouillerait pour une telle injure. Mais dans les foyers de célibataires ou de veufs, l'homme n'ayant pas de ménage, ne peut recevoir et tire des coups de fusils en signe de fête. LES RÔTIES. » Le lendemain des noces, les garçons d'honneur et les filles » d'honneur, vont indiscrètement trouver les jeunes mariés au lit et leur apportent en grande pompe du vin chaud et des tranches de pain grillé, les rôties ». On apporte pour cette dégustation un ustensile, que Labiche a appelé l'urne lacrymatoire de la décadence ». Mais rassuronsnous, il a été acheté tout neuf chez le marchand du village. Les jeunes époux doivent accepter gaiement cette collation sous cette forme originale, la tradition se gardant fidèlement avec le rite obligatoire de l'ustensile en question. Alexandre TOUTAIN. La séance est levée à 16 h. %. Le Secrétaire, P. GERMAIN-BEAUPRÉ. 212 PROCÈS-VERBAUX Séance du Mardi 15 Décembre 1925 Présidence de M. TOURNOÛER, président. La séance est ouverte à 14 h. Y2, dans la salle de la Maison d'Ozé, à Alençon, sous la présidence de M. TOURNOÛER, président. Etaient présents Mmes H. TOURNOÛER, F. BESNARD, DE COUESPEL, la comtesse LE MAROIS-D'HAUSSONVILLE, DE COURTILLOLES, CHAUVEAU, RUFFRAY, la baronne DE SAINTE-PREUVE, POUPET, DE LAVERERIE, la vicomtesse DE MOIDREY, Paul ROMET. MM. TOURNOÛER, JOUANNE, F. BESNARD, H. BESNARD, FONTAINE, BROUARD, ROUSSEAU, BARILLET, BOURDON, le chanoine DAREL, DE FRILEUZE, le vicomte DE MOIDREY. Excusés MM. P. ROMET, le baron DE SAINTE-PREUVE, l'abbé GUERCHAIS, H. DESCHAMPS, H. JOUSSELIN DE SAINT-HILAIRE, le baron DES ROTOURS, le chanoine GUESDON, DESBOUDARD, DE PEYERIMHOFF, LUCAS ; Mmes DE CROYER, LETURC. M. TOURNOÛER expose le projet d'acquisition de l'hôtel de Saint-Hilaire, qui est proposé à la Société pour la somme de francs par les héritiers. Les inconvénients de la Maison d'Ozé sont l'instabilité de notre situation, la municipalité étant libre un jour de ne pas nous relouer et d'autre part, l'insuffisance de place. L'hôtel de Saint-Hilaire a beaucoup de caractère, mais le difficile du problème est la question financière. M. LE PRÉSIDENT donne la parole à M. Félix BESNARDS qui donne lecture d'un rapport financier sur la question. M. LE PRÉSIDENT annonce les propositions de MM. Paul et Charles ROMET, qui proposent chacun à la Société une somme de francs, soit au total francs, pour permettre l'acquisition de cet immeuble. Cette somme serait un apport à la Société immobilière en, projet, sur laquelle MM. Romet renoncent à toucher provisoirement PROCÈS-VERBAUX 213 tout intérêt. De chaleureux remerciements sont adressés à MM. Romet, pour cette proposition généreuse. M. BESNARD ayant déclai'é que la solution ne peut se trouver que dans le relèvement de la cotisation et la location avantageuse d'une partie de l'immeuble. Mme la comtesse LE MAROIS-D'HAUSSONVILLE suggère la location à un antiquaire que le cadre pourrait tenter. Il est décidé d'autre part de faire une sorte de référendum sur le relèvement de la cotisation, en adressant à tous les membres un questionnaire avec un exposé de la question. Plusieurs membres ayant manifesté le désir de visiter l'hôtel St-Hilaire, la séance est levée à 15 h. %. Le Secrétaire-adjoint, H. BESNARD. MANOIR DES LANDES Pavés de céramique du Mauoir ds Landes. Je viens signaler la disparition des derniers vestiges du Manoir des Landes, situé près de Fiers, dans la commune de Saint-Paul à la limite de La Lande-Patry 1. Je dois à M. Hergault, secrétaire de mairie à La Lande-Patry et à M. Fleury, propriétaire, d'avoir eu l'an dernier la bonne fortune de visiter la vieille maison seigneuriale ; je suis heureux de vous faire profiter des quelques notes prises alors. A vrai dire, des remaniements nombreux et profonds, le changement de destination des lieux avaient déjà défiguré l'édifice, mais il n'était pas très malaisé de discerner 1 Carie E. M. 62 2" 57' 30" O. P. 4S° 44' 30" N. MAXOIR DES LANDES 215 les parties primitives et les additions ou destructions successives. La maison, dans son dernier état, était une longue construction rectangulaire de 25 à 30 mètres de façade sur 10 environ de profondeur. Les murs étaient construits de pierre du pays dite pierre de sable ; l'encadrement des portes et des fenêtres, les angles de la construction étaient faits de gros blocs de granit. Entre deux pignons élevés, régnait un toit de tuiles bosselé et moussu, supportant d'élégantes lucarnes, garnies de petits carreaux. Deux lourdes cheminées presque carrées, couronnées de grosses corniches de granit à moulure Louis XIII, surmontaient l'édifice. A l'intérieur, plusieurs salles garnies de vastes cheminées, soutenues par des piliers et des corbeaux sormnairement décorées dans le goût du xvie ou du xvne siècle, avaient attiré mon attention. Une de ces pièces, déjà\ruinée, s'éclairant de deux côtés, occupait toute l'extrémite\de la maison à droite en regardant la façade et à un niveau intermédiaire entre le rez-de-chaussée et le premier étage du reste de l'édifice. La vaste cheminée Henry II, les poutres saillantes du plafond étaient encore en place. Une fenêtre avait conservé son vitrage de petits losanges de verre glauque, enchâssés dans du plomb. Le pavage bien des fois remanié était remarquable les pavés carrés de faibles dimensions sont de terre rouge, incrustée de pâte blanche formant l'ornement ; le tout est recouvert d'un vernis grossier fig. 1. C'est le mode de fabrication usité du xme au XVe siècle. Le décor représente des animaux fantastiques, dés armoiries, des entrelacs. L'escalier que j'ai encore vu était de chêne et avait une rampe élicoïdale, il avait certainement succédé à une tourescalier extérieure. J'ai encore noté un linteau de fenêtre portant une moulure en accolade et des traces de grilles saillantes. Le manoir des Landes apparaissait donc à l'examen comme fait de morceaux d'époques différentes ; les derniers pouvaient appartenir au xvme siècle, les plus anciens au xvie ou même au xve siècle. Ce cadre nous aidera à évoquer les générations qui se 216 MANOIR DES LANDES Inscriptions funéraires de Jeanne Brémenson et de Michel du Mesnil, son fils, enterrés dam l'Eglise de La Lande-Patry. MANOIR DES LANDES 21T sont succédées là. Le premier personnage connu de nous,, qualifié seigneur des Landes, est honnête homme Julien du Mesnil, né en 1673, mais il y a toute raison de croire que son père François du Mesnil, seigneur des Domaines, 16311681, et sa mère Jeanne des Bouillons, possédaient déjà les Landes qui faisaient partie des domaines du Mesnil ; de même son arrière-grand-père, un autre François du Mesnil, qui avait épousé Jeanne Brémenson, décédée le 23 août 1622, comme l'indique l'inscription que lui dédia un de ses fils Michel, prêtre fig. 2. Julien du Mesnil des Landes, épousa en 1698, honnête femme Suzanne Gauthier des Longchamps, 1680-1752. Il avait eu au moins quatre frère et soeurs, nous lui connaissons huit enfants ; il mourut en 1746. L'aîné de ses fils, Charles, seigneur des Domaines et des Landes, 1750, né en 1699, épousa en premières noces en 1724 Anne du Désert, fille de Daniel, seigneur des Pallières ; il en eut Julien, seigneur des Pallières en 1746, et Marguerite, mariée en 1730 à Louis de Launay. Charles du Mesnil épousa en. deuxièmes noces, en 1738, Marie-Anne-Madeleine Profichet de l'Orsonnière, fille de Jean-Baptiste, seigneur du lieu et de Madeleine des Hairdonnières. De ce second mariage, naquirent Jacques-Julien, 1739-1741, Susanne-Jeanne 1741, Anne, 1742-1743, François, 1744, Charles, 1745, Louis, 1746, Anne, 1747, Marguerite, 1748. On voit que les enfants étaient toujours nombreux dans la vieille demeure. Chose étonnante, cependant, la branche dès seigneurs des Landes ne devait pas tarder à s'éteindre ; le dernier représentant qui nous soit connu est Jacques du Mesnil des Landes, mort en 1836, l'un des plus zélés fondateurs de SaintPaul. Il faut ajouter que ces du Mesnil de la Lande-Patry se prétendaient de la famille des du Mesnil d'Alençon dont le berceau serait le hameau du Mesnil, près de Fiers. Voici tout ce que j'ai pu savoir. Je serais heureux si j'ai pu empêcher quelques souvenirs locaux de s'effacer à jamais. Comte DU MESNIL DU BUISSON. ESSAI HISTORIQUE sur la paroisse de Mortrée Le 11 novembre 1900 mourait à Mortrée, à l'âge de quatre-vingt-onze ans, le docteur Nicolas Gallot, précédemment médecin à Almenesches cm il exerça pendant de longues années. C'était un vieil érudit qui avait, chose trop rare aujourd'hui, la passion de recueillir les souvenirs du passé. Il avait compulsé bon nombre d'archives dans les mairies, des minutes dans les notariats, des papiers de famille chez des particuliers, et il était arrivé ainsi à recueillir et à rédiger une certaine quantité de notes sur les communes environnantes d'Almenesches, de Médavy, du Château-d'Almenesches, de Marcei, d'Exmes, de Boissei, de Mortrée, etc. C'est de ces notes qui, d'après ses volontés, me furent remises après sa mort que'je me permettrai, en les complétant, par certaines additions, de faire quelques extraits pour essayer d'écrire l'histoire de la paroisse de Mortrée. Cette paroisse, à proprement parler, n'existe que depuis le Concordat de 1802. Le gros bouig de Mortrée, situé sur le bord de la grande route du Mans à Caen, qui devait en être le noyau, dépendait de trois paroisses, aux confins desquelles il était situé et qui se partageaient son territoire Bray, O et Marigny, bien que toutes les trois ne relevassent pas du même doyenné Bray était du doyenné de Macé Marigny de celui d'Ecouché. Pour faire -l'histoire de la paroisse actuelle de Mortrée, il nous faut donc résumer celle de chacune de ces trois paroisses. Mais auparavant, puisque nous nous occupons spécialement de Mortrée, on nous permettra de faire l'historique de la chapelle de Saint-Marc et de l'hospice qui en dépen- ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 219 •dait afin de ne pas laisser tomber complètement dans l'oubli cet Hôtel-Dieu, comme on l'appelait, et cette chapelle où les habitants du bourg remplissaient leurs devoirs religieux, humbles monuments dont il ne reste plus aujourd'hui aucune trace. L'école communale des filles tient l'emplacement de l'hospice et une auberge Hôtel de l'Espérance celui de la chapelle, au milieu du bourg de Mortrée. L'Hôtel-Dieu de Mortrée L'Hôtel-Dieu de Mortrée qu'on trouve désigné à diverses époques sous les noms de Maison-Dieu, d'Hôtel-Dieu et de Prieuré, fut fondé par les seigneurs et habitants du bourg, comme l'indique assez d'ailleurs le droit qu'ils avaient d'élire et de présenter les chapelains et administrateurs de cet établissement. Les titres anciens ayant été perdus, on ignore l'époque de sa fondation. Toutefois, si on considère, d'une part, que cette maison se trouvait située sur la paroisse de Bray qui faisait partie du grand fief de la Quatorzaine de Mortrée, dont elle était le chef-lieu, lequel appartenait en 1219 à Mme Héla de Bellême-Montgommery, héritière du duché d'Alençon, et d'autre part, les nombreuses donations que cette, dame fit aux établissements religieux de la contrée, on est porté à croire qu'elle n'aura pas été sans contribuer à la fondation, ou du moins au bien-être de cet hospice 1. 1 Mme Héla de Bellême-Montgommery donna en l'an 1221 aux religieux •de l'abbaye de Saint-Jean de Falaise, de l'ordre des Prémontrés, le patronage de l'église de Bray qui lui appartenait à cause de son fief de la Quatorzaine de Mortrée, et elle y joignit d'autres biens situés dans les paroisses de Saint-Hilaire et du Cercueil. Elle fit aussi diverses donations aux religieux de Grandmont, en la paroisse de La Bellière ; à l'abbaye de Perseigne • à l'évêché et à l'hospice de Séez ; au prieuré de Saint-Pierre-du-Gast, en la paroisse de Tanville ; à l'hospice de Saint-Jacques d'Argentan et à d'autres établissements religieux. Ce qui porterait à croire que Mme Héla aurait été du nombre des fondatours de l'hospice de Mortrée, c'est qu'on voit par plusieurs aveux rendus aux Sieurs de La Motte et particulièrement par un aveu du 20 décembre 1728, à raison des maison et emplacement de la Maison-Dieu. On voit 220 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE Le bourg de Mortrée dépendait avant la Révolution des paroisses de Bray, d'O et de Marigny, et il n'y avait que les habitants qui eussent le droit, de concert avec les seigneurs, de concourir à l'élection et à la présentation des chapelains administrateurs de cette maison, lesquels devaient autant que possible être pris parmi les prêtres nés dans le dit bourg. Les bâtiments de cet hospice consistaient en une chapelle, une maison pour le chapelain, des salles pour les malades et les voyageurs, une grange et un fuie à pigeons. Il y avait aussi une cour et un jardin assez spacieux. Ces immeubles étaient situés sur la paroisse de Bray et ils relevaient féodalement du fief de la Quatorzaine de Mortrée par le moyen des arrière-fiefs de La Motte-en-Bray et du Cercueil, ce qui explique d'une part les aveux que les chapelains-adminis- trateurs rendaient aux sieurs de La Motte, et, d'autre part, le droit qu'avaient les seigneurs de la Quatorzaine d'assister aux élections des chapelains-administrateurs. Le but que s'étaient proposé les fondateurs et bienfaiteurs de cet établissement se trouve énoncé dans plusieurs actes et notamment dans des pièces de 1674 et 1675, où il est dit Le chapelain est non seulement obligé de loger les pauvres passants, les soldats et compagnons du métier, de les coucher, de leur faire l'aumône selon son pouvoir et le bien du dit Hôtel-Dieu mais encore de loger, coucher et assister spirituellement et corporellcment les pauvres malades du bourg et du voisinage, c'est-à-dire des paroisses voisines dont dépend le dit bourg et même fournir au gouvernement des dits pauvres, selon son pouvoir et le revenu du dit Hôtel-Dieu, comme aussi de dire et célébrer quatre messes par semaine dont une, les jours de dimanche et fêtes, pour la commodité des habitants du dit bourg, outre disons-nous, que Gilles Daupeley, chapelain administrateur. Déclare tenir le tout en pure aumône sans aucunes faisance ni sujétion que de donner le présent aveu. » Or il n'y avait que les possesseurs du fief suzerain, c'està-dire de la Quatorzaine de Mortrée, qui eussent pu dispenser l'Hôtel-Dieu des redevances seigneuriales. Cette immunité ne comprenait que l'emplacement de l'hospice, les autres immeubles étaient sujets aux redevances féodales. ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 221 plusieurs messes de fondation dont le dit Hôtel-Dieu est chargé, et chanter les litanies le soir, les jours de dimanche et fêtes ; comme aussi d'instruire gratuitement les enfants du dit bourg en la religion et aux bonnes lettres ; entretenir la maison et chapelle du dit Hôtel-Dieu en bonnes et dues réparations. » Les possessions de cet établissement consistaient d'après un état dressé en 1682, par le chapelain administrateur, en 1° trois corps de bâtiments avec cour et jardin ; 2° vingt-deux parcelles de terre en labour formant ensemble dix-huit acres et une vergée ; 3° le droit sur la cinquième partie du foin fané du pré au Sage ou pré Meurdron, dépendant de la ferme de la Trébucherie ; 4° sept livres, quatre sous, six deniers de rentes foncières dues pour partie par neuf particuliers ; 5° enfin deux poules et vingt oeufs 1. Le roi Louis XIV, voyant qu'il n'y avait plus de lépreux dans ses états, donna par édit de décembre 1672, aux commandeurs et chevaliers de l'Ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem, les rnala-" dreries, léproseries, hôpitaux et autres établissements religieux dans lesquels l'hospitalité n'était pas observée selon l'intention des fondateurs. Le grand vicaire général, voulant, au nom de son Ordre, s'emparer de l'Hôtel-Dieu de Mortrée, fit donner, en 1674, à François Billard, qui en était chapelain administrateur, sommation de déclarer si l'hospitalité était observée dans cette maison, si elle ét?it seulement pour les pauvres et quelles aumônes on leur faisait, etc. Les seigneurs et les habitants du bourg, vo}^ant où tendaient ces demandes, prouvèrent que l'Hôtel-Dieu de Mortrée n'était pas une ancienne léproserie, comme on le prétendait et que l'hospitalité y était d'ailleurs bien observée. Ils exposèrent ensuite les obligations dont était chargé le chapelain-administrateur de cette maison charges que nous avons énumérées plus haut et ils firent voir que leur hôpital était dans les conditions de beaucoup d'autres établissements de ce genre dont les chevaliers de l'Ordre du Mont1 Mont1 à la fin Pièces justificatives. 222 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE Carmel, ne tentaient pas de s'emparer. Des visites furent faites, une enquête fut ordonnée et enfin le 24 avril 1681, cette affaire, qui durait depuis plusieurs années, se termina par un jugement de la Chambre des Comptes de Rouen, donnant au chapelain-administrateur de cette maison Pleine et entière main-levée du temporel de la, Maison-Dieu de Mortrée, pour en jouir suivant les titres de sa Déclaration, sans souffrir lui être fait aucun empêchement, lui mettant le tout en pleine et entière délivrance. » Nous avons vu plus haut que l'entretien de la chapelle et des autres bâtiments de l'Hôtel-Dieu était à la charge du chapelain-administrateur ; il paraît que plusieurs d'entre eux s'acquittèrent assez mal de cette obligation. Nous voyons, en effet, qu'après la mort du chapelain François Billard 1677, Olivier Billard, son frère, fut obligé d'abandonner à François Roger, son successeur comme chapelain, tous les engrais et fruits déposés dans les bâtiments autant qu'il pouvait en appartenir au dit Billard, après avoir été partagés avec le métayer et aussi la majeure partie de son mobilier, à la condition que le dit François Roger se chargerait de toutes les réparations tant de la chapelle que des autres bâtiments qui seraient jugées nécessaires. » François Roger, successeur de Billard, mourut en 1724. Il avait été chape'ain pendant 47 ans sans avoir fait faire de réparations aux bâtiments de l'hospice ; aussi, après sa mort, les habitants furent-ils obligés de faire saisir la portion des récoltes qui lui appartenait et son mobilier, objets sur lesquels ils avaient un privilège. Alors Jacques Roger, écuyer sic, sieur des Aulnaies, garde du corps du roi, neveu et héritier du chapelain, fit le 21 juin 1725 avec Gilles Daupeley, successeur de Roger comme chapelain, une transaction par laquelle le dit Daupeley s'obligeait à faire exécuter aux bâtiments toutes les réparations nécessaires, moyennant une somme de 330 livres qui lui serait versée par le sieur des Aulnaies. Il en fut de même après la mort d'Edmond Robert Hubert, successeur de Daupeley, décédé en 1782. Son mobilier fut saisi et vendu ; le p-oduit de cette vente fut led590 livres, 8 sous, 6 deniers, somme à même laquelle ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 223 on prit celle qui était nécessaire pour la réparation de l'hospice. Ces faits prouvent que les habitants n'exerçaient aucune surveillance sur la tenue de ces bâtiments. Le sieur Louis Goupil et autres propriétaires de la paroisse de Bray , voyant que le séquestre avait été mis sur les immeubles de l'hospice et, d'un autre côté, que les biens nationaux se vendaient à très bas prix, soumissionnèrent en 1791, une partie des terres de l'hospice de Mortrée, dont ils demandèrent la vente à l'administration départementale. Les habitants y mirent opposition, exposant que cet établissement n'était pas du nombre des prieurés dont la vente avait été autorisée ; mais une de ces maisons destinées au soulagement des pauvres et réservées comme telles par divers décrets. L'administration répondit que, sans rien préjuger, il serait sursis à cette vente et les habitants furent maintenus dans leurs droits. ' Les membres du district d'Argentan firent la même demande au mois de juillet 1796 ; l'administration départementale leur donna la même réponse. Le 11 mars 1798, les habitants firent exécuter à l'un des bâtiments de l'hospice des réparations dont le devis était de 178 livres. L'Hôtel-Dieu de Mortrée rentra en possession de ses biens qui avaient été mis au séquestre en vertu de la loi du 28 février 1801 et des arrêtés des Consuls en dates des 26 juin et 27 août de la même année. Le 15 mai 1804, on avait formé une Commission administrative des biens des pauvres de là commune de Mortrée. Cette Commiss;on, qui fut plus Lard, le Bureau de bienfaisance, demanda l'autorisation de payer annuellement une somme de 260 francs d'autres pièces portent 275 au prêtre qui serait chargé d'acquitter. les fondations créées par les fondateurs de cet établissement. Le sous-préfet d'Argentan réduisit cette somme à celle de 160 francs vu que le revenu consistait seulement en 26 hectares et demi de terre labourable, une maison, cour et jardin, une charrette de foin fané, 2 francs de rente, 2 poules' et 20 oeufs. » Cette réduction fut maintenue par le préfet. On voit par une réclamation formée le 7 novembre 1804 224 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE par les sieurs Pierre-Philippe et Edmond Hubert, membres de la Commission administrative des biens des pauvres, que la fabrique ou la commune aurait tenté de prélever sur les revenus de cet établissement la somme nécessaire au traitement du vicaire de la paroisse. Le conseil de fabrique de l'église de Mortrée, considérant que les fondateurs et bienfaiteurs de l'hospice n'avaient pas eu seulement pour but de secourir les pauvres, mais encore de procurer aux habitants quatre messes par semaine dont une les jours de fêtes et dimanches, et des prières, ces mêmes jours dans l'après-midi, d'assister spirituellement les habitants du bourg et d'instruire gratuitement leurs enfants, charges dont la Commission de bienfaisance ne se préoccupait nullement, le conseil de fabrique, disonsnous, demanda par délibération du 7 mai 1834 à l'administration départementale l'autorisation de poursuivre devant les tribunaux la restitution des biens qui avaient appartenu au Prieuré de Mortrée, et dont le Bureau de bienfaisance s'était indûment attribué la jouissance. » Le Conseil de préfecture, s'appuyant sur un avis du Conseil d'Etat, en date du 12 février 1814, et considérant d'ailleurs que la demande du conseil de fabrique n'était pas fondée, lui refusa par décision du 3 avril 1835, l'autorisation de poursuivre. Chapelle de Saint-Marc La chapelle de Saint-Marc était orientée comme les anciennes églises, c'est-à-dire que l'autel était placé au levant. D'après un devis en date du 5 novembre 1782, dressé par Pierre Gondouin, architecte à Argentan, et François Larcher, architecte à Sées, elle avait les dimensions suivantes longueur 41 pieds, largeur 19 pieds, le tout en oeuvre, hauteur des murs au-dessus du sol 15 pieds, épaisseur 3 pieds. La portion du plancher vers l'autel était une voûte en bois le tiers environ vers le bas de la nef était un plancher plat plafonné, au-dessus duquel se trou- ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 225 vait un grenier réservé- par le chapelain pour y déposer ses grains après qu'ils avaient été battus. On accédait à cette chapelle par trois portes dont la principale, de style ogival, était ouverte au bas du mur du nord vers la rue. Des deux autres situées au midi, l'une près du sanctuaire servait pour le banc seigneurial et l'autre était plus bas. Elle était éclairée par trois fenêtres, une du côté du midi et deux du côté du nord. Il y avait en outre une petite fenêtre ronde au haut et au milieu de l'abside. On voyait adossées au mur de l'abside, près de l'autel, des statues de saint Marc, de saint Luc, de saint Antoine et de saint Roch. Une petite statue de saint Vincent provenant de l'église de Marigny avait été placée dans le' sanctuaire et adossée au mur du midi 1. Cette chapelle était couverte en tuiles et le petit clocher en forme de lanterne l'était en ardoises 2. Elle était sous l'invocation de saint Marc, évangéliste. Quelques personnes, voyant que Gilles du Veyleroy, qui fut chapelain-administrateur de l'Hôtel-Dieu de 1637 à 1662, portait, dans les actes, le titre de Chapelain de SainteAnne, ont pensé que la chapelle de l'hospice avait sainte Anne pour patronne; c'est une erreur. En effet, on lit dans le procès-verbal d'élection de ce chapelain Lesquels seigneurs et habitants ont prié et requis vénérable 1 Il y avait dans cette chapelle, avons-nous dit, une ancienne statue de saint Antoine. La chapelle de Mortrée était sous l'invocation de saint Marc, et tout porte à croire que saint Antoine, d'ailleurs vénéré dans les hôpitaux, était aussi patron spécial de l'Hôtel-Dieu et que la foire qui se tient le 17 janvier à Mortrée avait été érigée comme celle de saint Marc en faveur de l'hospice • qui devait en percevoir les coutumes. 2 La cloche de la chapelle porte cette inscription Fait faire par les habitants, propriétaires présentateurs de la chapelle de Mortrée, en l'an 1787. — Bailly, fecrit. Lorsque*l'église de Mortrée fut bénite et livrée au culte 30 octobre 1834, la chapelle de Saint-Marc fut abandonnée et on cessa d'y. dire la première messe. La cloche fut placée dans la tour de l'église où elle servit à appeler les enfants au catéchisme, jusqu'à l'époque où la tour fut ornée des trois belles cloches qu'on y voit aujourd'hui. La petite cloche de la chapelle, maintenant sans usage, servit longtemps de principal timbre de l'horloge. Le son de cette cloche est si perçant qu'on l'entendait, dit,on, de la croix de Médàvy, dans la forêt d'Ecouves, à trois lieues de Mortrée. - 3 226 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE et discrète personne Gilles du Veyleroy, chapelain de SainteAnne de prendre la dite charge de chapelain-administrateur de la dite Maison-Dieu, sa vie durante..., etc. » Ce qui prouve simplement que du Veyleroy était chapelain de Sainte-Anne avant d'être élu administrateur de l'hospice 1. D'ailleurs des treize chapelains dont nous avons pu retrouver les noms de 1450 à 1790, c'est-à-dire dans l'espace de 340 ans, du Veyleroy est le seul qui ait porté le titre de Chapelain de Sainte-Anne. De plus, il est probable que la foire de Saint-Marc 25 avril qui se tient encore à Mortrée, avait été établie en faveur de cet hospice, qui dans le principe devait en recueillir les coutumes. Quelque temps après le décret du 11 novembre 1793, qui abolissait tous les cultes, la municipalité de Mortrée décida que la halle aux grains tiendrait dans la cUdevant chapelle de Saint-Marc et il paraît qu'elle ne fut rendue au culte que dans les premiers jours de l'année 1796, encore bien que M, l'abbé Lefoul, dernier chapelain-administrateur, eût demandé à ses fonctions sacerdotales le 28 juin 1795. Le dimanche 18 juin 1795, le conseil général du canton de Mortrée, en exécution du décret du 24 juillet précédent, fut installé par le citoyen Lautour, agent municipal d'Argentan, délégué par le district Cette opération dans la quelle fut proclamé pour, maire le citoyen Masson-Desgrandschamps, âgé de 36 ans, eut lieu dans la chapelle Saint-Marc. \ Le samedi 13 mars 1802, M. l'abbé Auguste-JosephDominique Ledangereux, nommé par le gouvernement sur la présentation de Mgr de Boischollet, curé de la commune de Mortrée, fut mis en possession de ce bénéfice par 1 La chapelle de Sainte-Anne, dont Gilles du Veyleroy était titulaire lorsqu'il fut élu chapelain-administrateur de l'Hôtel-Dieu de Mortrée, était située aux Aulnaies. Cette terre qui avait été donnée par les seigneurs d'Alençon à l'Ordre des Templiers passa ensuite aux Chevaliers de Saint-Lazare et de Notre-Dame du Mont-Carmel. Lorsque la chapelle fut supprimée on transféra la statue de Sainte-Anne à l'église de Bray où elle fut détruite par l'éboulement de janvier 1706. La chapelle Sainte-Anne n'existait plus depuis longtemps à l'époque où du Veyleroy fut élu chapelain de Mortrée, mais il en acquittait les fondations et alors il en prit le titre, comme il était" d'usage à l'époque. ESSAI HISTORIQUE SUR .LA PAROISSE DE MORTRÉE 227 M. Jérôme-François. Beuzelin-Duhameau, curé de Marcei, délégué de Mgr l'Evêque. M. Ledangereux prit possession de la paroisse par l'église de Bray qui était la plus grande et la plus décente. Dans l'après-midi du même jour, M. Duhameau mit aussi M. Ledangereux„en possession de la chapelle de Saint-Marc au bourg de Mortrée. Les églises d'O et de Marigny furent fermées ie 23 du même mois les clefs furent déposées à la mairie et on permit seulement d'y faire les inhumations. - Cependant les habitants des sections d'O et de Marigny qui se trouvaient, éloignés de l'église de Bray obtinrent de Mgr l'Evêque que M. Bachelier, qui était rentré de l'émigration et qui ne se trouvait pas placé, fit lés offices dans l'église d'O. Il commença le dimanche l?r août 1802. Mais les partisans de l'intrus constitutionnel troublèrent les offices et insultèrent le prêtre et les assistants pendant trois, dimanches consécutifs et alors . M. Bachelier obtint la permission de faire les offices dans la chapelle de SaintMarc. Cet. état de choses ne dura que peu de temps. M. l'abbé Pierre Langlois -fut nommé vicaire de Mortrée au mois de décembre. Il résida dans le bourg, et dit, à heure fixe; les dimanches et jours de fêtes, une messe basse pour la commodité des habitants de Mortrée et des paroisses voisines, qui, la chapelle se trouvant trop petite, se tenaient dans la rue et même dans les maisons voisines, lorsque le temps était mauvais 1. L'église de Mortrée fut bénite et livrée au. culte le 30 octobre 1834. Alors, M. Ledangereux, ne pouvant plus remplir les fonctions curiales, les deux vicaires, M. Leprieur et 1 Le 15 juin 1830 fut célébré dans la chapelle de Saint-Marc le mariage de Monsieur Jean-Guiguer-Marie-Alexis, comte d'Albon, fils majeur de André-Suzanne, marquis d'Albon, pair de France ; et de Marie-ThérèseEméliede Viennois, de la paroisse de Saint-Romain-de-Popey, canton de Tarare, arrondissement de Villefranche, département des Bouches-duRhône ; et de Demoiselle Marguerite-Thérèse-Emma Duval, fille mineure de Martin Duval, chevalier de la Légion d'honneur, maître des-forges, et de Thérèse Bailly, de la paroisse de La Gévoulde, canton de Breteuil, arrondissement d'Evreux, département de l'Eure. —Le mariage civil avait eu lieu à la mairie du 10e arrondissement de Paris, le 5 du même mois. 228 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE M. Clérambaut, desservirent la paroisse et la chapelle de Saint-Marc fut abandonnée 1. Après avoir servi de magasin, elle fut vendue à M. Leplat-Dumesnil qui la fit démolir en 1855 et la remplaça par diverses constructions. Chapelains. — Administrateurs 2 I. — BLIVET, René, fut élu le 9 octobre 1450. IL — SALLES, Robert, était chapelain en 1483. On lui donna pour coadjuteur, à cause de son âge avancé, le suivant et il continua néanmoins d'habiter la maison de l'hospice. III. — BIGOT, Marin, fut élu coadjuteur de Salles le 1er mai 1505. Il donna à l'hospice, le jour de son élection pour en jouir après sa mort, une rente annuelle et perpétuelle de 40 sous tournois, payable le jour de la SaintRémy 3. IV. — PELLERIN, Gilles, fut élu le 20 janvier 1581. Il donna à l'hospice une rente annuelle et perpétuelle d'un écu tournois, exigible après sa mort, à la condition que ses héritiers pourraient disposer des meubles qu'il aurait laissés à son décès. V. — OGER, Marin, se trouve sur les actes de 1599 à 1635, année où il donna sa démission, ne pouvant plus remplir ses fonctions à cause de son âge avancé. 1 Lorsque la chapelle de Saint-Marc fut abandonnée, on appliqua aux statues des saints qu'elle renfermait et qui, sans doute, n'étaient pas des chefs-d'oeuvres, la règle généralement suivie qui consiste à déposer en terre les objets bénits qui sont hors de service. On en a, depuis, trouvé, des débris dans le jardin du presbytère. 2 Le Pouillé du diocèse de Séez ne donne que les noms des trois derniers chapelains. Les autres nous sont connus par des pièces conservées aux archives de là mairie de Mortrée. 3 Pour trouver un ternie de comparaison qui puisse permettre d'apprécier la valeur de ce legs, nous ferons observer que le boisseau de blé de 11 pots se vendait à Argentan, en 1477, 2 sous 6 deniers, et 3 sous en 1588. ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 229 VI. — LE PIN, Alexandre, prêtre de la paroisse du Repos, fut élu, en remplacement du précédent, le 30 septembre 1635. Il accepta cette place à la condition qu'il serait autorisé à démolir un ancien bâtiment de l'hospice, à en employer les matériaux aux réparations de la chapelle et autres bâtiments, et à vendre à son bénéfice le surplus des matériaux. Il donna sa démission en 1637, pour la cure de Saint-Léger de La Haie. VIL — Du VEYLEROY, Gilles, chapelain de Sainte-Anne, fut élu le 17 mars 1637 et il mourut en décembre 1662. VIII. — BILLARD, François, était chapelain de La Madeleine près de la ville de Séez, lorsqu'il fut élu prieur de Mortrée en 1663. Ce fut sous son administration que les chevaliers et commandeurs de l'Ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de-Jérusalem essayèrent de se faire envoyer en possession de l'Hôtel-Dieu de Mortrée, immeubles, meubles, rentes, etc., prétention dont ils furent déboutés, comme nous l'avons dit plus haut, par un jugement de la Cour des comptes de Rouen en date du 24 avril 1681. — Billard, François, mourut au mois de juin 1677. IX. — ROGER, François, fut élu chapelain le 11 juillet 1677. Etant âgé de plus de 80 ans et malade, il donna sa démission le 17 septembre 1719, en présence des seigneurs et des habitants du bourg qui, le même jour, nommèrent à sa place M. Lefoui-Jourdain qui était vicaire de Bois^ey depuis quatre ans. Mais ce dernier ayant obtenu la cure de Trémont, près Séez, se démit le 9 juin 1720 de ses fonctions de chapelain dans lesquelles il n'était pas du reste encore entré. Le même jour François Roger exposa à l'assemblée que, lorsqu'il avait donné sa démission, il était malade et arrêté au lit, mais que, sa santé étant meilleure, il pouvait, malgré son âge avancé, reprendre ses fonctions et qu'il le désirait ce qui lui fut accordé. Toutefois on lui donna pour coadjuteur Me Gilles Daupeley avec le droit de participer aux revenus de l'Hôtel-Dieu, en proportion des services qu'il pourait rendre au titulaire pendant qu'il vivrait. » — François Roger mourut le 23 juin 1724 à 87 ans. il fut inhumé dans l'église de Bray, l'évêque de Séez n'ayant 230 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE pas permis qu'il le fut dans la chapelle de Mortrée disant que cela tirerait à conséquence pour la cure. X. — DAUPELEY, Gilles, fils ou proche parent de Gilles Daupeley, notaire au bourg de Mortrée, paroisse de Marigny, succéda à François Roger, puis il permuta en 1744 avec le suivant. XL — HUBERT, Edmond-Robert, proche parent de Guillaume et de Louis-Guillaume Hubert, qui occupèrent successivement la cure d'O, de 1714 à 1762, était curé de la paroisse de Sainte-CoIombe-la-Petite canton de Courtomer lorsqu'il permuta le 3 juin 1744, ce bénéfice avec Gilles Daupeley pour la chapellenie de Mortrée. L'acte de collation donné par Mgr Néel de Christot, évêque de Séez, est daté du 6 juin et celui de la prise de possession du 10 du même mois. — Edmond Hubert mourut le 28 septembre 1782, à 1 âge de 82 ans. Il fut inhumé dans le cimetière de Bray le dimanche 29 septembre, en présence de plusieurs prêtres. XII. —- PROVOST, Jacques, fut vicaire de la paroisse de Bra3>- de 1776 à 1779, puis vicaire de Ferrière-Chatellier en 1781, puis chapelain-administrateur de l'Hôtel-Dieu de Mortrée en 1782. Il mourut à l'âge de 36 ans, le 7 janvier 1786. XIII. — LEFOUL, Jean-François, fut ordonné prêtre en 1754 et nommé vicaire de Bray. Nicolas Leroy étant décédé le 1er mars 1756. Lefoul desservit la paroisse pendant un an. Il était vicaire de Damigny aux années 1768-1771. de Saint-Léger de La Haie 1768-1771 et de Crames, annexe d'Urou, près d'Argentan, en 1777. Elu en 1786, chapelain de Mortrée, il fut mis en possession le 17 mars de la même année, par Pierre Ledoyen. curé et doyen de Marcel. Le 17 juin 1787, à l'issue des Vêpres, il bénit la cloche de la chapelle qui avait été refondue et dont le poids avait été un peu augmenté, ce qui avait nécessité une dépense de 21 livres. Le 15 février 1793, M. Lefoul fit à la municipalité la déclaration des blé, seigle et autres céréales qu'il pouvait avoir. ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 231 Le 20 janvier 1797, l'admiristration municipale du canton de Mortrée, conformément au décret du 7 octobre 1796, et à l'arrêté du directoire exécutif du 13 novembre suivant nomma, pour administrer l'hospice, une commission composée de cinq membres. Le 3 février suivant, M. l'abbé Lefoul adressa à cette commission une pétition par laquelle il revendiquait ses droits de chapelain-administrateur. On lui répondit que Les biens des hospices devaient être employés au soulagement des pauvres et non à salarier le ministre d'un culte quelconque. » M. Lefoul fut le dernier prieur de la chapelle de SaintMarc. Il mourut le 31 mars 1797. Pièces justificatives Etat des possessions et revenus de la Maison-Dieu de Mortrée dressé le 8 juin 1682, par François Roger, Chapelain. IMMEUBLES 1° Trois corps de bâtiments dont deux sont des maisons manables ; le reste sert de grange, écurie, cave, etc., avec cour et jardin, le tout contenant une vergée. 2° Deux acres et trois vergées de terre en labour, situées au réage de Guichaumont. 3° Trois vergées de terre en labour, au réage du Boisde Sainte-Anne. 4° Une demi-acre de terre en labour au réage de LaCouplée-de-Boeufs. 5° Sept vergées de terre, au réage de la Fosse. 6° Une demi-acre de terre ou environ au réage de la Fotte. 7° Une demi-acre de terre au réage de'La Fotte. 8° Une acre de terre, au réage des Cailloux. 9° Une vergée de terre, aux Réages. 10° Cinq vergées de terre, au réage du Cupoley. 11° Une acre et demie de terre au réage des Vallées. 12° Une acre de terre, aux Réages. 232 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 13° Une demi-acre aux Carrières de Mare-Ronde. 14° Une vergée, à la Croix-de-Bray. 15° Une vergée de terre, à La Sente-de-Boust. 16° Trois vergées de terre, au réage des Cailloux. 17° Un tiers d'acre de terre, aux Réages. 18° Une acre de terre, aux Réages. 19° Une demi-acre de terre, au réage des Coudrets. 20° Une vergée de terre, au réage de La Butte. 21° Deux acres de terre, au réage des Fosseaux. 22° Une vergée de terre, à Marigny. 23° Une vergée de terre, aux Hautes-Croix de Montmerrei. Toutes ces terres étaient en labour. RENTES EN NATURE 1° La cinquième partie à choisir de la récolte du foin fané du Pré-au-Sage dépendant de la ferme de la Trébucherie. 2° Deux poules et vingt oeufs. RENTES EN ARGENT 1° Julien Beaulavon acte du 15 juin 1682... » 40 » 2° Thomas Rédrel. et Jean Angot, acte du » 1er mai 1679 » 25 » 3° Jean Lefrou et Gilles Gasteclou, reconn » 10 » 4° Michel Goupil, reconn. du 23 octobre 1681. » 8 5° Michel, René-Charles, etc., Polard. Reconn. du 24 mars 1678 » 10 » 6° Léonard Raguène. Recoin, du 23 octobre 1691 » 5 » 7° François Salles. Lots notariés du 27 décembre 1681 » 3 6 8° Charles Defrance. Sentence du 21 juin 1701. » 3 » 9° Gilles Costard ; acte du 5 octobre 1713.... » 40 » Total 144 6 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE- MORTRÉE 233 Le Bureau de bienfaisance profite aussi d'un legs qui fut fait à la paroisse de Bray. Nicolas Leroy, curé de Bray 1721-1756, donna, par acte du 17 juillet 1714, au clergé de Séez, une somme de livres à la charge de la constituer en une rente annuelle et perpétuelle de 100 Jivres pour ê'Lre touchée par une soeur de charité qui serait établie dans la paroisse pour instruire les enfants et soigner les malades. Cette rente n'ayant pas été payée pendant la Révolution, la municipalité, par délibération du 5 janvier 1804, autorisa le maire, dans l'intérêt des pauvres, à faire les poursuites nécessaires pour recouvrer les annuités arriérées et faire renouveler l'acte. - Bray Des trois paroisses, qui, réunies, ont formé celle de Mortrée, la plus importante était celle de Bray. Elle faisait très anciennement partie de la seigneurerie d'Alençon, et elle était le chef-lieu d'un fief important appelé la Quatorzaine de Mortrée qui s'étendait aux paroisses du Cercueil, de Montmerrei, de Saint-Hilaire-la-Gérard, de Tanville et de La Ferrière-Béchet. A quelle époque remontaient cette paroisse de Bray et son église, on ne saurait trop le déterminer. Quelques fragments de colonnes et de chapiteaux trouvés dans les démolitions la feraient bien dater des premiers âges de l'architecture romane, vers le vie ou le vne siècle. En tout cas, il en est fait mention en l'an 1088 dans les chartes de l'abbaye de Saint-Martin de Séez. Le titulaire de l'église était saint Pierre. Elle était d'abord sous le patronage et à la présentation de l'abbé de SaintJean de Falaise, de l'Ordre des Prémontrés. En 1251, ce patronage passa à l'évêque de Séez. En janvier 1706, l'église de Bray fut ruinée par la foudre et la tempête ; en attendant qu'elle, fût reconstruite, le service religieux se fit à Cléray. La nouvelle église, ainsi que le cimetière, fut bénite en 1708 par Thomas Besnard, curé de Saint-Pierre et doyen de Séez, délégué par Mgr Louis d'Acquin. 234 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE Elle était d'architecture très simple trois fenêtres à grandes baies rectangulaires de chaque côté, une tour carrée avec un toit en bâtière caractérisaient l'extérieur. Au dedans, trois autels avec des retables en pierre sculptés Vers 1713 par Jean Turgeot, du bourg de Mortrée. A part ces ornements, l'ameublement de l'église devait être très simple pour ne pas dire très pauvre, si l'on en juge d'après le procès-verbal de visite épiscopale par Mgr Néel de Christot que nous donnons tel, malgré le décousu de certains détails. L'an mil sept cent soixante-quatre, dimanche 12e jour de février, nous Louis François Néel de Christot, Nous étant transporté dans l'église de Bray accompagné du Sieur de Brest, docteur en Sorbonne, grand Chantre, et du sieur Claude Le Riche de Serigny, nos vicaires généraux.. ...où étant arrivés avons été reçus par Maître Le Roy, curé de la dite paroisse Suivent les réponses aux diverses questions. Environ 500 communiants. La nef en mauvais état. 2 amicts et 2 purificatoires, Les encensoirs et la pertintaille. Un curé Le Roy, Nicolas-François. Un prêtre habitué. On chante la grand'messe quand il y a des chantres. Un maître d'école charitable et une maîtresse d'école. Point de vicaire. Sur lequel procès-verbal de visite avons ordonné et - ordonnons comme s'en suit que la nef sera pavée, que l'église et le clocher seront recouverts, qu'il sera fait un confessionnal, qu'on achètera des pales et une étole noire, et puisque, n'étant pas possible de faire décemment l'office dans la dite église .jusqu'à ce qu'elle soit réparée, l'avons interdite et avons transféré l'office en l'église de Cléray. Au surplus, avons ordonné que le calice soit redoré n'ayant plus de dorure dans la coupe, que le cimetière sera clos ; la patène sera pareillement dorée et qu'on achètera un ornement noir. f L. F., évêque de Séez. » ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 235 Au Concordat, les trois paroisses de Bray, O et Marigny, ayant été réunies en une seule sous le nom de Mortrée, en attendant que le bourg qui était divisé entre les trois paroisses eut une église, celle de Bray servit pour les trois sections des anciennes'paroisses. Cet état de choses dura jusqu'en 1834, alors que fut bénite l'église de Mortrée. En 1836, la vieille église de Bray fut démolie et les matériaux furent vendus 1 il n'en resta qu'un pan de mur destiné à clore le cimetière au nord. Ce cimetière où l'on voit encore à peu près toutes les tombes, demeura propriété communale jusqu'au 2 mai 1897, où il fut vendu et racheté par un prêtre pour être préservé de la profanation qui eût pu résulter de l'enlèvement de cette terre sainte et des ossements qu'elle renfermait. Plus tard, une croix 2 de granit fut érigée au même lieu où se dressait jadis la vieille croix en bois du cimetière. Curés et vicaires de la paroisse de Bray CURÉS 1° ERNY, Jean, était curé de Bray en 15053. 2° BIGOT, Marin, mort en 1536. 3° LEFRANÇOIS, Guillaume, en 1536. 4° LECHAT, Egide. 5° DUHAMEL, François, 1er août 1538. 6° NORMAND, Marin, en 1573. 7° GIRARD, Jean, en 1586. 8° GAULTIER, Jean. 9° COMMAYE, Guillaume, en 1594. 10° CADOREL, Jean, en 1596. 1 Des trois retables qui ornaient les autels le grand fut cédé à l'église du Château-d'Almenesches ; les deux autres plus petits, que l'on voit encore aujourd'hui, ornent les deux bas-côtés de l'église de Mortrée. 2 Cette croix fut bénite solennellement le dimanche 3 septembre 1900 par M. l'abbé Charpentier, curé et doyen de Briouze, un des rares survivants de ceux qui avaient fait leur première communion en 1832 qui fut la dernière cérémonie solennelle en l'église de Bray. 3 N'est pas dans le Fouillé. 236 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 11° GOMMOIS, Guillaume. 12° LABBÉ, Claude, en 1597. 13° BOURDON, Charles, en 1598. 14° HUARD, Martin, en 1614. 15° LABBEY, Claude, était curé en 1635. 16° SINGLIN, Antoine, en 1637. 17° LAMY, François, en 1645. 18° DE LA COURSIÈRE, Léon, en 1671. 19°"GoT, sieur de la Bouverie, en 1672. 20° DUFOUR, Louis, en 1689. Le dernier acte dressé par lui est du 4 juin 1695 1. 21° CHÉRADAME, Louis, or;ginaù'e de Mortrée, succéda immédiatement au précédent en 1695. L'église, ruinée par la foudre comme nous l'avons d{t, fut rebâtie en 1708 ; il donna pour les pauvres un capital de 300 livres qui fut constitué en rentes. Décédé le 12 août 1712, il fut inhumé dans l'église par M. le Curé de Saint-Pierre de Séez, grand vicaire de Mgr Turgot de Saint-Clair. 22° MALION, Nicolas, prit possession le 15 août 1712. Ce fut par ses soins que l'église fut décorée de trois beaux autels. Il mourut le 17 septembre 1720 et fut inhumé dans l'église par M. Doucet, curé du Cercueil et doyen de Macé. 23° LEROY, Nicolas, paraît sur les registres le 1er mai 1721 ; il donna par acte du 17 juillet 1747 au clergé de Séez une somme de livres, à la charge de la constituer en une rente annuelle et perpétuelle de 100 livres au bénéfice d'une soeur de la Charité qui serait établie dans la paroisse pour instruire les enfants et soigner les malades. Il mourut le 1er mars 1756, à l'âge de 67 ans ou environ et fut inhumé dans l'église. 24° ALLAIN, François, prit possession le 7 mars 1756. 25° LEROY, Nicolas-François, neveu ou proche parent du précédent, prit "possession le 27 avril 1756 ; décédé le 1er juin 1768, il fut inhumé dans le choeur de l'église par M. Cosnard, curé de Belfonds, ainsi qu'on peut le constater 1 Le Pouillé du diocèse de Secs indique deux autres curés entre Louis Dufour et Louis Chéradame. Ce serait Girard Brivet qui donna sa démission et auquel succéda Pierre-Anne Constantin. ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 237 d'après un acte où il est dit que le jeudi de la Fête Dieu deuxième jour de-juin, le corps de maître Nicolas-François Leroy, curé de cette paroisse, muni des sacrements, décédé .d'hier, âgé d'environ 46 ans, a été inhumé au choeur de l'église de Bray, en présence de plusieurs curés- et ecclésiastiques appelés à son inhumation ». Suivent les signatures de Cosnard, curé de Belfonds ; Roger, curé de La Ferrière ; Lelièvre, curé de Marcey ; Pollard, curé du Cercueil ; Lenoble, prêtre ; Boetard, prêtre. On a signé de Leroy, Nicolas-François, l'acte ci-contre d'examen et réception d'une sage-femme le 9 octobre 1759 Le neuvième jour d'octobre mil sept cent cinquanteneuf^ pour obvier à tous les inconvénients qui pourraient arriver à l'égard des femmes enceintes et à la conservation de leurs enfants, a été présentée Marie Mauny, veuve de Guillaume Thiais, devant Monsieur de Vanembras dans les visites archidiaconales pour être reçue en qualité de sage-femme, laquelle après avoir été interrogée sur ce dit ministère et être jugée suffisamment instruite, a preste le serment la main sur l'Evangile en face de l'église où cette cérémonie a coutume d'être faite, de garder avec fidélité les obligations de cet état. Ce qu'elle a promis faire, en notre présence, prêtre, curé soussigné le jour et an indiqués ci-dessus. LEROY, 1759. » 26° SOREL, Jacques, docteur en droit-canon de la Faculté de Paris, prit possession le 7 juin 1768. Il administra la paroisse jusqu'en 1773, époque à laquelle il donna sa démission. 27° SEVRAY, Pierre, originaire de Mortrée, prit possession le 7 août 1773 et il quitta la cure de Bray au mois d'octobre 1782, époque où il fut nommé prieur des Mézerets 1. Soit que la chapellenie qu'il desservait eût été supprimée, s'oit pour tout autre motif, il revint à Mortrée vers la fin de l'année 1790, 1 Saint-Vigor-des-Mézerets, du canton de Condé-sur-Noireau, arrondissement de Vire Calvados. ! 238 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 28° MARTIN, Charles-Alexandre, fut d'abord vicaire de Marcey. Il était, depuis quelques mois seulement, vicaire de Bray lorsqu'il fut nommé à la cure de cette paroisse au mois de décembre 1782. Lorsqu'on lui demanda de prêter le serment aux lois de la République, conformément à l'article 5 de la loi du 30 mai 1795, il ajouta à la formule prescrite En tout ce qui ne peut porter atteinte à la religion catholique, apostolique et romaine dans laquelle je veux vivre et mourir » et comme cette restriction annulait son serment, il lui fut défendu de reprendre ses fonctions dans l'église de Bray, comme il l'avait demandé. Il est probable que M. Martin se cacha ou partit pour l'exil. On voit en effet que le 21 novembre 1797, le citoyen Martin, ci-devant curé de Bray, et Roger, ci-devant curé de La Ferrière-Béchet, sont signalés comme émigrés, et on indique, pour les faire porter au séquestre, les biens que le dit Roger possède dans la commune de Mortrée. On croit que M. Martin fut, après la Révolution, desservant de la commune de Ticheville, canton de Vimoutiers. 29° LEDANGEREUX, Auguste-Joseph-Doininique, né dans la paroisse de Clérai, fut desservant de cette paroisse, la cure vacante, pendant les années 1786 et 1787 1. A l'époque de la Révolution, il était prêtre habitué de la paroisse de Clérai. Resté fidèle au Saint-Siège apostolique, il refusa de prêter serment à la Constitution civile du clergé et il émigra en Angleterre. Nommé par Mgr de Boischollet, de concert avec le préfet, à la cure de Mortrée, il prit possession de ce bénéfice par la cure de Bray et fut installé le samedi 13 mars 1802 par M. Jérôme-François Beuzelir-Duhameau 2, curé de Marcei, délégué de Mgr de Boischollet. Dans l'après-midi 1 M. Ledangereux était fils de Thomas Ledangereux et de MarieJeanne Gourdel, laquelle dame était originaire de la 'ville de Falaise. 2 M. Beuzelin-Duhameau était, avant la Révolution, prieur et non abbé du monastère de !a Croix-Rouge à Paris comme on l'a gravé sur sa tombe. Nommé curé de Marcei en 1802, il mourut dans cette paroisse le 23 septembre 1808, à l'âge de 61 ans. ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 239 du même jour, M. Duhameau le mit aussi en possession de la chapelle de Saint-Marc, au bourg de Mortrée. Le prooès-verbal de son installation porte que les cidevant églises d'O et de Marigny seront fermées le 23 du même mois, que les clefs en seront déposées à la mairie et qu'on y fera seulement les inhumations provisoirement. Le presbytère de Bray et ses dépendances avaient été achetés par M. Thomas Ledangereux qui habitait, tout auprès de l'église, une propriété qu'il tenait du chef de dame, Louise-Françoise du Buisson du Parc, son épouse. M. Ledangereux aurait volontiers cédé le presbytère à la commune, mais lorsque son frère fut nommé curé de Mortrée, celui-ci préféra habiter avec safamille sa maison de La Perrière, située sur la commune de Clérai, quoiqu'elle fut éloignée de l'église. . < M. Ledangereux mourut à Clérai, à l'âge de 75 ans, et il fut inhumé dans le choeur de l'église de cette ancienne paroisse. On lit sur la table de marbre noir ou d'ardoise qui recouvre le lieu de sa sépulture, l'épitaphe suivante Ici repose le corps de Auguste-Joseph-Dominique Ledangereux, décédé à Clérai, curé dé Mortrée, le 31 mai 1836, à l'âge de 75 ans. Sa mort a causé de justes regrets à sa famille et à ses paroissiens. Priez Dieu pour tous priez tous pour lui. » - . VICAIRES 1° BLAISCHER, Michel, après avoir été vicaire de la paroisse d'O de 1679 à 1682, fut appelé à remplir les mêmes fonctions à Bray dans cette dernière année. 2° BÉZIER, Louis, originaire de Bray, paraît comme vicaire en 1727 et il en remplit les fonctions jusqu'en 1751. Il continua cependant à résider dans la paroisse où, comme prêtre habitué, il rédigea un grand nombre .d'actes. Nommé vicaire de Neauphes, près Séez, en 1755, il n'occupa cette place que pendant deux ans ou environ, puis il revint à Bray où il mourut en odeur de sainteté », disent les registres de la paroisse, le 28 décembre 1788. 3° LELONG, Jérôme, issu d'une honorable famille de 240 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE Bray, fut vicaire de 1751 à 1752. Il mourut le 14 février 1753. ' •* - 4° THOMMERET, Julien-Charles 1753-1754. 5° Lefoul, Jean-François, né à Bray, fut vicaire de cette paroisse de 1754 à 1757, puis de Damigny de 1758 à 1763, puis de Saint-Léger-de-la-Haye de 1768 à 1771. Il était vicaire de Crames, annexe d'Urou, près d'Argentan, en 1777. Enfin il fut élu chapelain-administrateur de l'HôtelDieu de Mortrée en 1786, fonctions qui lui furent enlevées par la Révolution. 6° BQËTARD, François, né en la paroisse d'O, fut vicaire de la même paroisse de 1736 à 1754, puis de Boissey de 1760 à 1762, puis desservant de Marigny, la cure vacante, en 1763, puis vicaire de Bray de 1766 à 1767, puis prêtre habitué de l'église d'O. Il mourut en sa maison au Marais de Bonain, le 24 septembre 1778. 7° ROUSSEL, N. 1771-1775. 8° LAUTOUR, N. 1775-1776 1. 9° PROArosT, Jacques, né à Bray en 1750, ordonné prêtre eh 1776, fut nommé vicaire de la paroisse dans la même année. Il en remplit les fonctions jusqu'en 1781 où il fut nommé vicaire de Ferrières, puis il fut élu en 1782 chapelainadministrateur de l'Hôtel-Dieu de Mortrée où il mourut à l'âgé de 36 ans, le 17 janvier 1786. 10° MARTIN, Alexandre-Charles, nommé vicaire en 1782, obtint la cure dans la même année, comme nous l'avons vu plus haut. Terre des Aulnaies La terre des Auhiaies dont le nom se trouve aussi écrit Les Aulnays et Les Aunes, située sur la paroisse de Bray. faisait partie du plein fief de la Quatorzaine de Mortrée. 1 M. Lautour était fils de Jean-Jacques, conseiller du roi, substitut aux juridictions royales d'Argentan, et de Marie Graucher. II était frère de LouisCézar Lautour-Mézeray, notaire à Argentan et maire sous l'Empire, dont le fils, Louis Lautour, fut notaire honoraire, maire d'Argentan, membre du conseil général de l'Orne et chevalier de la Légion d'honneur. ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 241 Cette terre, d'après la tradition, appartenait anciennement aux Templiers. Tout porte à croire qu'elle leur fut donnée par les seigneurs d'Alençon, propriétaires de la terre de Bray. Cet Ordre ayant été supprimé en France par le roi Philippe-le-Bel 1310-1311, et aboli par le pape Clément V en 1312, à la suite du concile de Vienne en Dauphiné, les biens qu'ils possédaient furent confisqués par le gouvernement et donnés progressivement à d'autres ordres religieux et notamment aux chevaliers de Saint-Lazare de Jérusalem 1. C'est, ainsi que le roi Louis XIV, voyant qu'il n'y avait plus de lépreux dans ses états, attribua, par édit de décembre 1672, les léproseries, maladreries et autres établissements de ce genre aux chevaliers de SaintLazare. On voit encore aux Aulnaies des vestiges de cet ancien établissement. On y a trouvé les murs de fondation de deux tours, des aqueducs souterrains, etc. Il semblerait d'après l'inspection de ces restes que cet établissement des religieux de Saint-Lazare devint plus tard le manoir de la baronnie seigneuriale des évêques de Séez et dont nous trouvons la description dans le devis ci-après des réparations à y faire; conservé aux Archives de la Préfecture,' à Alençon, et c'est là l'origine de cette dénomination des Aulnays-VEvêque qui "désigne aujourd'hui ce village. ' ' ' ; Les AuInays-l'Evesque 'au Bray. Veu la maison-seigneurialle de la baronnie des Aulnays . l'Evêque située paroisse du Bray, éloignée de deux lieues de la ville de Séez, nous convenons qu'elle consiste dans un corps de bâtiments ayant 22 toises de longueur sur 12 à 20 pieds de largeur sous différents faîtages, composé de plusieurs appartements et deux étages, une chapelle de 1 Les chevaliers de l'Ordre de Saint-Lazare commencèrent à Jérusalem par des chrétiens d'Occident qui s'établirent dans la Terre Sainte. Ils exercèrent d'abord la charité envers les lépreux et ils prirent ensuite les armes pour la défense des chrétiens et des pèlerins. Chassés dans la ^suite de la Terre Sainte, ils se retirèrent en France. Cet ordre fut un Là celui de Notre-Dame du Mont-Carinel par édit dû 31 octobre 1608. 242 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 43 pieds de longueur sur 20 de largeur au côté de laquelle il y a une gallerie, une cour avancée, un jardin au derrière, aux deux angles du bas duquel il y a deux tourelles, le tout fermé de murs et clôtures. Un autre bâtiment dans la basse-cour ayant 18 pieds de longueur hors-d'ceuvre composé d'une grange et de deux étables qui était l'appartement du fermier. Les dits bâtiments construits de murs, couverts de tuille. Une autre grande cour au dedans de laquelle il y avait mie fuye dont il ne reste plus que les fondements. Un autre jardin clos de murs et nommé la garenne. Faisant la visite des dites choses, nous avons remarqué que pour récrépir et réparer les murs de la maison principale, rétablir le degré, y fournir huit pieds de marches, ce qui sera compté pour sept toises de gros murs valant soixante et dix livres, lesquelles choses sont négligées de leurs réparations depuis vingt-cinq années environ, ci » Suit l'estimation de toutes les réparations à faire en 29 articles desquels le total s'élève à la somme de livres 10 sols. La chapelle des Aulnaies était sous l'invocation de sainte Amie. Gilles du Veyleroy en était titulaire, lorsqu'il fut élu le 17 mars 1637 chapelain-administrateur de l'HôtelDieu de Mortrée, comme on le voit d'ailleurs par les anciens titres de cet hospice. On peut remarquer que le procèsverbal de son élection porte simplement Chapelain de Sainte-Anne. Il était en effet inutile de désigner le lieu où cette chapelle était située puisqu'elle se trouvait, comme l'Hôtel-Dieu de Mortrée, sur la paroisse de Bray. Lorsque la chapelle des Aulnaies fut supprimée, on transporta la statue de sainte Anne à Bray où elle fut détruite par l'éboulement de l'église au mois de janvier 1706. Ce fut pour perpétuer le culte de cette sainte qu'on fit placer dans la nouvelle église un autel avec un retable représentant en bas-relief sainte Anne instruisant la Sainte Vierge. Ce retable se voit aujourd'hui au bas du collatéral droit de l'église de Mortrée. C'est pour le même motif que M. l'abbé Delaunay, curé-doyen de Mortrée et chanoine honoraire du diocèse, a fait ériger au-devant du premier pillier de droite du choeur une belle statue de la même sainte. ESSAÎ HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 243 La chapelle des Aulnaies devait être autrefois ce qu'on appelait une chapelle curiale, c'est-à-dire que son chapelain devait avoir des droits curiaux dans le voisinage. Nous voyons en effet que les registres de l'état civil pour l'année 1766 sont délivrés pour la paroisse de Bray, celle des Aulnaies comprise et Nicolas-François Leroy, curé de Bray, mort en 1768, dit dans quelques actes qui concernent les Aulnaies de la paroisse des Aulnaies, annexée à la nôtre. » Si l'église de Mortrée a été mise sous l'invocation de saint Pierre parcç qu'il était patron de Bray et de Marigny, et de saint Martin, patron d'O, sainte Anne pourrait pour le même motif partager le patronage de cette église. Il y avait autrefois à Mortrée une foire, dite de SainteAnne, qui se tenait le 26 juillet et qui a été remise au jeudi précédent. Tout porte à croire qu'elle avait été érigée e 1 faveur des religieux des Aulnaies qui devaient en percevoir la coutume. Enfin on trouve dans l'ancienne commu/ie de Bray plusieurs réages du nom de Sainte-Anne ou du Bois de Sainte-Anne. Ces terres pouvaient avoir fait partie de celle des Aulnaies La chapelle des Aulnaies avait anciennement une statue de saint Léonard de Noblac qui, lors de la suppression de cette chapelle, fut transférée à Bray. Ce saint était en effet particulièrement vénéré par les religieux de cet établissement qui portaient le plus grand intérêt aux prisonniers. La statue de saint Léonard, transférée des Aulnaies à l'église de Bray, disparut-elle dans l'éboulement de janvier 1706 dont nous avons paclé plus haut ? On l'ignore ; niais dans le cas même de cette supposition, elle ne tarda pas à être remplacée et, après que l'église de Mortrée eut été livrée au culte 30 octobre 1834, on la plaça, provisoirement sans doute, sur l'appui d'une des fenêtres de la chapelle de Saint-Joseph resta jusqu'en 189... Elle était en pierre, sans peinture et elle avait un mètre de hauteur environ. Auprès de cette statue, était une chaîne en fer de dixhuit anneaux allongés, attachés à un cercle de même métal que les religieux des Aulnaies tenaient, dit-on, d'un captif qui avait été délivré par l'intercession de saint Léonard. 244 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE Les parents dont les enfants ne marchaient pas à l'âge ordinaire, soit qu'ils fussent noués, comme on dit vulgairement, c'est-à-dire atteints d'o^tromalasie, soit pour toute autre cause, pensant qu'ils étaient retenus par quelque lien invisible, faisaient des pèlerinages à saint Léonard et ils portaient leurs enfants qu'on faisait passer dans la chaîne dont nous venons de parler. Cet usage a été suivi de temps immémorial il existe encore aujourd'hui, et des personnes dignes de foi disent avoir été ainsi soulagées. Marigny La paroisse de Marigny faisait autrefois parti de l'archidiacoïié du Houlme et du doyenné d'Ecouché. L'église dont il est fait mention dès le xr 3 siècle paraît même antérieure à cette époque par le genre de maçonnerie que l'on remarque encore dans les restes des murs opus spicatum . Elle fut le centre de la paroisse de même nom jusqu'au Concordat qui réunit en mie seule à Mortrée les trois paroisses de Bray, 0 et Marigny. Cette église mesurait dans oeuvre 60 pieds de longueur sur 20 pieds de largeur. A l'intérieur, outre le maître-autel, on en voyait deux autres, l'un dédié à la Sainte Vierge et l'autre à saint Etienne. Il y avait aussi une statue de saint Vincent. Cette église était sous le vocable de saint Pierre, prince des apôtres. Le patronage de l'église avait été donné à l'abbaye de Silly-en-Gouffern, de l'ordre des Prémontrés, partes anciens seigneurs du lieu qui, en cédant aux religieux le patronage utile ou- productif, avaient réservé le patronage honoraire. Le temporel de la cure et les dîmes étaient assez importants, du moins relativement à l'étendue de la paroisse. La paroisse fut -longtemps desservie par des religieux de rabbaj^e de Silly qui ne touchaient que la portion congrue et qui furent, plus tard, remplacés par des prêtres séculiers. La population de la commune de Marigny devait être autrefois plus nombreuse qu'elle n'est aujourd'hui. Nous voyons en effet qu'en l'année 1719 on comptait 10 naissances et 15 décès. ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 245 ' L'église de Marigny fut démolie en 1832, d'après une délibération du Conseil municipal de Mortrée en date du 10 mai 1831 dont voici la teneur 10 mai 1831. Démolition de l'église de Marigny et plantation du cimetière. Le dix mai mil huit cent trente et un à la Mairie de Mortrée le Conseil municipal réuni en session ordinaire sous la présidence de Monsieur Digeon, maire présent, MM 1° Boëtard Louis-Marin, 2° Hapel-Laehesnaye, 3° Radiguey-Longchamp, . 4° Oger, 5° Lorel-Deslongrai, 6° Lefoul-Lamotte, 7° Dumont, 8° Thorel, celui-ci secrétaire, a pris la délibération suivante . Considérant que l'église de Marigny abandonnée depuis la réunion de cette commune à celle de Mortrée qui a eu lieu l'an deux de la République, se dégrade au point expresse, est prête à tomber en ruines, le toit étant presque tout écroulé ; - - Considérant que le cimetière qui entoure cette église a servi aux sépultures des morts de la section de Marigny jusqu' et que tous les habitants de cette section désirent que ce lieu de repos de leurs parents et amis soit è, jamais respecté ; s _ . - Considérant qu'il vient d'être, établi un cimetière central proche le bourg de Mortrée, et que, dès lors, celui de Marigny devient inutile; . Pour ces motifs le Conseil municipal est d'avis unanime que , , 1° L'église de Marigny soit démolie et que les matériaux en soient vendus aux enchères publiques, d'après un devis qui en sera dressé par lé sieur Pépin, entrepreneur de bâtiments à Montmerrei que le Conseil désigne à cet effet. 246 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 2° Le cimetière soit conservé, que la clôture en soit réparée afin que les bestiaux ne puissent y arriver et qu'il soit planté d'arbres verts ainsi que l'emplacement de l'église afin que ce lieu présente un aspect plus respectable et plus imposant ; que les tombes et les inscriptions soient conservées dans leur état actuel afin que les parents et amis puissent aller visiter et honorer la dernière demeure de ceux sur les tombes desquels ils ont fait placer des signes distinctifs. » Malheureusement cette délibération si sage tomba en oubli et vers 1890 les sapins plantés en 183,2 furent abattus et en 1897 le terrain lui-même du cimetière fut mis en vente. C'est alors que, pour ne point laisser profaner cette terre bénite, afin de respecter les ossements des morts qui y reposent et d'empêcher qu'ils soient transportés et dispersés à travers la campagne, ce cimetière a été racheté avec l'intention de le laisser intact dans l'état où il se trouvait. On a cru ainsi mettre en exécution dans la mesure du possible les désirs exprimés dans la délibération ci-dessus et répondre aux voeux de tous les habitants du quartier dont les ancêtres reposent dans ce cimetière. Et c'est pour accentuer et rappeler davantage cette pensée du cimetière qu'une croix y a été élevée au lieu même où tant de fois le Sang de Notre-Seigncur Jésus-Christ coula sur l'autel au Saint-Sacrifice en faveur des défunts qui dormaient dans le cimetière auprès de l'église. Car on s'est demandé pourquoi cette croix a été placée à une extrémité et non au centre du cimetière. C'est parce qu'elle occupe la place de l'autel de' l'ancienne église de Marigny. Le Droit Canonique et les prescriptions du saint Concile de Trente veulent que si une église est démolie pour n'être pas reconstruite au même lieu, son terrain soit respecté et qu'une croix y soit érigée. Cum facultate tam dictas parochiales quam alias dirutas in projanos usus, non sordides, erecia t'amen ibi cruce, converlendi Sess. c. 7 de Rejorm. Cette croix a été bénite solennellement en présence de toute la population en la fête de Noël 1898, jour de la clôture d'une mission donnée à Mortrée. ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 247 Guréset Vicaires de la Paroisse de Marigny i CURÉS I. — DE BERNARD, Pierre, écuyer, sieur de Marigny, était depuis longtemps curé de Marigny lorsqu'il donna sa démission en faveur du suivant. Il mourut le 3 février de l'année 1700 et fut inhumé dans le choeur de,l'église. IL — DE BERNARD, Pierre, neveu ou proche parent du précédent, lui succéda ; nous ignorons à quelle époque, vu que les registres les plus anciens ne remontent qu'à l'année 1693. Il mourut le 20 décembre 1722, âgé de 63 ans ou environ et fut inhumé dans le choeur de l'église par JacquesFrançois Brière, curé de Boissei et doyen d'Ecouché. III. — DE BERNARD, Jacques, prit possession au mois d'avril 1725 et mourut en 1732. ' / IV. — DE BERNARD, René-Louis, succéda au précédent au mois d'octobre 1733. Sous son administration, Jacques de Bernard, son proche parent qui était curé de Boissey depuis l'année 1740, mourut à Marigny, le 29 juillet 1749 et fut inhumé dans l'église. René de Bernard mourut le 6 avril 1753 et il fut inhumé dans l'église, par Pierre Letellier curé de Boissey. V. — GUILBERT DU MAZÉ, Jacques, prit possession de la cure au mois de novembre 1754. Il mourut le 10 mars 1755 à l'âge de 32 ans et fut inhumé d,ans le choeur de l'église, par Julien Ozanne, curé de Saint-Loyer. Après sa mort, la cure fut desservie par Louis Hubert, puis par Gervais Guillaume. VI. — LUSURIER, Michel, paraît sur les registres le 18 avril 1756. Il mourut le 17 mai 1763 âgé de 37 ans ou environ, et fut inhumé dans le choeur dé l'église, par Lelièvre, curé de Marcei, qui plus tard, prêta le serment constitutionnel. 1 Ils nous sont connus par les registres de la mairie. 248 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE VII. — VAUDORÉ, Jacques, curé d'Aunay-les-Bois nommé à la cure de Marigny, ne fit, pour ainsi dire, que passer dans cette paroisse. Il mourut le 28 juillet 1763 et fut inhumé dans le choeur de l'église, par Lelièvre, curé d,e Marcei. Après sa mort, la cure fut desservie par François Boetard, prêtre de la paroisse d'O. VIII. — DANNE, Jean, prêtres des environs d'Hareourt, passait un jour à la Petite-Mortrée, où il s'arrêta dans une des auberges qui se trouvaient sur le grand chemin d'Argentant à Séez. Là, ayant remarqué qu'on sonnait longtemps à une église voisine, il en demanda le motif. On lui dit que c'était la mort de M. Vaudoré, curé de Marigny. Alors il s'informa de ce que pouvaient valoù' de revenu, le temporel et les dîmes, et sur le rapport qu'on lui fit, il postula pour ce bénéfice, auquel son titre de Gradué » lui donnait droit, et fut nommé à cette cure dont il prit possession au mois d'avril 1764. L'église et le cimetière de Marigny furent interdits le 1er avril 1766, par ordre de Mgr Néel de Christot, évêque de Séez ; mais les registres de la mairie n'indiquent ni le motif ni la durée de cet interdit. M. Danne mourut le 8 juin 1785, à l'âge de 65 ans et son corps fut inhumé au cimetière 1. L'inhumation fut faite par M. du Moulin de Grandchamps, curé de Saint-Loyer et doyen d'Ecouché. IX. — MORICE, Gabriel, né le 12 mai 1726, était issu d'une ancienne et honorable famille de Marigny, dont le nom se rencontre sur divers actes, pendant pi'ès de trois siècles. Il était vicaire de Goulet, lorsqu'il fut nommé à la cure de Marigny, en 1785. Gabriel Morice fut le dernier curé de Marigny. 1 Une déclaration du roi en date du 19 novembre 1776, défendait d'inhumer dans les églises et dans leurs accessoires. .. ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 249 VICAIRES 1° HÉBERT, Daniel, était vicaire en 1690. Il mourut le 17 mars 1717 et fut inhumé au cimetière. 2° DAUPELEY, Gilles, fils de Gilles, notaire au bourg de Mortrée, commune de Marigny, fut vicaire en 1717. En 1720, coadjuteur de François-Roger, chapelain-administrateur de l'Hôtel-Dieu de Mortrée et, en 1724, titulaire de ce bénéfice. 3° SERÉE, P., 1720-1722. - 4° LECOQ, L.,. 1722-1724. ' '' 5° RADIGOIS, 1724-1725. 6° BARBAULT, François-Louis, 1725-1728. 7° VIEL, Nicolas-Rolland, 1728-1729. " 8° DE LA LANDE, Jean-Baptiste, 1729-1729. 9° VIEL, de nouveau, 1729-1743. 10° LIARD, Achille, 1743. Mort le 9 février 1781, à l'âge de -56 ans, il fut inhumé dans l'église par M. Courmesnil, curé de la paroisse. de Saint-Cyr-la-Rosière, diocèse de - Lisieux. ; 11° VENDEL, Michel, 1571-1754. 12° DE CHEUX, 1754. 13° GUILLAUME, .Gervais, 1755-1756. 14° CHESNAYE, R., 1757-1758. 15° SICARD, 1759. 16° BOETARD, François, 1763-1767. Il fut chargé par l'évêque de rédiger un grand nombre d'actes qui avaient été oubliés 1. .17° LE VAVASSEUR, 1777. 18° DE HAUSSEY, 1780. 19° LE SAULX, 1784. 20° CUVIGNY, 1789-1790. . 21° MORICE, JeaWGabriel, fils de Jean-Louis Morice et de Françoise Bourget, naquit à Marigny, le 5 février 1761, fut baptisé le lendemain et nommé par Gabriel Morice, 1 Jean Danne, qui fut curé de 1764 à 1785, rédigea seul les actes, ce qui fait que ses vicaires noifs sont peu connus. 250 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE prêtre, son oncle, et par Marie-Jeanne Bourget, épouse de Jean-Baptiste-Nicolas Pelletier, sa tante, au maternel de la paroisse de Cuy, près d'Argentan. Nommé en 1790 vicaire de la paroisse de Marigny, dont son oncle était curé, il fut nommé curé de celle de Nonant, qu'il desservit jusqu'à l'application du décret du 11 novembre 1793, par lequel tous les cultes furent supprimés et leurs ministres, privés de leur traitement. Il vint à cette époque demeurer dans sa famille à Marigny, sans exercer le ministère. Cependant, M. Jérôme-FrançoisBeuzelin Duhameau,- curé de Marcei, étant décédé le 23 septembre 1808, M. Ledangereux, curé de Mortrée, engagea M. Morice à accepter cette desserte ce qu'il fit. Le presbytère de Marigny, ayant été vendu pendant la Révolution, M. l'abbé Morice continua d'habiter à Marigny la maison paternelle où il mourut le 8 novembre 1832. Il fut inhumé dans le cimetière de Marcei, où on voit sa tombe, avec une épitaphe entièrement effacée. O La paroisse d'O ou Oth, paraît être d'origine saxonne. On la trouve vers l'an 1100 dans Orderic Vital. Elle figure parmi les propriétés que Robert, Hughes et Ernauld, fils de Robert de Grandmesnil, donnèrent en 1050 à l'église d'Ouche, pour le salut de leur âme. Elle obtint donc au lieu qu'on nomme Oth », l'église avec toute la dîme et la terre du presbytère plus un terrain labourable de 3 charrues. La paroisse d'O faisait, avant la Révolution, partie de l'archidiaconé du Houlme et du doyenné d'Ecouché. Son église était sous l'invocation de Saint-Martin, évêque de Tours, et sous le patronage de l'abbé de Silly. Elle était située entre les jardins du château et le chemin tendant à Médavy. Elle avait une chapelle seigneuriale qui fut pendant longtemps desservie par un chapelain et sous laquelle était un caveau funéraire. < Le 7 décembre 1792, eut lieu dans l'église d'O, l'assemblée des habitants, pour l'élection du corps municipal. Le 28 octobre 1793, on descendit..une des cloches qui fut ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 251 envoyée au district d'Argentan, avec le plomb de deux cercueils qui se trouvaient dans le caveau de la chapelle seigneuriale. Tous les cultes ayant été abolis par le décret du 11 novembre 1793, l'église d'O fut choisie pour les réunions des assemblées communales, et le 8 mai 1794, on plaça au-dessus de la porte principale, cette inscription écrite en gros caractères Temple de la Raison. Les communes de Bray, d'O et de Marigny ayant été réunies par décret du 25 juillet 1794 6 thermidor, an XI, pour former sous la dénomination de Mortrée, le chef-lieu du canton, toutes les assemblées communales et cantonnâtes se firent dans l'église-d'O. Nous rappelons que les cantons organisés par la loi de 1790, furent plus nombreux qu'ils ne sont aujourd'hui. Ainsi le canton de Mortrée ne comprenait que les communes suivantes Mortrée, La Bellière, Boissei, Francheville, Médavy, Le Repos, Montmerrei, Saint-Christophe et Vrigny. Les mariages ne furent célébrés pendant quelque temps qu'au chef-lieu de canton. Comme les réunions cantonales étaient souvent tumultueuses et que les personnes qui y prenaient la parole avaient parfois de la peine à se faire entendre, l'assemblée décida, le 4 mai 1799, qu'on prendrait, en la payant à dire d'experts, la chaire de l'église de Médavy, pour la placer dans celle d'O, où elle servirait de tribune aux orateurs. L'église portait à l'époque le nom de Temple de la Décade ». M. l'abbé Ledangereux ayant été nommé, conformément au Concordat, curé de la commune de Mortrée, le conseil décida, -dans sa réunion du 11 mars 1802, que l'église de Bray .servirait provisoirement d'église paroissiale, comme étant la plus grande et la plus décente que M. l'abbé Ledangereux, en serait mis en possession le 13 ; que les églises d'O et de Marigny seraient fermées le 23 ; que les clefs seraient déposées à la mairie et qu'on y ferait provisoirement les inhumations. " Cependant, les habitants des sections d'O et de Marigny voyant, qu'éloignés de l'église de Bray, il leur était pénible d'assister à la messe, vu qu'il n'y avait pas de vicaire, prièrent Mgr de Boischollet, évêque de Séez, de bien vouloir 252 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE autoriser M., l'abbé Bachelier, à dire la messe et, à faire les offices dans l'église d'O ; ce qui leur fut accordé. Le maire conformément à une circulaire du sous-préfet, retira les clefs de l'église des mains du prêtre constitutionnel, qui avait obtenu la permission d'y dire la messe, et il les remit à M. l'abbé Bachelier. Ce dernier commença à faire l'office le 1er août 1802. Ce jour même, les partisans de l'intrus jetèrent par terre, pendant la messe, l'eau qui servait pour le baptême et ils cassèrent le vase qui la contenait. Le dimanche suivant, ils s'assemblèrent dans le cimetière et l'un d'eux frappa le sacristain qui sonnait la messe. Huit jours plus tard, ils s'emparèrent de force des livres qui servaient à l'exercice du culte et dans le courant de la semaine, ils déposèrent devant l'église, un vase rempli de son, un autre rempli de sang et une tête de boeuf ; remplirent la serrure de pierres et de clous et enduisirent la porte avec des immondices ; et comme ils menaçaient de continuer à insulter le culte, le prêtre et les assistants, Monseigneur l'Evêque, ordonna à M. Bachelier de faire les offices au bourg de Mortrée, dans la chapelle Saint-Marc. D'après le rapport du maire, les perturbateurs se citaient autorisés par des désordres semblables qui se passaient à Marcei et à Ecouehé. Mais après que le curé d'Ecouché, eût été mis en prison, les partisans de l'intrus restèrent tout à fait paisibles. Ce fut vers la même époque qu'on enleva une inscription portant Le peuple français reconnaît l'existence d'un Etre Suprême », laquelle inscription avait été placée, en exécution du décret du 7 février 1794 et avait coûté 12 livres Elle était au-dessus de l'entrée principale de l'église. L'église d'O fut achetée, ainsi que le cimetière, le 4 novembre 1809, par M. Charles-Valentin Roques,-propriétaire du château. On voit encore aujourd'hui l'ancien if du cimetière. Le prix de ces deux objets fut de 4020 livres. Voici la description que donne de cette église qui, à l'époque, servait de magasin, un titre du chartrier du château, daté de l'année 1816 C' construction ancienne, avec éperons saillants, de 29m75 de longueur. Elle a, d'un côté, six croisées et une petite porte, et, de l'autre, cinq ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 253 croisées. La couverture est en tuiles. En avant, un porche sous lequel est l'entrée une porte à deux vantaux. Audessus du porche, l'ancien clocher qui est carré et qui se - termine par une portion également carrée, laquelle est couverte en ardoises et surmontée d'un clocheton avec girouette. Des poiriers et des pêchers sont plantés entre les éperons... etc. » Il est probable d'après cette description, que la chapelle seigneuriale et la sacristie, avaient été démolies et que ce qui est appelé éperons, étaient des contreforts. Quant à l'emplacement de cette église, on pourrait le préciser, si, comme on le dit, les fonts baptismaux qu'on voit, à quelques mètres et à droite de la chapelle actuelle sont "toujours restés à la place qu'ils occupaient primitivement-. On voit dans l'emplacement de l'ancien cimetière, une sorte de tumulus recouvert d'arbres ce tumulus renferme les nombreux ossements qui furent mis à découvert par les, terrassements pratiqués pour la fondation des murs et le nivellement du terrain. -. Curés et Vicaires de la Paroisse d'O CURÉS L^— GAUTHIER, Gervais, était curé d'O, .en 1585. II. — GASCOIN, Raven, était curé en 1628 et il avait aussi le, titre de prieur de Sainte-Croix. ' On le trouve encore en 1639, mais les registres manquent depuis cette époque jusqu'à. 1666. III. —ÀUBRY, Jean, curé en 1666, mourut le 24 novembre 1669 et fut inhumé par François Bachelier, prêtre d'O, en présence de Christophe Aubry, son frère, et de Pierre Collée, vicaire d'O et chapelain de la chapelle seigneuriale. IV. — AUBRY, Christophe, frère du précédent, lui succéda, et ne paraît plus après l'année 1686. 254 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE V. — MASSÉ, Toussaint, bachelier en théologie de la Faculté de Sorbonne, succéda au précédent et fut doyen d'Ecouché. On ne le trouve plus après l'arinée 1690. VI. — MALBOUT, François, fut curé de 1690 à 1707. VIL — MOREAU, Geoffroy, succéda au précédent et fut curé jusqu'en- 1714. VIII. — HUBERT, Guillaume, prit possession en 1714 et fut doyen'd'Ecouché en 1737. Il était âgé de 75 ans environ, lorsqu'il céda sa cure enl756, à Louis-Guillaume Hubert, son neveu. Décédé au presbytère d'O, le 20 avril 1768, à l'âge de 77 ans, il fut inhumé le lendemain dans le choeur de l'église par J. Roussel, curé de la Perrière, au Perche, en présence de Pierre Richard, curé de Boissey et de MarinJacques Lenoble, vicaire d'O. IX. — HUBERT, Louis-Guillaume, était, depuis deux ans, vicaire de la paroisse d'O, lorsqu'il prit possession de la cure le 8 avril 1756. Il mourut le 14 mars 1762, à l'âge de 54 ans et fut inhumé dans le choeur de l'église, par Lenoble, vicaire. X. •— LONGUET, N.,' succéda au précédent en 1762. Son acte de décès ne se trouvant pas sur les registres qui, à l'époque, étaient tenus assez exactement, il est probable qu'il passa à une autre place. XI. — QUINION, Edme-Clair, fils de Charles et de Catherine Lami, prit-possession le 19 septembre 1775. Le 2 juin 1776, il fit faire la première communion à 52 enfants, au nombre desquels se trouvaient 27 garçons. Nommé au mois d'avril 1781, à la cure de Toucy canton de Lagny, arrondissement de Meaux, département de Seine-et-Marne, il ne tarda pas à quitter la cure d'O, qui fut desservie provisoirement par Lenoble, vicaire. XII. —LEMERCIER, Jacques-Michel, originaire de Bray ou de Saint-Christophe, prit possession au mois de mars 1782. Le 17 juillet 1788, il bénit la grosse cloche de l'église qui fut nommée Françoise-Marie, par François Perchiel, charpentier, âgé de 88 ans, et par Marie Loublier, âgée de 79 ans ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 255 et è mois, lesquels furent choisis comme les. personnes les plus âgées de la paroisse. M. Lemercier refusa de prêter serment à la Constitution du Clergé et il desservit sa paroisse jusqu'au 26 avril 1792, où il fut obligé de la quitter, emportant avec lui les regrets, . de tous ses paroissiens. C'était un prêtre fort distingué, sous tous rapports et qui laissa le meilleur souvenir dans la contrée. On a dit qu'au retour de l'émigration, il avait été nommé curé de Gacé ; si le fait est exact, il ne dut pas reste • longtemps dans cette cure, qui en 1808, était occupée par M. Goupil-Narlier. XIII. — BACHELIER, Pierre-Jacques-François, né en la paroisse d'O, fut ordonné prêtre vers l'année 1780 et nommé vicaire à Ouilty-le-Basset, doyenné d'Aubigny, près Falaise, qui faisait, avant la Révolution, partie du diocèse dé Séez. Il était à l'époque de la Révolution, vicaire de la paroisse de Saint-Germain, de la. ville de Séez. Ayant refusé de prêter le serment constitutionnel, il émigra en Allemagne et il fut du nombre des 65 prêtres du diocèse de Sées qui, avec Mgr du Plessis d'Argentré, leur évêque, reçurent une bienveillante hospitalité dans les villes et pa,ys de Munster, pendant les années 1794 et 1795. De retour de l'émigration, il. fut chargé de desservir les sections d'O et de Marigny. Il éprouva de nombreux désagréments de la part des partisans de l'intrus constitutionnel. Après avoir desservi pendant quelques mois la commune du Château d'Almenesches, il fut nommé curé de Marcei, où il est mort en l'année 1844, avec le titre de chanoine honoraire du diocèse de Séez. VICAIRES 1° LEFÈVRE, N., était vicaire aux années 1631-1633. 2° DELAUNAY, Marin, 1633-1635. 3° HOUSSEMAINE, Jacques, 1635-1638. 4° LOUBLIER, Jacques, 1638. Les registres manquent de 1639 à 1666. .256 ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 5° COLLÉE, Pierre, chapelain de la chapelle seigneuriale de l'église d'O, remplit les fonctions de vicaire de 166,6 à 1679. Il mourut le 28 mars 1718, à l'âge de 83 ans. 6° H. BARÉ. ' 7° BLAISCHER, Michel, 1679-1682. 8° LEBOURGEOIS, 1682-1685. 9° LABBÉ, Robert, 1686-1687. 10° BESNARD, François, 1688-1690. 11° OGER, René, 1691. Il mourut le 24 mars 1694 et fut inhumé dans l'église. 12° LENOBLE, Gervais, nommé au mois de mars 1694 - il mourut le 20 juillet suivant et fut inhumé dans l'église. 13° PRIEUR, Louis, 1694-1698. 14° ADAM, Louis, 1698-1700. 15° BOULLEY, Charles, 1700-1701. 16° COURTIN, François, 1701-1702. 17° LEFOUL, Charles, 1702-1715. ' 18° DESHAIES, 1716-1718. jl9° COLLET, Julien, originaire de la paroisse de la Carneille. 171,9-1720. Nommé vicaire de Boissei en 1721, il y mourut le 28 septembre 1728. 20° CHAPELAIN, Jean, 1721-1724. 21° HARDY-DUCLOS, Jacques, 1725-1727. 22° VAUCANU,"Ignace, 1727-1730. 23° DAUPELEY, Gilles, fils de Gilles, notaire au bourg de Mortrée, paroisse de Marigny, fut vicaire d'O, de 1731 à 1736, puis il fut chapelain-administrateur de l'Hôtel-Dieu de Mortrée, et en 1744, curé de la paroisse Sainte-Colombela-Petite, canton de Courtomer. 24° BOÉTARD, François, né à O, fut vicaire de cette paroisse de 1736 à 1754 ; vicaire de Boissei, de 1760 à 1762 desservant de Marigny, la cure étant vacante, en 1763 vicaire de Bray, de 1766 à 1768 et prêtre habitué de la paroisse d'O, où il mourut le 24 septembre 1778. Il fut inhumé par M. Betzais-Courmesnil, alors curé de Boissei, puis curé d'Argentan, de 1802 à 1824. ESSAI HISTORIQUE SUR LA PAROISSE DE MORTRÉE 257 25° HUBERT, Louis-Guillaume, fut vicaire d'O, de 1754 à 1756, puis curé de la même paroisse de 1756 à .1762. 26° PIGEON, Jean, fut. nommé vicaire en 1757, et il mourut le 3 septembre 1760, âgé de 54 ans. Il fut inhumé dans l'église. NOTICE sur M. L'ABBÉ H. OLIVIER de Bazoches-au-Houlme Orne, Botaniste 1 La Société historique et archéologique de l'Orne vient d'être éprouvée par la mort d'un de ses membres, sinon des plus connus, du moins des plus anciens, des plus marquants et des plus dignes de respect et de regret, M. l'abbé Olivier, de Bazoches-au-Houlme. Son nom figure sur nos listes depuis le 18 mai 1899. Sa notoriété, qui depuis longtemps avait franchi les limites de la France, ses ouvrages, toujours très recherchés des amis de la science, honorent non .seulement l'auteur, mais le pays qui l'a vu naître, où il a vécu, et les Sociétés auxquelles il appartenait. Au lendemain de sa mort, une voix s'est élevée pour rendre à la mémoire du prêtre et savant l'hommage qui lui était dû ; des revues scientifiques, des journaux régionaux ont rappelé sa vie si digne, si laborieuse et montré l'importance de son oeuvre. Mais il est du devoir de notre Société de lui donner un nouveau témoignage de sympathique affection en signalant son nom et ses travaux au souvenir de ses compatriotes. Le nom de M. l'abbé Olivier restera indissolublement attaché à cette partie de la botanique, qui traite des Lichens, ces humbles végétaux, qui ornent si gracieusement la 1 Lecture de celte notice a été donnée à la séance publique de la Société, tenue à Domfront, le 29 août 1923. Cet article est l'un des derniers, sinon le dernier, qu'écrivit M. l'abbé Letacq. Il en corrigea les épreuves sur son lit de souffrance peu de jours avant sa mort. Ce qu'il dit de M. l'abbé Olivier pourrait s'appliquer à lui-même. Publier ces pages où se reflète la vie laborieuse et modeste de notre cher confrère, c'est lui rendre un nouvel et pieux hommage NOTICE SUR M. L'ABBÉ H. OLIVIER 259 terre, les rochers, les murs, les arbres et, comme l'a dit Augustin Cauchy, dont l'admirable organisation témoigne en "faveur de la sagesse de Dieu, aussi bien que là formation de ces étoiles, dont il a semé les voûtes du firmament. » C'est, en effet, à leur étude presque exclusive qu'il a consacré pendant près d'un demi-siècle les loisirs que lui laissait le ministère ecclésiastique et, de l'aveu de tous, il fut un de ceux qui, de notre temps, ont le plus contribué aux progrès de la Lichénologie. Il est mort le lundi 20 octobre-1922 dans sa année, au presbytère de Bazoches-au-Houlme, où il résidait à. nouveau depuis près de trente ans. Ce fut avant tout un grand laborieux. Sa santé chancelante dans ces dernières années n'avait pu l'arracher à ses chères études ; tranquille et résigné, il se refusait à l'abandon de sa tâche journalière, et conserva jusqu'à la fin la même ardeur pour le travail. La veille de sa mort, il avait encore essayé de s'asseoir à son bureau. Aimant la solitude, l'asile le plus assuré de la science, fuyant toute distraction, c'est par la ténacité dans le travail quotidien qu'il, a assuré le succès de son oeuvre. Sa vie se résume en ses travaux ; elle s'est écoulée silencieuse dans le recueillement de l'étude et du ministère ecclésiastique, sans aucun de ces ^ incidents qui éveillent l'attention publique. Jacques-François-Henri Olivier naquit à Saint-Hilaireles-Mortagne, le 6 janvier 1849, d'une famille d'humbles cultivateurs qui, obligés de gagner péniblement Leur vie, ne laissaient guère à leurs d iu're héritage que le sentiment du devoir et le respect du travail. Henri Olivier' suivit ses parents à La Chapelle-Viel et, un' peu plus tard, à Champs, où le curé, M. Godier 1, lui donna ainsi qu'à 1 Godier Jean-Baptiste, né le 13 février 1813, à La Ferrière-aux-Etangs, ordonné prêtre le 9 juin 1838 et nommé vicaire à Là Haute-Chapelle, — le 10 novembre 1838, vicaire à SainteTHonorine-la-Guillaume, —le 1er juillet 1840, vicaire à Nécy, — le 1er décembre 1846, curé de Champs, — le 25 août 1868, curé de Montreuil-au-Houlme, où il est mort le 23 mars 1886. 260 NOTICE SUR M. L'ABBÉ H. OLIVIER Jules Jouaux 1, lès premières leçons de latin. En 1862, il entrait en septième au Petit Séminaire de et il y fit toutes ses études jusqu'à la philosophie élève laborieux, consciencieux plutôt que brillant. C'est là, sous la direction d'un maître, M. l'abbé Bélin 2, qui a laissé à tous ceux qui l'ont connu le souvenir d'un savant modeste et d'un professeur dévoué, habile à discerner les vocations scientifiques, que le jeune Olivier s'occupa d'histoire naturelle et surtout de Botanique. M; Bélin faisait chaque année avec des élèves choisis un certain nombre d'excursions on commençait ainsi l'étude des plantes par celle de l'espèce et sur le terrain. Ces travaux pratiques, en initiant les étudiants aux éléments de la science, avaient l'avantage de leur donner le goût des herborisations, de leur apprendre à chercher avec méthode, c'est-à-dire en tenant compte des lois de la Géographie botanique. Ce ne fut que plus tard que M. Olivier étudia l'anatomie végétale et fit intervenir l'emploi du microscope dans ses recherches lichénographiques. Mais il avait puisé dans les leçons de M. Bélin le goût des travaux descriptifs, auxquels il s'est surtout adonné. C'est au Petit Séminaire de Sées que je connus Henri Olivier ; nous suivions les mêmes leçons ; ensemble nous fîmes bon nombre d'excursions dans la plaine de Sées, en Ecouves, aux marais de la Chapelle alors si intéressants, sur les collines de Chailloué, à l'étang de Bois-Roger, etc., et notre excellent maître, témoin de nos dispositions pour l'étude des plantes, nous demanda, au grand avantage de 1 Jouaux Jules-Ferdinand, né à Champs le 26 juillet 1849, ordonné prêtre le 22 mars 1875 et nommé vicaire à Tourouvre, — le 11 mars 1880 curé du Mesnil-Guyon, —le 1er avril 1886, curé de Tanville, — le 4 juillet 1906 retiré à Perrou, où il est mort le 19 mars 1907. Sans être ce qu'on appelle un < scientifique » M. Jouaux s'intéressait aux faits de l'histoire naturelle. La forêt d'Ecouves, qui recouvre en majeure partie la commune de Tanville offrait un vaste champ à ses observations. Ainsi il m'a fourni plusieurs notes intéressantes sur la faune. Cf. A. LETACQ. Matériaux pour servir à la jaune des vertébrés, du département de l'Orne, Annuaire normand, 1896, pp. 67-130. En géologie on lui doit la découverle du filon de porphyre de Goult. Il avait aussi recueilli en Ecouves un certain nombre d'objets préhistoriques. Cf. MESNIL l'abbé, La forêt domaniale d'Ecouves cl ses environs, Alençon, Imprimerie alençonnaise, 1911, in-8°, pp. 14 et 52. 2 A LETACQ, Résumé historique et bibliographique des travaux publics sur la flore de l'Orne, Bull. Soc, des Amis des Se. nat. de Rouen, 1908, p. 124. NOTICE SUR M. L'ABBÉ H. OLIVIER 261 notre propre instruction, de nous occuper du jardin botanique 1. Ce travail en commun fut le principe d'une amitié qui ne devait s'éteindre qu'à la mort. Au Grand Séminaire, ses promenades et ses temps libres étaient exclusivement consacrés à la Botanique. Hâtonsnous de le dire ; elle ne lui faisait négliger ni la théologie, ni l'écriture sainte, ni l'histoire ecclésiastique, ni même la langue hébraïque, dont il voulut apprendre les éléments. Homme de devoir avant tout, il acquit par son opiniâtre et laborieuse persévérance des connaissances étendues sur toutes les branches de la science sacrée. 1 Ce jardin situé au Vieux Séminaire » est supprimé depuis longtemps. Il fut fondé par l'abbé Chichou, professeur de 1852 à 1861, qui s'occupait activement de botanique et découvrit aux environs de Sées un certain nombre de plantes citées par De Brébisson dans la 3e édition de sa Flore de Normandie 1859. Mais l'étude de l'histoire naturelle avait été inaugurée au Petit Séminaire près de vingt ans auparavant par M. l'abbé Félix Desauney, qui y enseigna les sciences, d'une façon si brillante de 1839 à 1848, et fut plus tard supérieur du Petit Séminaire de La Ferté-Macé. Le P. Debreyne, le célèbre médecin de là Grande-Trappe Orne, dans une Note sur la nécessité de l'émancipation scientifique du clergé insérée à la fur de son Essai sur la théologie morale considérée dans ses rapports avec la physiologie et la médecine, Paris, Poussielgue-Rusand, 1842, in-8°, p. 540, avait applaudi à cette heureuse initiative Nous connaissons, dit-il, un diocèse où il s'est présenté un jeune homme distingué par des talents naturels et surtout remarquable par son aptitude singulière aux sciences physiques et naturelles.'Le clergé, ayant conquis cette jeune et forte intelligence, se l'est agrégée ; il a fait plus, il a lancé ce brillant sujet dans les hautes écoles de Paris. Là, devenu en peu de temps capable d'être professeur lui-même et investi des grades universitaires, il est descendu des hautes régions de la science, s'est emparé de l'enseignement du Petit Séminaire de son pays, a fait des cours de mathématiques, de physique, de chimie, d'histoire naturelle etc., en un mot il y a opéré une véritable révolution scientifique. Ce Petit Séminaire sera sous peu, s'il ne l'est déjà, le plus fort de tous les collèges ecclésiastiques de France. » Cf. LETACQ l'abbé, Notice bibliographique sur M. l'abbé Chichou, curédoyen d'Exmes, auteur d'éléments d'histoire naturelle, Bellême, Imprimerie Levayer, 1904, in-8°, 6 p. Extr. du Bull. Soc. percheronne d'histoire et d'archéologie ; Nécrologie M. l'abbé Chichou, Almanach de l'Indépendant de l'Orne, 1905, M. Chichou fut successivement professeur aux petits séminaires de Sées et de La Ferlé et en 1871 curé-doyen d'Exmes, où il mourut le 7 juillet 1904. ROMBAULT l'abbé, Nécrologie M. l'abbé Félix Desauney, Journal d'Alençon, h° du 18 décembre 1889. FRÉBET l'abbé, Notice sur le petit séminaire de la Ferté-Macé. La FertéMacé. Typ. Vve Bouquerel. 1893, in-12, X — 142 p. LETACQ l'abbé, et Dr F. BEAUDOUIN, Notice sur le P. Debreyne, médecin de la Grande-Trappe Orne. Bellême, Imprimerie Levayer, 1912, in-8°, 52 p. — Extr. du Bull. Soc. percheronne d'histoire et d'archéologie, t. X. 1911, n° du 15 octobre, pp. 157-181 et t. XI 1912 n° du 15 janvier, pp. 33-60, 262 NOTICE SUR M. L'ABBE H. OLIVIER Il y fut d'ailleurs toujours fidèle ; plus tard, malgré la préparation de Son immense herbier, malgré ses incessantes publications botaniques il se réservait chaque jour un temps déterminé pour les études ecclésiastiques ; 'ainsi l'histoire de l'Église lui était devenue très familière. Comme l'a dit Fontenelle d'un savant de son temps Il ne se permettait pas de passer des moments oisifs, ni de s'occuper légèrement et avec une faible attention. » Les vacances, ai-je besoin de le dire, n'étaient pas pour luiun temps de repos ; il les passait tout entièresà larecherche des plantes. Ses parents ayant habité successivement La Chapelle-Viel et Champs, il put se familiariser avec la végétation de la contrée comprise entre Laigle et Mortagne, compléter les recherches déjà anciennes de Lubin-Thorèl et établir des comparaisons utiles entre les flores sagiennes et percheronnes. La Trappe, dont les marais et les étangs offraient, il y a quelques années encore, une série de plantes des plus curieuses, fut surtout l'objet d'explorations assidues elle lui fournit le sujet de son premier travail, dont la publication remonte à 1877. * * *. Ordonné prêtre le 30 mai 1874, M. Olivier fut successivement vicaire à Bazoches-au-Houlme, curé d'Autheuil 1er juin 1880, de Bivilliers 1er juillet 1886, et le 5 décembre 1892, sur sa demande, de nouveau vicaire à Bazoches. Il était heureux de revenir dans la paroisse, qui eut les prémices de son ministère, où il jouissait d'ailleurs de l'estime et de la considération générales, et où il devait encore passer trente années de la vie sacerdotale la plus laborieuse et la plus édifiante. Peu après son arrivée à Bazoches en 1874, M. Olivier commença, sous la direction de M. Husnot, dont il était presque le voisin, et dont il resta toujours l'ami, l'étude des Mousses et des Hépatiques, mais il ne tarda pas à s'engager dans une voie encore moins frayée, celle des Lichens. L'héritage de De Brébisson, d'Auguste Le Prévost, de Malbranche, qui avaient jeté les bases de cette science en Normandie, était libre ; il en prit possession. NOTICE SUR M. L'ABBÉ H. OLIVIER ~ 263 La flore régionale l'occupa tout d'abord. Bazoches situé à la limite des terrains de cristallisation, du précambrien du silurien et du jurassique lui offrait une abondante moisson. Les Lichens étant très exigeants au point de vue des propriétés physiques et chimiques du support, la variété des stations, produit une grande variété dans la végétation. Les rochers des bords de l'Orne et de la Rouvre, Falaise, les sables siliceux du lias et le bathonien calcaire à Bazoches, Habloville et Neuvy-au-Houlme furent étudiés avec soin pendant six années. Près dé Tourouvre les forêts du ValDieu, du Perche et de la Trappe, l'argile à -silex souvent couverte de bruyères, les sables du Perche et la craie, qui s'étend sur une bonne partie de la. région, lui présentaient sans doute une flore moins riche, mais avec quelques espèces nouvelles. Le premier résultat de ces recherches fut un Herbier des Lichens de VOrne et du Calvados 1880-84, splendide collection de 450 espèces ou variétés, destinée à mettre sous les yeux de l'observateur un échantillon en nature de la plante elle-même, échantillon dont là simple vue en' dit souvent plus que ne le pourrait faire la meilleure description. L'auteur ne s'en tint pas là. On ne saurait distribuer en nombre tous les Lichens d'une région, et il est parfois nécessaire pour déterminer une espèce de recourir au microscope, de chercher dans les éléments anatomiques, dans Vinternam'fabricant suivant l'expression de Schérer, des caractères invisibles à l'oeil ou même à l'aide d'une simple loupe. Aussi tout en préparant son Jierbier, M. Olivier rédigeait des descriptions qui lui fournirent bientôt les clérrlents d'une Flore. - En 1870, Malbranche de Rouen ajoutant à ses propres observations les matériaux déjà réunis par Auguste Le Prévost, Delise, Pelvet, et surtout -De Brébisson avait publié le Catalogue descriptif des Lichens de la Normandie. Cet ouvrage commencé à l'instigation d'Auguste Le Prévost et de Camille Montagne est très précieux pour l'époque où" ,il parut, mais il suppose déjà comme les grands ouvrages 264" NOTICE SUR M. L'ABBÉ H. OLIVIER de Fries et de Nylander une certaine connaissance de la Lichénologie. ' * Un livre élémentaire destiné à donner la clé de tous ces trésors, l'humble flore analytique et dichotomique, qui offrirait au débutant un fil précieux pour le conduire dans le dédale de ces espèces si nombreuses et souvent si rapprochées, était toujours à l'état de projet. M. Husnot venait de publier sa Flore des Mousses du Nord-Ouest et son Hepaticologia gallica où, afin de faciliter l'étude de ces végétaux, iî avait, le premier en France, ajouté aux descriptions des clés analytiques réservées jusqu'alors aux phanérogames. M. Olivier voulut introduire cette méthode nouvelle dans la lichénologie, autrement dit, compléter son Herbier de l'Orne par un travail, qui en aplanissant les piemières difficultés rendrait cette étude accessible à tous. Aussi sa Flore débute par des notions élémentaires sur l'anatomie et la physiologie des Lichens accompagnées de dessins très bien exécutés, qui permettent au lecteur de se rendre un compte plus exact des indications théoriques données dans le texte. Puis, en vrai praticien, l'auteur entre dans les détails les plus circonstanciés sur la récolte et l'analyse des végétaux, les instruments nécessaires, l'emploi de la loupe, du scalpel, du microscope, des réactifs chimiques si usités aujourd'hui, la préparation de l'herbier. Les descriptions sont faites avec le plus grand soin ; bon nombre d'auteurs se contentent de puiser dans les livres d'autrui ; M. Olivier a voulu tout vérifier pas un seul des caractères indiqués, qui n'ait été de visu observé par lui. S'il cite toujeurs dans la synonymie un grand nombre d'auteurs et s'efforce de rendre justice à chacun, ce qui prouve sa grande érudition et sa probité, il ne le fait cependant qu'à bon escient, c'est-à-dire après avoir constaté par lui-même le bien fondé de leurs affirmations. Le titre de l'ouvrage est Flore de VOme et des départements circonvoisins, c'est qu'en effet à notre département l'auteur ajoute la Seine-Inférieure, l'Eure, le Calvados, la Manche,. la Mayenne et la Sarthe, ce qui lui a permis de décrire un plus grand nombre d'espèces et ainsi d'établir les tableaux NOTICE SUR M. L'ABBÉ H..OLIVIER 265 analytiques et la répartition, géographiques sur des bases plus larges. Si je donne tant de*détails bibliographiques sur un livre déjà vieux de quarante ans c'est qu'il reçut partout le meilleur accueil ; qu'il devint rapidement le Vade-Mecum des amateurs de Lichénologie, qu'il fut bien vite épuisé et qu'aujourd'hui, simple livre d'occasion, il est encore recherché des spécialistes, tant ces matières souvent difficiles sont, exposées avec ^clarté. Un botaniste américain écrivait le 15 novembre 1883 Je viens de recevoir le livre de M. l'abbé Olivier. Ce travail me fait le plus grand plaisir. C'est ce qu'il faut à tout commençant, qui veut étudier les Lichens. Sans clef dichotomique on navigue à tâtons et la lichénologie devient un inextricable fouillis. Ce livre pour moi est un précieux fil d'Ariane pour me conduire dans le dédale des espèces. Nylander, Fries et Cle auraient bien dû en faire autant. C'est le seul moyen de ne pas rebuter les débutants. Ils ont travaillé non pour ces derniers, mais pour des savants comme eux, auxquels l'initiation des maîtres n'avait pas manqué ». Cette Flore des Lichens de'VOrne, bien qu'imprimée à Mortagne, fut distribuée par fascicules dans la de Botanique, qui venait de se fonder à Auch et contribua pour une large part au succès de ce périodique. ' - ' M. Olivier fut dès lors reconnu comme un maître en lichénologie ; son ouvrage consacra sa réputation aussi de toutes parts lui arrivaient à déterminer des échantillons reçus d'ailleurs avec l'accueil le plus empressé. Ces matériaux, en effet, amassés jour par jour lui permettaient, en augmentant ses collections, d'étendre le champ de~ ses études et il fut bientôt en mesure de publier ses monographies toujours recherchées des Cladonia, des Parmelia et des Pertusaria de la flore française. Cependant c'est sur l'Ouest qu'il possédait le plus de documents ; en outre de ses recherches personnelles dans l'Orne et le Calvados, il avait des correspondants, qui lui livraient toutes les richesses du Maine, de la Bretagne et de la Vendée. C'étaient le docteur Viaud-Grand-Marais et 266 NOTICE SUR M. L'ABBÉ H. OLIVIER l'abbé Dominique à Nantes,, l'abbé De La Godelinais à Fougères, M. Monguillon alors instituteur à Sainte-Sabine Sarthe, M. Houlbert longtemps professeur au collège d'Evron Mayenne, le docteur Picquenard dans le Finistère, l'abbé Guillonvarc'k dans le Morbihan, J. Richard dans les Deux-Sèvres. Son correspondant le plus assidu paraît avoir été le docteur Viaud-Grand-Marais, professeur à l'École de médecine de Nantes, bien connu par ses travaux sur la flore et la faune de sa région 1. Il récoltait lui-même beaucoup de Lichens, en recevait de différents points de la France, parfois même d'Amérique, mais n'ayant pas le loisir de les étudier, il les confiait à son ami. Je dis son Ami, car au bout d'un an de correspondance les lettres du docteur prennent une tournure familière. ïl appelle l'abbé Olivier mon cher curé, mon bon curé, mon vénéré ami » ; il lui écrit le 13 septembre 1883 Le hasard ou plutôt la providence du bon Dieu m'a fait rencontrer à Noirmoutier un de vos amis, M. l'abbé D., je crois, professeur au Séminaire de Sées et nous avons fait ensemble une miellée pour prendre des papillons... Que j'ai regretté que ce ne vous. » Plus tard il l'invite à venir à Nantes, à l'accompagner à Noirmoutier, à l'île d'Yeu, cette dernière bien connue des lichénologues depuis les travaux de Weddel, mais malgré ces sollicitations pressantes, malgré l'attrait des excursions, l'abbé Olivier ne put se résigner à quitter sa résidence. Retiré en lui même, isolé du monde autant que le lui permettait son ministère, il s'était imposé une vie de bénédictin. C'est à peine si malgré notre liaison ancienne et toujours des plus intimes j'aj pu l'attirer une seule fois à Alençon. . C'était le 2 mai r899 Mgr Léveillé qui dirigeait au Mans le Monde des Plantes et le Bulletin de VAssociation française de Botanique2, deux périodiques auxquels M. Olivier prêtait 1 Cf. E. GADECEAU, Notice sur la vie et les travaux de Ambroise ViaudGrand-Marais avec portrait. Bull, de la Soc. des Se. nat. de l'ouest de la France, 2e'trimestre 1913, pp. 88-110. ' 2 D' DELAUNAY, un botaniste manceau. Hector Léveillé 1863-1918. Bulletin de l'Académie de Géographie botanique, 1919, p. 57-96 . NOTICE .SUR M. L'ABBÉ H. OLIVIER 267 une très active collaboration, venait explorer la région de Saint-Cénery. Je décidai M. Olivier à se réunir à nous pour visiter ce village, pittoresquement assis sur un roc granitique au confluent de la Sarthe et du Sarthon, et étudier sa flore si riche, due à la variété des conditions physiques et chimiques du sol. LÏ temps fut splendide et M. Olivier fit une excursion des plus fructueuses. Avec lui du reste le travail ne perdait jamais ses droits, car après un rapide coup d'oeil sur les curiosités naturelles et sur l'église, ce beau spécimen de l'architecture romane, qui lui rappelait son église d'Autheuih il prit son marteau et son ciseau et alla s'installer sur les rochers bien connus des Toyèresl qu'il jugeait d'après leur exposition plus fertiles en Lichens, et y passa toute la journée, ce qui lui permit de publier une liste, qui contient un certain nombre d'espèces peu communes. - M. Olivier avait fait paraître en 1897 le premier volume de son Exposé des Lichens de VOuest, qui fut imprimé à Montligeon ; la publication du second, inséré par fascicules dans le Bulletin de VAssociation française de Botanique, demanda près de trois ans. Cet ouvrage par ses qualités de méthode, de précision, de clarté continuait la tradition des précédents. Les clés analytiques des genres et des espèces reposent sur des caractères faciles à constater ;-les descriptions sont faites avec cette sobriété judicieuse, qui consiste à donner à chaque partie le relief qui lui convient ; l'action des réactifs sur les lichens est très exactement indiquée, mais à juste titre présentée comme une bonne note auxiliaire, insuffisante pour distinguer mie espèce, si elle ne coïncide avec quelque caractère morphologique. La géographie botanique, complément ordinaire de toute bonne flore, est traitée avec détails stations, conditions physiques et influence minéralogique du sol, région d'habitat, localité pour les plantes rares ; rien n'est omis. - "L'Exposé systématique se répandit bien vite non seulement en France, mais en Europe et, s'il contribua dans une 1 Situés sut la rive droite de la Sarthe, ces rochers, distants de quelques centaines de mètres de l'église de Saint-Cénery, appartiennent à la commune de la Poôté Mayenne. 268 NOTICE SUR M. L'ABBÉ H. OLIVIER large mesure à vulgariser la lichénologie, il fit en même temps reconnaître au loin la maîtrise de l'auteur. Bientôt d'Angleterre, d'Allemagne, d'Autriche, d'Italie, d'Espagne lui arrivaient des documents à' déchiffrer. Il reçut aussi quelques envois d'Asie et d'Amérique. C'étaient des collections recueillies dans des régions jusqu'alors inexplorées au point de vue lichénologique, qu'on lui demandait d'étudier, des espèces nouvelles à reconnaître et à décrire, des espèces critiques pour lesquelles on sollicitait son avis. Aussi son herbier jusqu'alors limité à la flore française s'accrut de façon à lui permettre d'agrandir encore le champ de ses recherches et de l'étendre à toute l'Europe. Dès ce moment M. Olivier semble avoir renoncé, je ne dis pas à tout voyage il n'en fit jamais beaucoup, ni de bien longs, mais même aux excursions dans notre région. Il se de plus en plus à Bazoches, où le retenaient ses fonctions et ses études il faut dire aussi que la marche lui était devenue assez pénible. A part les devoirs du ministère, qu'il remplissait d'ailleurs avec une exactitude exemplaire, toutes ses journées se passent dans son cabinet de travail la matinée est employée aux études microscopiques et l'aprèsmidi à la rédaction des observations. Il commence alors ses publications sur la flore d'Europe ; d'abord, à la demande de M. Corbière, pour les mémoires de la Société des sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg, la liste de toutes les espèces et variétés avec clés analytiques et considérations sur leur répartition géographique, qui témoignent non seulement d'études morphologiques approfondies mais aussi d'une grande érudition botanique. Puis ce sont ses monographies des genres Lecidea Pertusaria, Opegrapha, Biatorella, Arthonia, Polyblastia, toutes rédigées sur le même plan, et dans lesquelles il faut louer uniformément le soin avec lequel il s'applique à donner des descriptions très brèves, mais suffisantes pour bien déterminer l'espèce et à indiquer avec précision les stations, la distribution géographique, la quantité de dispersion et les réactions chimiques. Il avait commencé dans les mémoires de l'Académie de Barcelone la publication d'un Prodrome de tous les lichens européens, et il est regrettable qu'il NOTICE SUR H. OLIVIER ; _ 269 n'ait pu donner que les lichens fruticuleux et foliacés, car nul n'était mieux préparé que lui à traiter ce; sujet d'une façon complète et avec plus de succès. En jetant un coup d'oeil sur l'ensemble des travaux de M. l'abbé Olivier je ne parle que de ses imprimés, car il a laissé de très nombreuses notes manuscrites,parmi lesquelles on pourrait recueillir bien des observations dignes d'être publiées, en jetant, dis-je, un coup d'oeil sur cet ensemble, exsiccata, oeuvres de vulgarisation, flores, monographies de genres, on reconnaîtra que depuis Fries et Nyiander aucun n'a apporté à l'étude de cette classe de végétaux une contribution aussi imposante, et que ces travaux assurent à leur auteur une des premières places parmi les lichénologues de notre temps 1. * * * Ainsi M.. l'abbé Olivier, loin de disperser son activité naturelle, eut l'énergie delà concentrer sur un seul objet, ou suivant l'expression courante de se spécialiser. Voilà qui explique le succès de ses travaux ; il a vulgarisé l'étude des lichens, recueilli quantité de faits .inédits sur leur structure et leur répartition géographique, reconnu et décrit des espèces et variétés nouvelles, et souvent ouvert la voie à des recherches plus hautes. Pour obtenir ces résultats, il a fallu sans doute une attention constante, une patience que ne rebute aucun obstacle, mais la nature ne livre ses secrets qu'à ceux qui les arrachent. Qu'on ne se figure pas d'ailleurs que ce travail soit dénué d'intérêt, que l'observateur penché sur son microscope puisse être comparé à l'esclave condamné aux mines. Rien n'est plus faux. Contempler la nature, analyser les phénomènes, y chercher des causes, et des lois, et des lois remonter au législateur suprême, voilà pour le naturaliste la source des plus vives jouissances, et ce qui fit le charme de la vie de M. Olivier. 1 Letacq, Rapport sur le mouvement scientifique Sciences naturelles. Assises dé Caumonl, S" session, Caen, 9 juin 1913, Caen, E. Lanier, 1913, m-8°;p. 42. ' . 270 NOTICE SUR M. L'ABBÉ H. OLIVIER Ces travaux lui méritèrent plusieurs récompenses il fut président de la Société française de botanique, lauréat de l'Académie de géographie; botanique et de plusieurs sociétés savantes, correspondant de l'Académie de Barcelone, de la Société espagnole d'histoire naturelle, etc. ; en 1912 à la suite du'congrès des Sociétés savantes à la Sorbonne, il reçut les palmes académiques. Mais il faut bien le dire, toutes ces distinctions le laissaient assez indifférent ; il semblait avoir fait sienne la devise d'un naturaliste anglais Ne demandez à ce monde que du travail c'est -encore ce qu'il peut vous donner de mieux. » * * * Tout entier à ses devoirs et à ses recherches scientifiques, M. l'abbé Olivier se montrait d'un désintéressement absolu. On peut dire qu'il eut deux grandes passions celle du travail et celle de la charité. D'une extrême simplicité de vie, il devenait prodigue, quand il s'agissait d'aider mie oeuvre pieuse ou de secourir l'infortune ; ses mains étaient toujours ouvertes et il suffisait de lui exprimer un désir pour qu'il y répondît généreusement. .Il donnait aux pauvres, et s'il eût voulu être riche, c'eût été-pour domier davantage... Et c'est parce qu'il était désintéressé... que d'autres personnes non moins généreuses et plus riches se plaisaient à lui venir en aide. » Rien n'égalait son désintéressement si ce n'est son obligeance. Rendre service à un confrère le rendait heureux, et il se montrait toujours empressé de mettre sa science au service des botanistes. Le docteur Viaud-Grand-Marais, qui le consultait souvent pour déterminer ses récoltes lichénograpliiques, lui écrivait le 8 avril 1884 Vous êtes de tous mes correspondants le plus coirmlaisant et le plus actif veuillez donc me pardonner de vous bombarder ainsi de mes envois. » La douceur et la bienveillance de M. l'abbé Olivier lui gagnaient toutes les sympathies ; sa figure un peu anguleuse ne reflétait nullement les traits de son caractère et partout où il a passé, il n'a laissé que des amis. - NOTICE SUR M. L'ABBÉ H. OLIVIER '" 271 Est-ce à dire que cette existence entièrement vouée au ministère ecclésiastique et aux études scientifiques fut exempte d'épreuves ? M. Olivier n'échappa pas à la loi commune certaines rumeurs lui furent pénibles ; il eut parfois à subir d'amères humiliations. Il supporta toutes les injustices sans se plaindre, mais ne connut point le découragement. Le travail lui fut un refuge où les chagrins et la souffrance semblaient rajeunir un zèle, qui ne vieillit jamais. La vie de périls et d'inquiétudes, écrit un pieux auteur 1, une étude constante et passionnée est comme un ange de Dieu? qui console, protège et rassure 2. » M. Olivier laisse donc une oeuvre et un exemple. * * * Les obsèques de M. l'abbé Olivier furent célébrées le 6 octobre dans l'église de Bazoches et présidées par M. le doyen de Putanges, assisté de M. le chanoine Bidard, supérieur de l'école Saint-François-de-Sales à Alençon, à laquelle le défunt a légué sa bibliothèque et son herbier ; de M. le chanoine Gougeon, curé des Tourailles ; de plusieurs de ses condisciples et amis, entre autres M. l'abbé Dumans, curé de Crulay, et des prêtres du canton. L'église était remplie comme au jour des plus grandes solennités on peut dire que toute la paroisse était là. Chaque famille du moins avait tenu à se faire représenter à la cérémonie, témoignant ainsi de sa respectueuse estime, de sa reconnaissance et de ses regrets pour le prêtre qui, pendant près de quarante années, avait exercé un si fructueux ministère, et donné l'exemple d'une vie si studieuse. Nous avons remarqué dans l'assistance M. le sénateur Oriot, conseiller général de l'Orne, maire de Bazoches, entouré de son conseil municipal; M. le baron des 1 MOUSSARD l'abbé, Le Prêtre et la Vie d'étude, Paris, Bretaux, 1890, in-8°, p. 256. — Cf. L'Elude et le Prêtre par Mgr de la Porte, ancien évêque du Mans, dans la revue L'Union apostolique, mars 1923, pp. 68-71. 2 La dernière lettre, qu'il m'adressa, 28 mai 1922, se terminait ainsi s Ma santé devient de plus en plus mauvaise, un asthme me coupe la respiration au moindre effort que je fais ; l'enflure des jambes me permet à peine de me tenir debout, it Domine, da robur, fer auxilium et j'ube quod vis. ». NOTICE SUR M. L'ABBÉ H. OLIVIER 272 Rbtours, secrétaire général de la Société historique et archéologique de l'Orne, et plusieurs notabilités de la région. Dans une allocution très goûtée, M. le Doyen déposa sur le cercueil du défunt un éloge mérité et en dégagea de salutaires leçons. Il montra en M. Olivier le prêtre fidèle jusqu'à la mort à son règlement de séminariste; il fit ressortir le soin qu'il mettait à préparer ses instructions toujours intéressantes et solides, son zèle pour les catéchismes, son désintéressement et surtout le bon usage qu'il fit des dons que Dieu lui avait départis, en se livrant avec tant d'ardeur à l'étude des sciences. La vie de M. Olivier prouve une fois de plus que le succès ne s'obtient que par la continuité dans l'effort, et que dans la condition la plus modeste, et quelqu'isolé qu'il soit, le travailleur intelligent et consciencieux finit toujours par recevoir sa récompense, les applaudissements et la vénération de tous, alors même qu'il ne la demande pas 1 ». Elle montre en outre que l'étude est pour le prêtre le moyen d'occuper ses loisirs le plus utile à l'Église, le plus honorable pour lui et pour le corps auquel il appartient et sa meilleure sauvegarde au milieu du monde. N'est-ce pas d'ailleurs la remarque d'Ozanam Grégoire VII, dit-il voulant un clergé saint ie voulut savant. » A. LETACQ. 1 E. Forbes'; cité par Louis Figuier dans sa Notice sur le zoolagiste Michel Sars. L'Année scientifique, 1870-71, p. 546. LISTE DES ÉCRITS DE M. L'ABBÉ OLIVIER — Excursion botanique à la Grande-Trappe Orne. — Feuille des Jeunes Naturalistes, 7e année, Paris, A Dollfus, 1er mars 1877, p. 60. — Tableau ' dichotomique des genres de Lichens croissant en Normandie dressé sur le Catalogue de Malbranche. 3e série, 2e vol. 1877-78, p. 392-397. — Organographie des Lichens d'après les auteurs. Feuille des Jeunes Naturalistes, 8e année, 1er février 1878, p. 38-41, 1er mars, p. 55-58. Tir. à part, Rennes, Impr. Oberthûr, in-8°, 7 p. — Etude et analyse des Lichens. Ibid., 1er septembre 1878, p. 144-146. — Les CLADONIA de la Flore normande. Idib., 10e année, 1er avril 1880, p. 74-76. — Tableaux analytiques et dichotomiques de tous les genres et espèces de Lichens décrits dans le Lichenographia scandinavica de Th. Fries. Mortagne, Impr. Daupeley, Autheuil Orne, chez l'auteur, 1881, in-8°, 40 p. — Herbier des Lichens de l'Orne et du Calvados. Cette publication comprend 9 fascicules, chacun de 50 espèces, 1880-84. Bazoches-au-Houlme ; Autheuil. — Flore analytique et dichotomique des Lichens de l'Orne et départements circonvoisins précédée d'un Traité élémentaire de Lichénographie avec vingt-deux figures lithographiées. Unaquseque forma est propria species habenda si et quamdiu formis evidenter mediis non esse cum aliis connexa reperitur. Th. Fries, Lich. scand. P- nT. 1er, Autheuil Orne ; chez l'auteur ; Mortagne, Impr. Daupeley, 1882, in-8°, 120 p. et 1 pi. T. II Mortagne, Impr. Daupeley ; en vente à Autheuil Orne, chez l'auteur ; Paris, Savy,libr, édit.,Boulevard Saint-Germain, 77 ; Berlin, Friedlon, der et Sohn, Carlstrasse, il, 1884, in-8°, comprenant une clé analytique des Genres, p. I-IV, et la suite du 1er vol. p. 127-312 et 1 pi. Cet ouvrage fut distribué par fascicules dans la Revue de Botanique, bulletin mensuel de la Société française de Botanique, Auch, Gers, T. I et II, 1883-84. ' e 274 NOTICE SUR M. L'ABBÉ H. OLIVIER — Premier supplément à l'ouvrage précédent Revue de Botanique, t. III, 1884-85, Auch, G. Foix, in-S°, 4 p. — Substratum des Lichens réponse à M. Jules Richard ; Ibid., t. III, p. 108. — Bibliographie Exposition systématique des Lichens de Cauterets, de Lourdes et de leurs environs. Ed. Lamy de la Chapelle. Ibid., t. III, p. 169. — Etude sur les Cladonia de la Flore française. Ibid., t. IV, 1885-86, p. 212-259. Tir. à part. Tir. à part, Auch, Impr. et Lith. G. Foix, 1886, in-S°, 46 p. — En vente chez l'auteur à Autheuil Orne. — Glossologie Hellénique ou vocabulaire alphabétique et raisonné des principaux termes spéciaux à l'étude de la Lichénologie, Ibid., t. VII, 1888-89, p. 32-59. Tir. à part, Auch, G. Foix; Bivilliers Orne, chez l'auteur, 1888, in-8°, 31 p. — Etude sur les Pertusaria de la Flore française. Ibid., t. VIII 1890, p. 9-24. Tir. à part, Toulouse, Impr. Vialelle, 1890, in-8°, 16 p. — Deuxième supplément à la Flore des Lichens de l'Orne et des départements circonvoisins. Ibid., t. X 1892, février p. 611624 ; mars p. 625-640. Tir, à part, Toulouse, Impr. Vialelle, in-8°, 40 p. — Etude sur les principaux Parmelia, Parmeliopsis, Phyxia, Xanthoria de la Flore française, Ibid., t. XII 1894, n°s de février, mars et avril, p. 51-99. Tir. à part, Toulouse, Impr. Vialelle, 1894, in-8°, 52 p. — En vente chez l'auteur à Bazoches-au-Houlme Orne. — Exposé systématique et description des Lichens de l'Ouest et du Nord-Ouest de la France Normandie, Bretagne, Anjou, Maine, Vendée. T. 1er, Bazoches-au-Houlme Orne chez l'auteur ; Paul Klinsieck, Paris, 1897 in°8, XXXIV-352, et une page d'Errata graviora. Impr. La Chapelle-Montligeon Orne. T. II. Bazoches-au-Houlme; Paris, Paul Klinsieck ; 1899-1902, in-8°, 426 p. — Publié par fascicules dans le Bulletin de l'Association française de Botanique, Le Mans, Monnoyer. — Les réactifs chimiques en Lichénologie, Le Monde des Plantes, - organe de l'Académie de géographie botanique, n° 102, 1er mai. 1898,. p. 216. — Lichens du Chili, Ibid., n° 105-106, 1er août-septembre 1898, p. 193. — Contribution à la flore cryptogamique de la Mayenne. Bull, de géographie botanique, 1899, p. — Liste de Lichens trouvés sur les rochers de Toyères. — Supplément au premier volume de l'Exposé systématique NOTICE SUR M. L'ABBÉ H. OLIVIER .275 des Lichens de l'Ouest et du Nord-Ouest de la France, Bazochesau Houlme, Paris, P. Klinckieck. 1900, in-8°, 32 p. — Extr. du Bull. Ass. fr. de Bolanjquc, Le Mans, Monnoyer. — Quelques Lichens saxicoles des Pyrénées, récoltés par feu le docteur Goulard et déterminés par l'abbé H. Olivier. Bull, de Gêogr. Botanique, 1900. Tir. à part, Le Mans, Monnoyer, 1900, in-8°, 19 p. — Ce travail est précédé d'une Notice biographique sur le docteur Goulard, p. 1-3 du tir. à part. — Quelques notes sur la structure des Lichens et leur étude pratique. Bulletin de la Société pour la diffusion des sciences physiques et naturelles, 1er février 1899. Tir. à part, Pons, Impr. Noguès, 1899, in-8°, 30 p. — Un Lichen nouveau pour la flore universelle Endocarpon Nanlïanum, H. Oliv. Bull, de Géogr- Bot, 1903, p. 568. — Lichens du Kouy-Tchéou.' Ibid., mai 1904, p. 193-196. •— Les principaux parasites de nos Lichens français. Paris, Paul Klincksieck, 3, rue Corneille, 1906, in-8°, 97 p. •— Extrait du Bull. Géogr. Bol., Le Mans, Monnoyer. — Les principaux parasites de nos Lichens français. Premier supplément. Le Mans, Monnoyer, 1907, in-8°, 24 p. — Extr. du Bull. Géogr. Bot — Lichens d'Europe. Enumération, stations et distribution géographique avec clef dichotomique des genres et des espèces. Mémoires de la Société des Sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg, l<* fascicule. T. XXXVI, 1907, p. 75-274, et 2e fascicule, t. XXXVII, 1909, p. 27-200. Tir. à part des deux fascicules, Cherbourg, Emile Le Maoult ; mêmes dates et même pagination. — et géographique des Lécidées de la flore d'Europe. Bull. Géogr. Bol., juillet 1911, p. 156-210. Tir. à part, Le Mans, Monnoyer, 1911, in-8°, 54 p. — Les Pertusaria de la flore d'Europe, Le Mans, Monnoyer, 1912, in-8°, 25 p. — Extr. du Bull. Géogr. bot. — Les Opegraphia de la flore d'Europe. Etude synoptique, descriptive et géographique. Bazoche-au-Houlme Orne, chez l'auteur ; Léon Lhomme, éditeur, Paris, 3, rue Corneille, 1914, in-8°, 24 p. Extr. du Bull, géogr. bot., Le Mans,' Monnoyer. — De Biatorellis europseis brevis cominentatio. — Distributio geographica. — Publicado en agosta de 1914, Barcelona, Lopez Robert, 1914, in-fol. Extr. des Mémoires de la Real academia de Ciencias varies de Barcelona. Tercera epoca, vo. XI, unm. 15. — Les Lecidea de la flore d'Europe. Etude synoptique et géographique. Bull, geogr. bot, noS 309-312, septembre-décembre 1915. Tir. à part, Le Mans, Monnoyer ; Paris, Léon Lhomme, 3, rue Corneille, 1915, in-8°, p. 93-183, 276 NOTICE SUR M. L'ABBÉ H. OLIVIER — Les Arthonia de la flore d'Europe. Le Mans, Monnoyer, 1917, in-8°, 28 p. — Extr. du Bull, geogr. bot. — Les Lichens pyrénocarpés de la flore d'Europe. Bull, bot, janvier-mars, 1919, p. 6, avril-juin, p. 35-48. Juillet-décembre, p. 97-110 et une table des matières. — Prodromus Lichenum europoeorum. — Fruticulosi et foliacei. — Adjunetis tabulis analyticis cum omnium varietatum formarumque descriptione. — Publicada en novembre de 1921. Barceona, Lupez Robert, 1921, in-fol.", 91. Extr. des Memorias de la Real Academia de Ciencias y Artes de Barcelona. Tercera epoca, vol. XVI, num. XIV. Articles publiés sur M. l'abbé H. Olivier. — Allocution prononcée le 6 octobre 1923 par M. l'abbé Guerret, curé-doyen de Putanges, dans l'église de Bazoches-au-Houlme, aux obsèques de M. l'abbé Olivier précédée de quelques notes biographiques. Semaine catholique de Séez, n° du 27 octobre 1922, p. 685-688. — Un modeste savant M. l'abbé Henri Olivier. La Croix de l'Orne, n° du 22 octobre 1922 anonyme. — M. l'abbé H. Olivier. Bull, du Syndical Agricole d'Autheuil, par Tourouvre Orne. 4e trimestre, 1922, p. 5. Notice par M. Félicien Lande. •— Nécrologie. M. l'abbé Olivier, Le Monde des Plantes, Agen Lot-et-Garonne, Ch. Dufour, n° de septembre-octobre 1922, p. 1. M. l'abbé Letacq. Article reproduit dans YAlmanach de l'Orne, 1923, p. 89. — Nécrologie. M. l'abbé Olivier. Bull. Soc. Linn. de Normandie, 1922, procès-verbal de la séance du 29 novembre 1922 ; section d'Alençon, p. 67. TABLE DES MATIÈRES I" et 2e Bulletins Membres du Bureau depuis l'origine v Bureau et comité de Publication. vu Commission du Musée ; commission des Conférences vin Membres titulaires vin Sociétés savantes xxxi Sociétés étrangères xxxvProcès-verbaux xxxvProcès-verbaux Séances de la Société 29 janvier24 janvier24 1925 1 Compte rendu moral et financier de la Société pour 1924... 29 Excursion de la Société Historique et Archéologique de l'Orne dans le Lieuvin, le Roumois, la plaine du Neubourg et le pays de Caux, par le Comte BECCI 35 Première journée lundi 25 août 35 Deuxième journée mardi 26 août 51 Troisième journée mercredi 27 août 99 Quatrième journée jeudi 28 août 147 Bibliographie 165 Liste des Membres de la Société présents à l'excursion. 167 Les origines et la formation normandes de Frédéric Le Play, par M. Jean ADIGARD DES GAUTRIES 169 Jacques Daviel 1693-1762, par René ONFRAY 177 3e et 4e Bulletins Procès-verbaux des Séances de la Société 17 juin15 juin15 1925 • 193 Manoir des Landes, par le Comte DU MESNIL DU BUISSON. 214 Essai historique sur la paroisse de Mortrée par M. l'abbé SEVRAY 218 Notice sur M. l'abbé H. Olivier, de Bazoches-au-Houlme, botaniste, par M. l'abbé A. LËTACQ 258 Liste des écrits de M. l'abbé Olivier, par M. l'abbé A. LETACQ. 273 Table des Gravures Portrait de L. de La Sicotière Couv. Pont-Audemer Eglise Saint-Ouen 34 — Ruines de l'église Notre-Dame du Pré.... 44 Appeville dit Annebault Portail de l'église 51 L'entrée et la tour du Bec 59 Château du Vieil-Harcourt 66 Ancien plan du château d'Harcourt 08 Château d'Harcourt.. 70-72 Château du Champ-de-Bataille 76-79-80 Sainte-Croix 91 Notre-Dame de la Couture 95 En bas, vers Caudebec 99 Caudebec Arrivée en bac 100 Jumièges Entrée de l'abbaye 102 Vue générale de l'abbaye royale de Jumièges, telle qu'elle existait en 1678 * 103 Plan des ruines de l'abbaye de Jumièges 108 Jumièges Vue orienlatale des ruines de l'abbaye prise du logis abbatial en 1823 110 Saint-Wandrille Couronnement du lavabo du cloître 115 — Vue de l'abbaye et du village du même nom prise de la chapelle Saint-Saturnin. 116 — Plan de l'abbaye 118 — Lavabo du cloître 120 — 122 — Vue du cloître 123 — Vue générale des ruines 126 _ 127 Caudebec Vue de la porte Maulevrier 130 Bac du Port-Jérôme, vers Quilleboeuf j 37 Vue de Quillebceul 139 La Tour romane. 143 TABLE 279 Honneur Le vieux Port. La Lieutenance 147 — La Lieutenance 150 — Nolre-Dame-de-Grâce 158 Château de Barnevillc. 160 Statue de Jacques Daviel à Bernay 179 Reproduction d'une planche du premier Mémoire_de Daviel. 190 — — — — 191 Pavés du manoir des Landes 214 Inscriptions funéraires de Jeanne Brémenson et de Michel . du Mesnil, son fils, enterrés dans l'église de La LandePatry... , 217 Le gérant F. GHISAHD. Alençon. — Imprimerie Aleiiçonnàise, 11-13, rue des Màrcheries. xpn9gU.